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17/04/2010

Fabienne Pascaud a remarqué dans Télérama le livre de H.D. (17 avril 2010)

pour-l-amour-de-freud,M36201.jpgQui est fasciné par l'inventivité, l'audace, la transgression permanente des nombreuses Américaines qui, de Gertrude Stein à Djuna Barnes, de Natalie Barney à Sylvia Beach, s'expatrièrent en Europe au début du XXe siècle (à Paris surtout et rive gauche...) pour y créer enfin en liberté ne manquera pas cet ouvrage de la méconnue poétesse imagiste et romancière avant-gardiste Hilda Doolittle (1886-1961). Tourmentée par une bisexualité trépidante, l'artiste y raconte son analyse avec Freud - alors âgé de 77 ans - à Vienne, en 1933, alors que Hitler vient de prendre le pouvoir. Et celui qu'elle appelle « papa » dans sa correspondance apparaît ici d'intime façon : au milieu de ses chiens, de ses antiquités égyptiennes, regrettant le temps qui passe et qu'Hilda le considère davantage comme sa mère que comme son père, lui qui se sent pourtant si « masculin »... Lumineusement préfacé par Elisabeth Roudinesco, ce récit insolite fait pénétrer l'univers d'une créatrice troublante et troublée, fragile et obstinée, constamment en quête. D'elle-même, de sa sexualité, de son art. Et celle qui fut l'égérie d'Ezra Pound, qui vécut à Londres dans une communauté proche du groupe de Bloomsbury de Virginia Woolf se révèle un étrange médium : à travers ses interrogations se rejoignent celles de bien des femmes.

Fabienne Pascaud

Telerama n° 3144 - 17 avril 2010

16/04/2010

Yves Bonnefoy : sa voix sur livre audio appréciée par le Blog d'Alan Argoul, hébergé par Le Monde (8.04.10)

Jeudi 08 avril 2010, un nouvel article sur le livre audio de Yves Bonnefoy aux éditions Des femmes vient de paraître ! Merci à Alan Argoul.  http://argoul.blog.lemonde.fr/2010/04/08/yves-bonnefoy-po...

Un poète de 87 ans vous parle. Durant les 2h30 du double-CD intitulé ‘La longue chaîne de l’ancre’ qui vient de paraître aux éditions des Femmes. Tourangeau, fils d’ouvrier du chemin de fer et d’une infirmière, orphelin à 13 ans, le futur poète entreprend des études de math en prépa à Tour puis à l’université de Paris. Il quittera l’univers des abstractions pour l’histoire de l’art et la poésie après guerre. Est-ce à cause de la technique dévoyée par la guerre ? Des ingénieurs de la mort industrielle à Auschwitz, Hambourg ou Hiroshima ? De cette ambivalence absolue de la science qui sert au bien comme au mal ?

yves-bonnefoy-cd.1270557140.jpgInfluencé par les Surréalistes, dont il se défait pour gratuité, il se veut dans la lignée de Baudelaire, Rimbaud, Mallarmé et Nerval. S’il refuse le surréalisme, c’est que celui-ci idéalise l’objet. Il tend à substituer la chimère à la réalité, le rêve spontané à l’expérience du monde. Yves Bonnefoy est un poète du réel, celui qui tente l’impossible espoir de pénétrer au-delà des concepts pour saisir le vrai des choses. Il n’est ni pour l’exaltation du moi, ni tenté par le vertige, ni adepte de la dépossession de soi, ni du dérèglement de tous les sens. S’il traduit particulièrement Shakespeare, c’est que ce grand poète anglais est un profond réaliste. J’aime Yves Bonnefoy parce que je m’y reconnais : il est compagnon de tous les auteurs que j’aime…

Nommé à la chaire d’Études comparées de la fonction poétique au Collège de France en 1981, il y enseigne durant douze ans. Il est vraisemblablement notre plus grand poète vivant de langue française.

Yves Bonnefoy pourrait adhérer au zen. Ce qu’il nomme la présence est l’expérience immédiate, sans mélange, l’initiation à l’unité du monde. Celle même qu’a l’enfant non corrompu encore par le langage. Celle de la troisième métamorphose de Nietzsche (évoquée sur ce blog) qui fait redevenir un enfant qui joue, « innocence et oubli, roue qui roule sur elle-même ». Celle du zen qui quitte les idées pour l’immédiat satori, la fusion au monde. 

Car, tel est le revers de l’intellectualité propre à l’Occident : le concept et l’abstraction séparent les hommes de la réalité et du sensible. Les mathématiques sont une puissante appréhension du monde, mais d’un certain monde, celui des rouages. L’esprit mathématique n’est pas un esprit humain, il déforme l’humanité au profit de l’abstrait. Il forme des techniciens, des ingénieurs des âmes, des fonctionnaires – pas des humanistes ! Nous l’avons vu avec la Bombe atomique comme dans le krach récent de la finance ou chez France-Télécom : la personne est réduite au rang de simple engrenage… Yves Bonnefoy ne se reconnaît pas dans ce ‘monde des Idées’ de Platon où les formes abstraites commandent la raison. Il se situe plutôt du côté de la pragmatique d’Aristote qui observe, expérimente et reste in situ sans généraliser quoi que ce soit. Le lieu est l’autre ancrage du poète pour découvrir la présence. yves-bonnefoy-la-longue-chaine-de-l-ancre-livre.1270557158.jpg

Nous n’existons, êtres éphémères, qu’ici et maintenant – ni dans le tout, ni dans l’éternité… Car nous ne sommes pas Dieu, certains ne le comprennent jamais.

