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22/02/2009

Tchekhov et Marina Vlady appréciés sur les blogs (22.02.09)

vlady.jpgdimanche 22 février 2009
Marina Vlady, "Le violon de Rotschild" et "La Princesse"

Livre critiqué dans le cadre de l'opération "Masse critique" de Babelio

Résumé :

Iakhov est fabricant de cercueils. Violoniste à l’occasion dans un orchestre de mariage, il éprouve une réelle aversion pour le jeune flutiste juif Rothschild. Si, auprès de son violon, il trouve quelques instants de réconfort, il se plaint tout le jour des difficultés que rencontre son commerce. Au crépuscule de sa vie, Marfa, sa femme, évoque les rares instants de bonheur auprès de leur petite fille morte des années auparavant, mais dont Iakhov a oublié jusqu’à l’existence… Seul, il songe à sa vie passée, gâchée, et tout lui apparaît n’avoir été que perte.

La Princesse Véra Gavrilovna, une grande propriétaire terrienne de la Russie rurale, a coutume de prendre sa retraite estivale dans un monastère, pour y « soigner son âme ». Habituée du lieu, elle est entourée de tous les égards dus à son rang et croit éveiller « chez ces hommes simples et austères » une tendresse bienveillante que lui vaut sa bienfaisance. Au cours d’une de ses délicieuses promenades, elle reconnaît dans le médecin du couvent une vieille connaissance, à qui elle tient à exprimer sa sympathie. Très vite, pourtant, le docteur se montre distant, et lui livre une vision hideuse de la générosité dont elle se targue.

Mon avis :

Je n’ai pas l’habitude de lire des livres audios, et ce livre confirme bien ce fait : je n’en ferais pas une habitude, en fait je n’aime pas les livres audios. Je n’éprouve pas le même plaisir à écouter un livre qu’à le lire, le fait de tourner les pages m’a manqué.

En ce qui concerne ces deux nouvelles de Tchekhov, ce sont de bons textes, surtout « La Princesse », par lesquels on pénètre au plus profond de la Russie prérévolutionnaire. D’ailleurs on sent déjà un certain bouillonnement dans « La Princesse » lorsque le médecin dit ses quatre vérités à ladite princesse. Même si j’ai dit plus haut que je n’aimais pas les livres audios je dois malgré tout dire que le texte est admirablement bien servi par Marina Vlady dont la voix et le talent véhiculent à merveille l’âme russe.

Publié par Giwago à l'adresse 17:56

Libellés : livre audio, nouvelles, Tchekhov

http://cultureconfiture2.blogspot.com/2009/02/marina-vlady-le-violon-de-rotschild-et.html

19/02/2009

Didier Jacob, foudroyé par "Le manteau noir" dans Le Nouvel Observateur (article du 19 février 1998)

chawaf1.jpgNº1737 - SEMAINE DU JEUDI 19 Février 1998 

À la Une

Quand les avions alliés attaquaient la France

Sous les bombes


Deux beaux romans pour une même tragédie: cest la dernière guerre vue par Chantal Chawaf et par Alain Genestar

 

Ce long miaulement, ce grondement, cette vibration comme celle dun chat qui ronronne, comme celle dun chat qui vient, comme un moteur de chat qui vole ce bruit nest pas celui que fait le chat de la maison. Car cest tout maintenant qui tremble et braille et pleure, et dans le ciel pas un moteur mais cent, pas une bombe mais mille, mille ufs métalliques largués par dénormes «Forteresses volantes» sur les hommes, en bas, qui courent en hurlant.
Le 15 septembre 1943, Boulogne-Billancourt est bombardée par les alliés dans le quartier des usines. Près de la porte de Saint-Cloud, une femme meurt qui allait donner la vie: une petite fille sortie à temps du tombeau de son ventre. Le 6 juin 1944, la ville de Caen est sacrifiée au débarquement qui se prépare. Les bombes pleuvent dans un crachin de feu qui simprime dans la mémoire anténatale de celui qui, quelques années plus tard, viendra aussi au monde. Boulogne ou Caen, les bombardements de 1943 ou ceux du Jour le plus long: cest toujours la mort que, dansles romans quils viennent décrire, ChantalChawaf, lécrivain que lon sait, et Alain Genestar, le patron du «Journal du dimanche», ont traînée, menottes aux poignets, devant la frêle justicedes hommes.
Dans son autobiographique «Manteau noir», Chantal Chawaf raconte la vie de la petite miraculée de Billancourt. Adoptée par un couple qui lui dissimule ses origines, Marie-Antoinette grandit, et sent monter en elle des vagues de terreur qui obligent ses parents de fortune à lui révéler que celle-ci ne lui a pas souri. La nuit survient. La folie guette. La mort est là, dans sa silhouette, ses cheveux fous, ses yeux comme des phares tristes qui portent à eux seuls tout le deuil de la guerre. «Le Manteau noir» est, on la compris, le plus beau roman de Chantal Chawaf: un opéra, unesymphonie, un thrène, un admirable et stupé-fiant concert où tambourine la haine et claironne la hargne tout au long dune partition méca-nique pour amour et cymbales, désespoir etondes Martenot.

