Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

19/05/2007

PROGRAMME POESIE / THEATRE

Hello ! En cette fin de semaine qui s'annonce clémente et que je vous espère sereine, je profite de ce beau soleil pour vous en évoquer d'autres, féminins, aussi lugubres que troublants - d'essence magnétique.

D'abord, celui que porte en elle Patrizia Cavalli, poétesse italienne, romaine d'adoption depuis 1968, très en vogue, récompensée en 2006 par le Prix international de poésie Pier Paolo Pasolini. "Dans la langue poétique de Patrizia Cavalli, hymne et élégie s’identifient et se confondent sans restes (ou, peut-être, le seul reste est le moi du poète). La célébration se liquéfie en lamentation et la lamentation devient immédiatement hymnaire. C’est-à-dire que le Dieu de ce poète est tellement et exhaustivement présent qu’il ne peut être que regret ; la laude, ouvertement franciscaine, des créatures est parcourue en contre-fugue par un intime, sombre grommellement, elle est ce grommellement : miserere et osanna. » Giorgio Agamben [Rome, décembre 2006] in Patrizia Cavalli, Mes poèmes ne changeront pas le monde, id., préface, p. 12. édition bilingue, des femmes-Antoinette Fouque, 2007, pp. 122, 123. Traduit de l’italien par Danièle Faugeras et Pascale Janot. Une exceptionnelle soirée de lecture avec Patrizia Cavalli herself aura lieu le 27 juin dès 20 heures, grâce à la générosité et à la fidèle amitié dont nous honore l'Institut Culturel Italien, 50 rue de Varenne - Paris 7°. Un cadre splendide. Me contacter pour des précisions si vous souhaitez y assister (nombre de places limité)

Et si votre engouement pour le théâtre est supérieur à celui que vous expérimentez pour la poésie, vous risquez d'être tentés par la découverte d'une merveille méconnue, "La cape magique" de Lou Andréas-Salomé. Miracle de fantaisie, cette courte pièce-bijou est traduite et préfacée par Stéphane Michaud, le plus grand spécialiste de Salomé. Assoiffée d'absolu rendue célèbre pour avoir été la proche amie de Nietzsche, Rilke et Freud, toute la vie de cette figure essentielle à la bonne intelligence de la destinée et de l'oeuvre de ces trois penseurs majeurs est un élan ardent vers les cimes de l’esprit et de l’âme - une forme de liberté - la sublimation de la libido par la création. C'est tout le thème de "La cape magique".

N'hésitez pas à vous manifester pour recevoir ce recueil de poésie ou cette pièce de théâtre Des femmes.

Sincèrement vôtre

17/05/2007

PROGRAMME FICTIONS 2007

En espérant que vous passez tous un excellent jeudi de l'Ascension, je viens m'immiscer dans votre quiétude pour vous évoquer les deux fictions maîtresses des Editions Des femmes en ce premier semestre 2007. Il s'agit de deux beaux livres d'écrivains dont le talent a déjà été reconnu.

Le premier, Am See de la voyageuse passionnée Catherine Weinzaepflen, publié chez Flammarion en 1985, a suscité l'enthousiasme très vif des médias d'alors (c'est une réédition), son dossier de presse - que je peux vous adresser sur simple retour de courriel me communiquant votre adresse postale - est impressionnant. La signification de son titre, aussi intrigant que mélodieux ? L'expression Am See, littéralement « du lac », est un cliché de carte postale. Nombreux sont les hôtels Am See dans les pays de langue germanique. Le livre ainsi intitulé est un échange de lettres entre Camille et Dominique - prénoms ouvrant la porte sur l'imaginaire, permettant toutes les rêveries, puisqu'ils peuvent convenir aux deux sexes et que le mystère ne sera jamais levé. Il s’agit, dans cette correspondance, d’opter pour un endroit de villégiature qui provoquerait la rencontre. Autant de paysages que de lettres (l’Afrique, Rome, Amsterdam, certaines campagnes…). Paysages qui constituent l’espace virtuel de la relation qui se trame ainsi entre les deux personnages. Notons que Catherine Weinzaepflen a vu son magnifique Orpiment récompensé par un prix littéraire en 2006.

