21/09/2007
A. Fouque dans "C'est dans l'air", CE SOIR, FRANCE 5, 18 - 19 h
A vos télés !
Un petit reportage sur Antoinette Fouque sera diffusé ce vendredi 28 septembre dans l'émission "C'est dans l'air", de 18 à 19 h sur France 5.
Il a été réalisé hier au domicile d'Antoinette Fouque par Agatha Lanté et sera inséré dans une émission consacrée à la sexualité des Français et animée par des professionnels du quotidien.
11:00 Publié dans Antoinette Fouque | Lien permanent | Commentaires (0)
20/09/2007
Synesthésies par Juan Asensio (le Stalker - Dissection du cadavre de la littérature)
http://stalker.hautetfort.com/index.html
20/09/2007
Synesthésies
«Le souffle impétueux de l'éternel orage
Emportait les esprits comme au gré de sa rage,
Les roulant, les heurtant avec ses tourbillons.»Dante, L'Enfer, Chant 5, second cercle, les voluptueux emportés dans un éternel ouragan (traduction de Louis Ratisbonne).
L'histoire des représentations picturales de certains personnages et scènes littéraires célèbres, dont la célébrité même s'est trouvée accrue par cette débauche d'images est proprement immense. Vieille de plusieurs siècles, ayant fasciné des générations d'artistes ou de badauds, consubstantielle à l'histoire de l'Occident et à son triomphe planétaire, nous assistons à sa fin, du moins à son éclipse, comme Martin Buber pouvait évoquer l'éclipse de Dieu.
Une éclipse de l'image postérieure à celle de Dieu (1), alors même que l'image universelle paraît avoir envahi chaque micron resté scandaleusement vierge, férocement iconoclaste de nos vies ? La proposition fera immanquablement sourire. Et pourtant, je persiste à penser que la grande tradition picturale se nourrissant des images inventées par les écrivains touche à sa fin, semble s'étioler misérablement. Que l'on me signale, ainsi, bien sûr pour me contredire, quelque roman, quelque personnage de roman, quelque scène marquante récents qui aient inspiré un peintre d'importance (ce qui peut s'acheter), voire de talent (ce qui est une denrée moins monnayable). De tels exemples ne viennent pas immédiatement à l'esprit et ils restent de toute façon risiblement peu nombreux.
La littérature française, à mesure qu'elle devient naine et commente sans fatigue sa drastique transformation, ne nourrit plus aucun imaginaire : rapetissant ainsi jusqu'à nous contraindre à utiliser très prochainement le microscope à balayage électronique, elle est tout juste bonne à faire germer quelques grossières, pataudes, affreuses, elles-mêmes microscopiques images (malgré la vulgarité de leurs effets spéciaux, ces images sont déjà oubliées avant que d'avoir été vues) dans la cervelle réduite d'un Matthieu Kassovitz et cela donne : Babylon AD, dans celle d'un Enki Bilal, considéré par nos petits journalistes parisiens comme la plus évidente réincarnation de Léonard de Vinci, et cela donne le pitoyable et très périssable navet intitulé Immortel.
«Ce que je cherche principalement, c’est à assimiler cette expérience et obtenir une sorte de panorama organique lequel illustrerait l’action constante et toujours vivre du passé dans la plupart des manifestations du présent.»Hart Crane, Lettre du 12 septembre 1927, à Otto Kahn in Le Pont (adapté par François Tétreau, préface de Jeremy Reed, postface de François Boddaert, Obsidiane, 1987), p. 83.
