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29/09/2007

Thu Huong Duong a d'abord publié aux éditions des femmes !

L'autre Asiatique rebelle découverte et appuyée par les éditions Des femmes, Thu Huong Duong (coïncidence : même époque de publication que Aung San Suu Kyi ! et même date de début d'amitié éternelle avec Antoinette Fouque)

A - Qui est Thu Huong Duong ?

Duong Thu Huong est née au Nord Vietnam en 1947. Elle débute sa carrière en écrivant des poèmes qui glorifient la Révolution. Engagée très tôt, elle rejoint le parti communiste et s'oppose au marxisme. Elle combattra pendant la guerre mais ses prises de positions et son indépendance lui vaudront l'assignation à résidence (Tiens..? vous n'avez pas déjà lu ça quelque part..?) et l'interdiction de ses livres. En plus de son activité de romancière, Duong Thu Huong multiplie les articles de presse et les conférences publiques pour demander davantage de démocratie au Vietnam. Elle milite pour déstaliniser et démaoïser le parti communiste jusqu'à son exclusion en 1990.
Extrêmement populaire au Vietnam, Duong Thu Huong se démarque par sa forte personnalité, son courage et son charisme. Malgré les interdictions et la censure de son pays, elle n'a jamais cessé d'écrire de façon ce qu'elle voulait - notamment grâce à son meilleur éditeur en France : les éditions Des femmes ! Clap clap clap ! On applaudit bien fort ! -

B. Les deux livres de Thu Huong Duong aux éditions Des femmes :

Les paradis aveugles - Editions des femmes, 1991 ( + existence d'un livre audio d'extraits de ce chef d'oeuvre lus par Catherine Deneuve)
Roman sans titre - Editions des femmes, 1992

C. L'article de Livres Hebdo du 7 septembre 2007

N°20, Terres des oublis - ELLES AIMENT
(...) Détenue sans procès, puis placée en résidence surveillée dans son pays, Thu Huong Duong s'est finalement réfugiée en France, où elle est publiée depuis le début des années 1990 par les éditions de l'Aube, les éditions Des femmes et Philippe Picquier.
LIVRES HEBDO, 7 septembre 07

Quatrième de couverture du Monde 30.09/01.10.07

il y a eu gandhi, Mandela, Vaclav Havel, et leurs peuples...

AUJOURD'HUI, AUNG SAN SUU KYI CONTINUE DE MEDITER, PENSER, ECRIRE, RESISTER, AGIR, LUTTER...

"Aung San Suu Kyi ne cède pas, ne trahit pas. Elle est vivante, elle lutte, elle nous appelle. Jusqu'à quand, encore, cette femme-courage et son peuple pourront-ils supportés d'être bâillonnés et martyrisés ? Quand nous déciderons-nous à les aider fermement, et à faire triompher, réellement, nos idéaux communs ?"
Antoinette Fouque
Parlement Européen, Strasbourg, juin 1995

Photo Aung san Suu Kyi et Antoinette Fouque à Rangoon en septembre 1995.

SOLIDARITE AVEC LE PEUPLE BIRMAN

ALLIANCE DES FEMMES POUR LA DEMOCRATIE

28/09/2007

"C'est dans l'air" du 28.09.98, excellent reportage d'Agathe Lanté sur le thème de la sexualité des Françaises après Mai 68, interview EXCLUSIVE avec Antoinette Fouque !

La fidèle retransmission (la chance que vous avez de m'avoir !) des propos d'Antoinette Fouque dans l'émission "C'est dans l'air" du 28 septembre, consacrée à la sexualité des Françaises - Un très bon reportage d'Agathe Lanté pour l'équipe d'Yves Calvi

"C'est dans l'air" : il s'agit du magazine d'Yves Calvi http://www.france5.fr/cdanslair/index.cfm sur France 5 du 28 septembre dont le sujet était : "Sexe : la position des françaises" - Champions de la séduction et éternels insatisfaits, les Français entretiennent une relation parfois complexe à leur sexualité. Face aux "nouvelles Eve", indépendantes et libérées, les hommes peinent à trouver leur place. Les invités du plateau étaient : Catherine Solano, médecin sexologue et andrologue (consultable ici : http://www.pannes-sexuelles.com/), Janine Mossuz-Lavau, sociologue directeur de recherche au Centre d'étude de la vie politique française (laboratoire du CNRS), Serge Hefez, psychiatre et psychanalyste, spécialiste de la vie de couple et Gérard Salama, gynécologue accoucheur à l'Hôpital américain de Paris

Agathe Lanté a réalisé un reportage de jolie qualité sur les conséquences de Mai 68 sur la sexualité des Françaises. Elle a interrogé Françoise Picq, universitaire spécialiste du féminisme (qui a notamment dit "L'idée dominante c'était quand même que les femmes ont un destin tout tracé qui est de se marier, de s'occuper de la maison et de faire des enfants" ) puis Antoinette Fouque (propos soigneusement recopiés par mes bons soins en vert ci-dessous) :

S'émanciper, s'affranchir, transgresser, les tabous se lèvent et les femmes prennent leur émancipation. Les femmes s'organisent et prennent la parole avec la création du MLF, le mouvement de libération des femmes. Objectif : changer la vie et transformer le rapport au pouvoir, à la masculinité et au savoir. Parmi les fondatrices, AF aujourd'hui directrice des éditions des femmes (A. Lanté) :

"La première revendication des femmes, c'est un enfant si je veux quand je veux. Donc et puis après assez de violence assez de femmes battues assez d'inceste sur les petites filles C'est ça la libération, c'est la libération d'un véritable esclavage, d'une colonisation du corps par l'économie, le pouvoir, le patriarcat, comment dire le pouvoir mâle en général" (A. Fouque)

Sous l'impulsion du MLF, les femmes gagnent leurs batailles juridiques et la première d'entre elles celle de l'avortement avec le vote de la loi Veil en 75 elles obtiennent aussi le remboursement des contraceptifs puis de l'ivg la reconnaissance du divorce par consentement ou encore la requalification du viol comme crime. Mais pour les féministes d'hier, la désillusion est là : les femmes se cherchaient force est de constater pour elles que certaines n'ont pas trouvé leur place Pour AF la société vit même une régression. (A. Lanté)

"La libéralisation économique s'est conjuguée à un libertinage si on veut sexuel c'est à dire le capital et le phallus se sont liés pour prendre le pouvoir sur les banques et sur les corps et que au lieu de la libération pour laquelle nous luttons il y a une libéralisation massive du corps des femmes à travers l'industrie du sexe, de la pornographie à la prostitution industrialisée." (A. Fouque)

Des femmes pas assez ou trop libérées. Pour les féministes de la première heure la société du phallique a repris le dessus. Aujourd'hui elles repassent le flambeau et attendent les victoires de la prochaine génération. (A. Lanté)

Aung San Suu Kyi "Usez de votre liberté pour promouvoir la nôtre..." Sous la botte de galonnés dans "Le Populaire", Centre France, Magazine Limoges, le 28.09.07

Aung San Suu Kyi "Usez de votre liberté pour promouvoir la nôtre...."

