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08/10/2008

SAMEDI, les auteurs de la maison lisent en musique ! Dès 17 h !!

Samedi 11 octobre : concert & lectures à l'Espace des Femmes !!

Dès 17 h, venez écouter Laurence Zordan lire "Blottie", Catherine Weinzaepflen lire "Le temps du tableau", Michèle Ramond lire "Lise et lui", Victoria Thérame lire son mythique "Hosto-Blues" et Françoise Collin lire "On dirait une ville"...

Les musiciennes seront : Sophia Vaillant, pianiste classique et tango Sophia.jpg http://sophiavaillant.com/topic/index.html

Et

Yuko et Mayumi Sugiyama, flûtes traversières, soeurs jumelles italiennes de père japonais et de mère italienne Sugiyama.jpg http://www.duosugiyama.com/at-concerti-fr.html




05/03/2008

Victoria thérame raconte l'histoire de son mythique best-seller aux Editions Des femmes (en 1974)

Texte recopié du catalogue des trente ans des Editions des femmes :
victoria_therame.jpgVictoria Thérame
Septembre 1973
 - Y a des gens qui veulent lire ton manuscrit ! crie ma soeur brandissant une enveloppe.
 - Pas possible ! Qu'est-ce que c'est que ça ?
 - Les Editions Des femmes.
 - Ca n'existe pas ! Ca doit être des maquereaux qui profitent du mouvement des femmes !
Moi qui agonisais sur le paillasson des éditeurs depuis des années, que vouliez-vous que je fis ? Je m'y suis rendue, mon manuscrit de six cents pages (Hosto-Blues) dans un gros sac. Place de la Bastille, dans une cour brumeuse, une concierge, encagée dans un réduit insalubre, m'indiqua l'escalier et l'étage. En haut, personne ! Le désert ! Une blague, me dis-je. "C'est en travaux", expliqua la concierge. Oui, bon... J'avais l'habitude d'encaisser les coups. J'étais déjà dehors, quand je reviens sur mes pas. Merdier pour merdier, si je laissais quand même le manuscrit ?.... Non, il n'y avait pas de boite, mais elle remettrait le colis. Vogue la galère ! Merci madame. Encore un manuscrit à la mer ?
 
On dsait la suite. Emergence et réussite des editions Des femmes. Tourbillon de travail, de manifestations, de rencontres. Les femmes de cette époque, nous étouffions, humiliées, désespérées, révoltées, la tête dans les murs. La misogynie nous écrasait chaque jour. Nous n'en pouvions plus de l'injustice qui nous était faite, du mépris qui nous entourait. Privées d'études, cantonnées dans les métiers pénibles, inférieurs, mal payés. En finir avec ce vieux monde ! Dans toutes les assemblées de femmes - sans hommes, car les hommes venaient pour insulter, ricaner, freiner ce mouvement révolutionnaire et leur présence rendait muettes certaines femmes habituées à plier devant eux - , dans toutes ces assemblées, chacune racontait, pleurait, criait sa souffrance, les abcès se crevaient et la misère, l'oppression de la vie féminine montait comme une vague énorme que rien, désormais, ne pourrait arrêter.
 
Maintenant, par ici, tout le monde vit le féminisme. Les femmes ne sont plus nées pour raccomoder les chaussettes. On ne leur interdit plus de lire. C'est normal qu'elles aillent à l'école et même dans les plus hautes. Elles peuvent exercer tous les métiers. Ce qui est extraordinaire quand on se souvient que vers 1959-1960, sténo-dactylo était le métier-vedette pour les femmes ! Grimper à la première branche d'un arbre vous attirait des remontrances sévères et vous faisait taxer de "garçon manqué" ! Une honte ! Et maintenant, des femmes naviguent seules sur les océans !
 
