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03/11/2008

Alina Reyes, poète (biobibliographie)

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Alina REYES, écrivain
(illustre par ses poèmes l’exposition « Nus et or » de Sophie Bassouls)

Blog : http://amainsnues.hautetfort.com
Alina Reyes est née en 1956 près de Bordeaux. Elle est l’auteur du Boucher (Seuil, 1988), traduit en 25 langues. Elle a notamment publié Quand tu aimes il faut partir (Gallimard, 1993), Derrière la porte (Laffont, 1994), Il n’y a plus que la Patagonie (Julliard, 1997), et aux éditions Zulma : Poupée, anale nationale (1998), Corps de femme (1999), Ma vie douce (2001), Une nuit avec Marilyn (2002), Politique de l’amour (2002) et La Dameuse (2008)

Bibliographie détaillée :
Alina Reyes est née en 1956 près de Bordeaux. En milieu populaire, communiste. Enfance et adolescence à Soulac-sur-Mer (racontée dans Le chien qui voulait me manger et dans Ma vie douce). Interne à Royan où elle choisit d'apprendre le grec ancien, elle commence à tenir son journal en I968. Quitte le lycée avant le bac, années de bohème. En 1981, mère de deux garçons, elle s'installe à Bordeaux où elle reprend ses études : journalisme et lettres (DEA). Collabore à la presse locale (écrite et radiophonique), fait des remplacements de professeurs en collège. En 1988, publie le Boucher. Dans les années suivantes, vit à Montréal, puis à Paris et dans les Hautes-Pyrénées. Naissance de ses deux derniers fils en 1994 et 1996. Depuis son premier roman, Alina Reyes construit une œuvre littéraire marquée par le questionnement du corps revendiqué comme acte politique : l'érotisme ou le refus de la chair y traduisent l'aspiration de l'être à une difficile, voire impossible, libération. (cf. en particulier Poupée, anale nationale, mais aussi Lilith, Nus devant les fantômes - Franz Kafka et Milena Lesenska...). Aborde par ailleurs la question sociale à travers des livres autobiographiques tels que : Quand tu aimes il faut partir, Moha m'aime ou Ma vie douce, journal 1979-2000). Poursuit, parallèlement, une activité de chroniqueuse (entre autres dans Le Devoir, à Montréal, puis à Libération magazine, Globe, Pyrénées magazine, Edelweiss, à Genève, etc). Nombreuses publications dans la presse écrite, quotidiens et magazines ; collaborations à des revues littéraires (L'Infini, Supérieur Inconnu, Le Passant ordinaire, Inventaire/Invention, revue sur Internet, qui publie son premier long poème, Autopsie) ; lectures et conférences en Europe et aux Etats-Unis. A réalisé un court-métrage, Métamorphoses, dans la série « L'érotisme vu par (des écrivains) », pour Canal + en 2001
Derniers livres parus : Forêt profonde (Le Rocher, 2007) ; La jeune fille et la Vierge (Bayard, 2008) ; La Dameuse (Zulma, 2008).


01/11/2008

Eve Ensler publie "Souvenir, monologue, pamphlet, prière" (parution 26.02.09)

eveensler.jpgSouvenir, monologue, pamphlet et prière
Eve Ensler et Mollie Doyle

ISBN : 978-2-7210-0585-4
Format 13.5 x 21 cm – Environ 200 pages – 18 €

Office 26/02/2009

Souvenir, monologue, pamphlet et prière est un recueil de textes sur les violences faites aux filles et aux femmes. À l’origine, ces textes ont été écrits pour être mis en scène à l’occasion du festival « Until the violence stops » organisé à New York en 2006.
Ils ont été sélectionnés par Eve Ensler, auteure des Monologues du vagin et fondatrice du mouvement V-Day, qui lutte contre les violences faites aux jeunes filles et aux femmes, et par Mollie Doyle, écrivain, directrice de publication et productrice de pièces de théâtre et d’émissions télévisées.
La plupart de ces textes ont été écrits par des auteurs reconnus et impliqués dans la lutte pour le respect des droits de l’homme et de la femme. Les expériences relatées couvrent un large spectre de sujets : Maya Angelou aborde le travail des femmes, Dave Eggers les enlèvements d’enfants au Soudan, Carol Gilligan la violence conjugale, Edward Albee le sadomasochisme.

