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16/04/2007

Marie Darrieussecq découvre les éditions Des femmes par la Bosnie

11-1.jpgBosnie, début des années 90. Le viol est massivement utilisé comme arme de guerre et d'"épuration ethnique". A Paris, quelques étudiantes et étudiants se demandent comment agir. Une amie m'emmène aux Editions Des femmes, il s'y tient une réunion. Pour dire la vérité, je ne me rappelle pas grand chose de notre "action" pleine de bonne volonté. Je me souviens surtout d'Antoinette Fouque, et du fait que ce jour-là, quelques cases de mon cerveau se sont réagencées. Je suis sortie des Editions Des femmes en me posant davantage de questions sur le féminin que sur la guerre qui ravageait alors la Bosnie, mais peut-être était-ce justement un bon début.
 
Habituée à penser au masculin par mes études, mon éducation familiale et ma langue, je découvrais tout à coup que mon cerveau, peut-être, était sexué. Aujourd'hui je ne sais toujours pas si je "pense femme" ou si je "pense neutre", mais je sais que j'écris, entre autres, pour dire le féminin dans une langue qui l'annule. Antoinette m'a fait prendre conscience qu'il suffit d'un chien pour masculiniser une phrase où il n'y a que des femmes : les millions de Françaises et le chien sont soumis à une grammaire masculine, que l'on se plaît à dire neutre. Changer la langue, c'est un travail d'écrivain - ou d'écrivaine, comme vous voudrez. Il y a eu pour moi une certaine logique, et de la joie, à voir un de mes textes publié "aux femmes".
M.D.
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couv.jpgMarie Darrieussecq
Claire dans la forêt suivi de Penthésilée, premier combat
80 p. - 9 € - 2004
Dans ce pays où la raison et les coutumes régissent tout, les villageois les plus censés semblent soumis à la présence de forces irrésistibles. Si Claire avait vécu loin de la forêt - loin du pouvoir étrange des forêts - son destin aurait-il été différent prise entre deux hommes et deux désirs ? " Après Claire dans la forêt, Penthésilée, premier combat, est un conte à la manière de Kleist, une rêverie sur le mythe des amazones.
Claire et Penthésilée : deux contes, deux jeunes filles, pôur une suite lyrique.
M.D.

Marie Darrieussecq est née le 3 janvier 1969 à Bayonne. Après des études de lettres, elle enseigne brièvement à l’université de Lille III puis publie son premier livre, Truismes (POL, 1998). En 2001, elle donne naissance à un petit garçon et publie dans la foulée Le bébé (POL, 2002).

+ voir Le Bébé de Marie Darrieussecq, lu par Lio dans La Bibliothèque des Voix

02/02/2005

"Le bébé" de Marie Darrieussecq, lu par Lio

portrait_de_lio_image_diaporama_portrait.jpgLio
interprète
Le bébé
de Marie Darrieussecq

Réalisé en public au Studio des Champs-Elysées
Mise en scène : Marc Goldberg - Musique : Laurent Cirade

1 CD - 18 €
“ « J’écris pour définir, pour décrire des ensembles, pour mettre à jour les liens : c’est mathématique. J’écris pour renouveler la langue, pour fourbir les mots comme on frotte des cuivres – le bébé, la mère : entendre un son plus clair. Ce n’est pas la naissance du bébé qui déclenche ces pages, c’est l’existence d’autres livres et d’autres phrases – toutes faites ou étincelantes. Les questions qu’elles posent sont parfois si justes que l’adrénaline éclate dans ma poitrine, une envie d’écrire aussi violente et neuve qu’enfant, quand je croyais que ce n’était pas permis. » Marie Darrieussecq.

