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24/09/2009

Fabien Trécourt réalise un entretien avec Antoinette Fouque, sur le thème de l'égalité pour Philosophie Magazine (octobre 2009)

... Et merci à Alexandre Lacroix, rédacteur en chef de Philosophie Magazine ! (précisons toutefois ici que de petites choses ont été tronquées lors de l'impression de cette interview d'Antoinette Fouque, seule femme choisie par Philosophie Magazine pour s'exprimer sur ce dossier)
philosophie-magazine-septembre-09-couverture.jpgalexandre_lacroix1.jpgPhilosophie Magazine - Octobre 2009
 
Et si on parlait de parité ?
 
"L'Egalité bute à tout moment sur le roc du réel qu'est la gestation."
 
Entre hommes et femmes, l'égalité semble difficile à atteindre. Pour Antoinette Fouque le paradigme de la parité, qui intègre la spécificité féminine, permet de sortir de cet écueil. Propos recueillis par Fabien Trécourt.
 
Figure historique du militantisme féministe, Antoinette Fouque est psychanalyste et fondatrice des éditions Des femmes. Elle a notamment écrit "Il y a deux sexes" (Gallimard, 1995)
 
Le principe d'égalité entre hommes et femmes est-il suffisant ?
 
C'est un principe abstrait louable, car combattant les discriminations, mais il vise à la disparition du multiple, aliène la question de l'identité à celle de l'uniformité. Bref, il veut faire fonctionner chaque femme comme "un homme comme les autres". Mais, à effacer le fait que les femmes font les enfants, à refuser la procréation comme production de richesse, il finit par produire de l'injustice. On le voit aujourd'hui avec le projet de réforme des retraites (1). L'égalité bute à tout moment sur le roc du réel qu'est la gestation, cette asymétrie qui fait que dans l'espèce humaine dont la compétence principale est le langage, comme le dit Lacan, il y a une compétence charnelle spécifique aux femmes. C'est pourquoi les inégalités perdurent, malgré les réformes égalitaires des quarante dernières années.
 
arton298.jpgIl faut donc dépasser la notion d'égalité ?
 
Avec le MLF qui, dès 1968, a intégré le combat pour l'égalité des droits entre hommes et femmes et l'affirmation d'une identité féminine, on est entré dans une phase postégalitaire. Du coup, les principes républicains ont été mis en demeure de penser qu'il y a deux sexes. C'est là qu'intervient le concept de parité. Au-delà du principe d'égalité qu'elle affine sans l'abolir, la parité reconnaît une différence qualitative, permet un équilibre entre la part des hommes et celle des femmes. Elle ouvre à une dimension éthique par la reconnaissance de l'apport des femmes à l'humanité. Avec toutes les conséquences culturelles et civilisationnelles d'une telle rupture, on peut parler d'une véritable mutation dans l'espèce.
 
Sur quoi repose ce concept ?
 
La gestation m'apparaît comme un paradigme pour l'éthique et la pensée : c'est donner la vie, créer, accueillir l'autre en soi... C'est aussi une alternative à une société de profit, un nouveau contrat humain fondé sur une économie du don, du partage et de la gratitude.
 
(1) La Cour de Cassation et la Halde sont opposées au nom de l'égalité à ce que les femmes ayant interrompu leur carrière pour avoir des enfants bénéficient d'annuités supplémentaires
 

06/07/2009

GRAND dossier Lou Andreas-Salomé dans Philosophie Magazine : le moment pour se replonger dans les livres des éditions Des femmes (Philosophie Magazine N°31, juillet-août 2009)

Thème du numéro : L'âme et le corps
Important dossier sur Lou Andreas-Salomé
 
Mensuel n°31
Philosophie Magazine juillet-août 2009
 
Les philosophes - biographie
 
loua.jpgDans le tourbillon de la vie
Par Martin Duru
Préférant les amitiés passionnées au mariage, Lou Andreas-Salomé a été l'égérie de Nietzsche et de Rilke, sans jamais renier son indépendance. Essayiste et romancière, elle a ensuite croisé le chemin de Freud, dont elle est devenue l'une des disciples les plus originales. (...)
 