Ce tarissement est une évidence lorsque nous évoquons l'imaginaire pictural et, plus largement, l'art contemporain. Ce tarissement commence même à affliger nos propres imaginations : pas seulement donc les travaux des peintres, des illustrateurs, des dessinateurs ou, degré zéro de la vision, ceux des publicitaires. Nos imaginations, si elles sont remplies de quelque chose, le sont d'images vieilles de plusieurs décennies, parfois siècles. Irait-on jusqu'à oser prétendre que les romans de Michel Houellebecq, de Maurice G. Dantec pour nous en tenir à deux écrivains tout de même ambitieux, ont ne serait-ce qu'une once de la puissance de suggestion de n'importe quelle ligne de Chateaubriand, de Stendhal, de Hugo même ? Risquons l'hypothèse suivante, simple décalque appliqué à la littérature de celle que Jean-Joseph Goux développe à propos de l'art contemporain (2) : devenue marchandise, la littérature est entrée dans le cycle qui anime désormais notre civilisation tout entière opérative, c'est-à-dire capitalistique. Devenue banale marchandise obéissant à sa mise en circulation perpétuelle, la littérature a rendu «visible dans sa grandeur comme dans ses ridicules, dans son sublime comme dans ses aliénations, la logique interne d'une civilisation opérative qui ne se construit qu'en se déconstruisant en permanence». Et elle a fini, poursuivons-nous avec Goux, par s'inclure elle-même «dans cette dissolution comme dans les dessins animés loufoques où le monstre glouton finit par manger l'écran sur lequel il était projeté.» De sorte que, nous avertit Goux, il est peut-être illusoire d'attendre quelque renouveau d'un art compris comme dernière trace du divin, ultime refuge où s'est réfugiée l'aura chère à Walter Benjamin : «Cette mission bicentenaire [de l'art] subit une brutale déflation qui ne tue pas les arts en tant que tels (on pourrait même diagnostiquer tout au contraire une esthétisation extensive, diffuse, généralisée que les arts plastiques dans leur détermination traditionnelle, spécialisée, ne peuvent plus contenir), mais qui les décharge de la responsabilité exorbitante qui leur avait été attribuée.»Face à cette raréfaction troublante voisine paradoxale d'une extension universelle de l'image et du mauvais livre, du bavardage, devant ce divorce évident entre la littérature et la peinture, devant cet effondrement d'un édifice remarquable par la compénétration de matériaux d'origines diverses qui, par une espèce de fascinante capillarité, ont infusé les moindres veinules de sociétés entières, bien des exemples désormais relégués dans les musées et dans les encyclopédies me viennent à l'esprit, que je prendrai le soin méthodique d'évoquer l'un après l'autre, sans doute pour accroître ce sentiment de vide qui m'accable.
Que l'on songe ainsi à la fortune picturale de la Divine Comédie de Dante, aux innombrables représentations évoquant la tragique destinée de Paolo et Francesca (au chant 5 de L'Enfer), le terrifiant cas de conscience d'Ugolin (chants 32 et 33) et, dans Le Purgatoire, la belle face de Pia de' Tolomei (au chant 5). Même le fade et monocorde Paradis a trouvé quelques illustres imagiers pour tenter de représenter cette longue et lassante antienne de louange : Gustave Doré, évidemment bien plus inspiré lorsqu'il s'est agi de représenter les tourments infernaux.
Que l'on songe à la longue série des Triomphes évoqués par Pétrarque, au Décaméron de Boccace (les nouvelles de Ghismonda, de Cimone, de Nastagio, je ne cite que les plus célèbres épisodes ayant enflammé l'esprit des peintres).
Que l'on songe encore au Songe de Poliphile de Francesco Colonna, au très ennuyeux Heptaméron de Marguerite de Navarre, tout de même moins prolixe en images que son illustre modèle, à Amadis de Gaule de Garci Rodriguez de Montalvo (légende illustrée mollement par Gracq dans son Beau ténébreux), au Roland furieux de L'Arioste (par exemple, l'épisode d'Angélique et le monstre au chant 10), à la Jérusalem délivrée du Tasse (Herminie chez les bergers, chant 7, Clorinde au chant 12, Herminie et Tancrède au chant 19).
Que l'on songe à Shakespeare, à la multitude de scènes que les pièces les plus noires de ce génie démesuré ont fait germer, à Cervantès dont le Chevalier à la Triste figure a parcouru bien des paysages enfermés dans quelques pages richement illustrées, à Milton dont Le Paradis perdu a permis à Satan de retrouver une grandeur énigmatique.