333250.jpgDétails :
De situations cocasses ou tendres à la stupéfaction et à l'émerveillement devant cet être étrange et fragile, vorace et bruyant, dont les besoins impérieux structurent le quotidien en courtes tranches de temps, le livre comme la pièce réparent une injustice qui fait du bébé l'objet de très nombreux discours sans qu'il le soit jamais de la littérature. La mère et le bébé, l'auteur et son sujet, l'interprète et son texte... La légèreté et la drôlerie se doublent ici d'une sourde inquiétude, intime : «J'écris pour éloigner de mon fils les spectres, pour qu'ils ne me le prennent pas : pour témoigner de sa beauté, de sa drôlerie, de sa magnificence ; pour l'inscrire dans la vie comme on signe une promesse. »

03/02/2004

Livre et CD - "Claire dans la forêt" lu par Marie Darrieussecq elle-même

Marie Darrieussecq Claire dans la forêt - Suivi de Penthésilée, premier combat
Editions des Femmes / Antoinette Fouque 2004 /

C'est à une balade insolite entre rêve et réalité, que Marie Darrieussecq convie ses lecteurs (lectrices) qui n'auraient pas eu l'occasion de feuilleter déjà les cinquante pages de Claire dans la forêt publiées en 2000 dans le magazine Elle.

Claire, jeune habitante d'un village du Sud-Ouest, s'apprête à épouser Pierre, un garçon bien sous tous rapports et doué de surcroît d'un pouvoir de guérison, qui lui confère une aura magique. Mais au moment de franchir le pas, elle succombe à l'appel d'un autre amour, plus charnel – devrait-on dire plus humain ? – et part vivre dans la forêt avec le conducteur du «camion jaune immatriculé au Nord», le chef des bûcherons de la région.

Claire dans la forêt joue sur l'opposition apparente des symboles (village / forêt; Nord / Sud) ; sur celle de Pierre, le sorcier ordinaire qui extirpe littéralement le mal du corps de ses concitoyens (eczéma, zonas et autres dermatoses) et du bûcheron, incarnation de l'Homme dans ce qu'il a de plus solide. Le livre laisse dériver l'imagination du lecteur au fil de jolies phrases, où les sens occupent une place de choix, et qui se muent facilement en images évocatrices. «Les petites chauves-souris jetaient au sol de larges ombres, zigzagantes et sauvages, sur nos propres ombres nettes […]. La charpente craquait. Le vent se glissait par toutes les ouvertures, rond et chaud comme un chat. On entendait, dans le garage de mes parents, le congélateur se mettre en marche régulièrement.» (p. 48)

Il est probable que certains ne seront pas sensibles au charme indéfinissable de ce conte, que ses quelques pages n'évoqueront pour eux rien de spécial. Il faut espérer que chez d'autres, ce charme agisse. Et que surgissent des souvenirs, que se nouent des associations d'idées ou de sensations. Comme le point de départ d'une flânerie rêveuse. «Nous contemplions les spectres de canapés, les chaises, un lit fantôme, des formes recouvertes par des voiles que mes doigts traversaient, et ce mobilier songeur disparaissait aussi vaporeusement qu'il était apparu.» (p. 46-47)

Le récit est vite lu, et doit l'être d'une traite, sauf à prendre le risque de perdre le fil ténu de la balade et de ne plus trouver son chemin dans cette forêt au pouvoir d'attraction si fascinant pour l'héroïne. Le second récit, d'à peine dix pages, est présenté comme un conte autour du mythe des Amazones. S'il est sans doute possible de produire un chef-d'œuvre avec si peu de matière, on ne peut pas dire que la Penthésilée de Marie Darrieussecq rentre dans la catégorie. Et au risque de paraître un peu sévère, il n'y a rien de spécial à en dire, sauf qu'il est déconseillé pour le coup de le lire dans la foulée du premier récit, pour ne point en briser la délicate rêverie. François Gandon



Marie Darrieussecq
Claire dans la forêt suivi de Penthésilée, premier combat

2004 - lu par l'auteur. 1 CD - 18 € "

Dans ce pays où la raison et les coutumes régissent tout, les villageois les plus censés semblent soumis à la présence de forces irrésistibles. Si Claire avait vécu loin de la forêt - loin du pouvoir étrange des forêts - son destin aurait-il été différent prise entre deux hommes et deux désirs ? " Après Claire dans la forêt, Penthésilée, premier combat, est un conte à la manière de Kleist, une rêverie sur le mythe des amazones.
Claire et Penthésilée : deux contes, deux jeunes filles, pôur une suite lyrique. M.D.

Marie Darrieussecq est née le 3 janvier 1969 à Bayonne. Après des études de lettres, elle enseigne brièvement à l’université de Lille III puis publie son premier livre, Truismes (POL, 1998). En 2001, elle donne naissance à un petit garçon et publie dans la foulée Le bébé (POL, 2002).
Une balade insolite et… un conte de filles