La poésie est le moyen qui permet aux humains de voir autrement qu’avec la rationalité qui nous est habituelle. Vous objecterez : « Mais les mots existent en poésie ! » C’est justement l’importance de les dire plutôt que de seulement les voir, de les charger d’un autre sens, tonal et musical. Pour les sortir des concepts, cette extraction abstraite qui remplace les choses et les êtres réels par des définitions bornées.

Ce pourquoi un CD de Bonnefoy accomplit sa poésie plus qu’un recueil de versification. Le poète utilise en effet peu la rime mais plutôt le rythme. Il recherche des assonances, des allitérations, toute une musicalité des mots. Lorsqu’il lit, toute cette aura cela se manifeste  et la magie opère. Il accouche plus d’ensembles que d’œuvres fermées. Chaque texte écrit ou lu est pour lui un fragment d’une expérience plus vaste. L’universel est en chaque lieu dans le regard qu’on en prend.

Son désir d’images, son appétit du chimérique, le besoin d’absolu et de plénitude, tout cela est l’enjeu de l’expérience poétique. Elle vise à dépasser l’opposition artificielle entre le réel et le rêve. Yves Bonnefoy parle d’une sorte d’état de compassion. L’exercice spirituel du poème (car c’en est un) permet d’accéder à la réalité mieux qu”avec l’écran du langage. Car les mots reconstruisent au sens étroit et à la grammaire impose son cadre rigide et préconçu à ce qui est dit. Un exemple : croyez-vous que le mot chien va vous mordre ?

Écouter Yves Bonnefoy, c’est pénétrer plus avant dans son expérience poétique. Mieux que par le livre typographié. ‘La longue chaîne de l’ancre’ existe en imprimé, au Mercure de France, paru en 2008. Mieux vaut l’écouter en CD, dit par l’auteur. L’écriture est cette longue chaîne de l’ancre qui relie la personne à la terre.

Mais « le poème naît dans la voix », dit-il.

Yves Bonnefoy, La longue chaîne de l’ancre, double-CD, édition des Femmes Antoinette Fouque, mars 2010, 149 mn, 22.80€

Yves Bonnefoy, La longue chaîne de l’ancre (le livre), Mercure de France 2008, 165 pages, 14.25€

14/04/2010

Argoul a aussi aimé H.D. (Blog hébergé par Le Monde, 14 avril 2010)

Paru sur le blog d'Argoul http://argoul.blog.lemonde.fr/2010/04/14/pour-l%e2%80%99a...

Mercredi 14 avril 2010

hilda-doolittle-pour-l-amour-de-freud.1270981701.jpg

Article repris par Medium4You.

Hilda Doolittle est une Américaine riche, lesbienne et névrosée. Poétesse à ses heures sous ses initiales H.D., romancière lue encore par un cercle d’initiées, Hilda commence à 47 ans une analyse avec Freud qui en a 77.

Sigmund Freud m’intéresse mais, honnêtement, aurais-je lu ce livre de l’Américaine sans l’amicale pression de Guilaine Depis, attachée de presse des éditions des Femmes ? Probablement pas. Son charme, sa culture et son élégance font beaucoup pour élargir aux hommes l’audience de cet éditeur militant. Doolittle ? Connais pas. Mais Freud oui. Et l’éveil de la curiosité suffit à exciter l’imagination. J’ai donc lu ce livre - et je ne m’en suis pas repenti ! 

H. D. est fragile, éperdue de protection, aimant être soumise – dit-on. Cette riche évaporée de religion morave trouve dans le vieux patriarche fondateur d’école une sorte de Dieu-père d’ancien Testament qui la rassure sans la juger. L’époque est instable, sortie d’une grande guerre industrielle et précipitée dans une crise économique mondiale. Le refoulé archaïque ressort. « Je ne comprenais pas ce qu’était exactement ce que je voulais, mais je savais que moi, comme la plupart des gens que je connaissais en Angleterre, en Amérique et dans l’Europe continentale, j’allais à la dérive. Nous dérivions. Vers où ? Je ne le savais pas… » p.56.

De mars à juin 1933 à Berggasse 19, Wien, de 5 à 7 tous les jours sauf le week-end, Freud considère les souvenirs et les fantasmes de H.D. allongée sur le fameux divan comme « intéressants ». La poétesse trouve aliment dans la psychanalyse, ne souhaitant surtout pas être guérie car elle ne serait plus elle-même… « En analyse, la personne est morte après que l’analyse est terminée », lui disait Freud (p.190). Sigmund agit avec H.D. non comme un médecin qui cure mais comme un médium qui relie. Il fait passer le passé enfoui dans le présent conscient en décortiquant les dits. « Il avait dit, il avait osé dire que la valeur et le prix du rêve sont traduisibles en mots, non seulement le rêve d’un pharaon (…), mais le rêve de tout le monde, n’importe où » p.116.

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Les échanges entre ces deux originaux ne sont donc pas une analyse classique entre docteur et patient, avec inévitable transfert et libération par la parole de fantasmes ensevelis sous les justifications ou les tabous. Il s’agit plutôt d’un échange littéraire sur les figures qui naissent de l’inconscient. D’où ce double récit : le premier à chaud, fondé sur les carnets de notes au sortir de chaque entretien ; le second reconstruit 20 ans plus tard comme une œuvre de l’imagination. Freud est un aruspice et l’analyse un prétexte à l’œuvre poétique. « Laissons les impressions venir à leur propre manière, selon leur propre enchaînement » p.58. Les aveux personnels de H.D. digressent sous sa plume en bulles de mémoire ressurgies du passé enfantin ou en amorces de romans, tel cet Homme du bateau dont le personnage réel a peu de choses à voir avec celui qui est fantasmé.

