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21/08/2007

"Le roseau révolté" de Nina Berberova, lu par Isabelle Huppert

Le roseau révolté.JPGIsabelle Huppert lit
Le Roseau révolté
de Nina Berberova

Coffret 2 cassettes- 25,50 €
2CD - 27 €

“ Il arrive dans la vie de chacun que, soudain, la porte claquée au nez s'entrouvre, la grille qu'on venait d'abaisser se relève, le non définitif n'est plus qu'un peut-être, le monde se transfigure, un sang neuf coule dans nos veines. C'est l'espoir. Nous avons obtenu un sursis. Le verdict d'un juge, d'un médecin, d'un consul est ajourné. Une voix nous annonce que tout n'est pas perdu. Tremblante, des larmes de gratitude aux yeux, nous passons dans la pièce suivante où l'on nous prie de patienter, avant de nous jeter dans l'abîme. ”

Ainsi commence le dernier bref voyage que les deux amants font ensemble avant de se séparer. Elle reste à Paris, exilée de son pays natal, la Russie ; il rentre en Suède avant que la guerre ne l'en empêche définitivement. Après ce dernier paradis – leur mardi, comme ils l'appellent dans leur langue à deux –, la mémoire se réduit, s'effiloche, attaquée par la séparation et par la guerre.
Néanmoins, l'espoir du “ mardi ” survit à la guerre et conduit cette femme à la recherche de l'amant, dont elle n'a plus de nouvelles. C'est alors que le sens de leurs deux destins finalement se révèle. D'un côté, elle a gardé intact ce “ noman's land, où prévalent la liberté et le mystère, où adviennent parfois des choses étonnantes. On y rencontre des hommes qui se ressemblent, on relit un livre avec une acuité particulière, on écoute une musique comme jamais on ne l'avait entendue ”. De l'autre, il a cédé depuis longtemps sa terre de liberté et de mystère. Il a choisi un quotidien prosaïque, protégé et dépourvu d'espace intérieur.

Nina Berberova laisse apparaître subtilement, en filigrane d'une histoire d'amour, une morale qui s'applique parallèlement aux enjeux de toute guerre, de toute lutte : le “ perdant ” est celui qui a abdiqué ses droits sur la mémoire, qui a renoncé à sa liberté intérieure, au lieu de les préserver de toute occupation.