Que l'on songe aux rêves de Blake, premier et génial interprète de ses propres visions démoniaques, qui incitèrent Gide à croire que cet auteur était du parti du démon.
Que l'on songe à Lénore de Gottfried August Bürger.
Que l'on songe à tant d'autres : Rops ou encore Delacroix.
La liste, je l'ai dit, est proprement extraordinaire : chacun la complétera selon ses désirs.
Et à présent : à quel roman d'envergure donner vie grâce aux images ? Sollers inspire-t-il les peintres ou, plutôt qu'eux puisqu'ils n'en restent plus beaucoup, les artistes ( étant entendu que n'importe quel éleveur de limaces plongées dans de la peinture phosphorescente est désormais considéré comme un artiste, autant le dire : un être dont le prestige social reste grand) ? Gracq ? Beigbeder ? Richard Millet peut-être ? Non. Catherine Millet alors, dont la matière narrative se prête pourtant à nombre de contorsions richement suggestives ?
En lieu et place d'une série de peintures ou même d'un grand film nous avons un monochrome : gris sur gris ou rose sur rose, c'est selon.
Pourtant, la vie secrète des influences ne semble point se résoudre à totalement disparaître : elle survit à sa façon, souterraine et obscure, dérisoire peut-être si on la compare à l'éclat passé et la tâche du critique littéraire me semble suffisante qui tente d'établir des correspondances.
Ainsi, regardant une première fois le troisième volet de la série Matrix, d'où me venait cette impression de déjà-vu, lorsque des millions de machines, comme plongées dans une espèce d'attente extatique par leur Créateur, enchevêtraient de leurs danses le ciel de Sion la Résistante, pourtant toute proche de tomber ?
Je ne parvenais pas à me souvenir de l'image qui avait provoqué ce sentiment, banal, d'assister pour la seconde fois à un épisode de sa vie.
Jusqu'à ce que je reprenne, sans doute guidé par quelque évidence demeurée farouchement cachée (et non point inconsciente), mon vieil exemplaire de Dante illustré par Gustave Doré.
Notes :
(1) : Pour François Boespflug (Peut-on parler d'une mort de Dieu dans l'art ?, in Mort de Dieu. Fin de l'art sous la direction de Daniel Payot, Cerf, 1991, p. 33) commentant la thèse de Howe (Das Gottesbild im Abendland, Witten/Berlin, Eckart Verlag, 1957, p. 45) selon laquelle «avec la fin de l'art baroque, durant le troisième quart du dix-huitième siècle, nous sommes devant la fin de l'histoire-en-images des figures chrétiennes dans l'art occidental. Ce qui suit n'est plus qu'un épilogue», la mort de Dieu, en tout cas, «ne saurait être confondue avec son absence figurative. On en vient même à soupçonner que c'est l'inverse qui est vrai. Trop montré, trop peint, Dieu meurt».
(2) Jean-Joseph Goux, Accrochages. Conflits du visuel (éditions des femmes/Antoinette Fouque, 2007), dans un texte d'abord paru dans la revue Esprit, intitulé Éclipse de lart ?, pp. 33-53.
23:40 Publié dans Jean-Joseph Goux | Lien permanent | Commentaires (1)
17/09/2007
TRES GRAND COCKTAIL MERCREDI 19 SEPTEMBRE à 18 h à l'ESPACE DES FEMMES ( + dédicace de Wassyla Tamzali) - VENEZ NOMBREUX !!! TOUT LE MONDE PEUT VENIR !!!
Bonjour à tous et à toutes ! Voici l'émile le plus réjouissant de votre boite à lettres aujourd'hui (avec des petits fours !!!), et quel plaisir pour moi de vous faire plaisir en vous l'envoyant !