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Dans le premier texte, celui que je préfère pour son mélange détonnant entre description du présent et réminiscences de l’imaginaire, le décorum et les accessoires dont Sigmund Freud aime à s’entourer font bondir le rêve. La parole s’oriente d’elle-même vers la mythologie ou les personnages vivants. « Je regardais les objets dans la pièce avant de le regarder parce que je savais que ces objets étaient des symboles de l’Eternité et le contenaient… » p.149.

Les chiens chows-chows de Freud, au museau carré et à la fourrure de nounours, permettent un échange affectif sans mot en se couchant aux pieds ou venant fourrer leur museau entre les mains. Les statuettes égyptiennes, grecques, hindoues, sont des dieux ou des démons, reflets intimes des mythes personnels, scintillement des mythes universels. Le cabinet de celui que la douce little appelle “le Professeur” est un univers en soi et le personnage est campé de façon très vivante. « Le mur de la porte de sortie est derrière ma tête et, assis contre ce mur, replié dans le coin, dans la niche à trois côté formé par les deux murs et le dossier du divan, est le Professeur. Il est assis là tranquillement, semblable à un vieux hibou dans un arbre » p.66.

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Cet hommage amoureux à Freud comporte deux textes, l’un écrit en 1944 après sa mort et l’autre en 1956 avec du recul, ainsi que neuf lettres inédites entre Freud et Hilda, Hilda et son amie Bryher, et un cahier de photos. L’ensemble est préfacé par Elisabeth Roudinesco qui évoque la personnalité complexe de H.D. et son destin parmi les psychanalysées. Car il s’agit des femmes et de la modernité. Hilda Doolittle, fantasque et pionnière, a incarné bien avant 1968 cette « libération » rive gauche dont on vante tant les mérites aux éditions des Femmes. Pour le meilleur (quand ils sont présentés par une attachée de presse aussi attachante) et pour le pire (quand le militantisme s’emmêle)… Toute une époque !

Hilda Doolittle, Pour l’amour de Freud (Tribute to Freud), 1956, Edition des Femmes 2010, 330 pages, 15.20€.
A l’occasion de la sortie du livre, l’Espace des Femmes invite à une rencontre avec Elisabeth Roudinesco (universitaire, historienne et psychanalyste, auteur de la préface) le jeudi 15 avril à 19h30 au 35 rue Jacob, Paris 6ème.

Les romans d’Hilda Doolittle traduits et publiés aux éditions des femmes encore disponibles :

13/04/2010

Rencontre avec Elisabeth Roudinesco à l'Espace des Femmes-Antoinette Fouque, jeudi 15 avril à 19h30, 35 rue Jacob 75006 Paris

A l'occasion de la sortie du livre Pour l'amour de Freud de Hilda Doolittle, l'Espace des Femmes-Antoinette Fouque vous invite à une rencontre avec Elisabeth Roudinesco (universitaire, historienne et psychanalyste, auteure de la préface), jeudi 15 avril à 19h30. 35 rue Jacob, 75006 Paris. Venez nombreux...
Elisabeth_Roudinesco.jpgHILDA DOOLITTLE
Pour l'amour de Freud
 
En 1933, poussée par une crise personnelle autant que par les événements historiques, Hilda Doolittle se rend à Vienne pour entreprendre une analyse avec Freud. Pour l'amour de Freud est le récit de cette analyse, réédité aujourd'hui dans une nouvelle traduction de Nicole Casanova, avec une préface d'Elisabeth Roudinesco. Cette nouvelle édition est augmentée de photographies, de lettres inédites de H.D. à Freud et d'une partie de la correspondance entre H.D. et Bryher, sa compagne, publiée pour la première fois en France.
 
Aussi bien dans ces deux textes est-il question, en guise d'analyse, d'échanges et d'interrogations réciproques entre une poète et un maître de l'inconscient : l'une raconte ses rêves et l'autre les interprète tout en mêlant les choses de la réalité aux actes de parole. (...) Tandis qu'elle revit des événements lointains de son enfance et de son adolescence, il intervient pour lui parler de sa propre vie, de ses enfants, de la mort, de la maladie, et de son contre-transfert. De son côté, elle donne de ce vieil "accoucheur de l'âme" un portrait inoubliable.
Elisabeth Roudinesco
 
roudi.jpgH.D., romancière et poète d'avant-garde, est l'une de ces Femmes de la rive gauche qui ont nourri de leur énergie créatrice le grand mouvement de la modernité dans le Paris du début du XXème siècle. Au croisement de ses choix de vie, politiques, esthétiques, sexuels, et de son travail d'écriture, son oeuvre témoigne de la présence des femmes dans l'histoire littéraire et intellectuelle du XXème siècle.
 
Des femmes-Antoinette Fouque ont entrepris de faire connaître en France son oeuvre romanesque : Hermione en 1986, Dis-moi de vivre en 1987 et Le Don en 1988. Cette publication s'inscrit dans la même intention éthique, dans le même travail d'édition au passé, au présent, au futur : redécouvrir, découvrir des textes de femmes à l'écoute de l'inconscient, et faire apparaître une écriture non plus matricide mais matricielle.
 