L’originalité de ce recueil réside dans la diversité des genres et des styles d’écriture. Poèmes, lettres, conversations et pièces de théâtre se succèdent convoquant tour à tour indignation, tristesse ou désespoir. Une partie de l’œuvre est également consacrée au mouvement V-Day et aux différentes manières de s’impliquer dans la lutte contre les violences faites aux filles et aux femmes. Cette fondation fête cette année ces dix ans d’existence et de luttes à travers une série d’événements aux quatre coins du monde.

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"Tableau d'honneur" de Guillemette Andreu (parution 19.02.09)

guillemette.jpgTableau d'honneur
Guillemette Andreu

ISBN : 9-782-7210-0596-0
Format 13.5 x 21 cm – Environ 100 pages – 13 €

Office 19/02/2009

« ״Voyons Lise, vous êtes intelligente, servez-vous en…״ On venait, par magie, de lui donner la clé d’un trésor. Lise se jeta dans la lumière, elle était intelligente, c’était la solution du problème, pour elle de tous les problèmes. Désormais, l’intelligence serait son arme, un refuge, sa fierté. D’autres enfants pouvaient avoir des robes, des souliers chers ; de bonnes dames lui faire l’aumône et la morale, certaines interdire à leurs filles de la fréquenter, ni l’humiliation ni l’injustice ne lui seraient plus jamais aussi amères. »
Lise, orpheline de mère, abandonnée de père, s’arrache peu à peu à l’enfance, à la tendresse d’une grand-mère meurtrie par la vie, aux amours adolescentes de Marthe, Lise et Antoinette, pour partir vers sa vie d’adulte.
Une enfance française est un roman d’apprentissage qui se situe au lendemain de la guerre de 14 avec, pour toile de fond, des familles en deuil et la misère urbaine du Nantes de l’après-guerre. C’est le roman de formation d’une fille courage, où les femmes affrontent le combat du vivre.

Maglione se souvient de sa première exposition à la Galerie Des femmes (1981)

T7_1.jpgTexte recopié du catalogue des trente ans des Editions Des femmes :
En décembre 1980, la Librairie des femmes, 74 rue de Seine, à Paris, ouvre son espace à la première galerie de femmes en Europe, pour faire connaître les artistes femmes, longtemps ignorées dans l'histoire de l'art, et trop souvent encore aujourd'hui.
 
Petit jardin
 
Milvia Maglione 1er janvier / 28 février 1981
"J'ai fait ma première exposition personnelle en 1960 à Milan, puis en Europe, et à la Galerie des femmes en 1981. J'en ai en quelque sorte fait l'inauguration : c'était le premier accrochage et le premier vernissage. Puis j'ai participé à) plusieurs expositions collectives de la Galerie : en Avignon, à Apt... Mais ma première rencontre avec des femmes remonte à 1975, lorsqu'une amie de Milan, Erica Kaufman, m'a parlé de son livre Transfert qui allait être publié en France. Elle voulait que je fasse la couverture. J'ai pris contact avec les Editions et c'est comme ça que j'ai connu Antoinette. Par la suite, j'ai fait d'autres couvertures de livres et aussi des affiches pour la maison d'édition féministe italienne, la Tartaruga. En 1976, j'ai participé à une exposition de femmes, Combative acts, profiles and voices, à New-York.
La Galerie des femmes était une grande chance pour nous les femmes artistes, c'était un rêve qui se réalisait. Ainsi, quand mes toiles ont été présentées, avec d'autres, sur le stand de la Galerie à la FIAC, mon travail a fait un bond. C'était une opportunité extraordinaire."
M.M.. Paris, février 2005

31/10/2008

Pour un Grenelle des Femmes

Communiqué du 31 octobre 2008

40 ans du MLF, suite

L’année 2008 se termine sur de forts contrastes. Deux exceptions distinguent la France : la double performance des femmes et la laïcité.
- Les femmes françaises sont les championnes européennes de la fécondité et de l’engagement professionnel : 80% des Françaises travaillent et font plus d’enfants que la moyenne européenne (2 par femme).
- Cette victoire est précaire puisque la situation économique et sociale est à la crise. Les femmes, représentant 80% des familles monoparentales, ayant les emplois les plus précaires, seront les premières victimes de la récession et de la dépression. Face à ce danger, la vigilance est nécessaire.
- Le Grenelle de l’environnement a exprimé une volonté politique pour l’écologie. Le premier environnement de l’être humain est le corps d’une femme. La place faite aux femmes dans la société doit en tenir compte. Population ressource, les femmes sont les actrices principales et forces dynamiques des processus de démocratisation. L’autre exception française, la laïcité - modernisée par l’intégration des droits des femmes - donne à ces processus toute leur dimension éthique. Pour conserver et améliorer nos acquis et arrêter les régressions qui nous menacent - du retour des femmes à la cuisine à leur retour à la religion - Antoinette Fouque, Présidente de l’Alliance des Femmes pour la Démocratie, propose une mobilisation nationale sous la forme d’un Grenelle des femmes.