 


Dans le premier roman, inspiré, dAlain Genestar, le héros na pas moins que Marie-Antoinette la douleur chevillée au corps, comme vitrifiée sur les parois intérieures de lêtre, et brûlant du dedans. Ainsi Frank Merced, la mémoire encore endolorie par les bombardements de Caen, voit-il sa sur et ses parents mourir, quelques années après la guerre, dans lexplosion de la bombe quils avaient pris pour un coquillage, sur les plages du débarquement.
Cest alors que les deux romans, si différents dans la forme, se rejoignent dans leur développement. Chez Genestar, Frank veut oublier. Il fuit à New York, découvre lAmérique, le jazz, le journalisme. Sans relâche, il arpente la ville pour mettre de la distance entre lui et la mort. Marie-Antoinette, elle, passe des journées aux Archives, semplit des rumeurs de la guerre, suit à la trace lombre de ses parents, ses chers fantômes: elle marche aussi, erre sans fin dans des rues sans joie, les noires avenues de sa douleur. Frank finit-il par se replier dans une réserve indienne pour écrire son histoire? A bout de forces, Marie-Antoinette décide de renoncer à la mort et de renaître à la vie pour écrire elle aussi.
Chantal Chawaf et Alain Genestar ont bien fait mémoire et souffrance communes pour raconter le désastre des vies que la guerre emporta dans sa macabre danse. Comme si, tirant à quatre mains sur la même lourde corde, ils avaient sonné ensemble, dans leur somptueuse cérémonie aux morts, un tocsin vengeur et un funèbre glas.

 


«Le Manteau noir», par Chantal Chawaf, Flammarion, 424p., 125F. «Le Baraquement américain», par Alain Genestar, Grasset, 324p., 125F.

 

Didier Jacob
Le Nouvel Observateur

Le coup de coeur de Jérôme Garcin (carrément !) pour "Tableau d'honneur" (Nouvel Observateur du 19 février)

Le coup de coeur de Jérôme Garcin

Nantes, 1920

couv TH.jpg En somme, c'est une petite fille de 95 ans. Guillemette Andreu, née en 1914, se souvient de son enfance dans ce premier et sans doute dernier livre, un roman autobiographique d'une beauté sans apprêt où toujours le malheur est saisi au collet. Orpheline de mère, abandonnée par un père parti fonder un autre foyer, Guillemette, alias Lise, a grandi à Nantes, dans un dénuement que seule la bonté de sa grand-mère atténuait. Combative, intelligente, curieuse de tout, elle puise sa force chez ses camarades et chez les écrivains qui seront ses meilleurs alliés, le Hugo des "Misérables", mais aussi Colette et Loti. Tout en se racontant avec une délicieuse pudeur, Guillemette Andreu dresse un portrait remarquable de la vie provinciale au lendemain de la Grande Guerre, avec ses orphelinats bondés que l'Eglise tenait d'une main de fer, ses hommages aux morts pour la France, ses assemblées de châtaignes, ses lavandières et ses plaisirs gourmands révolus : l'embeurrée, la fouace, les pommes d'or, les galettes de blé noir ou le marc de café bouilli. Guillemette se rêvait couturière, elle devint sténodactylo à la fin de l'adolescence. La suite n'est pas dans ce livre, mais on la connaît : elle a épousé l'écrivain Pierre Andreu, eut des enfants, dont Anne, le coeur battant de "Cinéma, cinémas", et a sagement attendu d'être âgée pour rester jeune.

