Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

01/04/2010

Courant alternatif (avril 2010) remarque notre livre de Eve Ensler

mots.jpgCOURANT ALTERNATIF - AVRIL 2010
 
Des Mots pour Agir contre les violences faites aux femmes, Sous la direction d'Eve Ensler et Mollie Doyle. Traduit de l'anglais par Samia Touhami. Editions Des femmes-Antoinette Fouque. 326 p., 18 euros
 
Ce livre est le nouvel opus dirigé par Eve Ensler, l'icône marketing d'une partie du mouvement féministe depuis la parution, en 1996, des Monologues du Vagin.
 
Malgré le fait que l'ouvrage ait été édité par Antoinette Fouque dont le rôle dans le mouvement des femmes peut prêter à débat, et que la préface de la version française ait été rédigée par Rama Yade ( ! ), l'ouvrage présente l'intérêt d'offrir une autre perspective sur les violences faites aux femmes.
 
Ce recueil de 50 textes courts et poèmes se présente sous une forme plus artistique que politique. Mais un art qui se veut engagé et dont le but est de mettre des mots, une parole, sur des maux muets qui traversent continents et classes sociales.
 
Certes, ce livre n'aura, en tant que tel, qu'une portée limitée. Il est difficilement imaginable qu'un tel ouvrage tombe entre les mains des bourreaux et fasse écho. Mais la plupart de ces textes ghrondent d'une colère sourde contre cette épitaphe charnelle de la domination patriarcale.
 
A la lecture, certains textes sont plus forts que d'autres, je n'en ferai pas ici une liste exhaustive, car il me semble qu'elle ne serait pas représentative tant ce recueil appelle un regard et un ressenti propres à chacune.
 
 Là où la dynamique de Eve Ensler éveille mon intérêt, c'est au niveau de l'idée plus globale. Des Mots pour Agir Contre la Violence faite aux Femmes, en tant que livre, n'est qu'une maille du projet. Son envie serait de mettre, par ces textes, la question des violences sur le devant de la scène. Ainsi, son projet est d'organiser à travers le monde des journées où ces textes, comme les Monologues du Vagin, sont récités, proclamés. Le but : sensibiliser les masses populaires en posant cette problématique des violences dans l'espace public et ainsi, soutenir les associations qui luttent contre ces violences. C'est ainsi qu'est né le festival "Until the violence stops" ("jusqu'à ce que les violences cessent") qui a déjà eu lieu dans 112 pays sur les 5 continents.
 
En 2010, la question des violences conjugales a été daclarée "grande cause nationale" en France. Du coup, des campagnes de pub ont vaguement défilé sur le petit écran et dans les journaux entre la Saint-Valentin et la journée internationale de lutte pour les droits des femmes, dite "Journée de la Femme". entre temps, rien qu'en France, 22 femmes sont décédées du fait des violences physiques et psychologiques qu'elles ont subies. Car si officiellement une femme décède tous les 3 jours sous les coups de son compagnon, les associations de défense des femmes parlent, elles, d'une à plus d'une femme par jour qui meurt du fait de ces violences.
 
Dès le départ, les dés sont pipés, alors quand on ajoute les coupes budgétaires dont pâtissent ces associations et les structures d'hébergements qui en dépendent, il est normal de s'interroger sur la volonté réelle du gouvernement de lutter contre ce fléau.
 
C'est sans oublier Najlae expulsée vers le Maroc après avoir voulu porter plainte contre son frère qui la battait. Grâce à la mobilisation et à la médiatisation, elle a pu rentrer chez elle. Mais pour une jeune fille sauvée, combien de femmes sont expulsées dans leur pays d'origine ? Combien de femmes se taisent par peur de cette expulsion ?
 
Alors certes, la lecture seule ne sert à rien. Mais en parler toujours et toujours plus fort, fera peut-être se délier les langues, mettra à mal les chaînes de la domination patriarcale et sauvera sans doute des vies.
 
"FEMME, POUR EN FINIR AVEC LA VIOLENCE FAITE AUX FEMMES, HISSEZ-VOUS SUR VOS PIEDS PARFAITEMENT LIBRES ! NOUS AVONS PERDU LA TERRE EN VIVANT A GENOUX" Alice Walker.
 
Géraldine

04/03/2009

Rama Yade voit régulièrement Antoinette Fouque (in VSD 4 au 11 mars)

rama-yade.jpg
VSD (4 au 11 mars 2009) EXTRAIT interview Rama Yade

- Vous définissez vous comme féministe ?

RY - Oui,je suis féministe, et ce n'est pas un gros mot ! je ne comprends pas ceux à qui ce mot fait peur. Le genre ne doit, certes, être ni une excuse ni un prétexte. Le féminisme a ouvert le champ des possibles. Je vois régulièrement A. Fouque (cofondatrice du MLF qui milite pour l'émancipation des femmes) avec qui j'échange sur cette question du genre.Et puis, dans ma mission, je suis confrontée aux droits des femmes les plus bafoués dans le monde.

VSD - Lors de vos déplacements notamment en Afrique, quelles situations vous ont le plus choquée?

RY - Au Darfour, en Afganistan, c'est terrible, mais là où j'ai vu le pire c'est en République Démocratique du Congo : trois cent mille femmes violées depuis 2003 ! sans compter le sida, les fistules et les grossesses non désirées. Il n'y a qu'un seul gynécologue pour toute la région du Kivu. Ces femmes sont une cible privilégiée, puisque les viols détruisent les communautés. Eve Ensler (auteur des monologues du vagin) appelle cela un fémicide. J'ai décidé de projeter à Paris le documentaire
qu'elle a réalisé là-bas lors d'une soirée de mobilisation pour les femmes congolaises. Ce qui s'y passe blesse la conscience humaine, car cela dure depuis quinze ans. Quand j'en pars, j'ai l'impression d'y laisser un peu de mon coeur.

VSD - Et en France quelle serait l'urgence, selon vous ?

R Y - La lutte contre les violences conjugales. On parle beaucoup,et à juste titre, de l'égalité salariale. Mais la violence la plus primaire reste celle qui surgit dans l'intimité. Il ne suffit pas de séparer les couples mais de trouver un toit aux femmes battues. Il y a la soumission psychologique, cette culpabilité dont on met des années à se sortir. Les droits de l'homme, ce sont d'abord ceux de la femme. Soeur Emmanuelle disait:

"quand on éduque un homme, on éduque un être humain ; quand on éduque une femme, on éduque tout un peuple"