Contact : Jacqueline Sag de l'Alliance des Femmes pour la Démocratie : alliance.des.femmes@orange.fr
ou Guilaine Depis, attachée de presse d’Antoinette Fouque (06.84.36.31.85)

30/10/2008

Joël Schmidt, excellent lecteur des "Obscures" (Réforme, 30.10.08)

schmidt.jpgREFORME 30 oct/5 nov 08

EXORCISMES. Quatre romans qui font appel des ombres, des stérilités, des tromperies, des noirceurs, de l'identité perdue...

FIN DE MONDES ?

(...)

YASHAR, LA TCHERKESSE

Le roman de Chantal Chawaf, "Les Obscures", porte bien son titre, transportant la narratrice, Lise, abandonnée par son époux, d'origine turque, qui lui a laissé une fille, Yashar, au bord des eaux noires d'un lac quasi méphitique, issu de quelques mythologies nordiques, et au coeur d'une banlieue ténébreuse, hostile et dangereuse.

Dans ce climat de haines sournoises, Yashar, la Tcherkesse, la fille des steppes, semble se confondre peu à peu à la désolation des lieux, visqueux, marécageux, rebelle, violents, au bord d'une démence provocatrice, révoltée et sauvageonne qui est à l'avers absolu d'une lucidité trop éblouie. Lise développe dans une série d'hallucinations visionnaires, rêveuses et auditives, tout ce qui dans sa condition de femme a pu la heurter au point que le lac la renvoie à ses humeurs, à l'humide, aux secrets et à l'effroi du corps féminin.

De cette noirceur apparente jaillit par éclairs plus ou moins étendus un appel à une libération de Yashar, condamnée aux camisoles, alors que l'amour, la compréhension, la liberté, et non point l'enfermement, sont les seuls remèdes à cette femme et à sa mère de substitution pour échapper au monde totalitaire d'une banlieue tyrannique. En apposant et en opposant ces deux femmes à cet univers stérile, Chantal Chawaf joue le clair-obscur magistral d'une partition romanesque qui, dans sa symbolique et son emblématique, pétries par nos terreurs contemporaines, n'a, une fois encore, pas d'égale dans notre littérature. (...)

Pépita Dupont fait "le jour où" d'Antoinette Fouque dans Paris Match !!

AF.jpg« Je rêve maintenant d’un Grenelle pour les femmes.. », dit Antoinette, photographiée ici en 1988.

PARIS MATCH du 01 Novembre 2008 - 12:09
Le jour où... le MLF est né dans un petit studio. Par Antoinette Fouque
Récit. J’étais heureuse dans ma vie d’épouse et de mère mais je me sentais transparente dans la vie publique. Le 1er octobre 1968, nous nous sommes réunies dans un appartement prêté par Marguerite Duras pour "vider notre sac"...

Le jour où... Propos recueillis par Pépita Dupont

Je suis une jeune intellectuelle de 31 ans, prof de lettres,en thèse avec Roland Barthes et j’écris un peu pour « La Quinzaine littéraire ». Mariée depuis neuf ans, je suis mère d’une petite Vincente, âgée de 4 ans, que j’ai désirée. Jusqu’à sa naissance, je croyais que nous étions égaux, filles et garçons, mais à l’occasion de cette grossesse je me suis aperçue que c’était moi qui avais fabriqué cette enfant. J’ai une santé fragile, et j’ai passé neuf mois à lutter contre l’angoisse. Celle de toutes les ­futures mères, car à l’époque il n’y avait pas d’échographie. J’ai accouché d’une très jolie petite fille mais je sais que si on met au monde un garçon, dans la culture méridionale à laquelle j’appartiens, on ­entre dans le patriarcat. On fait partie de la société du père et du fils, on est la Vierge Marie. Quand on met au monde une fille, c’est différent. Alors je m’interroge : « Qu’est-ce qu’une femme ? »

En janvier 1968, Josiane Chanel, une de mes amies, me présente ­Monique Wittig dans un bar de l’Odéon. C’est déjà un écrivain reconnu, elle a reçu en 1964 le prix Médicis pour « L’Opoponax ». Elle est en train de traduire « L’homme unidimensionnel » de Marcuse. Elle m’avoue qu’elle souffre terriblement de se sentir disqualifiée. Jamais elle n’apparaît sur les photos des auteurs du Nouveau Roman. Il n’y en a que pour les hommes. Monique me dit : « C’est pas possible, il faut qu’on se révolte. » Ça tombe bien, je suis d’accord. Nous partageons la même colère contre la misogynie ambiante.