L'intuition de la totalité
Par Dorian Astor
Pour Lou Andreas Salomé, l'individu cherche en permanence à renouer avec le Tout. Ce désir fusionnel à l'oeuvre chez l'enfant, elle l'observe aussi dans l'amour ou l'acte de création, qui participent, selon elle, d'un même élan vital primordial. (...)
 
Pour aller plus loin :
 
L'oeuvre de Lou Andreas-Salomé
Parmi les textes autobiographiques (...) Enfin, dans son oeuvre romanesque, on lira notamment Fénitchka. Une longue dissipation (traduction de Nicole Casanova, Des femmes, 1985), nouvelle qui traite de la féminité et du mariage ; La Maison (traduction de Nicole Casanova, Des femmes, 1997), avec des personnages féminins pris entre l'idéal d'indépendance et la "soumission" volontaire aux hommes ; et la trilogie Jutta (traduction et préface de Stéphane Michaud, Seuil, 2000), dont les thèmes principaux sont la violence du désir et la constitution de l'identité sexuelle.
 
Sur Lou Andreas-Salomé
Parmi les nombreuses biographies qui abordent aussi l'oeuvre, nous conseillons celle de Stéphane Michaud, Lou Andreas-Salomé (Gallimard, 2008), qui montre en quoi ses intérêts divers se retrouvent dans une même affirmation de la vie et une même obsession du "retour au Tout". Signalons aussi les livres d'Angela Livingstone - Lou Andreas-Salomé. Sa vie et ses écrits (PUF, 1990) - , de François Guéry - Lou Andreas-Salomé. Génie de la vie (nouvelle édition, Des femmes, 2007) et le bel essai d'Yves Simon, Lou Andreas-Salomé, (Mengès, 2004 - voir son interview p.74 - 75) (propos recueillis par Martin Duru et Alexandre Lacroix)
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Lou Andréas-Salomé - Fénitchka.jpg
Fénitchka suivi de Une longue dissipation (1982 en russe, 1985 en français)
traduit de l'allemand par Nicole Casanova
 
Rodinka - Souvenirs russes (1982 en russe, 1987 en français)
traduit de l'allemand par Nicole Casanova
C'est en 1899 et 1900, au cours de ces deux voyages en Russie en compagnie en R.M. Rilke, que Lou Andréas-Salomé fait découvrir au jeune poète le pays où elle est née. Elle y retrouve, l'espace d'un été, Rodinka, la "petite patrie", le domaine où elle a grandi.
Vingt ans plus tard, elle publiera ce roman de la nostalgie : regrets de la religion qui s'est éloignée, de la terre perdue avec le natal, de la langue et de l'âme russe. Regrets de l'avant-guerre et d'une révolution encore utopique.
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Lou Andréas-Salomé - La maison.jpg
La Maison
Trois personnages en quête de liberté. Ils vivent dans une maison radieuse et sont liés entre eux par un amour que rien ne ternit. La question n'est cependant pas là. Pour Anneliese, femme du médecin Brandhardt, pour Gitta, leur fille, et surtout pour Balduin, leur fils, la liberté consiste à "ne pas manquer la station des artistes", devant laquelle le train de la vie s'arrête si peu de temps. Malgré sa bonté et son intelligence, Brandhardt incarne l'ordre social et la domination masculine. Anneliese a renoncé à sa carrière de pianiste virtuose. Gitta, épouse de l'intuitif Markus, à force de coups de tête impulsifs, prendra en main sa propre existence. Le personnage le plus éclatant du livre est l'adolescent Balduin, portrait du jeune Rainer Maria Rilke. L'analyse profonde et subtile que fait Lou Andres-Salomé du jeune poète à travers Balduin (elle reproduit une lettre que Rilke lui a réellement adressée) accroît encore l'intérêt de cette marche vers l'indépendance. Le "pays des artistes" est pour tout le monde le pays de la liberté. Il convient de ne pas vivre hors de ses frontières.
 