"Tableau d'honneur", par Guillemette Andreu, Des Femmes, 202 p., 15 euros

18/02/2009

Sortie retentissante du premier roman de Guillemette Andreu ce jeudi 19 février 2009 !! Ruez-vous dans toutes les bonnes librairies !!

Guillemette Andreu : 95 ans et c'est son premier roman ! - Ca se remarque ! Ce se fête ! (sortie 19/02/09)
- Préface de Jean Rouaud, Prix Goncourt 1990 -
- Récit d'une enfance nantaise : l'Ouest à l'honneur ! -
- Grande soirée autour de ce livre le mercredi 11 mars, dès 18 h 30, à l'Espace des Femmes (35 rue Jacob) en présence de Guillemette Andreu, de ses quatre filles - Anne, Sylvie, Guillemette et Isabelle - de Jean Rouaud et d'Antoinette Fouque. Venez nombreux, inscription libre à guilaine_depis@yahoo.com

Guillemette Andreu, la petite-fille de la Première Guerre mondiale, a attendu 1976 pour écrire ses souvenirs. Grâce à Antoinette Fouque, ils sont publiés aux éditions Des femmes en 2009 pour la première fois. (Rappelons que Guillemette Andreu est la veuve de Pierre Andreu, journaliste, essayiste, notamment biographe de Drieu La Rochelle, décédé en 1987. Et que la famille Andreu est très célèbre dans le milieu intellectuel, artistique, scientifique et médical.)

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Résumé :
"Tableau d'honneur" est un roman d’apprentissage qui se situe au lendemain de la guerre de 14 avec, pour toile de fond, des familles en deuil et la misère urbaine du Nantes de l’après-guerre. C’est le roman de formation d’une fille courage, où les femmes affrontent le combat de la vie.

Préface de Jean Rouaud :
"La guerre a fait des ravages dans les rangs. Les monuments aux morts de la région en témoignent. Invraisemblable saignée d'hommes dans la force de l'âge. La petite Lise lit l'effondrement de la natalité dans les rangs clairsemés des communiantes... Femmes vêtues de noir, orphelins à ne plus savoir qu'en faire, c'est un voile de deuil qui recouvre le pays. Les consolations à cette tristesse ? Peu. La recherche d'une amitié sincère, d'une parole tendre, d'un adulte compréhensif. Et puis, dans cette grisaille entretenue par la misère et le chagrin, l'éblouissement de la lecture. Et pas n'importe laquelle. Les Misérables, le livre compassionnel. Mais cela suffit parfois pour avancer dans la vie. Soudain on n'est plus seul. On est des millions. Et parmi ces millions, il va se trouver Guillemette Andreu pour reprendre le chant hugolien et laisser derrière elle une trace lumineuse." Jean Rouaud

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Extrait :
« ״Voyons Lise, vous êtes intelligente, servez-vous en…״ On venait, par magie, de lui donner la clef d’un trésor. Lise se jeta dans la lumière, elle était intelligente, c’était la solution du problème, pour elle de tous les problèmes. Désormais, l’intelligence serait son arme, un refuge, sa fierté. D’autres enfants pouvaient avoir des robes, des souliers chers ; de bonnes dames lui faire l’aumône et la morale, certaines interdire à leurs filles de la fréquenter, ni l’humiliation ni l’injustice ne lui seraient plus jamais aussi amères. »

ISBN : 9-782-7210-0596-0
Format 13.5 x 21 cm – Environ 200 pages – 15 €
Office 19/02/2009




MUSIQUE ET RUSSIE DROIT DEVANT !! Marina Vlady lira Tchekhov, accompagnée de balalaïkas !! (mardi 24 février, vous êtes tous invités ! Faites passer le mot.....)

