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31/12/2009

Patricia Chatel rédige un magnifique papier sur le coffret Duras pour le site de référence LeLittéraire.com (9 décembre 2009)

durasblog.jpgLE LITTERAIRE.COM 9.12

Des Livres et Nous !
 
ECRIRE & LA MORT DU JEUNE AVIATEUR ANGLAIS
 
"Un inconnu, c'est quelqu'un, la mort baptise aussi". Marguerite Duras, La mort du jeune aviateur anglais.
 
Ce coffret comporte deux films inédits en DVD jusque-là, La mort du jeune aviateur anglais et Ecrire, tous deux réalisés par Benoit Jacquot qui fut assistant de Duras sur India Song et Nathalie Granger.
Il s'agit des deux entretiens filmés en 1993 dans sa maison de Neauphle-le-Château, un lieu pour écrire, achetée avec les droits cinématographiques de "Un barrage contre le Pacifique". Face à Benoit Jacquot hors champ, on s'attend à voir une vieille dame usée par l'alcool. Bien au contraire, l'oeil est perçant, la voix ferme et la parole touchante. La voix lointaine du réalisateur questionne. Les deux se tutoient et semblent bien se connaître ce qui ajoute un caractère très intime aux films. Parfois, c'est l'auteure qui relance le dialogue, face à un Benoit Jacquot, soudain devenu muet. L'émotion culmine, comme à la fin d'Ecrire.
 
Toutefois, c'est La mort du jeune aviateur anglais qui séduit le plus, le film qui parle le mieux de Marguerite, celle qu'on a envie d'aimer.
Elle y rapporte une anecdote qui l'a profondément touchée, l'histoire d'un aviateur britannique de vingt ans dont Marguerite Duras a découvert la sépulture à Vauville en Normandie. A partir de ce fait divers, l'auteure nous embarque dans une fiction authentique et spontanée et face à nous un livre s'écrit, en direct. Cette mort à la fleur de l'âge lui rappelle celle du "Petit frère", mort sans sépulture durant la guerre du Japon tandis que ce jeune soldat orphelin, dont personne ne réclamera jamais le corps, trouve après la mort une famille avec les gens du village qui le veillent, payent une sépulture et l'entretiennent au fil des années. Comme touchée par une sorte de grâce, la lumière de Caroline Champetier caresse le visage de Marguerite, traque son regard ou capture ses mains.
 
Ecrire est une sorte de testament ouvert, le manifeste qu'elle n'a jamais rédigé car l'écriture de Duras est toujours en devenir.
"C'est le livre qui avance, qui grandit, qui avance dans les directions qu'on croyait avoir explorées, qui avance vers sa propre destinée et celle de son auteur, alors anéanti par sa publication : sa séparation d'avec lui, le livre rêvé, comme l'enfant dernier-né, toujours le plus aimé."
Elle parle également de la nécessaire solitude de l'écriture, celle qu'on se doit de choisir si l'on veut toucher à l'intime.
A partir de ces échanges, Marguerite Duras publiera deux livres éponymes, toujours disponibles en collection Folio.
 
Deux films indispensables pour aborder le processus de création littéraire de l'auteure.
 
NB - Le DVD est complété par deux CD comprenant les textes lus par Fanny Ardant, ainsi qu'une nouvelle, Roma.
 
Caractéristiques du coffret
Le DVD
 
La Mort du jeune aviateur anglais
Un film de Benoit Jacquot avec Marguerite Duras. Avec la collaboration de Yann Andrea.
Image : Caroline Champetier, Julien Hirsch, Dominique Texier.
Son : Michel Vionnet, Patrick Collot.
Montage : Eric Vernier.
Production INA, 1993 - 36 minutes - Couleur
 
Ecrire
Un film de Benoit Jacquot avec Marguerite Duras. Avec la collaboration de Yann Andrea.
Image : Caroline Champetier, Julien Hirsch, Dominique Texier.
Son : Michel Vionnet, Patrick Collot.
Montage : Eric Vernier.
Production INA, 1993 - 43 minutes - Couleur
 
Les 2 CD
Textes de Marguerite Duras lus par Fanny Ardant
La mort du jeune aviateur anglais - Roma - Ecrire
Production Des femmes-Antoinette Fouque, 2009
Réalisation : Michelle Muller - Piano : Joëlle Guimier - Durée : 2h30
Gallimard pour les textes
 
Patricia Chatel, le 9 décembre 2009
 
Marguerite Duras, Ecrire & La mort du jeune aviateur anglais, Coffret de 1 DVD et 2 CD, réalisation Benoit Jacquot, une co-édition Des femmes-Antoinette Fouque / Editions Montparnasse, novembre 2009 - 30 euros

09/12/2009

Escales hivernales : le Salon du Livre de Lille. Avec Charles Berling, Charles Juliet, Emmanuel Pierrat et Catherine Weinzaepflen des éditions Des femmes-Antoinette Fouque. Rencontrez-les samedi 12 et dimanche 13 décembre 2009 !

 minh.jpg4ème Fête du Livre ESCALES HIVERNALES - Tripostal Avenue Willy lefait.jpgBrandt à Lille.

Rendez-vous samedi 12 et dimanche 13 décembre 2009

A partir de 13 h - entrée libre.

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Le Samedi 12 décembre :

pierrat.jpg* Emmanuel Pierrat (14h15: signatures / 16h: Café littéraire / 18h: Apéritif littéraire)

Emmanuel Pierrat : Editeur, romancier, essayiste, traducteur, collectionneur d’art, durant ses longues journées et ses nuits presque blanches il vit mille vies. Dans Troublé de l’éveil (Fayard, 2008) il se livre, évoque ses souvenirs d’enfance dans une banlieue rouge, sa curiosité sans limites, le secret de la ville la nuit, sa passion pour la lecture, son impossibilité d’une vie à deux, son regret de ne pas rêver.