Le second, Res Nullius, est de Pomme Jouffroy. La pétulante chirurgienne de l’hôpital Saint-Michel à Paris est entrée dans les lettres par un essai en 2002, Il n’y a plus d’hôpital au numéro que vous avez demandé (Plon), et un premier roman en 2005, Les Immortelles (Éditions du Palmier). Ce mois-ci, une grande soirée organisée en l'honneur de Rue de Rome (éditions Des femmes, 2006)... par une banque située... rue de Rome ( ! ) a connu un succès remarquable. L'auteur dédicacera celui de cette année jeudi 7 juin à partir de 18 h à la librairie Le Divan dans le 15ème... elle vous attend...Extrait de Res Nullius : "La quatrième nuit, celle du Nord, on est passé de l'hiver à l'automne, les vignes autour du hogan avaient roussi, et le ciel somptueux, bleu et rouge, s'enflammait. Alors que ma grand-mère avait retrouvé des cheveux longs, châtains, qu'elle avait remontés en chignon derrière sa tête, nous avons mangé des nourritures étranges. Après le temps s'est arrêté sagement, et Arnaud a passé quatre nuits à faire díimmenses peintures de sable quíil détruisait au matin en les dispersant dans le vent." P.J.

Avec l'espoir de susciter votre curiosité avec l'un, l'autre, ou les deux de ces livres...

Bien à vous

16/05/2007

"Gravidanza" d'Antoinette Fouque, préfacé par Alain Touraine - Essais de féminologie II

"Gravidanza" - le second tome des essais de féminologie d'Antoinette Fouque - Préface d'Alain Touraine

Antoinette Fouque est une figure éminente de la lutte des femmes depuis les années 70. Son livre, "Gravidanza", regroupe une série d’essais de « féminologie » qui retracent le combat mené depuis la création du MLF (mouvement de libération des femmes) qui fut à l’origine d’une avancée sociale, culturelle, politique et symbolique.

La grossesse est au centre de la pensée d’Antoinette Fouque. Ses essais de « féminologie » permettent l’émergence d’une nouvelle pensée sur la femme. Elle critique la théorie freudienne de « l’envie de pénis » en affirmant, face à celle-ci, l’existence de l’envie d’utérus, qui se traduit notamment, chez les hommes, par la tentative de maîtriser et de contrôler ce qui leur échappe : l’engendrement, cette expérience unique que la femme découvre dans la grossesse par le biais de ce lieu utérin qui porte la mémoire humaine de la nuit des temps. Ce livre nous propose de revisiter la psychanalyse : il critique l’affirmation d’une libido unique, mâle, qui donne lieu au célèbre postulat de Lacan : « La femme n’existe pas. » Antoinette Fouque affirme que faire un enfant existe, a existé et existera, et rappelle que les femmes, avec une sereine et muette insistance, continuent le mouvement infini de l’humanité.

"Gravidanza" nous permet de percevoir, par le biais d’une analyse historique et conceptuelle, la possibilité de mutation d’une culture à une autre. Antoinette Fouque signe un acte de création et de libération à caractère révolutionnaire pour notre société. Cette voie nouvelle, d’une rare ouverture et modernité, est l’espérance d’un nouveau contrat humain, comme le souligne Alain Touraine dans la préface.

Cofondatrice du MLF, créatrice du groupe « psychanalyse et politique » et des éditions Des femmes, directrice de recherche à Paris VIII et psychanalyste, Antoinette Fouque a été députée au parlement européen (1994-1998). Elle a publié "Il y a deux sexes", premiers essais de féminologie en 1995 (Gallimard, « Le Débat », édition revue et augmentée en 2004).

"Am See" de Catherine Weinzaepflen

Am See
Catherine Weinzaepflen


Première édition : 1985 (Flammarion)

Office 16/05/2007

Am See est un roman épistolaire : un échange de lettres entre deux personnages, Camille et Dominique. On ne connaîtra jamais ni la nature de leur relation, ni même leur identité sexuelle : le texte, en évitant les accords d’adjectifs ou de participes passés, prendra soin de ne pas lever l’ambiguïté des prénoms choisis.
Les deux personnages essaient de convenir d’un lieu pour se retrouver. Tout au long des lettres seront décrits des maisons, des paysages, des villes : à chaque lettre son lieu, son atmosphère, son charme propre. Mais la rencontre ne se produira pas : les paysages décrits constituent alors l’espace virtuel de la relation entre Camille et Dominique.
Am See, (« Au bord du lac », cliché germanique de la villégiature) est une invitation au voyage, ou plutôt une rêverie autour du voyage : autour de lieux attirants, mais jamais rejoints ; autour d’une rencontre désirée, mais pourtant toujours évitée.