Mardi 24 février, l'Espace des Femmes-Antoinette Fouque vous invite à rencontrer Marina Vlady Marina_vlady.jpg, qui lira deux nouvelles de Tchekhov "Le Violon de Rothschild" et "La Princesse" (nouveauté livre audio aux éditions Des femmes-Antoinette Fouque), accompagnée par André Chestopaloff, Macha Apreleff et Petia Jacquet-Pritkoff (Romances russes et musique à la balalaïka), dès 18 h 30
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17/02/2009

"J'ai cherché..." critiqué sur les blogs (17.02.09)

desingel_11767.jpgmardi 17 février 2009
"J'ai cherché" de Charles Juliet, lu par l'auteur et Valérie Dréville, CD

Charles Juliet, écrivain français né en 1934, a abordé dans son oeuvre presque tous les genres littéraires : journal, récit intime avec "Lambeaux" et "L'année de l'éveil", nouvelles, théâtre, poésie. "J'ai cherché" est un recueil de poèmes en prose où, dans une langue sculptée, précise et épurée, Juliet explore la solitude, son passé et la rédemption par l'écriture.
Dans ce livre audio, la diction précise et le timbre clair de Valérie Dréville illuminent le texte de Juliet. L'actrice au parcours riche - elle a joué avec Vitez, Régy, Vassiliev- artiste associée du festival d'Avignon 2008 est bien connue des amateurs d'un théâtre expérimental, risqué et exigeant. Son interprétation sobre et musicale donne à entendre la matière vive de la langue de Juliet.

"J'ai cherché" de Charles Juliet, lu par l'auteur et V. Dréville, CD audio , éditeur "Des femmes", collection La bibliothèque des voix, 18 €.
à l'adresse 12:42
Libellés livre audio, poésie

http://empreintedesmots.blogspot.com/2009/02/jai-cherche-de-charles-juliet-lu-par.html

Legenditempus aime les Bêtes de Colette (blog 17.02.09)

36030267_p.jpg17 février 2009
COLETTE, Dialogues de bêtes

On ne présente plus Colette (1873-1954), l’amoureuse, l’amie des animaux. Ce sont ses très beaux « Dialogues de bêtes » (1904) que j’ai eu, grâce à Antoinette Fouque, l’occasion d’écouter. La lecture est agrémentée de morceaux musicaux doux et paisibles : Introduction et allegro pour harpe, avec accompagnement d’un quatuor à cordes, d’une flute, d’une clarinette, de Maurice Ravel. Modulant sa voix suivant qu’elle se fait Toby-Chien ou Kiki la Doucette, Liane Foly nous offre une interprétation remarquable. Elle nous dresse les portraits d’un chien Toby, goguenard et sympathique, bon caractère et d’une chatte Kiki, rusée et capricieuse.

Premier dialogue :

Un après-midi au soleil à évoquer leurs maîtres, Elle et Lui, leurs occupations préférées, leur amours. Le dialogue se termine avec l’espoir d’une promenade.

Deuxième dialogue :

Une très belle description de l’atmosphère étouffante d’une journée d’orage et de pluie. On y est ! On se croit comme Toby sous l’armoire occupé à regarder tomber les grêlons. Enfin l’orage s’apaise et Toby a envie de bondir dans le jardin mais reste auprès d’Elle.

Troisième dialogue :

Toby-chien évoque ses souvenirs de « travail » : six semaines passées au music-hall avec Elle.

Quatrième dialogue :

Dans un jardin à Auteuil, une tortue fait le tour du jardin.

Colette, Dialogues de bêtes, lus par Liane Foly, Des Femmes (La Bibliothèque des voix), 2008.

Merci à Babelio!

http://legenditempus.canalblog.com/archives/2009/02/17/12587069.html

Compte-rendu de Christine Clerc dans Valeurs actuelles (soirée sur les amitiés d'hommes)