Le Dimanche 13 décembre :

juliet.jpg* Charles Juliet (10h: petit-déjeuner / 15h15: signatures / 16h: Café littéraire / 18h: Apéritif littéraire)

Charles Juliet : Il est né en 1934 et vit à Lyon. Admis à l'Ecole de Santé Militaire, il abandonne ses études trois ans plus tard pour se consacrer à l'écriture. Notons parmi ses publications chez POL : Ces mots qui nourrissent et qui apaisent (2008) ; L'Opulence de la nuit (2006) ; Cézanne un grand vivant (2006) ; Au pays du long nuage blanc (2005) ; L'Autre Faim (2003) ; L'Incessant (2002) ; Un lourd destin (2000).

wein.jpg* Catherine Weinzaepflen (14h45: signatures / 16h: Café littéraire / 18 h: Apéritif littéraire)

Catherine Weinzaepflen : Elle a publié ses premiers livres aux éditions Des femmes, Isocelles (1977) et La Farnésine, jardins (1978). Romancière et poète, elle a notamment publié Portrait et un rêve (Prix France Culture 1983), L’Ampleur du monde, Totem (Flammarion), Ismaëla (Atelier des Brisants), Les Mains dans le jaune absent (Scorff). En 2006,

elle a reçu le prix Brantôme pour son roman Orpiment (Des femmes).

berling.jpg* Charles Berling (20 h: Soirée de Clôture, 5 euros, réservations escalesdeslettres@wanadoo.fr)

En clôture de cette quatrième édition d’Escales hivernales, et pour faire suite aux lectures de Pierre Arditi en 2006, Jacques Bonnaffé en 2007 et Bruno Putzulu en 2008, Charles Berling proposera à partir de 20h au Tripostal la mise en voix d’une sélection de textes des écrivains ayant participé aux cafés littéraires d’Escales des lettres durant l’année dans la région Nord Pas-de-Calais ou ayant pris part à cette Fête du Livre 2009.

Charles Berling : il a suivi une formation de comédien à l'Institut national supérieur des arts de la scène à Bruxelles. Il se fait connaître au grand public par les films Nelly et Monsieur Arnaud de Claude Sautet et surtout, en 1996, Ridicule de Patrice Leconte pour lequel il est nommé pour le César du meilleur acteur. Il a joué des rôles divers, du blanchisseur de province un peu complexé de Nettoyage à sec au cadre aux dents longues dans Demonlover. Il alterne films populaires (Père et fils, 15 août...) et des films d'auteur (L'ennui, L'Heure d'été...). En 2002, il interprète Jean Moulin dans un téléfilm pour France 2. Début 2009, il se met dans la peau de Robert Badinter, dans l'adaptation télévisée des ouvrages L’Abolition et L’Exécution, écrits par ce dernier.

LECTURE DE CHARLES BERLING

Au programme de cette lecture, les textes des auteurs Maram Al Masri, Lakhdar Belaïd, Nicolas Bokov, François de Coninck, Stéphanie Ferrat, Pascale Fonteneau, Jean-Louis Fournier, Jacques Jouet, Charles Juliet, Nimrod, Michel Quint, Caroline Sagot-Duvauroux, Lambert Schlechter, André Stas, Vincent Tholomé et Cléo Tierny-François.

Pour sa quatrième édition, la Fête du Livre de Lille pose ses valises dans un lieu à forte identité culturelle : le Tripostal ! Succès oblige, il fallait à ce rendez-vous, qui a su s’imposer en quelques années comme un événement culturel attendu et incontournable de la région, un espace plus grand pour accueillir les visiteurs, les auteurs et les exposants toujours plus nombreux. Le programme quant à lui garde ses valeurs fondamentales avec, au coeur des festivités du week-end, les rencontres et les échanges entre les acteurs du monde du livre, le public et les écrivains. Ces écrivains ont participé durant toute l’année aux rencontres littéraires proposées par Escales des lettres dans le Nord Pas-de-Calais. Ils ont sillonné la région de l’Artois au littoral et des Flandres à la frontière belge en multipliant les escales littéraires dans des bibliothèques, des médiathèques, des établissements scolaires ou des centres pénitentiaires, des cafés littéraires ou des librairies. Ils sont tous allés à la rencontre des lecteurs, de la plus grande médiathèque urbaine à la plus petite bibliothèque de village, du plus grand lycée à la plus petite école primaire. Ces auteurs, rejoints par d’autres écrivains, par les journalistes Philippe Lefait et Minh Tran Huy, par le comédien Charles Berling et par de nombreux partenaires (libraires, éditeurs et associations culturelles) se donnent et vous donnent rendez-vous pour une ultime escale (hivernale) 2009 au Tripostal, les samedi 12 et dimanche 13 décembre à partir de 13 heures, pour participer à des débats, des cafés littéraires, un espace littérature jeunesse, des ateliers d’écriture, des lectures… Bonne Fête du Livre à tous !

Didier Lesaffre, Président & Ludovic Paszkowiak, Directeur.

Inauguration de l'édition 2009 - Espace Bar du Tripostal samedi à 13 h 15

01/12/2009

Alan Argoul n'aime pas Marguerite Duras, mais notre coffret, SI !!! - 1er décembre 2009 (blog du Monde.fr)

Mardi 01 décembre 2009

Par Alan Argoul http://argoul.blog.lemonde.fr/2009/12/01/marguerite-duras...)

Benoît Jacquot filme à Paris Marguerite Duras dans son appartement, lui racontant la mort du jeune aviateur anglais de vingt ans. Dans un second film, elle parle de l’écriture dans sa maison de Neauphle-le-Château. Fanny Ardant lit les deux textes sur un CD à part ; elle y ajoute la nouvelle ‘Roma’. marguerite-duras-la-mort-du-jeune-aviateur-anglais-dvd-et-cd-lus.1259166181.jpg

Je n’aime guère Marguerite Donnadieu dite Duras. Née au début de l’autre siècle de deux profs, petite-bourgeoise égocentrique dans le monde colonial, enamourée d’hormones au point de n’écouter que son vagin avec le premier venu, une liaison avec un riche homme d’affaires asiatique pour s’en sortir, tour à tour publiant dans la collaboration puis activiste dans la Résistance in extremis aux côtés de François Mitterrand, évidemment communiste en 1944 pour se faire pardonner ses hésitations, mariée à Robert Antelme mais amante de Dionys Mascolo durant la déportation de Robert, avant de larguer Dinys pour Yann Andréa Steiner (un plus jeune) – on a là tous les retournements de veste d’une parfaite égoïste qui suit ses émois et surtout la mode des autres.