Illustrations de couverture :
En haut : photographie d'Hilda Doolittle avec sa fille Perdita (1919).
En bas à gauche : croquis de H.D. représentant Freud (1933).
En bas à droite : photographie de Bryher dans le film Borderline (1929).

25/03/2010

Laure Murat rend compte dans Libération de sa lecture de "Pour l'amour de Freud" de H.D. (Libé des Livres du 25 mars 2010)

LIVRES ESSAIS
LIBERATION JEUDI 25 MARS 2010
 
DOOLITTLE, CHAMBRE D'ECHOS
"PARFAITE BISEXUELLE", LA ROMANCIERE RACONTE SA PSYCHANALYSE AVEC FREUD
 
pourlamourdefreud.jpgHIDLA DOOLITTLE
"POUR L'AMOUR DE FREUD"
Préface d'Elisabeth Roudinesco. Traduit de l'anglais par Nicole Casanova et par Edith Ochs pour la correspondance entre H.D. et Bryher. Des femmes-Antoinette Fouque, 330 pp., 16 euros
 
"Vous aviez deux choses à cacher, d'une part que vous étiez une fille, d'autre part que vous étiez un garçon." Cette formule, Freud l'adressa à Hilda Doolittle, dite H.D., qui commentera, à l'idée d'incarner le "phénomène presque disparu [de] la parfaite bisexuelle" et de contribuer à l'histoire de la psychanalyse : "Bon, c'est terriblement excitant". L'épisode a lieu en 1933, au cours des trois mois d'analyse qu'H.D. a poursuivi avec le maître de Vienne, à raison d'une séance quotidienne. De cette expérience intensive, la poétesse tirera deux textes : "Ecrit sur le mur", dédié à "Sigmund Freud, médecin irréprochable", paru en 1945-1946, et "Avent", extraits de son journal de 1933 rassemblés en 1948. Traduits en français sous le titre Visage de Freud (Denoël) en 1977, devenus introuvables, ils sont aujourd'hui réédités dans une nouvelle traduction, augmentés d'une section réunissant la correspondance entre H.D., Freud et Bryher, et d'une éclairante préface d'Elisabeth Roudinesco, où sont notamment détaillés et contextualisés les fourvoiements de Freud sur la sexualité féminine.
 
Ménage à trois. En recevant H.D. sur son divan, Freud, alors âgé de 77 ans, a conscience de prendre une patiente à plus d'un égard hors norme. Icône de l'Imagisme, ce mouvement poétique figuré par Ezra Pound dont elle fut l'amante, H.D. a tôt emprunté les chemins du ménage à trois et d'une bisexualité insouciante, en voyageant avec Frances Josepha Gregg, ancienne étudiante de Pound avec laquelle elle vécutr une idylle, et le mari de celle-ci. Mariée à Richard Aldington en 1913 mais séparée deux ans plus tard, elle rencontre en 1918 Annie Winifred Ellerman, dite Bryher, destinée à devenir la compagne de sa vie. Ce qui ne l'empêche pas d'avoir une fille avec Cecil Gray, un ami d'Aldington qui reconnaîtra l'enfant, prénommée Perdita. Bryher, de son côté, demande en 1921 la main de Robert Mc Almon, ex-amant de H.D. Ce mariage de convenance sera remplacé par un autre en 1927 : Bryher épouse Kenneth MacPherson, avec lequel H.D. a une liaison et dont elle attend un enfant - qu'elle décide de ne pas garder. La même année, Bryher et MacPherson acceptent d'adopter... Perdita Aldington. Vous êtes perdu ? C'est normal.
Familles (sur)recomposées, homoparentalité, liaisons à puissance n : H.D., dont la beauté solaire et fragile émeut manifestement les deux sexes, n'est pas seulement une pionnière dans sa liberté à vivre toutes les variations des équations affectives. Avec son cycle de romans intitulé Madrigal, l'écrivaine, contemporaine de Virginia Woolf et de Gretrude Stein, a ouvert un chapitre essentiel de l'histoire de l'autobiographie féministe, dont témoigne notamment le Don.
 
"Autre scène". Contrairement à ce que l'on croit trop souvent, la psychanalyse n'entretient que des rapports très lointains et pour ainsi dire anecdotiques avec l'autobiographie et le récit de soi. Cette "autre scène", qui privilégie l'analogie, la métaphore, l'écho, la résonance, la rime, en somme, a en revanche tout à voir avec la poétique et son exigence à s'affronter, par la parole, à l'énigme du verbe et du sens. H.D. ne "raconte" pas son analyse dans "Ecrit sur les murs", pas plus qu'elle ne la déroule dans "Avent", le journal de 1933, de la même encre. Elle en retranscrit la mise en oeuvre et donne à lire, entre les lignes, un cheminement, avec ses écarts et ses disgressions, ses écueils et ses progrès, dans un processus qui est le même que celui de l'écriture. Nous sommes dans le chantier de l'écrivain/analysant, dans la boite noire où s'échappe une divagation, entre associations libres et roman familial. "Je ne veux pas classifier le contenu de nos entretiens et les raconter d'une manière logique ou livresque. C'était [...] "une atmosphère", il est beaucoup question de rêves, qu'H.D., sans surprise, compare à des "manuscrits enluminés", les rêves "banals et fastidieux" correspondant "à la catégorie de la presse écrite", d'autres songes suivant "une ligne comme un graphe sur une carte". Ce sont ces "hiéroglyphes de l'inconscient" qu'elle s'attache à décrypter. L'analyse, c'est, aussi, (ré)apprendre à lire.
 