Dans le milieu intellectuel que je fréquente, je me sens transparente. A la maison, j’ai un mari merveilleux, mais à l’extérieur je cherche ma vérité, dans la philo, la psychanalyse. Or Freud dit dans ses textes qu’à 30 ans une femme est vieille. Je me sens pourtant très jeune, très dynamique. Je veux comprendre pourquoi il n’y a pas de femmes sur les bancs de l’Assemblée nationale. Et puis 1968 arrive. Le 13 mai, avec Monique, Josiane et d’autres amies, nous créons un comité révolutionnaire d’action culturelle. Bulle Ogier, Danièle Delorme, Nathalie Sarraute, André Téchiné, Marguerite Duras, Michèle Moretti, Umberto Eco, Maurice Blanchot viennent nous soutenir. Il y a aussi Agnès Varda. Imaginez-vous qu’à l’époque elle était la seule femme cinéaste !

Le 1er octobre, jour de mon anniversaire, on se réunit dans un petit studio prêté par Marguerite Duras rue de Vaugirard. Nous sommes une trentaine de femmes de 16 à 33 ans. Chacune à tour de rôle prend la parole. Et apparaissent des choses qui ne peuvent se dire qu’en l’absence des hommes. Une avocate parle de sa mère qui a été battue par son père, une autre de son oncle, un photographe célèbre, qui l’a violée. Monique, elle, dénonce le culte de la virginité. Cela ressemble un peu aux « Monologues du vagin » avant l’heure. Par la parole, nous faisons tomber des tabous. Nous ne ­voulons plus avorter de manière sanglante, ni accoucher dans la douleur, faire des enfants que nous ne désirons pas, que l’on nous interdise d’entrer à Polytechnique, ou ceci ou cela. Il y a des rires, des larmes, une liberté d’adolescence.

C’est dans cette effervescence enivrante qu’est né le MLF. Au début, nous étions trois, puis on a été vingt. On nous traitait de folles mais, lorsque nous avons été des milliers, certains ont commencé à avoir peur et à se méfier. Evidemment, tous les hommes de cœur sont venus avec nous. La lutte que nous avons menée au MLF, je le dis, n’était pas contre nos compagnons, c’était une révolution des mœurs. Mon mari m’a toujours soutenue car pour lui cela allait de soi. Ma mère aussi venait à toutes nos manifs. Elle était analphabète.

Bio express
1936 Naissance le 1er octobre à Marseille.
1968 Cofondatrice avec Monique Wittig et Josiane Chanel du MLF. Animatrice du groupe Politique et Psychanalyse.
1973 Créatrice et fondatrice des éditions Des femmes.
1994 Députée européenne.
2008 Auteur de « Génération MLF. 1968-2008 », éditions Des femmes.

22/10/2008

Michèle Fitoussi félicite Antoinette Fouque pour son oeuvre !! (Télégramme de Brest)

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« Face à l’universalisme qui prône que la femme est un homme comme les autres, j’ai toujours défendu la différence des sexes qui joue sur un point essentiel : le fait de créer un enfant. Dans le monde entier, les femmes sont martyrisées parce qu’elles font des enfants. En
France, les entreprises les disqualifient à cause de ça. On marche sur la tête ».

Antoinette Fouque, qui a été députée au Parlement européen, rêve d’un Grenelle des droits de la femme « où on remettrait tout à plat en évitant de traiter la question des femmes par morceaux ».

Michèle Fitoussi

Le Télégrame de Brest , 22 octobre 2008

21/10/2008

Le Parisien de l'Essonne (Benjamin Jérôme) a aimé Les Obscures !

283427_9593066-o_150x113.gif Grigny - Viry-Châtillon
Littérature : Chantal Chawaf raconte le lac et la cité Benjamin Jérôme | 21.10.2008, 07h00

SOUVENT Chantal Chawaf attrape ses clés de voiture, son écharpe et part visiter les alentours. On peut la croiser se promenant dans le sud du département, en forêt de Sénart ou à proximité des pistes d’Orly. « Je suis une nomade », explique-t-elle. Mais son coup de coeur, ce sont les trois étendues d’eau de Viry-Châtillon et de Grigny.