Valeurs actuelles 19 février 2009

Le Carnet de Christine Clerc

Le bon sens de Chérèque

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Quelques jours avant sa "vente du siècle" au Grand Palais, Pierre Bergé accepte mon invitation à débattre avec le romancier Philippe Besson (auteur de La Trahison de Thomas Spencer" et moi-même sur le thème de l'amitié, sujet commun de nos livres. Notre rencontre a lieu à l'Espace des Femmes, rue Jacob, dans le VIème, qu'Antoinette Fouque met généreusement à la disposition d'écrivains, artistes, philosophes et pianistes femmes... et d'hommes qui adhèrent à la cause des femmes. L'ex-PDG de Saint-Laurent est de ceux-là. Il explique ainsi pourquoi il a soutenu et soutient encore Ségolène Royal. "Je n'ai pas accompagné durant cinquante ans quelqu'un qui a créé les costumes pantalons, les smokings, les sahariennes pour faire passer le pouvoir des épaules des hommes sur celles des femmes, pour ne pas souhaiter voir une femme arriver au pouvoir..." Il parle du présent et de l'avenir, et c'est une puissante nostalgie du passé qui remonte, à l'écouter. Nostalgie d'une époque littéraire qui nous donna Proust et Valéry, Gide et Claudel, Malraux, Camus et Giono, auxquels il rend hommage dans son beau livre, "L'Art de la préface". Nostalgie aussi des années Saint-Laurent, que Bergé a voulu conclure par un feu d'artifice en vendant aux enchères les dizaines de tableaux et de beaux objets achetés au fil des ans avec le couturier. "Je déteste la nostalgie, affirme t-il cependant. Mais depuis que Saint-Laurent n'est plus là, notre collection avait perdu son sens. Je pense qu'elle existera de nouveau quand sera tombé le dernier coup de marteau du commissaire-priseur." Là, le PDG impérieux, autoritaire, qu'on connut parfois blessant, fait naître l'émotion. Comme pour y couper court par un rire, il lance : "Tout le monde a fait ce rêve : assister à ses propres obsèques. Moi, je vais assister aux obsèques de ma collection." Quelles obsèques ! Et quel triomphe !

16/02/2009

Le MLF vu par les Italiens !! (Brava à Marina Geat !)

pizza-spaghetti-sl-1589396-l.jpgTRADUCTION D'UN ARTICLE ITALIEN PRESTIGIEUX

Giornale Europeo

Génération MLF
1968-2008

La lecture du livre Génération MLF - 1968-2008, récemment publié en France par les Editions Des femmes est très intéressante. Elle est intéressante non seulement pour celles et ceux qui ont vécu ces années en tant que protagonistes et qui peuvent y retrouver, peut-être avec un peu de nostalgie, les photos et les documents d'une époque pleine d'enthousiasme et d'espérances. Elle est intéressante aussi et surtout pour ceux qui n’ont pas vécu ces années-là et qui risquent, aujourd'hui, de réduire notre passé récent à des formules stéréotypées («68…»; «le Mouvement de libération des femmes») sans en cueillir l'épaisseur historique, la profondeur du changement, et l'effort courageux, jour après jour, des femmes qui se sont battues pour obtenir des reconnaissances et des droits que souvent les jeunes générations, sans trop y réfléchir, considèrent simplement pour acquis.

Le livre a une valeur historique de grand intérêt; il fait revivre chacune des quarante années de 1968 à 2008, en rapprochant une chronologie des principaux événements concernant les progrès (et les régressions) dans les conquêtes des droits des femmes de l'activité du Mouvement de libération des femmes, à travers une riche documentation, les témoignages directs des protagonistes et la reproduction des textes les plus significatifs. Je pourrais signaler au moins trois aspects de cet ouvrage qui nous invitent à une réflexion, parce qu'ils suscitent, aussi, une comparaison avec l'époque actuelle :

1) La dimension internationale des contacts, des revendications, des solidarités. Les femmes qui, ces années-là, se battaient pour obtenir des législations plus équitables, contre toutes les formes de la discrimination sexuelle, se déplaçaient à travers les frontières (quand en Europe il n'y avait pas encore le traité de Schengen ni la monnaie unique) et agissaient, avec la même détermination, pour soutenir d'autres femmes en France, en Italie, en Argentine ou ailleurs dans le monde. Il faudrait donc se demander dans quelle mesure l'action du MLF a contribué à la connaissance réciproque et à l'élaboration d’un sentiment de citoyenneté européenne (et même d'une diffusion mondiale des droits de l'homme). En outre, toujours à propos de la dimension internationale du mouvement : comment peut-on oublier aujourd'hui, lorsqu'on parle parfois d'un «conflit entre les civilisations», les femmes algériennes ou iraniennes qui, par dizaines de milliers, se sont opposées à la montée de l'Islam intégriste, avec le soutien, aussi, de leurs amies européennes?

