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31/05/2010

Bertrand du Chambon a aimé "Presque africaine" de Jacqueline Merville (Le Magazine des Livres, mai-juin 2010)

mervillephoto.jpg

Deux lectures avec dédicace de "Presque africaine" :

 - Le samedi après-midi 15 mai à Saint Remy de Provence dans le cadre Lire en Mai

 - Le mercredi 2 juin à partir de 18 heures à la librairie Le Bal des Ardents, 17 rue Neuve à LYON 69001.

Et un article splendide dans Le Magazine des Livres -

Mai-Juin 2010

Les livres que vous n'avez pas lus  par Bertrand du Chambon : Une petite qui vaut bien des grandes !
 
Ninon a grandi. Moon est une vendeuse de sourires.
 
Paumée, clocharde, oui, sans doute. Mais avec un sourire qui est grand, un petit côté crâneur, et un oeil qui perle vers le soleil. Elle tend la main à Paris, du côté de Saint-Séverin. Si vous n'avez jamais été pauvre, lisez Maud Lethielleux. Déjà, l'an dernier, je vous avais conseillé son premier roman, Dis oui, Ninon ; vous devez le relire et découvrir celui-ci : D'où je suis, je vois la lune.
 
Moon vit dans la rue, et laisse traîner les cahiers où elle se raconte. Quelqu'un s'en empare, les met au propre et lui dit qu'elle est un écrivain : "Le type dit que je suis un auteur et ça me fait une belle jambe étant donné que je ne sais pas à quoi ça ressemble, un auteur. Quand il me demande où j'habite j'ai un instant d'hésitation, j'explique que je suis en plein déménagement, ce qui n'est pas faux puisque je ne sais pas où je vais dormir demain." Très juste ! Même nous, les auteurs, nous ne savons pas "à quoi ça ressemble, un auteur". En tout cas, ça peut ressembler à Maud Lethielleux. Lisez-la : c'est une petite qui vaut bien des grandes.
Une grande, mais vraiment grande, et qui a déjà pas mal de livres à son actif, et qui a peint des toiles magnifiques, et qui nous conte depuis longtemps ses voyages initiatiques, sa vie, ses errances : c'est Jacqueline Merville.
 
Je suis un peu honteux de devoir vous présenter Jacqueline Merville, au cas où vous n'auriez rien lu d'elle : c'est un écrivain magnifique, une auteure, un poète, une femme, une... les mots sont insuffisants ici. Cette femme est un grand écrivain. Depuis La Ville du non, en 1986, et de nombreux romans, récits, poèmes, elle a sculpté une oeuvre étrange, digne et grave. Une statue égyptienne. C'est Jacqueline la Merveille ! Et bien sûr, son histoire personnelle, parfois fidèlement restituée dans certains de ses textes les plus récents, nous surprend par l'audace mise en pratique, assumée, vécue : elle vit comme elle veut. Elle voulait partir, elle est partie. Elle voulait faire face à la souffrance du monde, elle l'a fait. "Vagabonde sur la terre", dit son éditeur L'Escampette, sur la quatrième de couverture de Voyager jusqu'à mourir. Ou voyager jusqu'à vivre ? Car vivant depuis presque vingt ans en Asie, surtout en Inde, elle a, avec son compagnon, fréquenté les chemins des pèlerins du nord au sud, avec bien peu de moyens et de volonté de fer. Et puis un jour... Oh, ce n'est pas racontable... Elle, elle sait le raconter. Dans The Black Sunday, elle a dit l'impensable : elle se trouvait sur les côtes de l'Inde au moment où est survenu le tsunami. Elle raconte cela : le tsunami.
 
Et voilà qu'aujourd'hui, alors qu'on pensait qu'elle avait vécu là-bas une expérience indépassable, elle avoue qu'elle en avait déjà vécu une auparavant, en Afrique. Elle dit seulement : "un "supplice". Elle n'utilise pas les mots habituels : torture, viol ; et elle raconte comment elle a survécu. Comment ne pas demeurer une demeurée : une victime. Dans ce texte superbe, Presque africaine, elle parle en son nom seul, et voici que depuis quelques semaines des femmes lui écrivent : merci d'avoir dit pour nous ce que nous ne pouvons pas dire.
 