Lou Andreas-Salomé, (Saint-Petersbourg, 1861 - Göttingen, 1937) fut, par sa grande intelligence et son amour de le liberté, une figure capitale de la pensée de son temps. Elle fut l'amie et le guide de Nietzsche et de Rilke, puis la disciple de Freud. Son oeuvre est reconnue aujourd'hui dans le monde entier.

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THEÂTRE : mich.jpgLa cape magique de Lou Salomé - Préface de Stéphane Michaud - Un nain s'introduit à minuit, l'heure des esprits, au domicile d'une petite fille dont les parents sont sortis. Elle espérait ouvrir à une fée... dont elle attendait qu'elle donne vie à sa poupée. Mais, puisqu'il proteste de pouvoirs magiques et promet de réaliser son désir d'animer la poupée, elle lui accorde de rester. L'autorisation est confirmée par la famille lorsqu'elle vient à rentrer. Le mystère plaide en faveur du nain : il se dit d'antique lignage, prétend entretenir une intime complicité avec le monde invisible. Bientôt il se vantera de disposer d'une cape magique, qui rendrait invisible.

Première phrase : LA PETITE FILLE, se réveillant d'un coup. Minuit ! L'heure des esprits !

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Lou Andréas-Salomé - La maison.jpgESSAI : Lou Salomé, génie de la vie de François Guéry - Eminemment moderne, Lou Salomé incarne une figure d'indépendance et de liberté, tout en étant essentiellement connue pour avoir marqué la vie de trois hommes : Nietzsche, Rilke et Freud. Puissance féconde, muse, inspiratrice et accoucheuse, elle est un génie de la sensualité, qui répand l'amour sans l'éprouver, et une Attila, qui brûle et détruit... mais pour rendre plus féconde encore une pensée qu'elle juge indissociable de la vie. François Guery tente de montrer le paradoxe de cette personnalité, plus fécondante que féconde. Paradoxe qui reposerait sur un choix : Lou semble avoir accepté avec lucidité de renoncer non à écrire ou à penser, mais à le faire pour elle-même, alors que toute sa vie est par ailleurs une affirmation de son 'Moi'.
Première phrase : Cet ouvrage traite du génie, sans tomber dans le culte de la 'génialité' exceptionnelle.

01/07/2009

La Quinzaine littéraire recense Renversements (1er au 15 juillet 2009)

jjg.jpg

Quinzaine littéraire du 1er au 15 juillet 2009

Philosophie

Jean-Joseph Goux

Renversements,

"Des femmes, Antoinette Fouque", 261 p. 15 euros

Un essai sur les mouvements des idées qui ont transformé les sociétés française et occidentale.

06/05/2008

Roger Dadoun célèbre les femmes !

RD par RV0006.JPGTexte figurant dans le catalogue des trente ans des éditions Des femmes :  
Trentenaire de l'ardente sereine guerre de trente ans, conduite,
ô blanches caravelles,
tous voiles chus,
sur hautains et hardis calicots,
contre cohortes bottées casquées cuirassées,
tenant en embuscade clinquants phallus
d'hargneux cadets pondus hors le ventre toujours fécond de la bête immonde,
la Gorgone fasciste des églises, sectes, intégrismes, pouvoirs, partis,
 
à tes nus pieds, ô des femmes, je déplie,
voix de mémoire amie,
le poème tapis rouge
 
(et que viennent donc s'y encorner les mufles minotaures !)
 