2) L’ample mouvement de l'opinion publique demandant une effective parité homme femme - dont le MLF a représenté la voix la plus significative - a agi sur les institutions culturelles et sur les politiques nationales et européennes, afin qu'elles établissent des lois sur la protection des femmes (maternité, santé), en leur donnant des chances égales aux hommes dans les domaines professionnels et dans le droit de la famille. Le rôle de grandes personnalités dans la législation et la politique des droits des femmes (Simone Veil, Gisèle Halimi...) s'est exercé sur fond de ce grand mouvement de pensée et d'espérances que le MLF a suscité et représenté.

3) La conscience que les grands changements culturels et sociaux ne se réalisent pas uniquement grâce aux manifestations dans les rues et aux slogans, mais aussi et surtout par un travail en profondeur sur soi-même, sur le langage, sur les mentalités. L'activité au sein du MLF d'Antoinette Fouque, la créatrice, l'animatrice inlassable jusqu'à nos jours des éditions Des femmes, a joué et joue encore un rôle fondamental. C'est grâce à elle, à son courage, à sa détermination que des ouvrages de psychanalyse, de littérature, de sociologie, essentiels à la compréhension de la condition féminine ont enfin pu circuler et que ce changement en profondeur a pu au moins commencer à se réaliser.

Marina Geat
Università Romatre
Article dans Il Giornale Europeo.it



15/02/2009

La Quinzaine littéraire consacre une double page à Génération MLF ! (à marquer d'un caillou blanc ;))

pic16.jpgArticle de Maïté Bouyssi dans La Quinzaine littéraire (février 2009)

Génération MLF (1968 – 2008)

Ce gros livre de témoignages et de documents, Génération MLF est sorti cet automne, un peu masqué par les polémiques que les moins de soixante ans ne comprennent guère. Pour les plus âgé(e)s, l’ouvrage a plus qu’un parfum de madeleine. Il restitue « la chair de l’histoire », la nôtre, que nous ayons ou non participé et connu ce qui se produit de transgressif dans toute lutte, dans tout acte militant, quel qu’en soit l’idéologie et la structure.

Maïté BOUYSSY

Génération MLF (1968- 2008)
éd. des femmes-Antoinete Fouque, 616 p., 18 Є

Le 8 mars faisant resurgir les débats concernant les femmes, leur cause et leur statut dans notre monde, il est bon de reprendre la riche collecte que représentent 53 témoignages et biographies de femmes aux destins colorés, qui toutes disent avoir rencontré le MLF et la librairie des Femmes en des moments cruciaux de leur destin. Elle se sont obligé à écrire et à témoigner. Elles regardent alors leurs refus et leurs actes au fil de chronologies qui les situent dans le temps commun des années militantes. Elles nous offrent quelque chose de l’intime. En sus, deux cents pages de documents variés, et comme en sandwich, les photographies d’époque, petit format, dans l’austérité du noir et blanc prennent des allures sépia. Ces têtes jeunes et belles, leurs gestes, toujours restitués à des lieux, des dates et des noms donnent le ton d’un XXe siècle, qui, à la fin des Trente Glorieuses, les années de grand développement économiques, fut d’abord battant, sans concéder forcément à quelque mythologie.

Ce travail de groupe est aussi un travail sur soi pour accéder à l’écriture par la biographie, exercice tendu et à risque qui est particulièrement réussi et d’une lecture fluide. La tension de l’écriture, la (re)tenue de plume de femmes qui ne sont pas des professionnelles de l’écriture rendent plus vives ces plongées dans un monde qui fut le nôtre, que nous avons tous connu, côtoyé et qui visiblement le reste au-delà de que les esprits chagrins réduiraient à quelque marronnier éditorial.

Or, loin de parler de ce souffle et de cette vie, du plaisir de la réminiscence que l’on a à feuilleter et à lire, les « personnes doubles », les acteurs/trices institutionnalisées dans le champ des études de genre et des femmes ont réagi sur le seul point de la « confiscation » du label MLF ou ses gestations multiples. Il me semble qu’il s’agit là moins de renouer avec les conflits d’antan, mais de manifester au présent ce qui reste ou est devenu plus insupportable que jamais : qu’un travail à bas bruit joue simultanément de la publicité. Cela impose une réflexion tout à fait politique quand « le retour à l’ordre » que nous vivons sinistrement de toute part veut babeliser le monde, et réduire toute action à quelque dimension communautarienne pour construire des enfermements ghettoïsés, si ce n’est, à plus faible échelle, de groupies. A ceci près que quelques faits de société concernant la mutation des mœurs ont été intégrés, la parole d’expertise doit appartenir aux seuls clercs statutairement ou du moins disciplinairement constitués.