Pourquoi avoir vécu tout cela ? C'est un mystère. Jacqueline Merville s'y confronte, et ose avancer encore : "Avais-tu besoin d'être, un instant, hors de la femme blanche ? De l'oublier comme on oublie son nom, sa respiration, sa pensée ? N'être plus l'étrangère. Devenir l'autre, sans peau."
 
Et c'est bien ce que l'on risque, à lire Jacqueline Merville, devenir l'autre, explorer des contrées inconnues, passer à l'autre comme on passe à l'ennemi. C'est une si forte expérience qu'il n'est point besoin, ici, d'en rajouter : quelques personnes voudront lire Jacqueline Merville, afin de faire cette expérience. D'autres, c'est certain, n'oseront jamais.
D'où je suis, je vois la lune, Maud Lethielleux, Editions Stock, 297 p., 18,50 euros.
 
The Black Sunday, 26 décembre 2004, Jacqueline Merville, Editions des Femmes (mars 2005), 91 p., 9,50 euros.
 
Presque africaine, Jacqueline Merville, Editions des Femmes, 74 p., 10 euros.

20/05/2010

France 3 Ile de France consacre un reportage à Mâkhi Xenakis (jeudi 20 mai 2010) pour son exposition à l'Espace des Femmes-Antoinette Fouque - Jusqu'au 31 mai

makhi.jpgJeudi 20 mai sur France 3 Ile de France "Elles nous regardent...", exposition de Mâkhi Xenakis à l'Espace des Femmes-Antoinette Fouque, 35 rue Jacob 75006 Paris, jusqu'au 31 mai 2010. (Soirée de lecture de l'oeuvre écrite de l'artiste par la comédienne Dominique Frot jeudi 27 mai à 19 h : invitation pour tous)

Reportage ICI par Geneviève Faure et Pierre-Julien Quiers

 

10/05/2010

Gynocide algérien : Rassemblement ce lundi 10 mai de 18 h à 20 h devant l'Ambassade d'Algérie. Venez nombreuses !

Présidente : Antoinette Fouque

 

 COMMUNIQUĖ (repris sur Mediapart le 9 mai 2010)

  

LUTTE, SOLIDARITE, VIE !

 

 

Actuellement, comme en 2001, dans le Sud de l’Algérie, à Hassi Messaoud, des hordes d’hommes se livrent à de véritables pogroms contre des centaines de femmes venues travailler dans la région. Ils viennent les chercher dans leurs habitations pour les voler, les violer, voire les tuer. L’Etat algérien n’intervient pas.

La mobilisation est vitale pour exiger qu’il poursuive les criminels et apporte aide, réparation et sécurité aux femmes.

 

Hassi-Messaoud-manif-10-mai-2010-.JPGL’Alliance des Femmes pour la Démocratie se joint aux associations algériennes et françaises ainsi qu’aux partis qui appellent à un rassemblement devant l'ambassade d'Algérie lundi 10 mai, de 18 à 20 heures, place Narvik, Paris 8ème,  métro Courcelles, en solidarité avec les femmes agressées à Hassi Messaoud.

 

Les violences misogynes sont chaque jour plus nombreuses et plus meurtrières. Il est très important de manifester un engagement à les combattre là-bas et ici, comme partout dans le monde. 7 mai 2010

www.alliancedesfemmes.fr

E-mail:alliance.des.femmes@orange.fr

Contact : 06 86 44 59 29

09/05/2010

Edmonde Charles-Roux écrit sur les entretiens d'Antoinette Fouque avec Christophe Bourseiller (La Provence, 9 mai 2010)

edmonde-charles-roux.jpgDimanche 9 Mai 2010 - Dimanche 9 mai 20100
 
WEEK-END LIVRES
 
Antoinette Fouque, et si nous parlions des femmes ?
 