Sous la botte de galonnés enragés, la Birmanie vit à nouveau des heures tragiques qui ont brutalement rappelé au monde la situation de l'emblématique Aung San Suu Kyi, 62 ans, l'âme de la résistance à la junte, emprisonnée ou assignée à résidence depuis des lunes et sur la tête de laquelle planent toujours de réelles menaces. Aung San Suu Kyi, dont en 1947 le père obtint des Anglais l'indépendance de son pays. Hier, à Paris, Jane Birkin et Philippine Leroy-Beaulieu ont publiquement et ardemment pris part à un rassemblement de solidarité déployé devant l'ambassade de Birmanie ; ces deux figures de proue relaient aujourd'hui les efforts entrepris depuis plus de seize ans par Antoinette Fouque.

Pionnière dans tous les soutiens aux combats de femmes et engagée pour la paix, Antoinette Fouque est de ce cercle étroit de celles et ceux qui se sont rendus à Rangoon afin, au plus près, de témoigner leur solidarité à la "Dame de Rangoon". Elle avait notamment tenu à assister, en 1991, à la remise du Prix Nobel de la Paix à la dirigeante de la Ligue Nationale pour la Démocratie en Birmanie. Un livre est né de la prise de position d'Antoinette Fouque en faveur de cette courageuse apôtre de la non-violence : "Se libérer de la peur", paru aux éditions Des femmes, préfacé par François Mitterrand et Vaclav Havel.

L'occasion de relire ces quelques mots de combat et d'espoir et de saluer une belle âme :

"Ce n'est pas le pouvoir qui corrompt, mais la peur : la peur de perdre le pouvoir pour ceux qui l'exercent, et la peur des matraques pour ceux que le pouvoir opprime.... Dans un système qui dénie l'existence des droits humains fondamentaux, la peur tend à faire partie de l'ordre des choses... Mais aucune machinerie d'Etat, fût-elle la plus écrasante, ne peut empêcher le courage de resurgir encore et toujours, car la peur n'est pas l'élément naturel de l'homme civilisé". (Aung San Suu Kyi).

L'occasion aussi de lire la biographie signée il y a quelques mois par Thierry Falise, grand reporter belge basé à Bangkok et spécialiste de l'Asie du Sud-Est. Aung San Suu Kyi et Antoinette Fouque : "Se libérer de la peur" (Editions Des femmes ; 1991). (Aung San Suu Kyi : le jasmin ou la lune", biographie, par Thierry Falise (éd. Florent-Massot, 1990 ; 2007).

27/09/2007

Avec Aung San Suu Kyi dans "La Croix", par Antoine Perraud, producteur à France Culture, membre du comité de lecture de la revue "Médium"

AVEC AUNG SAN SUU KYI ("LA CROIX")

C'était à la fin du mois de septembre, l'époque de la mousson s'achevait à Rangoon, dans la luxuriance des bananiers, des palmiers, des jaracandas, des tamariniers et des touffes de bambous. La ville affichait langoureusement ses charmes oubliés : de belles bâtisses coloniales britanniques vaincues par le temps. C'était en 1995 et nous avions pu passer le seuil du 54, route de l'Université (anciennement Victoria), au bord du lac Inya (anciennement Victoria...), où se tapit la demeure colossale de la menue Aung San Suu Kyi (la dernière syllabe se prononce "tchi"). C'est là qu'elle est séquestrée par la junte birmane. Le lieu dégage l'inquiétant mystère de l'interdit. Les piétons sont maudits du trottoir maudit. Au centre de la ville à défaut d'être au centre des conversations publiques (les espions sont partout), la recluse de Rangoon demeure comme la mauvaise conscience du régime.

Elégamment drapée dans son longyi, la tenue traditionnelle birmane, elle reçoit en un salon désert aux volets mi-clos de sa maison décrépite et envahie par la végétation. Sur les murs trônent des photographies de son père, le général Aung San, héros de la guerre d'indépendance, assassiné par les sbires d'un rival, en 1947, le 19 juillet (devenu fête nationale). En face, sur l'autre rive du lac Inya, on aperçoit la résidence d'un ancien compagnon de son père, le terrible dictateur Ne Win, encore de ce monde en 1995 et responsable en chef des malheurs d'Aung San Suu Kyi. Il y a là comme une tragédie étouffante et malsaine : Antigone postée devant Créon ? "Pas du tout ! - Not at all ! - tranche l'intéressée dans un anglais au parfait accent distingué. Tout cela n'est qu'une simple coïncidence et ma tâche est bien plus facile que celle d'Antigone." Lumineuse et modeste, elle évite les disgressions d'ordre personnel, qui la détournent de son but à jamais fixé. Elle vit dans le dénuement et l'isolement, mais relativise son sort : "Songez que je suis chez moi et non en prison, que je peux lire - notamment Simone de Beauvoir et Georges Simenon - qu'il m'est possible d'écouter la radio - la BBC voire RFI - , que ma famille est en Angleterre, à l'abri de la terreur qui s'exerce ici." Elle parle de la compassion universelle (metta), valeur bouddhiste par excellence. Elle insiste sur son absence de ressentiment : "Nous n'irons jamais de l'avant en haïssant".

Par-delà son ardente maigreur, la flamme presque butée de son regard et sa façon de vouer sa vie au refus, il y a chez elle un idéalisme désarmant : après avoir transformé la conscience de son peuple, elle voudrait transformer celle de ses bourreaux. Elle souhaite obtenir la rédemption des tortionnaires en leur transmettant l'inespéré : l'amour. En se posant ainsi en intégriste de la bonté, ne passe t-elle pas aux yeux de la junte pour une opposante... angélique ?

Deux papilles foudroient alors le questionneur occidental : "Ce régime ne me considère pas comme un ange, croyez-moi. Je peux me montrer tout ce qu'il y a de moins angélique !"

"Le parfum de son nom", comme disent les Birmans, devrait nous entêter : Aung San Suu Kyi incarne - avec Nelson Mandela et Vaclav Havel - l'absolue grandeur de la politique en ce monde.

Photo Aung San Suu Kyi, chez elle, en 1995.
"Au centre de la ville à défaut d'être au centre des conversations publiques, la recluse de Rangoon demeure comme la mauvaise conscience du régime."

REPERES

UN SYMBOLE INDOMPTABLE

Née en 1945, établie à l'étranger dès 1960, mariée à un universitaire britannique, Aung San Suu Kyi se trouve en Birmanie, au chevet de sa mère mourante, quand, en 1988, le pays se révolte contre la dictature instaurée par le général Ne Win en 1962. La junte réprime le mouvement dans le sang. Mais Aung San Suu Kyi, Prix Nobel de la Pais en 1991, en est devenue le symbole indomptable : "Les saints, dit-on, sont des pécheurs qui se mettent sans cesse à l'épreuve. Les hommes libres, eux aussi, sont des opprimés qui se mettent à l'épreuve." ("Se libérer de la peur" d'Aung San Suu Kyi, Editions Des femmes, 1991, 220 p., 14.50E

Aung San Suu Kyi, Antoinette Fouque, même combat : la non-violence (livre aux Editions des femmes)

Appel à un grand rassemblement en présence de Jane Birkin devant l'ambassade de Birmanie (60 rue de Courcelles, Paris 8ème - métro Courcelles) à partir de 14 h jeudi 27 septembre. ("mail" (pour une fois, le sujet s'y prêtant vraiment, je fais des efforts de sérieux !) à transférer massivement autour de vous - Merci !) L'inoubliable interprète de "Di doo dah", ainsi que la comédienne Philippine Leroy-Beaulieu, relaient aujourd'hui les efforts - en pensée comme en actes - entrepris depuis plus de seize ans par Antoinette Fouque (qui prolonge de quelques jours son passage à Paris UNIQUEMENT pour sa chère "Dame de Rangoon" et qui malgré un agenda ultra chargé pourrait peut-être répondre à toutes vos questions sur ce point brûlant de l'actualité : Comme au loto, 100% des gagnants auront en tous cas tenté leur chance...), suite à un coup de coeur et de conscience, pour sauver Aung San Suu Kyi.

