Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

19/03/2009

Christine Clerc raconte la soirée Shlomo Sand à l'Espace des Femmes (Valeurs actuelles)

clerc.jpg

Implosions
Quelle semaine !
Christine Clerc, Valeurs actuelles le 19-03-2009

J’ai cherché dans toutes les bibliothèques : je n’ai trouvé aucune trace de l’expulsion de Judée des zélotes rebelles, en 66 après Jésus-Christ. Shlomo Sand est lancé. Arrivé d’Israël le matin même pour recevoir le prix Aujourd’hui qui lui a été décerné par un jury de journalistes présidé par Jacques Julliard pour son livre Comment le peuple juif fut inventé (Fayard), l’historien controversé s’est avancé timidement jusqu’à la scène de L’Espace des femmes, sous l’œil critique de la ­maîtresse des lieux, la philosophe Antoinette Fouque.
Et maintenant, Shlomo marche de long en large et répond longuement, passionnément, à nos questions. Oui, répète-t-il, l’exil du peuple juif est « un mythe » : il n’a d’autre fondement que la Bible. Oui, il a parfois hésité avant de ­l’écrire, mais la tentation de la vérité a été la plus forte : le peuple juif n’a pas été chassé de sa terre, mais le judaïsme, qui a « pris son envol sous l’aile des Hellènes », s’est propagée dans Rome et a conquis, en 125 av. J.-C., le pays d’Idumée… Oui, ces révélations, qualifiées par des historiens juifs orthodoxes de « négationnistes », lui ont valu, à Tel-Aviv où il enseigne, des menaces. Mais son livre, bientôt traduit en sept langues, amène aussi nombre de ses compatriotes à réfléchir à un pays – Israël – qui serait fondé sur un projet commun de démocratie et non sur l’appartenance à une race ou à une religion. Shlomo se fait véhément : « Est-ce que vous vous rendez compte que, là-bas, une juive ne peut pas épouser un musulman ou un chrétien ? » Il redoute une « droitisation » du gouvernement, avec l’arrivée de gens « pires que Le Pen ». Pourtant, un jeune soldat lui a écrit de Gaza : « Je suis en train de vous lire. Cela me ­red­onne l’espoir de voir notre pays changer. » Son ouvrage aurait-il déjà modifié les mentalités ? « Non, répond-il. Ce ne sont pas les livres qui changent le monde. C’est le monde qui change et qui attend de nouveaux livres. »
(...)