Or, ici, le ton est vif, parlant, et c’est sans doute cela qui peut déranger et engendrer le dénigrement. Il faut délégitimiser ce qui biaise très largement les codes usuels de la recevabilité, et 40 ans après, au moins deux générations intellectuelles se sont arrogé ces thèmes issus de mouvances militantes, autrement dit de la société civile. Les « femmes doubles », ces personnages qui, dans le champ culturel font passerelle parce qu’ils occupent diverses fonctions puisées en différents lieux de légitimation en deviennent alors des régulateurs institutionnels. Fi donc de ce qui fut antérieurement pratiqué mais ailleurs, et c’est précisément de cet éternel défi que lance « au début était le fait » que témoignent ces textes roboratifs.

Or, plus que jamais, toute écriture qui manifeste en ne s’autorisant que d’elle-même doit être bannie, sauf à recevoir la bénédiction d’une littérarité reconnue, ce qui éventuellement dote d’un statut singulier le témoignage en nom propre (et ce jusqu’au polymorphisme de l’autofiction, mais dans la suspicion du témoignage). Non seulement, la prise de position à partir d’un travail de réflexion et de prise de parole incarnée qui a pour vocation d’irriguer la société et la vie publique est inconvenant, mais on ne tolère aucune aventure sur les confins théoriques de la psychanalyse. Il n’est pas jusqu’à la sociologie et l’histoire qui n’en soient interpellées, puisqu’il en va d’une intrusion autant que d’un regard porté sur le champ public. Voilà qui est parfaitement contraire à nos temps de restauration de toutes les autorités et de verrouillage caricatural des libertés, voir de la liberté politique.
De là un besoin maniaque de discréditer toutes les voix à la fois singulières et collectives, singulières, car en nom propre, pour cette palette de « biographies » du vécu pensé du point de vue d’intériorités reconstruites (et la subjectivation est autre chose que la simple subjectivité) et collectivement, dans l’échange et la participation à des actions qui manifestent à frais neufs des postures et positions intellectuelles. Dès lors que faire de cet excès de « chair de l’histoire» celle-là même que recherchent tous les historiens quand elle s’incarne comme jamais au fil des propositions qu’énonce avec chaleur Antoinette Fouque dans son Il y a deux sexes, essai de féminologie (1995) propre à tirer une théorie de l’humanisation et de la production culturelle des femmes. Le point ne fait pas consensus mais reste indéniablement un des pôles de la réflexion au présent, car il met en péril, retourne et se contourne les apories de la « nature » féminine dont on sait les ravages qu’elles opérèrent. Les interventions pluridisciplinaires de Penser avec Antoinette Fouque (mêmes éditions, une dizaine de collaborateurs, 222 p., 13 Є) sollicitent le présent de cette réflexion.

La société peut évoluer à la marge, sur « les mœurs », se modifier, mais l’appropriation par les concerné(e)s d’avancées qui entendent reprendre toujours et partout ce que le MLF, avec ou sans querelle des origines, a porté, redit, fait avancer dans des conditions difficiles et chaotiques reste sulfureux, car les lois ne résolvent jamais ce qui ne peut se concevoir qu’au fil des jours et c’est cela qui dérange les épistémologies constituées.

Pour revenir au livre, véritable signe (au sens de signal, marqueur, ce signe que les gosses qui avaient parlé patois à l’école devaient passer à un autre contrevenant) transgénérationnel, il est celui que les plus âgées peuvent offrir aux plus jeunes, et les plus jeunes, à celles qui ont vécu très loin de ces aventures qui prennent parfois un parfum germano-pratin (non moins prégnant que chez ses détracteurs/trices). Cest donc une gageure forte que de donner au public un texte de ce qui s’énonce au fil de chaque décision, aux confins de la transgression qu’implique toute réorientation de vie, sous cet angle, jamais minuscule ni assimilable à un curriculum de carrière.