Vous avez gagné une invitation à rencontrer Wassyla Tamzali (auteur de "Une éducation algérienne - De la révolution à la décennie noire", juste paru) et Antoinette Fouque ce mercredi 19 septembre ! (et ce n'est même pas un canulard, ni un spam ! La preuve : le carton est en pièce jointe !)
La miss Tamzali est une auteur Gallimard (personne n'est parfait), mais comme on est une maison bien sympa (YESSSSS !!!), c'est dans notre splendide librairie Des femmes que la dédicace de son nouveau livre se déroulera à partir de 18 heures.
Ce n'est pas tout ! Puisqu'Antoinette Fouque, liée d'amitié à Wassyla Tamzali depuis des années, vous offrira un cocktail à l'Espace Des femmes (c'est très beau et très grand : à découvrir absolument - au moins comme touriste ! - si vous ne connaissez pas encore ce nouveau haut-lieu de la culture situé au coeur de Saint-Germain-Des-Prés), touchant la librairie, à la fin de la dédicace !
Je récapitule :
* Le lieu : 35 rue Jacob, Paris 6ème.
* L'heure : 18 h pour la dédicace de Wassyla Tamzali.
* Le champagne, les toasts, le miam miam etc : idem et beaucoup plus tard
* Le sujet du livre dédicacé par Wassyla Tamzali :Wassyla Tamzali a vingt ans en 1962, au moment de l'indépendance de l'Algérie. Elle est issue d'une famille de notables, riches propriétaires de pressoirs commerçant l'huile avec l'étranger. Ses ancêtres paternels viennent de l'empire Ottoman. Sa mère est espagnole. Sa jeunesse ne lui a laissé que des souvenirs de bonheur et de soleil. La guerre, l'indépendance, puis la réforme agraire et la nationalisation des propriétés familiales vont tout changer. Tout bascule en 1957, le jour où son père est assassiné par une toute jeune recrue du FLN. Le livre s'ouvre sur ce drame et se ferme à l'issue de l'enquête de toute une vie sur le "pourquoi" de ce meurtre. Pour l'auteur, l'assassinat du fils aîné d'une famille qui, bien qu'algérienne, dominait la ville, habitait une ferme coloniale et vivait "à la française" ne pouvait avoir qu'une signification : la revanche des tribus. La mère de Wassyla décide malgré tout de rester à Alger plutôt que de choisir l'exil. L'auteur s'enthousiasme alors pour la construction de l'Algérie nouvelle, fréquente le petit monde en ébullition de la Cinémathèque d'Alger, participe aux élans de la révolution, avant de céder devant les désillusions du socialisme réel et la répression et de choisir l'exil à Paris, où elle rejoint l'Unesco. Pendant vingt ans, l'auteur y mène de nombreux combats pour les droits des femmes, dont elle devient une porte-parole estimée.
Enfin, l'excellente émission littéraire du mardi 4 septembre, de 20 h à 22 h, "Parlez-moi la vie", sur idFM98 (radio 98.0 FM et internet http://www.idfm98.fr - capacité de 9 millions d'auditeurs) animée par la romancière, auteure dramatique et critique littéraire Jocelyne Sauvard, et dont Antoinette Fouque et François Guéry ont été les invités est disponible à l'écoute ici : http://www.jocelynesauvard.fr en page......... Radio ! (qui l'aurait deviné ? Un bon point ! Venir au cocktail mercredi en annonçant au personnel de service "Guilaine m'a donné un bon point, je suis prioritaire dans le choix des petits fours")
A très vite ! Venez massivement ! Emmenez vos zamis !!!!
14:45 Publié dans Antoinette Fouque | Lien permanent | Commentaires (2)
16/09/2007
Du site Visa pour l'image.com
Du site http://www.visapourlimage.com/francais/interview_pommez.php3 à propos de Stéphanie Pommez, auteur du DVD Amazonie, la vie au bout des doigts (éditions Des femmes, fin 2007)
A propos du 19ème Festival International du Photojournalisme (1 au 16 septembre 2007)
Stéphanie Pommez est née en 1972. A l'époque, ses parents, des Français des Antilles, habitaient au Canada, mais elle a passé toute son enfance et sa jeunesse au Brésil, qu'elle considère comme son pays d'adoption. Elle a étudié le Développement à l'Université de Magill, à Montréal. Elle a commencé à travailler pour les ONG au Mexique, puis pour médecins du Monde, à New York. Elle y habite toujours aujourd'hui.