roudinesco_1200675899.jpgAventure. Parce qu'il met de la sorte en perspective analyse et travail littéraire, par touches liminales et sans jamais le formuler explicitement, Pour l'amour de Freud brille d'un éclat singulier par rapport aux "témoignages" sur le sujet, dont l'actualité éditoriale a récemment donné un exemple avec Mon analyse avec le Professeur Freud d'Anna G. (Libération du 11 mars 2010). Il n'est pas anodin que nombre d'écrivains redoutent d'entreprendre une analyse, de peur de dilapider leur singularité dans une explosion jugée trop risquée ou de devoir se soumettre à une injonction normative. H.D., dont le mode de vie n'attire aucune remarque d'ordre moral de la part de Freud, choisit, elle, de s'y mesurer. Par défi, par nécessité, par curiosité pour la grande aventure intellectuelle que la psychanalyse représente alors. Mais non sans crainte : "Les explications du Professeur étaient trop éclairantes parfois, semblait-il ; les ailes de chauve-souris de ma pensée battraient douloureusement sous ce projecteur soudain." Le récit de son analyse, ou plutôt sa réécriture, comme un redoublement analogique de l'expérience, s'emploie à déjouer cette peur, dans une lutte dont on comprend qu'elle s'est engagée entre H.D. et elle-même. Le "Professeur", dont elle note souvent "le sourire oblique", "touchait le pétrole" mais c'est au patient de trouver ses champs d'applications. Cinq mois après son départ de Vienne, Freud lui écrivait ,: "Je suis profondément satisfait d'apprendre que vous êtes en train d'écrire. C'est pour cela que nous avons plongé dans les profondeurs de votre inconscient, je m'en souviens."
En ces temps de tirs groupés contre la psychanalyse, sans doute n'est-il pas inutile de rappeler que Freud n'exigea jamais qu'une seule chose de H.D., une seule et unique : "Je vous en prie, jamais - je veux dire jamais, en aucun moment, en aucune circonstance - , n'essayez jamais de me défendre, si et quand vous entendez des remarques injurieuses sur moi et mon travail. [...] Vous ne ferez pas de bien au détracteur en commettant la faute d'entreprendre une défense logique. Vous approfondirez seulement sa haine ou sa peur et ses préjugés."
 
LAURE MURAT

23/03/2010

Elisabeth Roudinesco à l'Espace des Femmes-Antoinette Fouque, jeudi 15 avril à 19h30, 35 rue Jacob. Grande soirée consacrée à Hilda Doolittle, dont le livre "Pour l'amour de Freud", préfacé par Elisabeth Roudinesco vient de paraître.. Venez nombreux !

Un hors-série du Monde "Une vie, Une oeuvre" SPECIAL FREUD est disponible dans tous les kiosques depuis samedi 20 mars. Elisabeth Roudinesco en est une des principales plumes. Vous aurez l'occasion de la rencontrer à trois reprises, trois lieux, trois dates différentes, dans les jours qui viennent :

roudinesco_1200675899.jpg* Dédicace d'Elisabeth Roudinesco sur le stand des éditions Des femmes au Salon du Livre de Paris, dimanche 28 mars de 16h à 18h.

* Elisabeth Roudinesco et Thomas Wieder à la Fnac des Ternes dialogueront sur le thème "Pourquoi Freud ?", vendredi 9 avril à 17h30.

* Antoinette Fouque et Des femmes vous invitent à rencontrer Elisabeth Roudinesco, universitaire, historienne et psychanalyste française, auteure de la préface de "Pour l'amour de Freud" de Hilda Doolittle, dite H.D., jeudi 15 avril à 19h30, 35 rue Jacob, 75006 Paris.

freud.jpgSIGMUND FREUD : LA RÉVOLUTION DE L'INTIME - HORS-SÉRIE

Retrouvez dans ce hors-série, une sélection de textes clés qui éclairent la pensée du père de la psychanalyse, des points de vue de Jean-Paul Sartre, Karl Popper, Stefan Zweig, Thomas Mann et Jacques Lacan.

Portrait
Peut-on aujourd’hui dessiner les contours d’un nouveau Freud dont les concepts éclairent le XXIe siècle ? C’est à cette tâche que s’attelle l’historienne de la psychanalyse Elisabeth Roudinesco dans le portrait qu’elle brosse de ce « conquérant des lumières sombres ». Pour que « la question de la psyché, du désir et de l’inconscient redevienne, au même titre que celle du bonheur et de la révolution, une idée neuve dans le monde ».

L’œuvre
Les textes de Freud sont dans le domaine public depuis janvier 2010. C’est l’occasion, à travers de nouvelles traductions, de lire et relire ses livres – il en a écrit vingt-trois -, en s’intéressant moins aux querelles d’interprétation qu’ils ont suscitées qu’à ses idées. De Psychopathologie de la vie quotidienne à Moïse et le monothéisme, Le Monde a sélectionné et commenté les textes qui éclairent la pensée du père de la psychanalyse.

La psychanalyse
Dans un entretien, l’universitaire américain Eli Zaretsky revient sur la réception de l’œuvre de Freud en Europe et aux Etats-Unis en la mettant en perspective avec l’histoire de la pensée moderne. Pour lui, « la psychanalyse fut bel et bien une révolution ». Afin d’éclairer l’histoire de la psychanalyse, nous proposons les portraits des maîtres et des disciples de Freud, et des disciples de Freud, et des dissidents du mouvement freudien.