Regardez comme je suis belle en ce miroir ! Elle sera bien évidemment contre la guerre d’Algérie, contre de Gaulle, pour Mai 68, féministe Villemain dans ‘Libération’, éprise de cinéma - toujours où « il faut » être. C’est l’onction ciné qui fera d’elle l’égérie du gauchisme intello féministe. Tout un monde… étroit, germanopratin (quartier qu’elle habitait), épris d’alcool et de fumée. Une intellectuelle à la mode qui fait la Morale - avec la légèreté des croyants pour les pires dictatures, du moment qu’elles sont estampillées « progressistes ».

De façon quelque peu névrotique, elle recycle indéfiniment ses amours transgressifs dans ‘Un barrage contre le Pacifique’, ‘L’amour’, ‘L’amant’ (son meilleur livre), ‘Hiroshima mon amour’, ‘L’amant de la Chine du nord’, etc. Elle plaît non pour ce qu’elle a fait ou écrit, mais beaucoup plus pour ce qu’elle a représenté symboliquement pour les résistants de la dernière heure, les féministes, les gendegôch, les zartistes de ciné. Tout se petit monde qui se gonfle comme la grenouille, se croiyant maître à penser de la French Kultur – admis à l’universel. Quelque chose comme la voix de Dieu sur la terre.

« Ecrire, c’est ne pas parler », dit la Duras. Dire à haute voix les textes écrits, c’est faire parler l’écriture, ce qui est différent. On ne parle pas comme on écrit, en français. C’est plus lent, plus réfléchi, avec des mots plus compliqués et plus précis. Parler est un spectacle, pas écrire, qui est plutôt une intimité. Quand la confession redevient théâtre par la magie du livre lu, c’est une autre expérience qui commence. Et c’est intéressant malgré le côté peu recommandable de la dame.

L’écrit, l’image, la voix, vous avez tout dans ce Durrassique Pack aux éditions des Femmes. Il faut aimer mais, si c’est le cas, régalez-vous car le pack est très bien fait pour un prix serré !

Marguerite Duras, Ecrire - La mort du jeune aviateur anglais - Roma, 1 DVD et 2 CD lus par Fanny Ardant, éditions Montparnasse et Des Femmes – Antoinette Fouque, novembre 2009, 29.99€

24/11/2009

Soirée MARGUERITE DURAS. Avec Dominique Noguez et Laure Adler. Mardi 24 novembre à 18 h 30. 35 rue Jacob, 75006. Entrée libre.

Mardi 24 novembre, à 18 h 30, l'Espace Des femmes-Antoinette Fouque, qui vient juste de coéditer avec les éditions Montparnasse un magnifique coffret DVD + CD Marguerite Duras, vous invite à assister à une soirée unique consacrée à Marguerite Duras. C'est l'un des événements les plus importants de l'année : n'oubliez pas d'emmener tous les gens à qui vous souhaitez du bonheur !

Avec Dominique Noguez et Laure Adler.

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 Dominique Noguez

Né en 1942, normalien, agrégé de philosophie et docteur d'État, Dominique Noguez enseigne à l'Université de Montréal, puis à l'Université de Paris-I. Passionné de cinéma expérimental, spécialiste du cinéma underground, il passe son temps dans les cinémathèques. Se consacrant surtout à la littérature, l'auteur, écrivain et essayiste, publie une vingtaine d'ouvrages dont certains à la fois délurés et saugrenus tels Les Trois Rimbaud, publié en 1986 où il fait vivre Arthur Rimbaud jusqu'en 1937 ! Ou encore Lénine Dada, publié en 1989 où il imagine Lénine en quasi-fondateur du mouvement dada. Il obtient le prix Femina en 1997 pour son roman Amour noir. Proche de Jean-Pierre Chevènement bien qu'ayant voté oui au traité de Maastricht, il a été candidat aux élections européennes de 1994 sur la liste du MDC. Il s'attache à défendre et faire connaître les autres écrivains, notamment lorsqu'ils sont perçus comme mal-pensants par l'époque, comme Michel Houellebecq. Il défend aussi le rayonnement de la langue française ; La Colonisation douce porte la dédicace : « À Gaston Miron et à nos frères du Québec ; aux francophones de l'an 3000 ». En 2009, les frères Larrieu portent à l'écran deux de ses romans, Amour noir et Les Derniers jours du monde, avec Mathieu Amalric dans le rôle principal. Proche de Marguerite Duras, il a eu avec elle des entretiens filmés en 1983 ( La Couleur des mots, Benoît Jacob, 2001) et a organisé en 2006 des manifestations sur elle à Madrid et à Caen.

Laure Adler

De son nom de jeune fille Laure Clozet, Laure Adler passe son enfance en Afrique où son père est ingénieur agronome. Elle ne connaîtra pas la France avant l'âge de 17 ans. En 1968, elle rencontre Fred Adler, ethnologue, son premier mari. Après une thèse d'histoire sur les féministes au XIXe siècle, la jeune femme entre à France Culture en 1974 comme secrétaire, ne se doutant certainement pas qu'elle en deviendrait la directrice, vingt-cinq ans plus tard. A son grand étonnement, elle est nommée conseillère culturelle auprès de François Mitterrand, en 1989. En 1993, la journaliste se lance dans une carrière télévisuelle avec 'Le Cercle de minuit', sur France 2, dont elle assure la production et l'animation durant quatre ans. Responsable des essais et documents chez Grasset à partir de 1997, elle se voit proposé le poste très convoité de directrice de France Culture en janvier 1999, poste qu'elle quitte le 31 août 2005. Sa gestion de la programmation de la station, qui bouleverse les habitudes des auditeurs, est d'abord très contestée. Fidèle à son image de 'grande dame de la culture française', Laure Adler écrit de nombreux ouvrages, dont une biographie de Marguerite Duras, très commentée, sortie en 1998. Dans 'A ce soir', publié en 2001, elle évoque, dans un registre beaucoup plus intime, la mort de son fils Rémi, survenue dix-sept ans plus tôt. En dépit de ce brillant parcours, Laure Adler aime à résumer sa vie professionnelle en un mot : 'chance'.