La première version du texte Am See, intitulé La Parole nomade, a été mise en onde sur France Culture en 1980. Am See a été publié pour la première fois en 1985 aux éditions Flammarion.

« Catherine Weinzaepflen cultive la simplicité du style, les phrases courtes, l’économie, le dépouillement. » Josyane Savigneau, Le Monde des livres, samedi 12 janvier 1985.

« L’art et le talent de Catherine Weinzaepflen résident dans son écriture, créatrice d’une atmosphère captivante où tout est suggéré et rien précisé, où les mots coulent comme l’eau (omniprésente dans le livre), s’insinuent, murmurent ou s’enflent et nous tiennent sous le charme. » Michelle Gautheyrou, Le Figaro, 8 mars 1985.

« Seule l’idée de partir et de s’établir ailleurs se dégage avec force dans ces lettres sensibles et oniriques. » Michel Ehrsam, La Croix, 9 février 1985.

« Pas une description qui ne nous émeuve. Nous ne pouvons nous retirer de cette lecture qui nous balade d’un point à l’autre de notre univers intérieur. Quel voyage ! » Jean David, VSD, 1985.

Catherine Weinzaepflen a publié ses premiers livres aux Éditions Des femmes : Isocelles (1977) et La Farnésine, jardins (1978). Romancière et poète, elle est également l’auteure, entre autres, de Portrait et un rêve (Prix France Culture 1983), L’Ampleur du monde, Totem (Flammarion), Ismaëla (Atelier des Brisants), Les Mains dans le jaune absent (Éditions du Scorff). En 2006, elle a reçu le prix Brantôme pour son roman Orpiment (Des femmes-Antoinette Fouque).

"Accrochages, conflits du visuel" de Jean-Joseph Goux

Accrochages. Conflits du visuel
Jean-Joseph Goux


Office 16/05/2007

Accrochages est un recueil d’articles écrits entre 1989 et 2005. Suivant différents angles d’attaque, mais reliés par le même fil conducteur théorique, ils ont tous pour but d’élucider les conflits du visuel qui ont traversé le siècle qui vient de s’écouler et se prolonge dans celui qui commence. Y est abordée la question de l’image dans sa dimension esthétique, mais aussi politique, philosophique, théologique. L’image au XXe siècle, un siècle explosif : secoué par l’art moderne avec ses défigurations cubistes et ses échappées non-figuratives, décontenancé par la psychanalyse avec ses forages dans la profondeur des images oniriques, bouleversé par la nouveauté des moyens mécaniques de saisie de l’apparence des choses et des êtres (photographie, cinéma), le siècle passé a connu la refonte complète de la visualité gréco-romaine et renaissante. Ces articles s’attachent tous à montrer comment, en quelques décennies, le régime visuel a basculé dans une nouvelle ère.

Jean-Joseph Goux est philosophe et professeur à l’université de Rice (USA). Il a été directeur de programme au Collège International de Philosophie et professeur associé à l’École des Hautes Études en sciences sociales. Il a publié de nombreux ouvrages, parmi lesquels Économie et symbolisme (1973), Les iconoclastes (1978), et Œdipe philosophe (1990). Entre philosophie, économie, psychanalyse et esthétique (littérature et arts plastiques), son travail trace le champ d’une « économie symbolique ».

15/05/2007

PROGRAMME HISTOIRE / SOCIETE

Re-Bonjour,

Suite à mon courriel "Bibliothèque des voix", je souhaite vous informer de la naissance de la "Bibliothèque des regards" aux Editions Des femmes.

Maître Georges Kiejman a inauguré cette nouvelle collection en partenariat avec les Editions Montparnasse en choisissant notre maison pour publier "Les grands procès de l'histoire". Dans ce DVD, nous pouvons voir le célèbre avocat nous raconter trois procès historiques : l'affaire Caillaux (un procès politique), l'affaire Kravchenko (un procès idéologique) et le procès Pétain (une affaire d'Etat). Un DVD essentiel, idéal pour tous.