Débats
L’œuvre de Freud n’a cessé de provoquer des débats passionnés, voire féroces. Les textes que Le Monde publie, dans ce hors-série, de Pierre Janet à Karl Popper en passant par Jean-Paul Sartre, posent les questions suivantes : la sexualité régit-elle le psychisme ? Le complexe d’Œdipe est-il universel ? La psychanalyse est-elle une science ? L’inconscient existe-t-il ? Les « cas » sont-ils des fictions ? En contrepoint, les hommages de Thomas Mann, Stefan Zweig, Bruno Goetz et Jacques Lacan.

Date de sortie : mars 2010.

01/03/2010

"Pour l'amour de Freud" de Hilda Doolittle, dite H.D. (nouveauté Salon du Livre de Paris 2010)

Hilda.JPGMARS 2010 - FICTION * Office : 11 / 03 / 2010

POUR L’AMOUR DE FREUD Hilda Doolittle - Traduit de l’anglais par Nicole Casanova Préface de Elisabeth Roudinesco

ISBN : 978-2-7210-0601-1 Format 13.5 x 21 cm – Environ 300 pages, 16€ Nouvelle édition (Première édition Denöel 1977)

Romancière, poétesse et essayiste américaine, plus connue sous les célèbres initiales H.D., Hilda Doolittle (1886-1961) fut une éminente praticienne du modernisme, tout en demeurant toujours au-delà des limites des courants desquels elle fut proche, créant une œuvre absolument singulière et originale. Amie d’Ezra Pound, de D.H. Lawrence, mariée à Richard Adlington, H.D. fut ainsi une figure majeure du courant poétique de l’imagisme, qui marqua la rupture entre romantisme du XIXe et modernité du XXe siècle. Elle fit également partie du mouvement moderniste expatrié et fut l’une des « femmes de la Rive gauche » qui ont fait la renommée littéraire du Paris d’avant guerre, sans toutefois habiter la capitale, à laquelle elle préférait Londres, qui fut, pour elle comme pour Virginia Woolf, une source d’inspiration littéraire.

En 1933, animée par son intérêt pour la psychanalyse, poursuivant l’exploration de son labyrinthe intérieur et tentant de comprendre ses difficultés personnelles, Hilda Doolitle se rendit à Vienne, pour consulter Freud.

Pour l’amour de Freud est le récit, écrit en deux temps, de cette analyse. La première partie, récit intitulé « Ecrit sur le mur, Réminiscence d’une analyse avec Freud », publiée en 1944, est complétée et éclairée par la seconde, « L’avent », notes prises au fil des séances, dix ans auparavant, entre 1933 et 1934. L’ouvrage se clôt sur des lettres inédites de la correspondance de Freud et H.D., qui se poursuivit de 1932 à la mort du Professeur en 1939.

Selon E. Jones, le célèbre biographe de Freud, cet ouvrage demeure « la plus précieuse et la plus séduisante appréciation de la personnalité de Freud qu’on puisse vraisemblablement jamais lire… ». Écrit dans une belle prose poétique, il fait revivre l'atmosphère chaleureuse que le Professeur pouvait instaurer avec ses patients, mais témoigne aussi de l’expérience analytique, des techniques mises en œuvre comme de la richesse des associations.

Les éditions Des femmes-Antoinette Fouque, qui ont déjà publié plusieurs œuvres de H.D. (Hermione, 1986 ; Dis-moi de vivre, 1987 ; Le Don, 1988), ont entrepris de rééditer Tribute to Freud, édité par Denoël en 1977 sous le titre Visage de Freud, et de lui offrir une nouvelle traduction, dont la modernité fait écho à celle de la langue et de la pensée de l’auteure.

12/02/2010

Didier Eribon à l'Espace des Femmes, mardi 16 février à 18h30..!

Mardi 16 février à 18 h 30, l'Espace des Femmes-Antoinette Fouque, 35 rue Jacob, 75 006 Paris, vous invite à rencontrer Didier Eribon présenter puis dédicacer son nouveau roman, Retour à Reims. Emmanuel Pierrat assistera à la soirée.

didiereribon2.jpgDidier Eribon est professeur à la Faculté de Philosophie, sciences humaines et sociales de l’université d’Amiens. Il a également enseigné à l’université de Berkeley (Etats-Unis).
Auteur de nombreux ouvrages parmi lesquels
Réflexions sur la question gay (Fayard, 1999), Une morale du minoritaire (Fayard, 2001), D’une révolution conservatrice et de ses effets sur la gauche française (Leo Scheer, 2007), il a été le lauréat 2008 du prestigieux Brudner Prize décerné chaque année par l’université Yale.

retourarheims.jpgRetour à Reims de Didier Eribon

Ci-dessous, le texte qui figure au dos de la couverture de son livre paru le 30 septembre 2009 chez Fayard.

Après la mort de son père, Didier Eribon retrouve son milieu d’origine avec lequel il avait plus ou moins rompu trente ans auparavant. Il décide alors de se plonger dans son passé. S’attachant à retracer l’histoire de sa famille et la vie de ses parents et grands-parents, évoquant le monde ouvrier de son enfance, restituant son parcours d’ascension sociale, il mêle à chaque étape de son récit les éléments d’une réflexion sur les classes, le système scolaire, la fabrication des identités, la sexualité, la politique, les partis, la signification du vote, etc.

vip-31.jpgRéinscrivant ainsi les trajectoires individuelles dans les déterminismes collectifs, il s‘interroge sur la multiplicité des formes de la domination et donc de la résistance.