A la fin des années 90, elle qui dit avoir toujours fait de la photo, mais "à côté", décide de s'y consacrer. Elle commence comme assistante de photographes, et vit de commandes çà et là, notamment dans le cinéma et pour des magazines. Son travail sur les sages-femmes d'Amazonie, exposé cette année au Couvent des Minimes, est le premier gros projet individuel de la jeune photographe.
"J'ai toujours voulu travailler sur des cultures isolées, ou des sous-cultures qui ont une vision du monde et des connaissances différentes des nôtres," explique-t-elle. "Les découvrir est important pour éviter l'homogénéisation qui nous menace." Les populations qui vivent le long des rivières en Amazonie l'intéressent depuis longtemps, parce qu'au contraire de certains groupes indigènes d'Amazonie, elles sont plus oubliées par les travaux sur la région. "Depuis le début, je voulais faire quelque chose sur les femmes, mais il fallait trouver un angle plus précis. Et puis, j'ai été interpellée par les préoccupations grandissante des femmes américaines pour que des sages-femmes les accompagnent tout au long de leur grossesse. Je suis donc partie à leur recherche, en Amazonie."
Ses images montrent bien le statut et l'expérience de ces vieilles femmes que sont les "gardiennes de la vie", et dont le rôle est avant tout, comme elles disent, de "guider les futures mères à travers la tempête." Rôle à la fois symbolique et pratique : "Là-bas, le moment de la naissance est un véritable rituel," la photographe explique-t-elle. "Souvent, les femmes se réunissent autour de l'accouchée et chacune fait part de sa propre expérience et de ses connaissances. Elles racontent des mythes sur le sens de la vie et de la mise au monde."
Ce qui a frappé Stéphanie Pommez, c'est aussi la manière dont cette expérience est transmise de génération en génération. "Les sages-femmes amazoniennes sont souvent très âgées, et ce statut de gardiennes de la vie leur permet de garder un rôle important et actif dans leur communauté." Au contraire de nos propres vieillards, forcés à l'inactivité, et dont le savoir ancestral, souvent riche d'implications symboliques, se perd avec la modernité…
Adrien Laplanche
18:55 Publié dans Stéphanie Pommez | Lien permanent | Commentaires (0)
Hosto Blues dans Les Nouvelles Littéraires (carnets de Gabriel Matzneff.), 1974
Du 18 au 24 novembre 1974
Les Nouvelles Littéraires
N°2460, 53ème année
Les carnets de Gabriel Matzneff
S'il existe un autre monde, et si dans cet autre monde, les gens ont la tête à lire des livres, Montherlant aura pris un sacré plaisir à la lecture d'Hosto Blues de Victoria Thérame, qui vient de paraître aux éditions des Femmes. Déjà parce qu'au-delà de l'apparent débraillé néo-célinien de son style, Victoria Thérame a un ton vigoureux, expressif, juste, qui lui appartient en propre : il n'est que d'ouvrir ce bouquin au hasard, par exemple à la page 301 le paragraphe qui commence par "son cucu..." pour comprendre que c'est un écrivain, et singulièrement doué, qui l'a écrit. Ensuite, parce que, Montherlant a cette phrase dans l'avant-propos de Service inutile : "En 1929, j'écrivis Moustique ou l'Hôpital, roman dont l'action se passe dans le peuple : on y voit comment meurent les gens qui n'ont pas de quoi acheter des fortifiants". Hosto Blues, qui est un livre sur la souffrance, la maladie, la solitude et la mort l'aurait bouleversé. Enfin, parce que Victoria Thérame, infirmière dans une clinique où Montherlant a été hospitalisé à la suite d'une blessure à l'oeil reçuelors d'une bagarre, trace de l'auteur des Jeunes filles" le portrait le plus tendre, le plus aigu, le plus vrai qui a jamais