Pionnière dans tous les soutiens aux combats de femmes et engagée dans toutes les politiques pour la paix, Antoinette Fouque appartient naturellement au cercle étroit des personnes s'étant rendues jusqu'à Rangoon pour rencontrer Aung San Suu Kyi en chair et en os (1995).

Lui apportant son indéfectible et fervent appui depuis le début, Antoinette Fouque avait notamment tenu à assister à la cérémonie de remise du Prix Nobel de la Paix à la Dirigeante de la Ligue Nationale pour la Démocratie en Birmanie, déjà en 1991.

Un livre est né de la prise de position d'Antoinette Fouque en faveur de l'apôtre de la non-violence en Birmanie : Se libérer de la peur (éditions Des femmes, 1991). Exceptionnellement doté de préfaces du Président de la République, François Mitterrand et de Vaclav Havel (Président de la République Tchèque d'alors), ces écrits d'Aung San Suu Kyi sont introduits et rassemblés par Michael Aris, leur traduction étant coordonnée par Thérèse Réveillé.

N'ayant jamais cessé de prendre des nouvelles d'Aung San Suu Kyi ni de lui témoigner son admiration, Antoinette Fouque, en l'aidant autant qu'elle le peut à faire connaître sa cause, garde un lien privilégié avec elle et sera éternellement à ses côtés. Ce n'est pas étonnant quand on observe qu'à l'instar de la grande intellectuelle française cofondatrice du MLF, la lumineuse Birmane, soeur spirituelle de Gandhi et Mandela, choisit la non-violence pour faire avancer son peuple et par conséquent, à son niveau, l'humanité.

"Si la peur, d'Est en Ouest, peut être aujourd'hui considérée comme universelle parce que simplement humaine, alors la fidélité à soi, le respect de l'autre, l'effort inlassable, la résistance acharnée, l'action humblement quotidienne, le sens des responsabilités, de la dignité, la sagesse d'Aung San Suu Kyi l'"indomptable" peuvent aussi devenir, par sa lutte exemplaire, des vertus universelles, elles aussi simplement humaines.

L'ascèse quotidienne par laquelle, chaque jour dans l'épreuve, le courage et la sagesse triomphent de la peur et de la folie destructrice, c'est le don non violent qu'Aung San Suu Kyi fait, à nous et au monde, et que nous devons savoir accepter pour tenter de l'arracher à l'ombre et au silence de sa prison, et la rendre à ceux qui l'aiment et ont besoin d'elle."
Antoinette Fouque, Passages, décembre 1991

"Ce n'est pas le pouvoir qui corrompt, mais la peur : la peur de perdre le pouvoir pour ceux qui l'exercent, et la peur des matraques pour ceux que le pouvoir opprime... Dans un système qui dénie l'existence des droits humains fondamentaux, la peur tend à faire partie de l'ordre des choses... Mais aucune machinerie d'Etat, fût-elle la plus écrasante, ne peut empêcher le courage de resurgir encore et toujours, car la peur n'est pas l'élément naturel de l'homme civilisé." Aung San Suu Kyi

"Comme des enfants qui auraient peur du noir, en ces sombres temps, le parler de Suu Kyi nous éclaire." Antoinette Fouque

Envoi du livre d'Aung San Suu Kyi aux Editions Des femmes, PREMIER LIVRE d'Aung San Suu Kyi en France, sur simple mention d'adresse postale en retour de courriel.

Je reste à votre entière disposition et vous remercie par avance de votre attention à ce communiqué éminemment urgent et important.

24/09/2007

"Am See" dans "La République de Seine et Marne du 24 septembre 2007

Livres

Am See

Am See est un roman épistolaire : un échange de lettres entre deux personnages, Camille et Dominique. On ne connaîtra jamais ni la nature de leur relation, ni même leur identité sexuelle : le texte, en évitant les accords d'adjectifs ou de participes passés, prendra soin de ne pas lever l'ambiguité sur les prénoms choisis. Les deux personnes essaient de convenir d'un lieu pour se retrouver. Tout au long des lettres seront décrits des maisons, des paysages, des villes : à chaque lettre son lieu, son atmosphère, son charme propre. Mais la rencontre ne se produira pas : les paysages décrits constituent alors l'espace virtuel de la relation entre Camille et Dominique. Am See, ("Au bord du lac", cliché germanique bde la villégiature) est une invitation au voyage, ou plutôt une rêverie autour du voyage : autour de lieux attirants, mais jamais rejoints ; autour d'une rencontre désirée, mais pourtant toujours évités. La première version du texte Am See, intitulé La parole nomade, a été mise sur onde sur France Culture en 1980. Am See a été publié pour la première fois en 1985 aux éditions Flammarion.

"Catherine Weinzaepflen cultive la simplicité du style, les phrases courtes, l'économie, le dépouillement", souligne Josyane Savigneau, dans Le Monde des Livres.

Catherine Weinzaepflen a publié ses premiers livres aux éditions Des femmes : Isocelles (1977) et La Farnésine, jardins (1978). Romancière et poète, elle est également l'auteur entre autres, de Portrait et un rêve (prix France Culture 1983), L'Ampleur du monde, Totem (Flammarion), Ismaëla (Atelier des Brisants), Les mains dans le jaune absent (Editions du Scorff). En 2006, elle a reçu le Prix Brantôme pour son roman "Orpiment" (Des femmes - Antoinette Fouque).

Editions Des femmes - Antoinette Fouque, 96 pages, 10 E

22/09/2007

Laurence Zordan DANS la première sélection du Prix du Style !!!

image-6.jpg Retenu pour le Prix du Style !!!