La militante se livre au gré d'entretiens menés par Christophe Bourseiller
 
Signalons la naissance en librairie d'une nouvelle collection intitulée "Qui êtes-vous ?". Dans cette collection viennent de paraître les entretiens de Christophe Bourseiller, fils de la superbe comédienne que fut Chantal Darget et beau-fils d'Antoine Bourseiller, jadis directeur du théâtre d'Aix-en-Provence. Il s'entretient avec Antoinette Fouque, née en 1936 à Marseille, d'un père corse, d'une mère calabraise et analphabète.
 
Christophe Bourseiller en présentant cette collection s'interroge : "Tandis que les ténors pérorent sous les sunlights que devient la pensée, la vraie, celle qui sonde, reflète et modèle le réel ? Se cache t-elle derrière le babillage médiatique ?"
 
Cette collection a pour but de faire connaître ceux qui vivent et créent en dehors des chapelles, des sectes intellectuelles et des élites autoproclamées. Appelons les "des inclassables".
 
bour.jpgAntoinette Fouque est de celles-là. Elle nous signale les dates phares qui jalonnent sa vie. Ce sont comme autant de naissances successives.
 
Il y eut d'abord 1936, l'année de sa naissance : Antoinette Fouque vint au monde en plein Front populaire. Viennent ensuite 1964, date à laquelle elle mit au monde sa fille Vincente. Ce fut sa naissance psychique : expérience unique, singulière, charnelle. Vint ensuite 1968, l'année de ses 22 ans, date de sa naissance politique lorsqu'elle rencontra Monique Wittig, écrivain reconnu et à l'indéniable aura. Elle fondèrent ensemble le mouvement de Libération des Femmes qui aura 42 ans cette année.
 
Antoinette Fouque mena un travail intense sur le terrain qui, loin d'attiser la guerre entre les sexes, voulait les réconcilier afin qu'ils vivent dans une société où l'indépendance sexuelle, économique et politique des femmes ne serait plus mise en question.
 
En 1973, Antoinette Fouque fonde la première maison d'édition des Femmes en Europe. Puis elle fait paraître des livres écrits sur les femmes et par les femmes. Puis vient le temps où s'ouvrent des librairies comme à Marseille et parfois des galeries des femmes.
 
La création des librairies, des livres et des journaux fut suivie d'une autre nouveauté, la création d'une Bibliothèque des Voix entièrement féminine créée pour accueillir des livres-audios rendant la culture accessible à une catégorie sociale interdite de lecture pour cause de maladie, d'éloignement, d'ignorance ou de misère.
 
Antoinette Fouque parle avec chaleur de sa double ascendance méditerranéenne : "Elle nous renvoie à la Méditerranée et aux gens de la mer" nous dit-elle... Je suis née au bord de la Méditerranée et je l'ai quittée, la mère, la mer et le soleil, l'éternité  retrouvéee sous le manteau de la Bonne Mère à laquelle je n'ai jamais renoncé. Je n'ai pas besoin de revenir à mon pays natal, je le porte en moi".
 
Un petit livre extrêmement riche parce qu'il dit l'essentiel. Il nous livre la trame d'une vie sur laquelle se sont fixés durablement tant de généreux motifs.
 
Edmonde Charles-Roux de l'Académie Goncourt
 
"Qui êtes-vous ? Antoinette Fouque - Entretiens avec Christophe Bourseiller", Bourin éditeur, 148 pages, 19 euros.

07/05/2010

Santé Yoga - Isabelle Clerc signe un joli article sur "Je suis née" (mai 2010)

yoga.jpgcha.jpgIsabelle Clerc
N°106 Mai 2010
 
SANTE YOGA
 
Ecrit dans la chair
 
Dans "Je suis née", l'écrivain Chantal Chawaf, élucide plusieurs décennies après, des mini récits de son enfance, qui montrent qu'elle savait dans sa chair ce que son entourage s'était ingénié à lui cacher pour la protéger du drame de ses origines, qui l'avait privée de ses parents et de sa famille, à la suite du bombardement de la porte de Saint-Cloud. Toute petite, elle écrivait créant les multiples versions imaginaires de son arrachement. "Même enfantine, la langue a des pouvoirs de medium, dit-elle. Elle exprime la connaissance enfouie". La langue a effectivement ce don d'intériorité qui permet au corps de parler comme la yoga, ajouterai-je, qui permet de revenir vers la source, une fois les traumatismes reconnus, identifiés et retraversés à la lumière de la connaissance. "Je suis née", Chantal Chawaf, des femmes-Antoinette Fouque.