été fait de lui. "un regard qui fascine... qui s'agrippe : y a des jeunes tiens qui feraient bien d'avoir ce regard !... un regard qui te suit partout dans la chambre... te quitte pas des yeux... même quand tu mets ses gouttes dans l'oeil abîmé... il te regarde avec l'autre ! Un regard où vraiment tu ne peux rien sentir ni de haineux, ni de misanthrope, ni de méprisant, ni de misogyne ni de quoi que ce soit de négatif !.... (...) il te plaît, ce mec !... non mais c'est un vrai rigolo !... qui s'est acharné à le présenter comme une glacière empesée ?... mais c'est un vrai pince-sans-rire... d'une simplicité étonnante... (...) silencieux, ramassé... violent et contenu... c'est ça que les imbéciles confondent toujours avec la froideur... (...) c'est un mec qui ira jusqu'au bout..." Il y en a comme ça une dizaine de pages. C'est direct, chaleureux, magnifique. J'espère que Victoria Thérame a envoyé son livre à Mme de Beauvoir qui, dans les diverses rééditions du Deuxième sexe, n'a toujours pas cru devoir supprimer le chapitre super-faux et super-idiot qu'elle consacre à Montherlant - un Montherlant qu'elle présente comme un phallocrate, un sexiste, alors que Montherlant était tout le contraire, et LesJeunes filles une tentative passionnée de permettre aux femmes d'échapper au schéma christiano-idéalisto-bourgeois où la société occidentale prétend les enfermer.
Hosto-Blues est un livre captivant, déchirant, en vérité "le lait de la tendresse humaine" (Shakespeare). Notre société libérale peut bien se donner bonne conscience en lisant l'Archipel du Goulag, il n'est pas besoin d'aller en Sibérie pour y rencontrer l'enfer, l'enfer est ici, chez nous, dans nos coeurs, dans nos corps. Victoria Thérame dit cela asdmirablement, un livre admirable, je vous le répète, le plus beau livre que j'aie lu depuis des mois et des mois, je demande le Goncourt, pas pour moi, ça c'est le boulot de Roland Laudenbach de m'avoir un prix, à l'éditeur de s'activer un peu, l'auteur, lui, une fois qu'il a écrit son roman, il a le droit de se la couler douce, aux autres de jouer, non ce n'est pas pour moi que je demande un "prix littéraire" c'est pour Hosto-Blues de Victoria Thérame, cette écriture superbe, ce cri de colère et d'amour, oui, un chant d'amour, l'amour des êtres, de la vie, du monde créé, et partout la douleur, l'injustice, le désespoir, la déchéance physique et spirituelle, l'horreur absolue.
Un dernier argument à l'usage des radins, comme dirait Charlie-Hebdo : ce livre qui a 476 pages bien tassées ne coûte que seize francs. Ca vous changera des romans minables, merdiques, sans intérêt qui, eux, auront le Goncourt et autres palmes académiques, et qui valent quarante francs et plus.
G.M.
06:35 Publié dans Victoria Thérame | Lien permanent | Commentaires (0)
A l'horizon d'un amour infini sélectionné dans la Quinzaine (16 - 30.09.07)
Laurence Zordan
"A l'horizon d'un amour infini"
Des femmes, 128 p., 10 e
Un seul thème pour ces trois récits à la première personne : celui de la déchéance ("ou plutôt du désir de déchoir")
00:35 Publié dans Laurence Zordan | Lien permanent | Commentaires (0)
Am See sélectionné dans la Quinzaine (16 - 30.09.07)
Catherine Weinzaepflen
Am See
Des femmes, 96 p., 9 e
Réédition d'un roman publié en 1985
00:30 Publié dans Catherine Weinzaepflen | Lien permanent | Commentaires (0)
Res Nullius sélectionné dans La Quinzaine (16 - 30.09.07)
Pomme Jouffroy
Res Nullius
Des femmes, 256 p., 18 e
"Les bras le long du corps, les mains molles, un grand machin désoeuvré, du genre inutile, la tête à l'envers". Pomme Jouffroy est chirurgienne et l'auteur de deux romans et d'un essai sur l'hôpital.