L'une des plus jolies nouvelles de septembre est la présence de "A l'horizon d'un amour infini" dans la première sélection du Prix du Style (Président du jury et fondateur Antoine Buéno). http://www.prixdustyle.com/agenda2007.php

Antoinette Fouque par Jocelyne Sauvard (sitarmag)

Le lien de Sitartmag :
* http://www.sitartmag.com/afouque.htm

* Ne pas oublier la plus belle interview du monde d'Antoinette Fouque (comme sur la beauté de l'article, que les talentueuses précédentes plumes n'en prennent pas ombrage, c'est de la com !), aussi par Jocelyne Sauvard, et encore disponible à l'écoute à cette adresse :
* http://www.jocelynesauvard.fr/pages/radio.html

ANTOINETTE FOUQUE
Portrait et entretien

Gravidanza
Editions des femmes, 2007
Il y a deux sexes
Gallimard, Le débat

Livres CD et DVD : Bibliothèque des Voix, Bibliothèque du Regard, Editions des femmes

Au jardin

Psychanalyste, philosophe, cofondatrice du MLF, éditrice, depuis quatre décennies, Antoinette Fouque enrichit la psychanalyse et la philosophie, les sciences humaines et les sciences politiques, de ses avancées théoriques sur la différence des sexes. Elle décrypte le monde et l’ouvre à la création féminine. Elle fraye de nouvelles voies pour le 21ème siècle. Et sa pensée, dit Alain Touraine, est au cœur de la mutation civilisationnelle en cours. Pour nous, elle est aussi, et peut-être même tout d’abord, écrivain.
Portrait d’une femme livre au jardin.

Intellectuelle, celle qui riche de savoirs, de connaissances, d’expériences, parle, analyse, débat et qui, par sa pensée, son action, rend conscient, fait évoluer le monde des femmes et de la création, Antoinette Fouque, femme politique et femme d’honneur, femme de lettres et femme de plumes, dont la voix a sa musique qui peut s’inscrire sur une partition, possède un style qu’on reconnaît d’emblée par sa ligne poétique, caractéristique du grand écrivain. Longtemps en réserve, cette passion de l’écriture la fait vibrer depuis la petite enfance. De prime abord, elle lui est venue par les contes, les récits qu’on lui donnait à entendre à la maison, et très vite par la lecture. Puis les mots peuplant le jardin secret, ceux qu’on griffonne et dont on ne parle pas, ceux qui résistent à la publication, deviennent au fil du temps, et des études, pratique régulière, autant qu’objets de recherche. Mais l’écriture qu’elle aime est loin du narcissisme ; c’est « une écriture qui ne refoule ni n’exploite l’oralité première », une écriture qui, s’en prenant à « l’empire du signe sur le corps », s’« articule à la chair, à la pensée génésique », une écriture non « matricide » mais « matricielle », où se symbolise la « libido creandi » des femmes. Une écriture qui ne se limite pas à l’écrit puisque c’est l’histoire aussi qu’il s’agit pour elle d’écrire. Ce n’est plus alors uniquement pour son propre compte, mais également pour celui de ses consoeurs, qu’Antoinette explore ce territoire mystérieux et privé, saturé de couleurs, le jardin où vit le verbe.

JARDIN du SUD

Très vite ce jardin n’habitera plus seulement une métaphore, mais une réalité de terre, de parfums et d’eau. Quand elle n’est pas à Paris, au cœur battant de sa maison d’édition, ou sur les routes, y compris aériennes, pour mener combats et colloques, Antoinette vit au jardin. Palmes, cistes et grappes mauves plantés sur les rocs de l’Esterel s’ouvrent sur le bleu de la mer, et elle partage son temps entre les livres et cette autre bibliothèque. Celle des feuilles, des écorces, des pétales et des essences. Son cabinet de pins, de lauriers roses, d’oliviers, de lavandes vous transporte immédiatement dans un jardin de Provence, ou de la Riviera, en Balagne, ou à Syracuse, au jardin des Hespérides ou au jardin d’Epicure. Mais l’Arbre à plumes qui ombrage la pelouse, l’Orgueil de Chine, et l’eau, élément essentiel, vous font pencher un instant pour le Yuan ming yuan, puis pour les jardins de la Résidence de Calcutta, à cause des toits rouges qu’on aperçoit. Le bambou qui s’élève au fond évoque Long Hai, le caoutchouc, Angkor, l’ophys tyrrhena vous emmène à Nara, la serre chez George Sand, et juste au moment où, interpellée par un grand poirier blanc, par les arbustes, dieux étrangers, vous cherchez la petite pièce sentant l’iris, et que parfumait aussi un cassis sauvage*, voilà qu’un cep de vigne vous rappelle que vous êtes tout près des coteaux varois. Et que c’est là qu’Antoinette Fouque écoute le ressac, le mistral et le cheminement des pensées qui vont faire des livres. Le dernier, est-ce un hasard, a pour titre Gravidanza, peut-être, parce qu’au bout de l’allée, chapeautée par un petit temple d’amour, chuchote une source ? « Les femmes venaient ici il y a longtemps y tremper la main ou boire cette eau, symbole de fertilité. » Antoinette accompagne la remarque d’un sourire. « Gravidanza », lui rappelle cette phrase de Simone Weil : « Toutes nos lois sont régies par la pesanteur, sauf la grâce ». « Il y a dans ce titre "gravide" et " danza ", la pesanteur et la grâce, le poids de porter l’enfant et la grâce d’être légère, la légèreté de l’ espérance de l’enfant à venir », ajoute-t-elle.

JARDIN INTERIEUR

« Il fallait donc qu’il y ait une terre, un jardin premier, pour qu’en effet, ne fût-ce qu’une femme écrivain puisse savoir qu’elle avait un lieu où écrire », souligne Antoinette Fouque dans ce deuxième essai de féminologie qui rassemble une trentaine de communications, entretiens, textes et articles. Ceux-là même qui fondent, au cours des quatre dernières décennies, ce qu’Alain Touraine définit, dans la préface, comme son « postféminisme ».
Et cette terre sauvage, souterraine, celle où naît l’écriture — interdite aux femmes longtemps, très longtemps — et sur laquelle elle travaille depuis des années, elle s’emploie à la faire émerger à la conscience et à la rendre accessible à un lectorat toujours plus important.
Défendue aux femmes, tant en Occident qu’en Orient, l’écriture (et par là le savoir, la réflexion et l’exhumation de la pensée) n’a pu, pendant des millénaires, être mise au jour par elles ou très peu ; ou de manière clandestine. Elle a pu aussi rester ignorée. Il en va différemment aujourd’hui, certes, mais « la misogynie perdure ». C’est ce que pointe Antoinette dans le texte de 1974, toujours d’actualité, semble-t-il, au moment de la publication du livre, trente-trois ans plus tard : « Une femme porteuse d’une écriture créatrice, neuve, n’est pas la mieux accueillie parmi les écrivains. » Mais alors, dans les sociétés autres que littéraires, qu’en est-il ? Certaines ont renoncé, d’autres se sont battues, se battent encore ou subissent l’interdit, et Antoinette d’ajouter de vive voix depuis son éden : « Le jardin c’est la part du paradis et la part des femmes. C’est le lieu du non lieu, le lieu que nous inventons, quand nous n’avons pas droit au monde, à la parole ou à l’écriture. A cette heure, 80% des analphabètes sont des femmes, parce qu’on ne les autorise pas à apprendre à écrire - pour des raisons culturelles et cultuelles - et parce qu’elles travaillent sans arrêt. »
L’analphabétisme, Antoinette Fouque l’a non seulement cerné ici, là-bas, dénoncé sans relâche, mais aussi ressenti au sein de la cellule familiale : ses parents nés aux tout début du siècle – 1899, pour sa mère –, en Calabre et en Corse, n’avaient pas fréquenté l’école, ou si peu, qu’ils étaient restés dans les « couches illettrées de la population ». Mais des lettres, au sens de la culture littéraire, ils en avaient, et d’impérissables, qui se transmettaient par la parole.