06/05/2010

Argoul a lu "Je suis née" de Chantal Chawaf (Fugues et fougue, 6 mai 2010)

Jeudi 06 mai 2010

Titre étrange puisque vous êtes nés aussi, l’auteur comme chacun de ses lecteurs. Mais titre qui intrigue justement parce que la naissance fait problème : naître des morts est peu courant, surtout lorsque vos deux parents disparaissent d’un coup au même moment – ce moment vital qui est celui de la naissance…

chantal-chawaf-je-suis-nee.1272973276.jpgNous sommes le 15 septembre 1943 à 20h30. Le énième bombardement les usines de l’ouest de Paris, dont Renault qui collaborait avec l’Occupant, a fait plus de sept mille morts durant la guerre. Mais ce jour-là, ce sont trois occupants d’une voiture qui sont fauchés porte de Saint-Cloud. Le chauffeur est le père, la passagère arrière la tante et la passagère avant sa femme – la mère. Enceinte, on l’accouche par césarienne in extremis d’une petite fille. C’est cette histoire que nous conte Chantal – son histoire.

Adoptée illégalement par des bourgeois, on lui taira sa naissance et les papiers seront détruits pour que jamais elle ne retrouve sa famille. A l’époque, on pensait le traumatisme trop fort pour une enfant, tandis que le couple stérile se voyait doté d’une fille de bonne origine. Mais le Nom-du-Père hantera la petite Chantal toute son enfance durant, ses écrits de 7 à 13 ans, publiés en annexe, en sont le touchant témoignage. La névrose traumatique fait passer le manque par le langage. Elle évacuera dans l’écriture cette angoisse existentielle du non-dit, du mensonge originel, de la peur tout bébé. D’où ce refuge dans le lourd manteau noir de la chercheuse d’archives, la cinquantaine venue, qui a donné son titre à la première édition de 1998.

Ce gros livre est remarquablement écrit, les phrases fluides au vocabulaire étendu n’hésitent pas à prendre parfois des longueurs à la Proust, sans jamais insister, ou d’établir des litanies à la Céline pour bien marquer le répétitif. Le ton s’adapte aux conditions des gens, mais l’argot parigot de ‘Madame de’ qui fut sa mère adoptive étonne. D’où vient ce parler popu d’une dame à particule qui se pique d’habiter Auteuil ? D’où vient aussi que l’auteur dit être heureusement accouchée page 12, tandis qu’elle se déclare sans enfants page 501 ? Peut-être me pardonnera-t-elle ma lecture, mais j’ai hésité entre récit et roman, ce qui ne se lit pas pareil. L’un et l’autre étaient possibles mais le texte hésite. Toute la « Première époque », jusqu’à la page 279 ressort du roman. Le lecteur marche mais, lorsqu’il parvient à la partie suivante, il trouve du récit. Toujours bien écrit mais – face sombre du lyrisme orienté vers la lumière du début – devenu méticuleux, obsessionnel, dans le ressassement. Le choc des deux parties rend le lecteur mal à l’aise. chantal-chawaf.1272973284.jpg

Pourtant, c’est bien l’écriture qui sauve le livre. Le style, c’est l’homme. Ici la femme, mais le français entend le mot « homme » au sens neutre d’être humain lorsqu’il prend le ton de la généralité (il est bon de rappeler cette évidence aux féministes). L’auteur « essaiera de transfuser la vie dans les mots comme du sang dans les veines. Elle va essayer d’écrire… Au nom de la vie » p.525. Essai plutôt réussi, à lire pour le ton neuf qu’il apporte dans la production française !