Un grand livre de sociologie et de théorie critique.

10/02/2010

Alain de Mijolla présente "Freud et la France (1885 - 1945)" à l'Espace des Femmes-Antoinette Fouque : jeudi 11 février à 19 h - Venez nombreux !

L'Espace des Femmes-Antoinette Fouque vous invite à une soirée sur "Freud et la France (1885-1945)" avec son auteur, Alain de Mijolla, jeudi 11 février à 19 heures. 35 rue Jacob, 75006 Paris.

"FREUD ET LA FRANCE (1885-1945)" - UN LIVRE DE ALAIN DE MIJOLLA - PARU LE 13 JANVIER 2010

alaindemijolla.jpg

Après de études à la Faculté de médecine de Paris, Alain de Mijolla, médecin Psychiatre des Hôpitaux, psychanalyste, devient membre de la Société psychanalytique de Paris (SPP) en 1968 et membre titulaire en 1975. Son abord psychanalytique de l’alcoolisme a été publié en 1973 et constamment réédité depuis, comme Les visiteurs du moi, paru en 1981, études théorico-cliniques sur les fantasmes d’identification au coeur de la transmission familiale intergénérationnelle. Ce livre a été complété en 2004 par Préhistoires de famille. Il est l’un des plus grands spécialistes français de Sigmund Freud et lui a consacré plusieurs ouvrages : Freud et la France, 1885-1945 (2010) ; Freud, fragments d'une histoire, (2003) ; Les Mots de Freud, (1989). Son travail d'historien de la psychanalyse est fondamental. Il fut notamment responsable du Département d’archives et d’histoire de la SPP (1988-2000), a tenu l'Atelier d'Histoire de la psychanalyse en Europe à l’École des hautes études en sciences sociales (EHESS) et a dirigé le Dictionnaire international de la psychanalyse, paru en 2002, un ouvrage magistral qui a fait date, connu pour sa richesse et son ouverture d’esprit, traduit en anglais, en espagnol et en brésilien (2005). Il fut membre de l’International Society of Political Psychology (1989-2003), de l’American Academy of Psychoanalysis (1990-2001), et du Conceptual and Empirical Research Commitee de l’Association internationale de psychanalyse (IPA) entre 2002 et 2004.

Créateur en 1985 et président honoraire de l’Association Internationale d'Histoire de la Psychanalyse (AIHP), Alain de Mijolla a écrit plus de quatre-vingt dix articles psychanalytiques et dirigé de nombreuses revues ou collections comme la Revue internationale d’histoire de la psychanalyse (1988-93), la collection Histoire de la psychanalyse aux Presses Universitaires de France (1988-99) ou encore la collection Confluents psychanalytiques aux éditions les Belles Lettres (1980-93). Il fut récompensé pour ses travaux par le Prix Maurice Bouvet de psychanalyse en 1976 et aux USA, par The Sigourney Award en 2004.

UNE NOUVELLE FAÇON DE PARLER D'HISTOIRE...

livre-983.jpgFreud en France, 1885-1945, raconte, année par année présentées comme autant de chapitres, la lente progression du personnage de Freud et de ses idées dans le milieu médical et culturel français. Depuis son séjour chez le professeur J.M. Charcot en 1885, chaque année brosse un tableau des images que l’on se fait de Freud, jusqu’à sa mort en 1939, et des psychanalystes français jusqu’au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, en 1945. Correspondances privées autour de problèmes que posent la pénétration des théories freudiennes comme la naissance du mouvement psychanalytique et la création de la Société Psychanalytique de Paris, puis de la Revue Française de Psychanalyse, articles de critique ou de louanges dans les journaux médicaux et philosophiques ou dans des magazines plus légers, interviews par les journalistes de l’époque, de nombreux documents mal connus ou inédits forment chapitre par chapitre des tableaux vivants, drôles ou émouvants.

 

Comment ne pas citer les écrivains de la N.R.F qui, sous la bannière des éditions Gallimard, sont avec André Gide parmi les premiers à découvrir l’oeuvre freudienne, ou comme les Surréalistes qui s’enchantent à y trouver un langage qu’ils croient commun, ou Anaïs Nin dont les aventures amoureuses avec son thérapeute donnent une image mi-caricaturale mi-véridique de l'exercice de la psychanalyse par certains, ou les membres du Parti Communiste français qui, semblables aux catholiques, dénoncent les conséquences fâcheuses qu'ont de telles lectures.  

On peut aussi y trouver l’exposé des premiers écrits des psychanalystes venus rejoindre Freud à partir de 1920, date de la publication des Cinq leçons sur la psychanalyse dans une traduction en langue française qui inaugure la parution chaotique, disputée par Gallimard, Payot, Denoël et finalement Alcan, de ce qui ne parvient pas à constituer une édition de ses oeuvres complètes, encore inachevée de nos jours.

Leurs idées montrent que rien n'est nouveau sous le soleil et que la recherche historique redonne à tel ou tel d'entre eux, injustement oubliés, la priorité de telle idée théorique ou pratique. On voit ainsi les débuts d'un Jacques Lacan, déjà original et profond créateur ou de Françoise Dolto qui s'oriente dès son entrée sur le divan du Dr. René Laforgue, vers la psychanalyse des enfants.

Ce livre se parcourt, se lit en trouvant une année au hasard, comme en effectuant une recherche plus précise au fil du temps ou de l'histoire d'un personnage, repérable par les entrées d'un Index complet.