Cette révolution à laquelle les Editions Des femmes ont largement contribué, n'a pas été sans controverses, disputes, insultes, médisances et turbulences. Dans tous les militantismes que j'ai pratiqués, c'est la même chose. On pourrait ajouter dans tous les groupes politiques, ou rassemblements humains. On perd du temps à se battre contre son "voisin" au lieu de se rassembler pour battre l'adversaire. On peut avoir les bonnes idées, mais vouloir être seul à les affirmer. La jalousie suinte partout.
Aujourd'hui, on trouve encore des femmes, vivant en féministes, c'est-à-dire libres de choisir leur travail, leurs amours, leur vie, mais se déclarant "pas féministes". N'etre pas féministe, c'est vouloir le malheur, l'infériorité et la non-liberté pour les femmes. Elles ne s'aperçoivent pas qu'elles sont ridicules.
Mais le coeur humain a ses méandres qui fait qu'on ne pardonne pas à ceux qui ont eu raison avant tout le monde, ni à celles qui ont fait le travail tandis que d'autres, qui n'ont rien fait, en profitent. C'est le propre des révolutions. Il y a ceux qui donnent, payent, meurent. Ensuite, ceux qui crachent et récoltent.
2004 : les Editions Des femmes repartent ? Certains vont devoir se munir d'un antidérapant pour mâchoires afin de ne pas grincer des dents !
Merci aux Editions des femmes et bon vent !
V.T.

16/09/2007

Hosto Blues dans Les Nouvelles Littéraires (carnets de Gabriel Matzneff.), 1974

hosto.jpgnl.jpgDu 18 au 24 novembre 1974

Les Nouvelles Littéraires

N°2460, 53ème année

Les carnets de Gabriel Matzneff

S'il existe un autre monde, et si dans cet autre monde, les gens ont la tête à lire des livres, Montherlant aura pris un sacré plaisir à la lecture d'Hosto Blues de Victoria Thérame, qui vient de paraître aux éditions des Femmes. Déjà parce qu'au-delà de l'apparent débraillé néo-célinien de son style, Victoria Thérame a un ton vigoureux, expressif, juste, qui lui appartient en propre : il n'est que d'ouvrir ce bouquin au hasard, par exemple à la page 301 le paragraphe qui commence par "son cucu..." pour comprendre que c'est un écrivain, et singulièrement doué, qui l'a écrit. Ensuite, parce que, Montherlant a cette phrase dans l'avant-propos de Service inutile : "En 1929, j'écrivis Moustique ou l'Hôpital, roman dont l'action se passe dans le peuple : on y voit comment meurent les gens qui n'ont pas de quoi acheter des fortifiants". Hosto Blues, qui est un livre sur la souffrance, la maladie, la solitude et la mort l'aurait bouleversé. Enfin, parce que Victoria Thérame, infirmière dans une clinique où Montherlant a été hospitalisé à la suite d'une blessure à l'oeil reçuelors d'une bagarre, trace de l'auteur des Jeunes filles" le portrait le plus tendre, le plus aigu, le plus vrai qui a jamais été fait de lui. "un regard qui fascine... qui s'agrippe : y a des jeunes tiens qui feraient bien d'avoir ce regard !... un regard qui te suit partout dans la chambre... te quitte pas des yeux... même quand tu mets ses gouttes dans l'oeil abîmé... il te regarde avec l'autre ! Un regard où vraiment tu ne peux rien sentir ni de haineux, ni de misanthrope, ni de méprisant, ni de misogyne ni de quoi que ce soit de négatif !.... (...) il te plaît, ce mec !... non mais c'est un vrai rigolo !... qui s'est acharné à le présenter comme une glacière empesée ?... mais c'est un vrai pince-sans-rire... d'une simplicité étonnante... (...) silencieux, ramassé... violent et contenu... c'est ça que les imbéciles confondent toujours avec la froideur... (...) c'est un mec qui ira jusqu'au bout..." Il y en a comme ça une dizaine de pages. C'est direct, chaleureux, magnifique. J'espère que Victoria Thérame a envoyé son livre à Mme de Beauvoir qui, dans les diverses rééditions du Deuxième sexe, n'a toujours pas cru devoir supprimer le chapitre super-faux et super-idiot qu'elle consacre à Montherlant - un Montherlant qu'elle présente comme un phallocrate, un sexiste, alors que Montherlant était tout le contraire, et LesJeunes filles une tentative passionnée de permettre aux femmes d'échapper au schéma christiano-idéalisto-bourgeois où la société occidentale prétend les enfermer.