JARDIN MARITIME

Toute une tradition orale passait par la branche familiale : « Mes parents appartenaient à la tradition méditerranéenne, la grande Grèce, pourrait-on dire en englobant la Corse, la Sicile, régions éminemment cultivées. Ma mère parlait beaucoup, racontait des histoires, me disait qu’elle était poète, ma grand-mère aussi. Mon grand-père maternel racontait des légendes ou des morceaux sortis tout droit d’Orlando furioso de l’Arioste, comme s’il les inventait. »
Et le père d’Antoinette, venu de Corse, peu bavard, « homme de peu de mots », qui avait navigué, portait avec lui la connaissance de la terre et de la mer, des départs, de l’endurance, les voix du vent, de la houle et de la méditation éloquente. Une polyphonie des silences.

La famille est montée à Marseille. C’est là qu’Antoinette voit le jour. Grandir avec en soi la passion de la littérature, dans un milieu de culture orale, pourrait paraître contradictoire, mais cela ne l’était pas. Ses parents, outre un art de vivre et de dire, professaient un immense respect pour la chose écrite, l’instruction, la culture et les diplômes. « Non pas pour franchir les échelons sociaux que cela supposait mais plutôt comme moyen de garder ou vivifier une culture qui soit héritière de la culture qu’ils avaient eux-mêmes. » Quant à leur fille, dès l’adolescence, il lui faut s’en aller, loin, très loin de l’eau saline, à une heure de train, à Aix ! Un monde de grès jaune et de Sainte(s) Victoire(s), pour se colleter à ces fameuses études, et le devenir, diplômée es lettres.


Le cours Mirabeau et la fac — où elle rencontre, très jeune, celui qui deviendra son mari et le père de sa fille — c’est encore le Sud, qui lui donne son assiette, mais ce n’est plus là où elle est née, près des calanques.
« C’est le sud qu’il ne faut pas perdre en regardant la mer, note Antoinette, je ne veux à aucun prix perdre le sud, c'est-à-dire ma mère ; le nord, il n’y a pas de risque, je sais où est le père. » Ainsi, Antoinette n’égare aucun des repères cardinaux, d’ailleurs elle a pris l’œil vert Corse qui pétille et le bouclé brun de l’Italie méridionale. En prime, bien sûr, elle a récolté l’amour du travail bien fait, du conte, de la stance et de son rythme, qu’elle a bientôt retranscrits. La voix, relevée d’une pointe de thym, chante un peu, transporte empathie, curiosité et désir de rendre les propos lumineux, sur fond discret de jeux de mots qui renvoient à l’inconscient. Cette voix, venue de l’intérieur, est retenue pour cause de pudeur.
« C’est vrai que j’ai mis beaucoup de temps à me faire entendre : j’ai commencé à parler en public, outre l’enseignement, vers 32 ans, en Mai 68, en créant le MLF. J’étais d’une timidité maladive. Et puis, un jour, comme beaucoup de femmes, j’ai parlé. Et quand on parle, on ne s’entend plus, alors j’ai continué à parler. Après est venue l’écriture… Enfin, j’ai toujours écrit, mais l’écrit publié, c’est autre chose. »

JARDIN PUBLIC

Après la fondation du MLF, du groupe « Psychanalyse et Politique », en 1968, c’est la maison d’édition Des femmes, qu’elle crée en 1973. Laquelle maison d’édition, née « après deux ans de réunions hebdomadaires ouvertes, et venue du désir de faire avancer la libération des femmes — non de créer une maison d’édition féministe » — a pour vocation de défendre une position originale. Ainsi quand elle publie une femme écrivain, Antoinette, elle, s’intéresse à toutes ses dimensions, intellectuelles, artistiques et humaines : « Ce n’est pas seulement l’écrivain, c’est aussi la femme ». Loin des conservatismes entretenus par la surmédiatisation, le succès commercial ou le scandale, sa démarche d’éditrice a pour objectif de favoriser l’éclosion de la veine artistique et intellectuelle de ses semblables.
« Depuis le début, je voulais construire, donner un lieu, tracer des voies positives… mettre l’accent sur la force créatrice des femmes, faire apparaître qu’elles enrichissent la civilisation, et qu’elles ne sont pas seulement les gardiennes du foyer, enfermées dans une communauté d’opprimées ». « La maison d’édition était, est toujours pour moi, le lieu du temps de la vie, du temps à venir, qui renoue avec le premier amour, ce que j’appelle l’homosexualité native, avec les forces de gestation qui animent chaque femme, qu’elle fasse ou non des enfants » (Gravidanza).
Simultanément, elle ouvre la première librairie des Femmes à Saint-Germain des prés ; très vite, d’autres suivent, en région, en Europe.
Directrice de recherches à Paris-VIII, psychanalyste, fondatrice de l’Alliance des femmes pour la démocratie, députée au Parlement européen (1994-1999), Antoinette Fouque par le mouvement qu’elle a créé, par la pensée qu’elle fait émerger et qui imprègne plusieurs générations, a subtilement mais radicalement bouleversé les fondements les plus méconnus des idéologies et des savoirs dominants. Elle joue un rôle moteur dans la vie culturelle, politique, sociale française et internationale. C’est elle qui, la première, défend, amène à la lumière et publie Duong Thu Huong, Taslima Nasreen, Aung San Suu Kyi, condamnées, la première à la détention, la seconde à la mort, la troisième à la privation de toutes les libertés. Pour la seule raison qu’elles sont femmes et écrivains, de romans ou d’écrits politiques, c’est tout un.

Elle défend de même tant d’autres, moins célèbres, coupables d’être nées filles, seulement, et se rend sur tous les fronts où les femmes souffrent. Parfois, c’est juste ici, en bas de la rue. Ainsi, quand en 2002, Sohane, dix-sept ans, est « brûlée vive dans le local à poubelles d’une H.L.M. de banlieue où elle avait été emmenée de force et enfermée par un amoureux éconduit, épaulé par plusieurs garçons de la cité », elle alerte, dénonce, questionne et écrit. Lettres articles, analyses, manifestes, dossiers sont publiés, entre autres, dans Libération et le Nouvel Observateur, certains seront par la suite repris dans Gravidanza.
En 1995 paraît chez Gallimard le mémorable Il y a deux sexes, qui rassemble en un volume plusieurs écrits d’Antoinette Fouque et constitue le premier essai de féminologie. Il sera réédité en une édition revue et augmentée en 2004.