Chantal Chawaf, Je suis née, 2010, édition des Femmes, 561 pages, 19€

04/05/2010

Jocelyne Sauvard invite Chantal Chawaf dans "Parlez-moi la Vie" sur IdFM 98 (mardi 4 mai 2010, de 20 h à 22 h))

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Un IMMENSE MERCI à la chère Jocelyne Sauvard  
pour avoir mardi 4 mai de 20 h à 22 h, consacré en partie une émission à Chantal Chawaf sur IdFM 98 (on peut aussi la réécouter ici : http://www.idfm98.fr/index10.php?zone=emission&id=172)
 
Jocelyne Sauvard a ce jour-là reçu Christian Bobin, Chantal Chawaf, et commenté l'oeuvre de Marguerite Duras (lectures d'extraits)

 
"Parlez-moi la vie", sur IdFM98, IdFM.fr, tous les premiers mardi de chaque mois, une émission de jocelyne sauvard. http://www.jocelynesauvard.fr/pages/radio.html

cha.jpgInformations sur le site : http://www.jocelynesauvard.fr , pages Accueil,  Actualité et Radio, ou sur le site IDFM.FR - Enregistrement possible in live
 

Tristan Hordé, le premier à avoir rendu compte de sa lecture de notre Hypatie ! (3 mai 2010, e-litterature.net)

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Hypatie d’Alexandrie - Maria Dzielska

préface de Monique Trédé,
éditions des femmes / Antoinette Fouque, nouveauté 2010

lundi 3 mai 2010, critique par Tristan Hordé

Sur ©e-litterature.net

Hypatie d’Alexandrie est devenue héroïne du grand écran sous les traits de Rachel Weisz dans le film Agora (présenté à Cannes en 2009) du réalisateur espagnol Alejandro Amenábar, qui raconte l’histoire de la philosophe et mathématicienne. En France, le premier à la sortir de l’oubli est un grammairien connaisseur de l’Antiquité, Gilles Ménage, qui publia en 1690 Historia Mulierum philosopharum [Histoire des femmes philosophes]. Le sujet a été repris et développé en 2006 par Éric Sartori avec son Histoire des femmes scientifiques de l’Antiquité au XXe siècle : Les filles d’Hypatie. Ce titre donne à Hypatie un rôle de pionnière et on attendait qu’un livre lui soit consacré, qui reprenne minutieusement le peu d’éléments dont on dispose à son propos, textes anciens et correspondances. Il ne suffisait pas de les citer, mais de les comparer et de les analyser en relation avec ce qui peut par ailleurs être connu de la vie politique et des conflits de l’époque.

Maria Dzielska a reconstruit en partie la vie d’Hypatie et analysé la manière dont on a reconstitué sa biographie depuis le XVIIIe siècle. Sa beauté et sa jeunesse ont été constamment louées, elle a été perçue à la fois comme « un symbole de la liberté sexuelle et du déclin du paganisme (et, avec lui, de la disparition de la pensée libre, de la raison naturelle et de la liberté d’expression). » La réalité est différente et plus complexe.

Hypatie, née vers 355 et morte en 415, devint, comme son père Théon, mathématicienne et astronome (elle aurait peut-être mis au point l’édition de l’Almageste de Ptolémée), et elle enseigna aussi la philosophie. Ses disciples faisaient souvent de longs voyages pour former auprès d’elle une communauté intellectuelle, issus de Syrie, de Lybie ou de Constantinople (maintenant Istanbul). Elle était appréciée pour ses qualités morales, menait un train de vie modeste et n’eut probablement jamais de relations sexuelles ; « toutes nos sources, écrit Maria Dzielska, s’accordent à la présenter comme un modèle de courage éthique, de vertu, de sincérité, de dévouement civique et de prouesse intellectuelle. » Dévouement civique : elle était sollicitée pour conseiller les autorités d’Alexandrie ou impériales.