Par ailleurs, je vous rappelle que Monia Haddaoui, la maman de la jeune femme lapidée à Marseille en 2004, aujourd'hui apaisée par l'issue du récent procès des meurtriers de sa fille, a choisi les Editions Des femmes pour éditer son livre choc "Ils ont lapidé Ghofrane" au sein de la collection "Témoignage". Encore brûlant d'actualité.

... J'attends impatiemment votre intérêt/vos réactions sur le DVD de Georges Kiejman et/ou sur le livre de Monia Haddaoui, vos demandes de complément d'information etc

Restant à votre disposition

14/05/2007

BIBLIOTHEQUE DES VOIX

Bonjour,

Nouvelle attachée de presse des Editions Des femmes, j'ai le plaisir de vous informer des huit livres audio (ou CD-livres) du printemps 2007, qui se répartissent comme suit :

Bibliothèque des voix des auteurs :
"La dernière femme" lu par Jean-Paul Enthoven
"La vie parfaite" lu par Catherine Millot
"Faire l'amour" lu par Jean-Philippe Toussaint
"Fritna" lu par Gisèle Halimi

Bibliothèque des voix des Voix :

"La maladie de la mort" de Marguerite Duras lu par Fanny Ardant
"Mélodrames romantiques" (Liszt, Schumann, Schubert) interprétés par Daniel Mesguich et Cyril Huvé
"Simplement compliqué" de Thomas Bernhard lu par Jacques Frantz
"L'excursion des jeunes filles qui ne sont plus" de Anna Seghers lu par Ariane Ascaride

"En 1980, j'ai eu envie de faire une "bibliothèque des voix". A l'époque, il n'y en avait pas en France et très peu, non plus, ailleurs. Je voulais dédier ces premiers livres parlants à ma mère, fille d'émigrants, qui n'est jamais allée à l'école, et à ma fille qui se plaignait encore de ne pas arriver à lire, et à toutes celles qui entre interdit et inhibition ne trouvent ni le temps, ni la liberté de prendre un livre.
Je crois que par l'oreille on peut aller très loin... On n'a peut-être pas encore commencé à penser la voix. Une voix, c'est l'Orient du texte, son commencement. La lecture doit libérer, faire entendre la voix du texte -qui n'est pas la voix de l'auteur-, qui est sa voix matricielle, qui est dans lui comme dans les contes le génie est dans le flacon. Voix-génie, génitale, génitrice du texte."
Antoinette Fouque

Formant des voeux pour que ces titres de livres audio sachent attirer votre attention, je me tiens à votre disposition pour tout complément d'information sur "La Bibliothèque des voix".

Cordialement

10/05/2007

"Res Nullius" de Pomme Jouffroy

Res nullius

Pomme Jouffroy


Office 10/05/2007

Un soir, regardant par la fenêtre, Arnaud surprend une femme dans son intimité. Il se découvre voyeur, puis amoureux. Pourtant cette femme pourrait être sa mère. Après l’avoir observée plusieurs fois en cachette, un jour il la rencontre, et lui dit : « Vous êtes la plus belle femme que j’aie jamais vue. » Elle s’appelle Hélène. Il naît entre eux une relation amoureuse, qui prend pour lui la forme d’un apprentissage : apprentissage de l’amour, apprentissage de la vie. Le récit, raconté par lui, puis à la troisième personne, nous offrira d’entrer brièvement, le temps d’un chapitre, dans ses pensées à elle, de découvrir le versant féminin de la relation.

Cette première histoire est entrecoupée par une seconde qui commence au troisième chapitre : celle de Paul (personnage-narrateur) et de Majnouna, son arrière-grand-mère. Majnouna est un surnom, qui signifie « la folle ». C’est ainsi que l’ont rebaptisée des membres de sa famille : parce qu’elle a eu la sagesse de comprendre que la proche disparition du pétrole allait bouleverser l’organisation mondiale, et qu’elle a réorganisé sa vie en vue de ce grand bouleversement. Paul trouve refuge auprès de Majnouna qui lui apprend tout ce que ses parents ne lui ont jamais appris : les livres, la cuisine, les chevaux, l’affection, les souvenirs, la valeur des choses. Son apprentissage se fait aussi auprès de ses cousins, tous engagés dans le cirque de ses parents. Mais Majnouna est très âgée, et Paul risque de la perdre. Juste avant de mourir, elle l’emmène dans un long voyage : elle veut lui faire voir le monde avant de s’en aller.