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Duras, toujours  de Dominique Noguez (Actes Sud 2009)     

            

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Essai littéraire

En ami de Marguerite Duras autant qu’en spécialiste de son oeuvre, Dominique Noguez a visité les archives Duras déposées à L’IMEC. C’est pourquoi il est ici autant question du roman Caprice, encore inédit, que de la genèse des textes les plus fameux. Il en résulte un essai en forme de portrait, très documenté, sans la moindre complaisance et qui poursuit plusieurs objectifs :

- Essayer de rendre compte de ce miracle : Duras a échappé au purgatoire. Treize ans après sa mort, elle ne cesse d’intéresser, en France et à l’étranger où elle est l’écrivain français contemporain la plus traduite et la plus diffusée.

- Depuis trois ans, des textes posthumes – les Cahiers de la guerre et le petit récit intitulé Caprice paru en 1944 (dont on trouve ici les preuves qu’il est bien d’elle) – changent l’image qu’on avait d’elle. Caprice, histoire d’adultère rompant avec la vision vaudevillesque et bourgeoise de l’adultère, éclaire à l’avance Hiroshima mon amour.

- Tout cela nous rappelle combien Duras est l’écrivain de l’amour (et qui a, paradoxalement, suscité tant de haine).

- Avec le recul, une nouvelle vision de son oeuvre se dessine. Au théâtre, le Shaga, monté en 1968 et qui doit être bientôt remonté, nous présente une Duras inattendue, d’un comique loufoque proche de Ionesco et de Pinget. Dans l’oeuvre romanesque et au

cinéma, la dimension voyeuriste (et visionnaire) ou l’obsession du nom nous apparaissent avec plus d’évidence.

- Les archives laissées à l’IMEC nous permettent d’aller plus loin. On le verra ici dans l’étude minutieuse (sur manuscrits) de la genèse de ce qui est peut-être son plus beau roman : Le Ravissement de Lol V. Stein.

Tout cela sans langue de bois : Duras, toujours se termine sur une lettre posthume sans concession, où l’admiration se nuance de réserves et même de reproches, mais, à la fin, somme toute, se trouve renouvelée.

Né en 1942, Dominique Noguez, écrivain, prix Femina 1997 pour Amour noir (Gallimard), a été proche de Marguerite Duras. Il a eu avec elle des entretiens filmés en 1983 ( La Couleur des mots, Benoît Jacob, 2001) et a organisé en 2006 des manifestations sur elle à Madrid et à Caen. Son roman Les Derniers Jours du monde (Robert Laffont, 1991) vient d'être adapté au cinéma par les frères Larrieu. FORMAT : 11,5 X 21,7 / 130 PAGES ENVIRON

Marguerite Duras de Laure Adler (Gallimard, 1998) (Folio poche 950 pages, 2000)

Qui était Marguerite Duras ? Experte en autobiographie, professionnelle de la confession, elle a pris tant de masques et s'est tellement plu à brouiller les pistes que c'est presque une gageure de vouloir distinguer la vérité de la fiction. Ce qu'il y a dans les livres, disait-elle d'ailleurs, est plus véritable que ce que l'auteur a vécu. Fruit des relations amicales que Laure Adler eut avec elle pendant une douzaine d'années, et de patientes recherches, cette biographie, sans avoir la prétention de dire la vérité du personnage, tente cependant de démêler les différentes versions que Marguerite Duras a données de sa vie. Elle essaie d'éclairer les zones d'ombre que l'écrivain a mises en scène avec tant de talent : la relation avec l'Amant à la fin de l'enfance, son attitude pendant la guerre et la Libération, ses passions amoureuses, littéraires et politiques. Car la vie de Marguerite Duras fut aussi celle d'une enfant du siècle, d'une femme profondément engagée dans les combats de son temps.

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Amour noir de Dominique Noguez (Gallimard, Prix Fémina 1997 et Folio, 1999)

Morceau choisi de Amour noir :
Jamais je n'avais regardé ses yeux de si près. Ils étaient d'un brun foncé, presque aussi sombres que leur pupille. Je ne pourrais pas écrire que je la regardais au fond des yeux car ces yeux-là n'avaient pas de fond. Ils n'étaient qu'une surface noire, désespérément opaque, des yeux inhumains, de rapace ou de lynx, d'une dureté de marbre ou de météorite, des yeux qui me regardaient mais ne me voyaient pas, qui ne m'aimaient pas, qui [... ]

derniersjours.jpgLes derniers jours du monde de Dominique Noguez (Robert Laffont 24/08/2009)

 6 juillet 2010, 23 heures. Dans un discours télévisé, le président de la République annonce aux Français que de terribles événements se préparent et qu'il n'y a plus d'espoir. Depuis quelque temps déjà, les choses allaient assez mal pour décider le narrateur, vague scénariste de cinéma, à quitter Biarritz où il se remet d'une fin d'amour difficile. C'est le début d'une odyssée qui le mène, dans une France en proie à tous les périls, de Lourdes frappé par un tremblement de terre, à Limoges hanté par des bandes de tueurs, d'Orléans désert, à Paris irradié. Il connaît quelques accalmies à Pau, à Bordeaux où, comme en 1914 ou en 1940, beaucoup de Parisiens se sont repliés, voire encore à Brive-la-Gaillarde, dans la villa d'un milliardaire qui donne une ultime orgie. Ses errances sont l'occasion de retrouver de vieux amis ou de rencontrer des jeunes femmes qui l'aident à passer avec moins d'angoisse ces derniers jours du monde. Avec elles, avec eux, il parle de ce qui est en train d'arriver, de l'Histoire, du mal, de Dieu, de la littérature, de l'amour, du plaisir, de la mort, et surtout de la seule femme qu'il ait vraiment aimée, une jeune métisse belle et cruelle dont l'image le hantera jusqu'au bout. 