Le lac et l’Essonne figurent d’ailleurs en bonne place de son dernier et vingtième roman publié récemment : « les Obscures ».

Auteur reconnue, Chantal Chawaf travaille dans le très chic VI e arrondissement, garde un pied-à-terre dans le XVI e . Mais elle ne pense qu’à s’évader et à rejoindre, le plus souvent possible, l’appartement qu’elle possède près des tours de Grigny 2. Il y a trente ans, elle s’est installée là pour la nature. « J’étais amoureuse du lac. Je n’ai vu que cela », se souvient-elle. Puis, elle prend conscience des immeubles qui l’entourent. « Ce que les gens appellent un ghetto avec un certain racisme et une certaine ignorance. Moi, je me trouve bien ici. » Elle parle de la diversité des cultures sans nier la violence des rapports humains. « Quand quelqu’un fait quelque chose de mal devant moi, je lui dis. Les gens respectent cette franchise. Une seule fois, on m’a dit : Tu n’es pas chez toi ici.»

Le roman se veut avant tout social

Cette coexistence entre nature et cité nourrit le livre « les Obscures ». Une jeune femme délaissée par son mari turc s’engourdit dans la solitude. Un jour, elle doit accueillir chez elle sa belle-fille : une Turque de 17 ans, récemment arrivée en France, à la fois perdue et révoltée. Une relation complexe se noue entre les deux femmes abandonnées sur fond de nature verdoyante. Bien que jalonné d’évocations bucoliques du lac et de ses crapauds, le roman se veut avant tout social. En arrière-plan, se dessinent les émeutes et la police, la peur de l’autre, les problèmes d’intégration ou encore le machisme de la société, un machisme intégré par les femmes. « Cette ville et ces problèmes méritent aussi qu’on y mette la littérature, la poésie, les mots. C’est un livre d’amour, de ce lieu, de cette population, de ce lac. »

* « Les Obscures », Edition des Femmes, 18 €.

19/10/2008

La Marseillaise reconnaît la Mère !! (Quatrième de couverture par Emmanuelle Barret, 19 octobre 08)

port-marseille-vierge-coucher-soleil-ag.jpgLa mère du MLF

Peu de temps après les première réunions en 1968, Antoinette Fouque, qui suit les Séminaires de Jacques Lacan et démarre une analyse
avec le «maître », mène le groupe de réflexion « Psychanalyse et politique » au sein du mouvement. « L’inconscient prend une place énorme
dans l’engagement »
, estime-t’elle en soulignant que « chacune devait bien se connaître avant de s’engager ». Il s’agissait de « penser en femme d’action et d’agir en femme de pensée ».
C’est précisément cette articulation de l’action et de la pensée, de l’inconscient et de l’histoire qui a fait la spécificité du MLF.

Premier fait marquant dans l’histoire du mouvement : la dépénalisation de l’avortement en 1975. «À cette époque, nous avons compris que le droit des femmes posait des questions éthiques et que nous sortions de l’idée de révolution pour entrer dans la phase de démocratisation», raconte Antoinette Fouque. Loin d’être gagnée, la partie ne faisait que commencer.

« C’est quand les droits sont légaux que les luttes commencent », éclaire la militante qui veut dénoncer la maltraitance des femmes dans le monde.

Antoinette Fouque affirme qu’ « il y a deux sexes », titre de son premier recueil de référence.
Elle crée la féminologie, « un champ qui résulte de la question de la femme à l’intérieur du champ des sciences humaines ». Portant sur la condition féminine et la place des femmes dans notre société, la féminologie signe une rupture.

Dans son dernier ouvrage, Gravidanza-Féminologie II, Antoinette Fouque, qui rend par ailleurs hommage à sa grand-mère italienne – gravidanza signifiant grossesse – poursuit son questionnement sur ce qu’est une femme à travers la question du corps maternel, lieu primordial « d’altérité et d’accueil ».

À l’heure où la crise financière fait des ravages aux quatre coins du globe, Antoinette Fouque suggère « une alternative à la guerre et au profit pour une économie altruiste ». Dans la sphère politique où la représentation féminine fait encore cruellement défaut, la voix des femmes constituerait une chance de faire émerger « une philosophie de l’hospitalité, de l’accueil et de la générosité ».

Emmanuelle Barret