La féminologie, c’est, dit celle qui en a élaboré le terme, « la création d’un champ épistémologique, les Sciences des femmes, aux côtés des Sciences de l’Homme, une promesse d’enrichissement réciproque ». C’est s’efforcer « de comprendre notre savoir forclos, à la fois inconscient et exclu. » C’est « mettre la génésique au centre de la pensée », « c’est la pensée de la gestation ou la gestation comme mode de pensée ».
Comme le dit encore Alain Touraine : « L’expérience de la grossesse, associée à la revendication de liberté et d’égalité, lui permet d’aller beaucoup plus loin que la simple égalité : d’abord, vers la reconnaissance de la différence, et, vite, vers l’affirmation de la production génitale qui donne aux femmes la possibilité de se libérer de ce qu’elle nomme un faux modèle dans une démocratie hantée dès l’origine par l’exclusion de l’autre, par « l’envie de l’utérus », qu’elle a très tôt identifiée par la haine de la femme-mère, l’expropriation et la forclusion de son corps comme lieu de création de l’être humain, du vivant-pensant. »... et aussi, par «l’appropriation par les hommes de la création intellectuelle, scientifique et artistique, de la création par le cerveau ». Antoinette relève qu’un même verbe, creare en latin, signifie indifféremment création et procréation. Et ajoute : « La symbolisation phallique est un substitut à ce qui est perçu et envié par le petit garçon, ce qu’il perçoit de la créativité du corps femelle quand il voit sa mère enceinte. Cet énorme battage autour du phallus n’est que le cache à l’envie de l’utérus qui est l’envie de Dieu ».
« La vraie création, la vraie poiesis – de " poien " qui veut dire " faire" en grec —, le faire génital, génial, se passe pour les femmes à l’intérieur du corps, à l’intérieur du jardin aménagé — pour ne pas rejeter le corps étranger — comme espace d’hospitalité. Alors que le faire anal, phallique, le faire technique de l’écriture ou des avions, qui volent comme des oiseaux mais ne sont pas des oiseaux, se passe, comme la procréation pour les hommes – en dehors du corps. »

JARDIN PRIVE

Antoinette Fouque n’est pas que la personnalité aux multiples activités, engagements, et missions, elle est aussi écrivain, au sens du Robert : personne qui compose des ouvrages littéraires. Qui puise au plus près de la poésie. Exemple.
« Il pleut. Ciel bas, noir outremer à l’est. Mer formée, lourde, de plomb ou d’obsidienne, selon les fonds. Le petit bouquet du jour, crocus et narcisses, arrive avec le café et mes trois quotidiens… »
Alain Touraine compare son « imagination créatrice et révélatrice de secrets à celle de Rimbaud ». Mais Antoinette s’en défend : « Je suis aussi éloignée de Rimbaud que la cigale du jardin que nous avons entendue l’est de Mozart. Mais, si l’on veut bien considérer que cette cigale fait sa petite musique à elle, alors, pourquoi pas. »
Il n’en est pas moins vrai qu’elle écrit « sur la vie…Où luit la liberté ravie…» Et, qui sait, elle écrit peut-être aussi pour permettre à « la femme…vue dans la ville et à qui j’ai parlé et qui me parle »** de s’exprimer ?
Et si elle écrivait également pour le bonheur d’écrire ? Et parce que ça vient comme ça, du profond, du très loin. « Le jardin. Soleil ce matin. Vent tiède. Ciel lavande. Mer intense. Chaque vert, propre, encore luisant de pluie. Longtemps je me suis réveillée de très bonne heure pour embrasser ma mère qui partait travailler avant le jour. » Et ce faisant, elle donne à lire sous la couverture blanche et à peine gaufrée Des femmes, amour pour la langue, exigence, respect, transmission, mémoire. « La petite catleya orange offerte par MC il y a six ans, fleurit d’un désir inguérissable. ».
La phrase, son rythme, l’évocation du désir et ce nom de catleya (sans que rien d’autre dans l’agencement des mots ne le rappelle) font surgir immédiatement le souvenir de Proust. Passion de toujours chez Antoinette. Le thème de la mère dans La Recherche du Temps perdu , elle l’approfondit depuis les années de licence et le redécouvre sans cesse. « La tradition orale est présente chez Proust, rappelez-vous au début de La recherche, quand il ne peut pas s’endormir et que sa mère lui lit François le Champi toute la nuit — scène qu’on pourrait qualifier de scène incestueuse. Il est dit de ce texte que George Sand l’avait recueilli des conteurs oraux et sa mère retrouvait pour le lire la voix de ces conteurs. Il ajoute que c’est le premier roman qu’il ait lu, alors qu’en fait il l’a entendu avec sa mère, sa grand-mère et George Sand. » C’est cette tradition orale qui a guidé Antoinette dans la création de la Bibliothèque des Voix. Les œuvres lues, enregistrées, éditées sous formes de livres-cassettes, puis livres-CD.
« Cette tradition, orale, vocale, devenue temps perdu, chair perdue, corps maternel perdu est la voix des femmes. »
Elle a créée aussi sa collection pour que sa mère « folle de grande musique et de poésie, puisse écouter du Duras, du Sarraute. Il y a la voix dans le texte, et la voix du texte. Alors il faut l’écouter.» Dans son œuvre d’éditrice comme dans son écriture, Antoinette est une femme de tendresse.


JARDIN FRUITIER

Antoinette est une femme entourée. Elle a une famille, un petit-fils, Ezéchiel, trois chiens, des amies, des amis, des oiseaux en liberté. Une maison, harmonie de bleu et de vert, que les soleils marins teign(ai)ent de mille feux.*** Et, à Paris, entre l’impasse des anges et la rue Jacob, au bout d’une allée fleurie, un espace — blanc et paisible — qu’elle projette de rendre prochainement accueillant aux créatrices et aux créateurs qu’elle rencontre ou publie, et où elle a déjà ouvert une librairie. Soit dit en passant, le livre-DVD de Georges Kiejman, Les grands procès de l’Histoire, qui inaugure la Bibliothèque des Regards, a reçu le prix Charles Cros, de même que le livre-Audio La maladie de la mort, de Marguerite Duras, lu par Fanny Ardant.

Antoinette est douée de « bravitude », comme aurait dit Ségolène Royal. Et pour fermer la bouche de ceux qui ont moqué l’audace verbale de la candidate, elle a été rechercher, ce poème de Rilke, « Gravitude », cité par Heidegger dans « Chemins qui ne mènent nulle part ». Elle l’évoque dans un des derniers textes de Gravidanza : « Pourquoi une femme en temps de détresse » ?
Antoinette est une vaillante. Elle a dit un non sans réplique à la maladie qui voulait, de longtemps, la priver de déplacements. Aux commandes de sa machina électrique, elle sillonne à tout berzingue les allées du jardin, parfois avec Ezéchiel : « Poursuites dans les allées, chacun sur son engin électrique. Allegretto. »
Elle parcourt aussi les chemins qui mènent à Rome, et bien plus loin, dans d’autres continents. Le continent qu’elle étudie le plus volontiers, sans se déplacer, le plus mystérieux, celui qui est longtemps resté inconnu, ce « continent noir » dont parle Freud, Antoinette l’explore. Non d’après les présupposés masculins, encore moins d’après ceux de Lacan (« la femme n’existe pas »), mais bien dans la perspective d’une libération de la création. Ce continent noir, pour elle, « c’est la gestation, l’utérus » qu’il s’agit de « libérer de l’esclavage phallocentrique », de « décoloniser », pour qu’ils deviennent, « partie intégrante de la sexualité, de la pensée de la fécondité » (Area). Ainsi développe-t-elle « une théorie de la génitalité » qui vient s’ajouter à l’édifice toujours en construction de la psychanalyse. Parce que « Notre terre de naissance est un corps de femme. » Et parce que « la chair pense ». Enfin parce que « La chair est mémoire ». Lieu de conception et d’élaboration d’une oeuvre. « S’avance la libido creandi, matérialisme charnel, philosophie politique du vivant-pensant » dit-elle. « Changement de logiciel, de méthode » : « Exit la Miséricorde divine. S’exprime la générosité utérine de concevoir l’autre en soi et de s’en séparer pour qu’il-elle naisse. Exit le Pouvoir. S’annoncent les pouvoir-faire. Exit la Genèse. S’annonce, sans messianisme, la génésique laïque, humaine, œuvre de femme et d’homme. Œuvre géni(t)ale, œuvre d’être. ». S’annonce un avenir pour l’humanité.