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Au cinéma :

Synopsis : Alors que s'annonce la fin du monde, Robinson Laborde se remet peu à peu de l'échec d'une aventure sentimentale pour laquelle il s'était décidé à quitter sa femme. Malgré l'imminence du désastre, et peut-être pour mieux y faire face, il s'élance dans une véritable odyssée amoureuse qui l'entraîne sur les routes de France et d'Espagne. http://www.lesderniersjoursdumonde.com/

Date de sortie cinéma : 19 août 2009
Réalisé par Jean-Marie Larrieu, Arnaud Larrieu
Avec
Mathieu Amalric, Catherine Frot, Karin Viard, plus
Long-métrage français. Genre : Comédie dramatique
Durée : 2h10 min Année de production : 2008
 

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718003-gf.jpg  Les femmes qui lisent sont dangereuses de Laure Adler & Stefan Bollmann (Flammarion, 2006)  

 Les femmes et la lecture dans l'art occidental "Les livres ne sont pas des objets comme les autres pour les femmes ; depuis l'aube du christianisme jusqu'à aujourd'hui, entre nous et eux, circule un courant chaud, une affinité secrète, une relation étrange et singulière tissée d'interdits, d'appropriations, de réincorporations." Laure Adler

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Les femmes qui aiment sont dangereuses de Laure Adler & Elisa Lecosse (Flammarion, 2009)
De la Vénus de Willendorf, image d'un idéal féminin tout-puissant, à la Mariée de Niki de Saint-Phalle, offrant le regard de la femme artiste sur sa propre destinée, la quête de l'éternel féminin jalonne l'histoire de l'art depuis les temps les plus anciens. Consacré au thème de l'amante fatale, cet ouvrage propose un choix de peintures, dessins et photographies du Moyen Age à l'époque contemporaine. Avec également une réflexion sur une thématique longtemps laissée aux seuls mains et regards des hommes.

20/11/2009

La Ville aux Livres de Creil - Avec Génération MLF, Chantal Chawaf, Benoite Groult et Colette Deblé - Samedi 20 et dimanche 21 novembre 2009

Vendredi 20 et samedi 21 novembre, c'est à l'Espace Culturel La Faïencerie, Allée Nelson 60 100 Creil que vous pourrez rencontrer le collectif Génération MLF, Chantal Chawaf, Benoite Groult, Colette Deblé, toutes auteures des éditions Des femmes-Antoinette Fouque dans un Salon, La Ville aux Livres, ayant décidé de mettre cette année les Femme(s) à l'honneur... Pas trop tôt ! 

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Le programme :

Vendredi 20 novembre, de 18 h à 20 h 30, rendez-vous au Salon du Livre de Creil (Espace cuturel a Faïencerie - Allée Nelson - 60 100 Creil)

SOIRÉE DÉBAT  « Génération MLF 1968-2008 » Avec Antoinette FOUQUE 

à 18h : film de présentation Génération MLF 1968-2008, puis de 19h à 20h30 : débat - (entrée gratuite) sur le livre Génération MLF 1968-2008  (Débat animé par le collectif du livre « Génération MLF 1968-2008 »)

Autour du livre publié par les éditions Des femmes, qui rassemble de nombreux témoignages et documents, fait revivre chacune des quarante années de 1968 à 2008, en rapprochant une chronologie des principaux événements concernant les progrès et obstacles dans les conquêtes des droits des femmes, de l’activité du mouvement de libération des femmes.

Samedi 21 novembre, au Salon du Livre de Creil (Espace Cuturel La Faïencerie - Allée Nelson - 60 100 Creil) tables rondes & débats :

1) de 14 h à 15 h 30 "L'engagement au féminin"

Femmes auteurs, historiennes, juristes, journalistes, artistes..., toujours présentes, en actes et en mots, engagées dans une lutte perpétuelle, celle d’une égalité hommes-femmes, voie unique d’une participation commune à l’humanité.

Avec les invitées du Salon : Laure ADLER, Chantal CHAWAF, Mercedes DEAMBROSIS, Benoite GROULT, Leïla SEBBAR.

 

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2) de 15 h 30 à 17 h "Séverine. Vie et combats d’une frondeuse"

 Séverine, journaliste et écrivaine, est née à Paris en 1855, sous le nom de Caroline Rémy. En 1880, elle rencontre Jules Vallès, député de la Commune, célèbre écrivain, et veut alors devenir journaliste. Elle fonde avec lui, en 1881, le journal le Cri du peuple...

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 A propos du thème : Femme(s)

« Femme(s) »... Pôle d’une humanité dont l’homme est l’autre pôle. Lutte incessante pour l’acceptation de cette simple affirmation, sans laquelle pourtant rien n’est possible, en dehors de laquelle toutes les déchirures, tous les conflits, toutes les injustices ont été et sont encore perpétrés. Pour Elisabeth BADINTER, il faut revenir aux fondamentaux « liberté » et « égalité » si l’on veut vivre en harmonie et non plus les uns contre les autres : « Notre finalité est une meilleure entente entre hommes et femmes. Pour continuer à avancer, il faut admettre que nous avons beaucoup en commun et que l’on peut tout partager ». « Femme(s) »... Dont le combat, loin d’être une guerre, s’attache à faire triompher la force morale. Pour Michelle PERROT : « La construction d’une citoyenne, véritablement démocratique, donc universelle, suppose la participation des femmes. Elle est un enjeu des temps qui viennent. » « Femme(s) »... Génératrices, liens entre les générations et la tradition, fil d’Ariane de la transmission. Mais aussi, femmes poètes, auteurs, artistes, avec l’écoute en partage, le regard sur l’autre comme « un nouvel espoir », mot de Benoîte GROULT. Pour Antoinette FOUQUE, « Procréatrices, mémoire du futur, de mères en filles et de générations en générations, les femmes sont créatrices à leur tour, en nombre et dans tous les domaines. » Leur entrée massive dans l’histoire, par le fait du mouvement des femmes, est « le plus bouleversant des bouleversements. » Et Laure ADLER de dire : « Les livres ne sont pas des objets comme les autres pour les femmes ; depuis l’aube du christianisme jusqu’à aujourd’hui, entre nous et eux, circule un courant chaud, une affinité secrète, une relation étrange et singulière tissée d’interdits, d’appropriations, de réincorporations. »