00:30 Publié dans Pomme Jouffroy | Lien permanent | Commentaires (0)
15/09/2007
"Ourika" de Madame de Duras
"Ourika" de Claire de Duras
Une édition de Claudine Herrmann
Réédition.
Office 04/10/2007
Aussi maigrichonne que "Cher Voltaire" est balourd, notre "Ourika" est toute mignonne quand même. Précieuse surtout. Impérissable souvenir de sa lecture d'une seule traite dans la baignoire de ma chambre d'hotel à Mouans-Sartoux. Dans la préface, Claudine Herrmann nous livre les secrets de son élaboration. Ou comment, Claire de Duras s'est inspirée de Chateaubriand puis de sa fille Félicie pour donner naissance au personnage de Charles - responsable des infortunées amours de son héroïne Noire adoptée. Madame de Duras est "une pure" au grand coeur et toute cette histoire vise à déculpabiliser tout amour authentique.
La "bifurcation" Chateaubriand à Félicie s'opère ici : (...) "A présent, c'étoit dans le coeur de Charles que je cherchois un abri ; j'étois fière de son amitié, je l'étois encore plus de ses vertus ; je l'admirois comme ce que je connoissois de plus parfait sur la terre. J'avois cru autrefois aimer Charles comme un frère ; mais depuis que j'étois toujours souffrante, il me sembloit que j'étois vieillie, et que ma tendresse pour lui ressembloit plutôt à celle d'une mère." (...)
Ourika, jeune Sénégalaise destinée à devenir esclave, est rachetée par un Français pris de pitié pour elle alors qu’elle n’a que deux ans. Il l'amène en France et la confie à sa tante, Madame de B. Celle-ci l'élève comme sa propre fille, dans un milieu privilégié où règnent l’esprit et le bon goût, et où elle ne subit aucun racisme.
Pourtant, une conversation surprise entre Madame de B. et l’une de ses amies lui révèle le sort auquel sa couleur la voue dans un tel milieu : « Je me vis négresse, dépendante, méprisée, sans fortune, sans appui, bientôt rejetée d'un monde où je n'étais pas admise. » Séparée pour toujours des siens, attachée à une société dans laquelle elle ne peut trouver véritablement sa place, elle se sent « étrangère à la race humaine tout entière ».
Son amour impossible pour le petit-fils de Madame de B., son vain et fugace espoir dans la Révolution, accroissent encore son « étrangeté ». Après une longue maladie qu'elle soigne au couvent, elle meurt, non sans s'être confiée à son médecin, par qui nous arrive son récit.
Contemporaine de Madame de Staël, amie de Chateaubriand et appréciée de Goethe, Madame de Duras passe pour avoir inspiré Stendhal et Fromentin. Ourika a connu un très grand succès au moment de sa publication en 1823. Le sens politique de l'œuvre n’est pas passé inaperçu. Elle est en effet traversée des questions de l'époque : la traite des Noirs, le commerce des esclaves, l'éducation des filles, leur « vocation » forcée et leur réclusion au couvent, la Révolution, les motivations des hommes de 1789, la terreur...
Tandis que Chateaubriand comparait Madame de Duras à Madame de Staël pour l’intelligence et à Madame de La Fayette pour la sensibilité, Goethe dit à Humboldt, en parlant d’Ourika : « Elle m’a fait bien du mal. A mon âge, il ne faut pas se laisser émouvoir à ce point… Parlez-lui de mon admiration… »
Cette édition réalisée par Claudine Herrmann contient une présentation et un appareil de notes très complets, très documentés, sur l’époque aussi bien que sur la vie et l’œuvre de Mme de Duras.