Etrennes de trente années du livre,
trente années tigresses aux griffes de papier
au joyeux au soyeux au rugueux rugissement,
trente glorieuses larguant toute gloriole et tout décorum,
 
ô des femmes
 
bénies soyez-vous entre toutes les âmes, et zélés corps,
pour avoir duré, simplement duré,
en juste fidélité,
orfévrant fins trésors de ferme tendresse,
par-delà flèches cupides, venins de langues et de regards,
plumes à l'injure crasse, bras tendus poings dressés prêts à frapper
des machismes sectaires mafieux acoquinés pour se payer
virile casse et culbute cavalière.
Point ne conviennent ici plaintes, élégies et thrènes,
mais bien plutôt accorte clameur d'hymne dionysiaque,
et plus sûrement l'ode isiaque
au miel hyménoptère,
pour la saga fabuleuse d'Isis à la divine partyhénogénèse,
car du néant, du nihil,
fui le Nil luxueux voluptueux lustral,
tu surgis,
toi ma lumineuse,
des eaux mères matricielles,
tu t'informes toi-même,
ô Mère primordiale,
pour une parade isiaque
qui ravisse l'extasié univers entre terre et ciel,
tu emmontes, artisane cosmique, les trente pièces d'Osiris le Morcelé,
fils frère amant dieu cadavre énigme, meursaub*
dispersé aux quatre horizons et qui,agrippé à ton sein, s'y enkyste,
s'acharnant, ô sombres mystères, à régler tes errances d'amour
déraisonné
 - mais où est donc passée, poisson, du viril voyou,
la verge oxyrhinque** ?
 
Trente années d'oeuvres nous vécûmes,
Et ce fut minutes de sable mémorial, broderies de fière écume,
jours ouvragés de parole empoignée
de parole extorquée renouée
de parole étoilée déliée
 
Arianes mes soeurs, toutes, combien de fils tendîtes-vous
en labyrinthes pareils à des miroirs sans tain ?
Tissage-pénélope de textes qui s'entextent se contextent se détextent,
écritures en navettes qui filent et claquent et s'affolent et s'apaisent,
livrant, gorgées d'ivrèmes, ces pages, ces pages, ces pages,
en étranges nappés japon piqués de pointes et gouffres. (...)
 
* meursaub, en arabe, "voyou", "coquin".
 
** Le sexe d'Osiris fut avalé par le poisson oxyrhinque (cf : Psychanalysis entre chien et loup, Imago/PUF, 1984)

14/03/2007

"De la Raison ironique" de Roger Dadoun

RD par RV0005.JPGRoger Dadoun
De la raison ironique

256 p. - 14,50 €
1988

« On a vu combien, à se vouloir maîtresse unique de la totalité du Monde ou à s'imaginer, concubine altière, édicter la loi et la fin de l'Histoire, la Raison s'affole et s'égare. Il faut, c'est une nécessité vitale, qu'elle retrouve ses esprits, son esprit, et il suffit pour cela qu'elle se considère elle-même, que, vraiment, elle se raisonne. Alors naît cette Raison Ironique qu'ici nous invoquons, pour nous être la compagne à nulle autre pareille dans la résistance aux frénétiques emportements et aux abêtissements mous dont ces temps nous accablent.
Raisonnante Ironie, son lumineux regard est requis pour ces quelques textes, hier éparpillés, aujourd'hui assemblés sous sa gouverne. Elle, ou d'elle l'ardent désir, soutient ces essais d'“anthropologie allégée” qui célèbrent le “n'être”, la nuit, Babel, la vieillesse, l'ivresse sexuelle. Violence politique et abîme du Sphinx les cernent d'un trait noir — que repousse la noire candeur d'une “nouvelle anarchie”. Au bras de l'Ironie sont menées quelques “reconnaissances critiques”, co-itérations aux côtés de Péguy, Barthes, Duchamp, Groddeck, Istrati, Michaux. Et “d'ivresse en océan”, nous tentons de passer à gué, demandant à Freud, ironique paradoxe, le baptême... du Sec.
R.D.

Roger Dadoun enseigne à l'Université de Paris VIII. Bien connu pour ses travaux d'analyse littéraire, d'analyse filmique et d'anthropologie psychanalytique, il poursuit, actuellement, des recherches de psychanalyse politique.

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