Laissons-nous alors guider par ces livres et par les débats et tables rondes qui suivront, avec la volonté de les offrir en partage, de les porter en conscience vers un engagement citoyen et solidaire, de les accompagner avec espoir dans la voie d’une nouvelle condition humaine.

Sylviane LEONETTI

Chef de projet de La Ville Aux Livres

Avec Evelyne LE GARREC, auteur, Colette DEBLÉ, artiste peintre, et l’Association « Paroles de Femmes en Picardie » - « L’écrivain comme écrivain public : la voix des femmes par la voix d’une femme écrivain »

Dans le magazine ELLE, Nathalie Dupuis a regardé / écouté le coffret Marguerite Duras (20.11.09)

dvdduras.jpgPar Nathalie Dupuis - CULTE

POURVU QUE CA DURAS !

"C'est curieux, un écrivain. C'est une contradiction et aussi un non-sens. Ecrire, c'est aussi ne pas parler. C'est de taire."

Dans ce coffret indispensable, Marguerite Duras se livre pourtant. Dans deux films réalisés par Benoit Jacquot, on la découvre dissertant sur son travail. Dans un CD, une voix, celle de Fanny Ardant, sublime ses textes.

N.D.

"Ecrire, la mort du jeune aviateur anglais", de Marguerite Duras (éditions Montparnasse / Ed. Des femmes-Antoinette Fouque)

14/11/2009

Patrick de Sinety a aimé le coffret Marguerite Duras (Magazine Page de novembre 2009)

Durasimage.JPGPAGE novembre 2009
 
DVD / Livres audio
ECOUTER / LIRE
 
Le succès des livres enregistrés ne se dément pas. Ce doit être une question d'époque. Les loisirs consacrés à la lecture font défaut, alors les livres dont on a entendu parler avec curiosité au cours des dîners en ville, à la télévision, à la radio, dont on a vu des commentaires enthousiastes dans la presse, mais que l'on n'a pas le temps de lire, on les écoute dans sa voiture, dans le métro ou dans son bain... Le foisonnement d'éditeurs qui se sont spécialisés dans le genre, et ceux, comme Gallimard, qui se sont mis à enregistrer sur CD les romans qu'ils ont précedemment édités sous la forme traditionnelle de feuilles reliées afin de composer un livre, témoignent de l'attente du public.
 
Par Patrick de Sinety
 
(...) De leur côté, les éditions Des-femmes et Montparnasse publient un coffret DVD accompagné d'un double CD consacré à Duras. Et c'est encore la voix de Fanny Ardant que l'on entendra lisant deux textes de Marguerite Duras, La Mort du jeune aviateur anglais et Ecrire, lesquels textes furent écrits dans la foulée de rencontres filmées par Benoit Jacquot, qui fut l'assistant de l'écrivain sur les tournages de India Song et Nathalie Granger. Les deux DVD sont le fruit de ces entretiens réalisés en 1993 entre le réalisateur et l'écrivain. Dans le premier, intitulé La Mort du jeune aviateur anglais - qui inspira donc le livre du même nom - , Marguerite Duras raconte une histoire, celle d'un aviateur anglais dont elle découvrit la tombe aux environs de Deauville, récit dans lequel il est souvent difficile de faire la part de la réalité et de la fiction.
 
"L'événement de Vauville, je l'ai intitulé La Mort du jeune aviateur anglais, explique l'écrivain. En premier je l'ai raconté à Benoit Jacquot qui était venu me voir à Trouville. C'est lui qui a eu l'idée de me filmer lui racontant cette mort du jeune aviateur de vingt ans. Un film a donc été fait [...]. Ce film une fois fait, on est allé dans ma maison de Neauphle-le-Château. J'ai parlé de l'écriture. Je voulais tenter de parler de ça : Ecrire. Et un deuxième film a été ainsi fait avec la même équipe et la même production."
 
Ces quatre pièces, outre le fait que les deux documents filmés sont des témoignages exceptionnels sur la mécanique créatrice à l'oeuvre chez un écrivain de premier ordre, sont intéressantes en celaqu'elles montrent, pour ainsi dire en direct, le processus d'élaboration d'un texte. (...)

12/11/2009

Alan Argoul a écouté le coffret Nathalie Sarrraute et nous en livre ses impressions sur ses deux blogs (12/11/2009) - Merci !

Nathalie Sarraute, Tropismes...lus

publié sur ses deux blogs très fréquentés par Alan Argoul, jeudi 12 novembre 2009 (Argoul)

http://www.medium4you.be/Nathalie-Sarraute-Tropismes-et.h...

http://argoul.blog.lemonde.fr/2009/11/12/nathalie-sarraut...

nathalie-sar345b-43b1e.jpgLes livres audio sont loin d’être des livres idiots. Vous me direz : « Mais la lecture se fait par le regard, prononcer les mots qu’on lit est archaïque et freine la pensée ! » Certes, mais rien ne vous empêche de lire, puis d’écouter ; ou d’écouter d’abord, puis de lire. Les deux démarches ne s’excluent en rien, elles sont complémentaires.