Outre des références bibliographiques générales en fin de volume, des notes de bas de page permettent de retrouver les articles cités au lieu même de leur citation, ce qui simplifie plus nettement leur consultation que d'avoir à les retrouver en petits caractères ramassés en fin de volume.

Tout aussi indispensable pour éclairer sa lecture, ce livre offre une trentaine de pages de notes complémentaires qui donnent des indications brèves, mais précises, sur les principaux personnages évoqués, leur première apparition étant signalée dans le texte par un astérisque qui conduit à trouver en fin de volume le renseignement cherché.

Propre au délassement, comme le fait un livre qui raconte des histoires au ton parfois romanesque, aussi bien qu'instrument de travail pour des recherches ciblées sur les thèmes abordés, cet ouvrage est indispensable à toute personne cultivée désireuse de connaître l’image de la France d’avant la Seconde Guerre mondiale et de ses frottements aux idées dérangeantes de Sigmund Freud.

 

Bibliographie Alain de Mijolla

o Freud et la France, 1885-1945, (PUF, Hors collection, 2010)

o Psychanalyse, codirection avec Sophie de Mijolla-Mellor, (PUF, Coll. Fondamental, 2008, 5e édition)

o Préhistoires de famille (PUF, Coll. Le Fil rouge, 2004)

o Pour une psychanalyse de l'alcoolisme, cosigné avec S. Shentoub (Payot-poche, 2004)

o Freud, fragments d'une histoire, (PUF, Coll. Le Fil rouge, 2003)

o Les Visiteurs du moi : Fantasmes d'identification, (Les Belles lettres, Coll. Confluents psychanalytiques 1981 ; rééd. 2003))

o Dictionnaire international de la psychanalyse, (Calmann-Lévy, 2002 / Hachette Littératures, Coll. Grand Pluriel, format poche en coffret 2 volumes, 2005)

o Évolution de la clinique psychanalytique, (L'Esprit du Temps, 2001)

o Les Mots de Freud, (Hachette, 1982 ; Les Belles lettres, 1982)

25/01/2010

Vendredi 29 janvier à 19h, projection du film de Mariane Persine sur Béla Grunberger. Avec Jean-Pierre Sag. La psychanalyse à l'honneur ! Soirée rare !

bg.jpgVendredi 29 février 2010 - A 19 h à l’Espace des Femmes, 35 rue Jacob, 75006 Paris

Projection du film de Marianne Persine sur Béla Grunberger

Psychanalyste membre de la Société Psychanalytique de Paris, Marianne Persine réalise depuis 20 ans des entretiens vidéos avec des psychanalystes. Consciente de la perte que représenterait par exemple l’absence de documents filmiques sur Freud, Marianne Persine a entrepris d’inscrire pour l’Histoire quelques grandes figures de la psychanalyse contemporaine.

Elle présentera à l’Espace des Femmes son film, inédit, sur Béla Grunberger. Béla Grunberger (1903 – 2005), psychanalyste d’origine hongroise de renommée internationale est l’un des théoriciens les plus originaux du narcissisme. Ayant particulièrement médité sur l’importance de la vie intrautérine dans la vie psychique et dans la cure psychanalytique, il a publié en 1989 aux éditions des Femmes-Antoinette Fouque, Narcisse et Anubis.

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Béla Grunberger - Narcisse et Anubis 1989

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Depuis 1956, Béla Grunberger a créé une oeuvre centrée sur le concept du narcissisme. Il le considère comme un élément fondamental du développement humain qui, telle la langue chez Esope, est la meilleure et la pire des choses. Le narcissisme, dont il postule l'origine prénatale (conformément à la pensée de Freud, qui n'en a pas tiré toutes les conséquences), est à l'origine des accomplissements les plus sublimes, comme des tendances à la destruction la plus absolue. L'être humain a connu dans le ventre de sa mère une satisfaction totale et immédiate à laquelle il lui faut renoncer après la naissance. La condition humaine est à jamais marquée par la chute, l'expulsion d'un paradis prénatal à reconquérir par tous les moyens.

 
D'origine hongroise, Béla Grunberger, psychanalyste de renommée mondiale, se situe dans la filiation de Ferenczi. Il arrive en France en septembre 1939 où il fait ses études de médecine. Il est membre enseignant de la Société psychanalytique de Paris. "Le Narcissisme" (Payot, 1971) est devenu un ouvrage de référence en France et à l'étranger.
 
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Janine Chasseguet-Smirgel - Les deux arbres du jardin 1988

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L'ouvrage est constitué de huit articles. Le premier porte sur la féminité. Janine Chasseguet-Smirgel montre les contradictions de la théorie freudienne, tout en restant fidèle à la perspective du fondateur de la psychanalyse. Sa critique porte sur ce qu'elle appelle "le monisme sexuel phallique" : contrairement à ce qu'affirme Freud, il y a avant la puberté une connaissance de l'existence du vagin, mais celle-ci est refoulée dans un but défensif. L'auteure montre que la féminité ne doit pas être comprise comme un manque. Tout être humain doit reconnaître sa féminité et sa masculinité, en assumant l'identification aux deux parents.
 
Janine Chasseguet-Smirgel, psychanalyste, vice-présidente de l'Association psychanalytique internationale, s'est intéressée dans ses précédents travaux aux problèmes de l'idéal du moi et de la perversion, ainsi qu'à la question de la sexualité féminine. Elle a occupé la chaire Freud en 1982-1983 à l'Université de Londres.