Hosto-Blues est un livre captivant, déchirant, en vérité "le lait de la tendresse humaine" (Shakespeare). Notre société libérale peut bien se donner bonne conscience en lisant l'Archipel du Goulag, il n'est pas besoin d'aller en Sibérie pour y rencontrer l'enfer, l'enfer est ici, chez nous, dans nos coeurs, dans nos corps. Victoria Thérame dit cela asdmirablement, un livre admirable, je vous le répète, le plus beau livre que j'aie lu depuis des mois et des mois, je demande le Goncourt, pas pour moi, ça c'est le boulot de Roland Laudenbach de m'avoir un prix, à l'éditeur de s'activer un peu, l'auteur, lui, une fois qu'il a écrit son roman, il a le droit de se la couler douce, aux autres de jouer, non ce n'est pas pour moi que je demande un "prix littéraire" c'est pour Hosto-Blues de Victoria Thérame, cette écriture superbe, ce cri de colère et d'amour, oui, un chant d'amour, l'amour des êtres, de la vie, du monde créé, et partout la douleur, l'injustice, le désespoir, la déchéance physique et spirituelle, l'horreur absolue.

Un dernier argument à l'usage des radins, comme dirait Charlie-Hebdo : ce livre qui a 476 pages bien tassées ne coûte que seize francs. Ca vous changera des romans minables, merdiques, sans intérêt qui, eux, auront le Goncourt et autres palmes académiques, et qui valent quarante francs et plus.

G.M.

15/09/2007

"Hosto blues" de Victoria Thérame

Couv Hosto-Blues.jpgHosto Blues
Victoria Thérame


Première édition : 1974 (Des femmes)

Office 27/09/2007

Hosto Blues décrit douze heures de la vie d'une infirmière : une journée entière restituée à la première personne, minute par minute, entrecoupée par les souvenirs de neuf ans de service hospitalier.

Ce texte d’une vivacité rare décrit de façon acerbe et provocatrice le quotidien d’une infirmière au début des années 70. L'écriture de cette révolte est produite comme une transcription immédiate, sans détour, qui s'emballe et se répète jusqu'à l'usure dans une violente et généreuse épopée populaire.

Loin de constituer un froid rapport sociologique, Hosto Blues est un roman passionné, vécu du dedans comme un cri poussé du fond d'une prison. Révolte d'une femme contre le système hospitalier, répressif et oppressif, contre la hiérarchie du personnel, la surexploitation des « vocations » féminines, ce texte est un violent réquisitoire contre la médecine de classe qui terrorise les malades, s'enrichit sur la souffrance, soumet le corps en le « traitant » pour le réintroduire dans le système qui l'opprime, l'aliène et l'exploite.

L'auteure dénonce également l'état d'ignorance dans lequel sont maintenues à vie les infirmières, et la division flagrante du travail entre hommes et femmes dans ce milieu.

Dès sa sortie, Gabriel Matzneff avait été ébloui par "Hosto Blues", au point d'en parler élogieusement dans ses Carnets aux "Nouvelles littéraires". Il avait spécialement aimé que Victoria Thérame, qui avait soigné Montherlant perdant la vue, développe cet épisode, et surtout la sensibilité de l'auteur exprimée à travers un style.

Allergiques aux points d'exclamation !!!!!! s'abstenir !!!!!!

Victoria Thérame est née à Marseille. Nombre de ses romans ("Hosto Blues", 1974, "La dame au bidule", 1976 et "Staboulkash", 1981) et sa pièce de théâtre ("L’escalier du bonheur", 1982) ont été publiés aux éditions Des femmes.