Surtout pour un auteur amoureux des mots, qu’elle aime à lentement prononcer en les laissant rouler sur la langue. Vous accédez alors à une autre dimension de l’œuvre, celle du conte, de la réflexion en causant, comme jadis le soir à la veillée. Nathalie Sarraute lit de sa voix lente, détachée, un peu traînante. Avec une pointe d’accent social du siècle dernier qui n’est pas le français standard mais un usage léger de salon. Elle rythme la lecture à haute voix comme si elle désirait ralentir la pensée pour bien faire pénétrer. Massage des mots, crème des idées, huile des formules. Le vibrato de la sensation pénètre la lecture, ce qui est impossible avec le seul regard.

Pour Nathalie Sarraute, les mots sont faits pour être dits.

Sur les 15h18 d’enregistrement, l’auteur partage la lecture avec Madeleine Renaud et Isabelle Huppert. Les œuvres suivantes sont lues à haute voix : Tropisme, Entre la vie et la mort, L’usage de la parole, Tu ne t’aimes pas, Ici. Deux CD Mp3, lisibles non en voiture mais sur ordinateur et tout autre lecteur Mp3, offrent des heures de mots lus. Et vous pouvez toujours emporter l’édition de la Pléiade en plus.

Nous sommes dans l’intime de la sensation première où mots et impressions se répondent. « Eh bien, quoi, c’est dingue ! » Ce leitmotiv qui revient dans L’Usage de la parole dit l’étonnement de l’auteur face à cette expérience inouïe.

Nathalie Sarraute, Tropismes et autres textes lus, éditions des Femmes Antoinette Fouque, La bibliothèque des Voix, novembre 2009

Nathalie Sarraute, Oeuvres complètes, Pléiade Gallimard, 67.15€

10/11/2009

Line Tubiana sur Judaïques FM consacre une soirée au coffret Duras (le 10/11/09)

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Catherine Guyot, représentante des éditions Des femmes-Antoinette Fouque, a été invitée par Line Tubiana à dérouler l'origine du projet et le contenu du nouveau coffret sur Marguerite Duras, coédité avec les éditions Montparnasse.

Je vous communiquerai le lien de l'émission sur Judaïques FM, à écouter en ligne dès que je le connaîtrai !

07/11/2009

Laurent Fialaix consacre un long papier à Fanny Ardant dans "Questions de femmes" (novembre 2009), saluant la sortie de ses livres audio inclus dans le coffret Marguerite Duras (coédition Des femmes-Antoinette Fouque & Montparnasse)

QUESTIONS DE FEMMES  (novembre 2009) salue la sortie du coffret Marguerite Duras, coédité par les éditions des femmes-Antoinette Fouque... et les éditions Montparnasse.... Et avec FANNY ARDANT !
A la Une Fanny Ardant
Itinéraire d'une enfant très gâtée
Trente-cinq ans de carrière, une filmographie exigeante, une discrétion qui confine au mystère, Fanny Ardant multiplie les casquettes. Mais qui se cache derrière l'icône ? Par Laurent Fialaix
 
durascoffret.gifD'elle, on voit, d'abord, la beauté, l'immense classe, la voix si profonde et frissonnante, ce talent singulier qui fait d'elle l'actrice unique qu'on suit depuis le milieu des années 70 quand on la découvrit à la télévision dans Les Dames de la côte. On salue sa légende aussi, depuis qu'elle partagea deux films, deux chefs d'oeuvre (La Femme d'à côté  et Vivement dimanche), avec François Truffaut.
D'elle, pourtant, on ne sait pas grand chose, que quelques informations glanées, ça et là, au cours de ses interviews. Fanny Ardant est une passionnée. Fanny Ardant est un brin sauvage. Fanny Ardant n'a pas peur du temps qui passe, mieux, elle le devance. Fanny Ardant est une grande timide qui ne cherche pas à alimenter son apparente froideur, juste une carapace. Et Fanny Ardant est plutôt fragile sous son masque de force et d'austérité... De fait, quand bien même elle joue dans une comédie comme Pédale douce, ce n'est pas sa drôlerie que l'on retient le plus, mais ce côté sombre que l'on devine et qui attire en même temps qu'il interroge. Il n'empêche qu'elle peut nous faire rire, la Fanny ! Comme dans cette scène inoubliable de 8 Femmes, de François Ozon, où son personnage fait subitement son coming out et s'en va rouler une pelle d'anthologie à Catherine Deneuve !
Forte de ses rôles si marquants, la star pourrait rester campée dans sa tour d'ivoire. Au contraire, au fil des années, elle se montre de plus en plus, prend des risques, se met en danger. Une artiste toujours sur le fil. Ainsi, en 2008, on la voyait au cinéma dans Hello Goodbye, de Graham Guit ; elle mettait en scène une opérette (Véronique) au Théâtre du Châtelet et, en toute discrétion, travaillait déjà à son premier film en tant que réalisatrice, Cendres et Sang, un long métrage torturé, sombre et intello, sorti il y a quelques semaines, et qui fut très diversement accueilli par la critique comme par le public. Peu importe, Fanny Ardant n'est pas de celles qui se laissent dépérir par un échec. Cet été, elle fut récitante dans un festival de musique classique aux côtés de Gérard Depardieu. Pour les Editions Des femmes, elle vient aussi d'enregistrer des textes de Marguerite Duras qu'elle joua plusieurs fois au théâtre. Enfin, côté conéma, avant de l'apercevoir dans le dernier long métrage de son ami Claude Berri, où elle fait une apparition (Trésor), c'est dans Visage qu'on la verra. Un film tourné au musée du Louvre par le Taïwanais Tsai Ming-liang qui s'est inspiré des collections du célèbre musée pour imaginer une comédie musicale. Fanny Ardant ne pouvait pas ne pas y participer. Le film, en réalité, est surtout un hommage à François Truffaut. Car comme dans La Nuit américaine, on y voit un tournage et son héros (Jean-Pierre Léaud, l'éternel Antoine Doinel). Et Nathalie Baye et Jeanne Moreau, deux des héroïnes de Truffaut, en font aussi partie. Ou comment rester fidèles à celui qui fit de nous une star...
Justement, sur ce point, nul besoin de s'inquiéter : quand Fanny aime, c'est pour toujours. Lors de la promotion de Cendres et Sang, elle ne s'en cachait pas : en plein tournage, elle a beaucoup pensé à l'ancien compagnon disparu il y a vingt-cinq ans. "J'aurais aimé le consulter. Pas pour les grandes décisions, mais pour des petites choses : une tenue ou une réplique. C'est dans la trivialité du quotidien que l'absence se fait le plus sentir."
 