hypatia.jpgPourquoi une telle femme a-t-elle été massacrée par les chrétiens ? À partir de 414, le conflit entre le patriarche Cyrille et le préfet romain Oreste, laïc, s’exacerba, les autorités ecclésiastiques cherchant à empiéter sur le pouvoir politique ; Hypatie, dont l’influence était importante, s’opposait à la mainmise des religieux sur les affaires laïques. Le bruit fut répandu qu’elle était une sorcière, ce qui scellait son sort tant était forte la peur de la sorcellerie : en mars 415, des hommes de Cyrille l’attaquèrent, « la tuèrent à l’aide de "tessons de poterie" [...], traînèrent son corps hors de la ville [...] avant de la brûler sur un bûcher. »

Hypatie n’a pas été victime d’une campagne contre les païens, non seulement parce qu’elle n’avait pas marqué de sympathie pour les cultes païens, mais aussi parce que les chrétiens s’en prirent d’abord aux juifs avant de combattre la pensée païenne. Après elle, la philosophie grecque, les mathématiques et l’astronomie ne disparurent pas à Alexandrie : « Jusqu’à l’invasion arabe, des philosophes continuèrent à expliquer l’enseignement de Platon, d’Aristote [...] et des néoplatoniciens. » Par ailleurs, Hypatie fut d’une certaine manière récupérée par le christianisme : il semble que la plupart de ses qualités ait été versée à la légende de Catherine d’Alexandrie.

Maria Dzielska apporte un point de vue nouveau sur Hypatie et, en outre, étudie dans le détail le statut de ses disciples, ce qui permet de restituer la composition du milieu intellectuel d’Alexandrie dans la dernière partie du IVe siècle ; ces disciples, riches, puissants — et seulement masculins —, occupaient tous de hautes fonctions. Ce travail savant, si nécessaire à la connaissance de l’Antiquité tardive, ne fait donc pas que mettre au jour, comme l’écrit Monique Trédé dans sa préface, « la figure complexe d’une éminente intellectuelle, en un temps où l’hellénisme jette ses derniers feux. » On regrettera seulement que la traduction, à partir d’une version anglaise, soit parfois approximative.

Tristan Hordé

03/05/2010

André Nahum, de Judaïques FM, interviewe Chantal Chawaf (3 mai 2010)

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 cha.jpgLundi 3 mai à 21 h, l'excellent André Nahum, fidèle lecteur de Chantal Chawaf a choisi de l'interviewer avec deux autres écrivains dans son émission sur Judaïques FM 94.8.

Marjorie Mitucci vous invite à vister l'exposition de Mâkhi Xenakis à la Galerie des Femmes (Questions de Femmes, 3 mai 2010)

mak.jpgQuestions de Femmes - de lundi 3 mai 2010. Par Marjorie Mitucci

ZOOM SUR…

MÂKHI XENAKIS

« Elles nous regardent… » Galerie Des Femmes, Paris.

 

Aujourd’hui, dans un espace plus intime, à la galerie Des Femmes, à Paris, il est possible de découvrir d’autres de ces étranges et impudiques « créatures ». Sculptures de ciment armé teinté (une couleur si identique à celle de la peau que le (la) visiteur (se) ne peut résister à l’envie très sensuelle de caresser l’œuvre), celles-ci travaillent la « féminité » dans l’événement de la maternité, dans l’événement de la solitude, dans l’événement du dialogue, dans l’événement de la folie.

 

Mâkhi Xenakis, qui vit à Paris, a débuté par la peinture dans les années 80. Après un séjour à New-York où elle fut proche de l’artiste Louise Bourgeois, elle se consacra au dessin et à la sculpture. Dessins masse, travaillés à la gomme, qui oscillent entre le minéral et le floral. Dessins où l’on s’abîme, happé(es) par un mouvement de gouffre. Sculptures qui peuvent se dresser longilignes et solitaires ; sculptures comme celles aujourd’hui présentées qui s’adressent à nous en une demande muette… Qui sommes-nous dans nos silences et nos paroles ?

 

Jusqu’à la fin du mois de mai. 35 rue Jacob, Paris 6ème.