Quoi d’autre ?
Des tas de projets, de publication — un livre, Génésique, dont le contenu relatif à l’écriture, reste encore un tout petit peu secret — et des projets de vie, comme on dit à l’école, de mouvement et de méditation, de solitude et de rencontres, de voyage et de repli poétique. Sans jamais perdre de vue la mer. Ni le jardin.

Jocelyne Sauvard
(septembre 2007)

Remerciements à Antoinette Fouque, Elisabeth Hinacoli

Citations : * : Proust, ** : Rimbaud, Baudelaire***

Jocelyne Sauvard est écrivain (romans, théâtre) et journaliste. Elle anime aussi une émission littéraire sur Idfm98, "Parlez-moi la vie". http://www.jocelynesauvard.fr

21/09/2007

Ghofrane sur www.ripostelaique.com (21.09.07)

http://www.ripostelaique.com/spip.php?article103

L’INTERVIEW DE LA SEMAINE > Monia Haddaoui, mère de Ghofrane
L’INTERVIEW DE LA SEMAINE
Monia Haddaoui, mère de Ghofrane
vendredi 21 septembre 2007, par Brigitte Bré Bayle


Monia Haddaoui est la mère de Ghofrane Haddaoui, retrouvée morte dans un terrain vague des quartiers Nord de Marseille. Ghofrane avait 23 ans. Elle fut lapidée par trois garçons mineurs dans la nuit du 17 octobre 2004.
Riposte Laïque : "Ils ont lapidé Ghofrane", le livre que tu as écrit avec Anne Bécart, a été publié en 2007 juste avant le procès des assassins de Ghofrane. Pourquoi as-tu écrit ce livre ? Fait-il partie de ce que tu appelles ton combat ?
Monia Haddaoui : Dès que Ghofrane a été lapidée, depuis le premier jour, parce que je voulais retrouver les assassins de ma fille, j’ai constitué mon propre dossier. Avec mes enfants et mes amis, nous avons organisé des équipes et nous nous sommes répartis les choses à faire. Jour après jour, j’ai tout marqué. Tout ce que j’assumais, tout ce que je subissais au quotidien, je l’ai écrit et je l’ai gardé. En 2005, j’ai assisté à la Marche Mondiale des Femmes et j’ai parlé devant les participants. On m’a alors proposé d’écrire un livre. On m’avais déjà contactée juste avant l’arrestation des trois garçons mais je trouvais que c’était trop tôt. Je n’étais pas prête. Je n’étais pas entrée dans mon combat à cause du poids de l’assassinat.
En 2005, j’ai fini le récit de mon histoire et nous l’avons proposé à un certain nombre d’éditeurs. Je ne voulais pas d’un éditeur qui ne voie que le côté commercial de la vente de mon livre parce que pour moi ce n’était pas l’argent qui comptait c’était un message que je voulais faire passer. D’ailleurs ce livre n’est pas cher et nous n’avons que 90 centimes par livre vendu que nous versons à notre association. En fait, je voulais que ce livre soit un témoignage de mon combat, un symbole du combat de toutes les femmes contre les violences qui leur sont faites, un appel à la lutte de tous contre la barbarie. Je voulais vraiment que ce récit touche beaucoup de femmes. Parmi les éditeurs qui se proposaient j’ai choisi Antoinette Fouque parce qu’elle est une femme de combat. Elle a milité pendant plus de 40 ans pour les droits des femmes et a fait partie du MLF. Ce livre est sorti le 8 mars 2007, journée internationale des femmes.
Riposte Laïque : Dans le titre de ton livre il y a le mot « lapidé ». Ce mot que tu as volontairement mis en évidence a été rejeté par un certain nombre de personnes. Peux tu nous dire pourquoi ?
Monia Haddaoui : « Ils ont lapidé Ghofrane », je l’ai dit tout de suite. Je l’ai utilisé pour l’enquête du meurtre de ma fille, je l’ai prononcé lors de l’arrestation des assassins. Je savais ce que j’affirmais. Pour connaître la vérité sur le meurtre de ma fille, j’ai employé un moyen que les journalistes appellent le système D. Je me suis débrouillée à ma manière. Toutes les informations que j’ai pu recueillir, j’en ai fait un dossier. Tout ce qui concernait l’assassinat de ma fille me revenait par mes démarches et ceux de mes proches. Les documents qu’avait la police, je les avais aussi. Je me suis retrouvée avec un dossier de 400 pages que j’ai apporté au palais de justice.
La police était venue chez moi le 20 octobre. Le lendemain, j’avais chez moi les photos de Ghofrane, la tête couronnée de pierres. Le soir même on est allés sur le terrain où avait eu lieu le crime. On a vu les grosses pierres, les cheveux de Ghofrane et le sang. Je me suis évanouie. Le lendemain, on est revenus et on a tout ramassé. Selon le Larousse, « tuer à coups de pierres » c’est « lapider » et c’est ce que j’ai dit au président de la Cour. Je lui ai dit que je ne critiquais ni l’islam ni aucune religion mais que je tenais à affirmer que ma fille avait été lapidée. Beaucoup m’ont reproché d’utiliser ce mot. Deux organisations seulement m’ont soutenues et ont défendu le fait que Ghofrane avait été lapidée : l’Union des Familles Laïques, grâce à toi, Brigitte, et à Jocelyne Clarke, et l’Alliance des Femmes pour le Démocratie.
Les associations que j’ai contactées au début m’ont aidée à médiatiser l’affaire et aussi pour l’arrestation des coupables. L’association « Ni putes, ni soumises » et les autres organisations m’ont soutenues à ce moment là, je les remercie du fond du cœur. Au début c’était tout un collectif qui participait aux marches silencieuses dans Marseille. Le mot lapidation ne posait pas de problème. Et puis plus tard, « silence radio ». Même le Collectif 13 qui représente plus d’une trentaine d’associations s’est rétracté. Je ne comprenais pas les raisons de leurs hésitations. Bientôt, on allait me dire que Ghofrane avait été caressée par des pierres, quelle avait été amadouée par des pierres. On sait maintenant qu’elle a reçu une quarantaine de pierres. Ghofrane s’est vue mourir. Elle a eu 17 dents cassées, 2 arrachées jusqu’à la racine avant qu’elle ne meure. On a constaté 40 impacts sur son crâne. La lapidation, c’est un crime sadique, c’est un acte de barbarie.
Riposte Laïque : Les assassins de Ghofrane étaient mineurs au moment des faits. Que penses- tu de la modification de la loi sur les mineurs ?