Ces deux histoires ont un point commun : grâce à une femme, un garçon et un jeune homme font l’apprentissage de la vie, ouvrent les yeux sur ce qui jusqu’alors leur était inconnu, et qui va pour toujours élargir leur horizon. Or ces deux histoires se rejoignent : le lecteur découvre progressivement que ces deux femmes n’en sont qu’une, racontée à deux périodes de sa vie. Et Arnaud réapparaît à la fin de la vie d’Hélène-Majnouna, pour l’aider à partir.

Dans un style dynamique et percutant, Pomme Jouffroy imagine deux périodes de la vie d’une femme, la première dans une France actuelle, la seconde dans une France d’après le pétrole : une femme vue à travers le regard de deux hommes, deux regards émerveillés qui font d’elle un personnage quasi mythique. Mais aussi un personnage miroir, puisqu’il renvoie au lecteur un regard très pertinent sur notre monde.

Pomme Jouffroy est chirurgienne à l’hôpital Saint-Joseph à Paris. Elle a publié un essai en 2002, Il n’y a plus d’hôpital au numéro que vous avez demandé… (Plon), et deux romans : Les Immortelles (Éditions du Palmier, 2005) et Rue de Rome (Des femmes-Antoinette Fouque, 2006).

"La cape magique" de Lou Salomé, préfacé par Stéphane Michaud

La cape magique
Lou Andreas-Salomé

Traduit de l’allemand par Stéphane Michaud.
Préface de Stéphane Michaud.

Office 10/05/2007

Un nain s’introduit à minuit, l’heure des esprits, au domicile d’une petite fille dont les parents sont sortis. Elle espérait ouvrir à une fée… dont elle attendait qu’elle donne vie à sa poupée. Mais, puisqu’il proteste de pouvoirs magiques et promet de réaliser son désir d’animer la poupée, elle lui accorde de rester. L’autorisation est confirmée par la famille lorsqu’elle vient à rentrer. Le mystère plaide en faveur du nain : il se dit d’antique lignage, prétend entretenir une intime complicité avec le monde invisible. Bientôt il se vantera de disposer d’une cape magique, qui rendrait invisible.
Le nain apparaît bientôt comme une figure de l’artiste, et c’est en fait autour de la création que tourne cette pièce de théâtre : le nain est un passeur, il préside au trajet qui conduit du monde visible au monde invisible. Consacré à la création, il est privé des relations humaines qui s’offrent à lui : il renonce par exemple à l’amour d’une femme, préférant en faire sa créature pour la donner à un autre. Cette pièce qui se présente comme une fantaisie renferme alors une certaine gravité : le nain-créateur reste inéluctablement solitaire parmi les hommes, et, parfois, paralysé devant son désir de créer.

« Nos deux mondes s’excluraient donc ! L’un met l’autre en fuite. Ils sont de trop au même endroit, chez les hommes. Peut-être, peut-être est-ce là la raison pour laquelle mon monde prend si facilement et si volontiers des airs de mascarade, de folie, de jeu et de fabulation… »
L. A.-S.

Lou Andreas-Salomé (Saint-Pétersbourg, 1861 - Göttingen, 1937) fut, par sa grande intelligence et son amour de la liberté, une figure capitale de la pensée de son temps. Elle a publié son premier livre à vingt-trois ans. Elle est surtout connue en France pour sa participation au mouvement psychanalytique en ses débuts et pour les textes qui suivirent sa rencontre avec Freud, en 1911. Disciple de celui-ci, elle n’en défendit pas moins des positions théoriques dues à ses propres travaux antérieurs sur la théologie, la littérature, les questions du narcissisme et de la féminité.