« Ourika, dans sa sobriété, est un petit chef-d’œuvre, et celles qui connaissent le langage du cœur verront qu’il n’a pas pris une ride. »
Claudine Herrmann
Claire de Duras naît en 1777 à Brest. Son père, un libéral qui soutient la cause révolutionnaire, mais récuse cependant les cruautés des Républicains, est guillotiné le 5 décembre 1793. En 1797, Claire épouse Amédée Bretagne-Malo Durfort de Duras. En 1798 naît leur fille Félicie, puis suit Clara un an après. Délaissée par sa fille préférée Félicie après son mariage avec le prince de Talmont, déçue par l’ingratitude de son ami Chateaubriand, Claire de Duras est gagnée par un sentiment d’amertume qui se manifeste dans son œuvre littéraire. Après plusieurs dépressions nerveuses, elle meurt à Nice en janvier 1828. Ses principaux romans, Olivier, Ourika et Edouard traitent tous les trois du sentiment d’exclusion.
15:25 Publié dans Claire de Duras | Lien permanent | Commentaires (0)
"Sita" de Kate Millett (grand roman lesbien)
Sita
Kate Millett
Traduit de l’américain par Elisabeth Gilles.
1ère édition : 1977 ; 1ère édition française : Stock, 1978.
Office 11/10/2007
Sita est l’histoire d’un amour entre deux femmes, Sita et Kate, un amour en train de finir. Comprenant qu’elle est en train de perdre Sita, Kate décide de commencer un journal dans lequel elle décrira, aussi précisément que possible, les derniers moments passés ensemble.
En choisissant de prénommer la narratrice « Kate », l’auteure affiche clairement le caractère autobiographique de ce roman.
Kate est une artiste et une militante, Sita, américaine d’origine italienne et sud-américaine, est une femme mûre, très belle, très indépendante. Elle a eu plusieurs maris et est mère de plusieurs enfants, déjà adultes.
C’est sous la forme d’une passion dévorante que l’amour entre Kate et Sita a commencé. Mais Kate, après quelques mois passés ensemble, est partie passer l’hiver à New York, où elle possède un appartement et un atelier. Le roman commence lorsqu’elle revient vivre avec Sita à Berkeley, dans la maison qu’elles louent ensemble. Elle découvre avec stupéfaction que la maison est occupée par les enfants de Sita et leurs amis : il n’y a plus de place pour elle. Elle comprend aussi que Sita a plusieurs liaisons avec des hommes, et qu’elle ne compte pas y renoncer. Elle a reconstruit sa vie sans elle, ne supportant pas de devoir vivre entre parenthèses pendant son absence. Pourtant, toutes deux s’aiment toujours. Kate est alors forcée, si elle veut rester, de se plier aux caprices de Sita : tantôt aimante, tantôt lointaine, celle-ci est imprévisible et son amour n’est jamais acquis. Rester, pour Kate, c’est renoncer à son amour propre, accepter d’être un objet entre les mains de celle qu’elle aime ; c’est aussi devenir l’esclave de son désir. Garder l’autre nécessite de payer le prix d’une certaine forme d’humiliation.
Tandis qu’il explore la nostalgie d’un amour perdu, et la difficulté de continuer une relation qui rappelle sans cesse un passé heureux, ce livre pose aussi la question du rapport entre la vie et l’écriture : est-ce qu’écrire la vie la transforme ?
Ce roman, qui nous plonge dans la société américaine du début des années 70, nous livre une analyse très fine des sentiments en jeu dans cette relation : entre tendresse et rivalité, entre désir et indifférence, entre dépendance et égoïsme, l’amour entre les deux femmes est une constante mise à l’épreuve de l’une par l’autre, avec quelques rares moments de grâce, derniers moments de complicité retrouvée avant la séparation.
15:15 Publié dans Kate Millett | Lien permanent | Commentaires (0)