Monia Haddaoui : Pour le procès, les jurés ont refusé d’invoquer la minorité des accusés et c’est une bonne chose. Au procès, j’ai parlé avec une grande dignité et je n’ai pas pleuré. Je suis sortie la tête haute. J’avais fait mon travail. J’avais contraint la justice à voir les faits : il n’y avait pas trois pierres mais plus de trente. Certains auraient voulu démontrer que c’était un crime passionnel, comme ils ont voulu le faire croire pour le meurtre de Sohane, morte brûlée vive à Vitry en 2002. L’un des assassins de Ghofrane a bien déclaré « on a voulu faire un coup foireux à cette fille » Il faut aller sur le terrain, là où cela s’est passé pour comprendre que Ghofrane a été amenée à cet endroit pour y être lapidée.
Il n’y a eu aucun regret de la part des assassins. « On croyait que Ghofrane était une fille de riches » ont-ils dit. Pour eux ce fut un beau film d’horreur. Ils ont eu beaucoup de plaisir à faire ça. La lapidation de Gofrane a été reconnue par la Garde des Sceaux, Rachida Dati, qui m’a envoyé une lettre rendant hommage à ma fille. Moi, je dis qu’il ne faut pas avoir peur des mots, il ne faut pas avoir peur des sanctions. Le verdict de ce procès a été rendu au nom du peuple français, il concerne le peuple français.
Riposte Laïque : Quelle a été l’attitude du président de la République ?
Monia Haddaoui : Sarkozy est venu le 15 avril, deux jours après le procès des assassins de Ghofrane. C’était un dimanche. Je n’ai pas vu un président, j’ai vu un père. Il a été profondément troublé par les photos de Ghofrane. Il avait de la peine, un sentiment de profonde tristesse. Je lui ai dit que dans ce pays, on ne pouvait plus assumer un code pénal datant de 1945. Ce ne sont plus les mêmes personnes qui commettent les meurtres.
Aujourd’hui certains jeunes ont installé la barbarie, la loi du silence. Ils volent, ils agressent, ils tiennent les cités. Même la police n’a plus le droit d’y aller. Ces jeunes sont des caïds. Pendant mon drame, pendant cinq mois, j’ai fréquenté les rues et j’ai vu. Ce n’est pas comme ceux qui parlent des mineurs délinquants en restant assis sur leur chaise. Ceux qui sont contre cette loi des mineurs, je les invite à venir voir ce qui se passe dans la rue. Si avant ils arrachaient un sac avec un bras, à présent ils arrachent le sac, le bras, et ils arrachent le pied. J’appelle cela de la destruction humaine, de la méchanceté gratuite. Ils vous volent et ils vous détruisent en même temps. Mais si on dit trop fort ce qu’ils sont, on est accusé de racisme.
Riposte Laïque : Comment expliques-tu cette délinquance de plus en plus jeune et la formation de ces bandes qui imposent leurs lois, les actes de barbarie ?
Monia Haddaoui : Moi je pense que cela vient de la démission des parents qui ne s’autorisent plus à faire preuve d’autorité. Ils n’osent pas. Aujourd’hui, pour une gifle donnée à ton gamin tu risques la prison. Il y a des enfants qui n’ont plus de repères. Ils tombent dans la délinquance. Ils subissent l’influence des grands frères, de ceux qui leur donnent l’illusion d’être important. Certains enfants sont retirés de leur famille. Ils sont placés dans des foyers. Il y a des foyers qui fabriquent des assassins. Parfois il y a des délinquants qui sortent de prisons avec l’intention de recommencer et ils replongent pour des affaires plus graves. On ferme les yeux sur cela comme sur l’influence de certains imams des prisons qui sont des salafistes. Ils prêchent une religion qui n’est pas la mienne. Il faudrait que la société prenne mieux en charge ces petits délinquants à leur sortie de prison. Qu’ils puissent repartir à zéro, avec un encadrement, un travail, un logement.
Tout cela c’est la gauche qui l’a créé. La gauche a trop fait de social. Ils ont cassé la culture de l’effort, la culture du travail. Une société ne peut marcher que s’il y a des droits mais aussi des devoirs. Si on raconte qu’il n’y a que des droits, on en arrive à une société d’assistés. Il faut que les délinquants soient sortis de force de leur quartier, il faut les envoyer ailleurs. Il faut faire éclater les ghettos. Il faut empêcher certains imams de propager des discours de haine. Ils endoctrinent toute une jeunesse et n’ont rien à voir avec la vraie religion, celle qui enseigne la paix. Je suis musulmane même si je ne suis pas pratiquante et je dis que l’islam comme les autres religions ne dit pas qu’il faut faire le mal, qu’il faut tuer. Je ne comprends pas pourquoi certains musulmans n’aiment pas les juifs. Je peux affirmer que si des juifs m’ont aidée dans mon combat pour Ghofrane, très peu de musulmans l’ont fait.
Les assassins de ma fille, pour moi, ce sont des sortes de terroristes, ceux qui ont incendié le bus à Marseille et brûlé Mama Galledou sont de la même trempe, ils étaient des mineurs. Il faut ouvrir les yeux sur la gravité de la situation, considérer que ceux qui s’attaquent aux biens publics seront capables de faire pire. Moi, ces gamins, je les appelle des petits terroristes en puissance En tous les cas il faudrait que la justice les considère comme tels.
Riposte Laïque : Peux-tu nous dire quelques mots de l’association que tu as créée et qui porte le nom de « Ghofrane »
Monia Haddaoui : L’association « Ghofrane » est née pour défendre la mémoire de ma fille et pour que la justice reconnaisse la torture et l’acte de barbarie. A présent notre association se mobilise pour sensibiliser et aider les victimes. Nous intervenons dans les lycées, dans les collèges pour parler de la violence, du racket, de la délinquance, de cette violence au quotidien que les femmes et les jeunes filles subissent et que subissent tous les citoyens qui ne peuvent plus se promener tranquillement dans leur quartier ou dans leur ville. Nous voulons que la lapidation,encore si répandue dans les pays islamistes, soit considérée partout comme un crime contre l’humanité. Nous nous battons aussi contre l’obscurantisme et contre tous les extrémismes religieux. Nous ne comprenons pas que les responsables politiques ferment les yeux sur l’influence des imams intégristes, que j’appelle des « vampires », sur les jeunes musulmans. Comme d’autres associations, nous n’avons pas peur de dénoncer cette violence, nous n’avons pas peur des mots.
Comme je l’ai écrit dans mon livre, je dis qu’il faut défendre les grands principes fondateurs de la République avant qu’une jeunesse sans scrupule ne détruise la liberté, l’égalité et la fraternité. L’association « Ghofrane » a besoin de votre soutien, de vos encouragements, de vos dons.
Pour accéder au site de l’association : http://ghofrane.ifrance.com