02/05/2007

Madeleine Chapsal, reconnaissante aux éditions Des femmes

Texte de Madeleine Chapsal recopié du catalogue des trente ans des Editions Des femmes :

DSCN6311_JPG_Madeleine_Chapsal.JPG

Avant que les Editions des femmes soient fondées, écrire "sérieusement" n'était pas accordé aux femmes.
 
Dès que nous pouvions tenir une plume, nous étions en charge de la correspondance - à nous de transmettre les nouvelles au reste de la famille quand internet, le portable n'existaient pas mais que les liens du sang continuaient de s'imposer.
 
Nous étions également affectées aux comptes, de la maison, du commerce familial, aussi à faire répéter leurs devoirs aux enfants, toutes activités qui demandent de l'écriture - une écriture sage et normalisée.
 
Mais pour ce qui est de l'expression littéraire proprement dite, si elle existait chez certaines, elle était vouée au secret, à la clandestinité, réservée non sans danger à la rédaction d'un journal intime...
 
J'en ai couvert des cahiers entiers, prudemment enfouis dans mes tiroirs. Quand survinrent quelques "ovnis" : Sagan, Mallet-Jorris... De jeunes amazones qui dès leur premier essai ont renversé la donne : les femmes aussi pouvaient écrire, être publiées, avoir du succès, choquer, en somme écrire "comme des hommes".
 
Mais pouvaient-elles encore écrire "comme des femmes" ?
Ce sont les Editions Des femmes qui nous l'ont révélé. Je me souviens de ma stupéfaction enthousiaste lorsque j'ai découvert les premiers textes publiés par Antoinette Fouque et son équipe : des fragments de sensibilité, d'émotion, des cris, des aveux, de l'impudeur... Tout ce que j'écrivais dans ùmon journal et que je croyais non montrable sortait ainsi au grand jour !
 
Tout ce qui jusque-là me paraissait devoir être refusé par n'importe quel éditeur tant je le jugeais moi-même scandaleux et informe - inutile donc de le leur présenter Rappelons-nous qu'il n'y avait alors que des hommes à la tête des maisons d'édition.
 
Or c'était ces textes mêmes, certains inachevés comme leurs auteurs alors brimées, que les Editions Des femmes approuvaient, admiraient, encourageaient, imprimaient et tant pis si, au début, elles ne les vendaient guère.
Ces audacieuses avaient un but, un objectif qui relevait de la mission : mettre en plein jour l'être féminin dans sa complétude et sa splendeur.
Car écrire et se voir publier est ce qui permet le plus d'accéder à sa propre vérité et à son identité. Afin par la suite de communiquer, partager ce que l'on est avec autrui.
Une réalisation d'autant plus puissante que l'entreprise était collective : nous prenions conscience, chacune dans notre coin, que nous n'étions pas seules à oser penser, écrire de la sorte, c'est-à-dire au féminin. Sur les rayons des bibliothèques, à la vitrine des Editions Des femmes, nous nous découvrions nombreuses à éprouver des sentiments réprouvés, à désirer l'inadmissible, à vouloir ce que nous imaginions être impossible, une autre façon d'exister et d'aimer pour les femmes.
Avec l'espoir commun de sortir de la souffrance parfois atroce de la vie étouffée qui nous était imposée par un système qu'on pouvait qualifier de "macho".
C'est ainsi, grâce aux Editions Des femmes, que beaucoup d'entre nous ont pu se convaincre qu'elles n'étaient pas des folles - mais des écrivains.
Le temps a passé. Jamais nous ne remercierons assez ces femmes qui ont consacré la plus grande part de leur vie à ouvrir les prisons dans lesquelles croupissaient encore le coeur, l'esprit et le talent de tant de femmes.
Aujourd'hui, lorsqu'elles y sont déterminées, les femmes ont une bien plus grande possibilité de s'affirmer dans tous les domaines. Quoique le combat ne doive pas se relâcher - il prend souvent des formes sournoises - , nous voici en marche accélérée vers la justice, c'est-à-dire vers la parité.
Et si nous ne publions pas toutes aux Editions Des femmes, nous devons toutes savoir à quel point cette entreprise a contribué contre vents et marées à nous permettre d'empoigner l'arme capitale pour la liberté de chacun et de tous : d'évidence, c'est l'écriture.
Merci à toutes.
M.C.