fa.jpgProfonde, sincère, toujours au coeur de sa propre vérité, l'actrice ne compose pas. Entière, elle se protège, salue le bonheur d'avoir trois filles qui lui ont été providentielles ("Elles m'ont empêchée de faire des choses destructrices, elles m'ont obligée à me construire"), et se réfugie souvent dans une foi qu'elle revendique avec force : "Je le vis comme une conversation avec le monde des dieux, avec mon ange gardien. Je ne suis pas toujours en harmonie avec le monde visible, mais j'ai toujours été à l'aise avec le monde invisible. Je me sens protégée. Et j'aime dire merci, sans rien demander." Et si c'était cela le secret du mystère de Fanny Ardant ? Une vie finalement ailleurs, très loin de là où on l'imagine. A bien y réfléchir, Fanny Ardant n'est pas la femme d'à côté. Non, elle nous vient d'un autre temps que les moins de 250 ans ne peuvent pas connaître. Et c'est exactement pour ça qu'on l'aime. A la folie !
 
Un coffret DVD (et deux CD) Marguerite Duras, "Ecrire" et "La mort du jeune aviateur anglais" est disponible. Les deux films sont réalisés par Benoit Jacquot, et sur les 2 CD les textes de Duras sont lus par Fanny Ardant.
1949 : Fanny Ardant naît le 22 mars à Saumur d'un père officier de cavalerie. Elle passe une partie de son enfance à voyager et vit à Monaco
 
1974 : Elle fait ses débuts au théâtre dans Polyeucte de Corneille, mise en scène par Dominique Leverd qui lui donne, en 1975, sa première fille, Lumir
 
1981 : Après avoir tourné plusieurs téléfilms, et quelques films sans intérêt, elle rencontre François Truffaut qui lui offre l'un de ses rôles les plus forts dans La Femme d'à côté. Elle devient sa compagne
 
1983 : Fanny Ardant et François Truffaut sont les heureux parents de Joséphine. Sur scène, elle triomphe dans Mademoiselle Julie.
 
1984 : Elle tourne pour son compagnon dans Vivement dimanche, son dernier film. Truffaut meurt la même année
 
1985-1994 :  Elle tourne pour Costa-Gavras, Ettore Scola, Volker Schloendorff, Alain Resnais, avant de connaître un bref passage à vide au début des années 90. Là, elle n'apparaît que dans des films mineurs. Jusqu'au Colonel Chabert, un téléfilm diffusé en 1994 et qui donne un second souffle à sa carrière
 
1990 : Elle donne naissance à sa troisième fille, Baladine, dont le père est le cinéaste italien Fabio Conversi (producteur du récent Je l'aimais, de Zabou Breitman, et de Romanzo ciminale, et, par ailleurs, directeur photo de nombreux films comme Pédale douce ou Un indien dans la ville)
 
1996 : Pour la première fois, elle apparaît dans une comédie, Pédale douce. Une performance saluée par un triomphe public, et par un César de la meilleure actrice. Elle enchaîne avec un autre rôle marquant, dans Ridicule, de Patrice Leconte
 
1997 : Au théâtre, elle est une inoubliable Maria Callas dans Master Class, mis en scène par Roman Polanski. Un rôle qu'elle prolongera quatre ans plus tard avec le film Callas forever, de Franco Zeffirelli
 
2001 : Elle charme la France entière dans 8 Femmes, de François Ozon
 
2007 : Elle provoque un scandale en Italie. On lui reproche ses propos tenus dans une interview. Elle y parle de Renato Curcio, le fondateur des Brigades Rouges, comme d'un "héros". Peu de temps après, elle présente ses excuses : "Je comprends que des gens m'aient traitée d'idiote. Je ne leur donne pas tort. Je ne suis pas une politicienne, je n'ai pas d'expérience. Je ne suis qu'une actrice, une personne ordinaire." Son seul et unique faux-pas en trente-cinq ans de carrière.
 
2008 : Pour la première fois, elle passe à la mise en scène, pour l'opérette Véronique, au Théâtre du Châtelet
 
2009 : Elle réalise son premier film, Cendres et Sang.
 
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 ***
 
Nathalie Rheims, écrivain productrice. Elle publie Claude aux Ed. Léo Scheer un livre consacré au souvenir de Claude Berri, son compagnon, et évoque pour nous son amitié avec Fanny Ardant.
"Fanny, c'est la lumière, un diamant brut, couleur d'encre, la femme absolue, le rire le plus éclatant qu'il m'ait été donné d'entendre, la grâce dans chacun de ses gestes, une élégance unique, une présence hors du temps, la beauté, la simplicité, la gentillesse, avec ce mystère qui la tient à distance du monde, tout en restant attentive à ceux qui l'entourent."
 
Gérard Depardieu, acteur. Dans La Femme d'à côté, puis dans Nathalie, ils forment un couple mythique du cinéma français.
"Ce qui est bien avec Fanny, c'est qu'elle bouscule le bonheur !"
 
Marcel Hartmann
Le photographe Marcel Hartmann l'a rencontrée lors d'une séance photo pour le journal Le Monde. Il raconte :
"(...) Quand elle est entrée dans la pièce, elle a complètement envahi l'espace : elle a une présence affolante. A la fois calme et gracieuse, et d'une grande classe. Elle s'est assise sur le canapé, a posé son sac dessus, puis ses lunettes, et elle a croisé les jambes. Tout ce qu'il me restait à faire, c'était prendre la photo ! Donc, ça nous a pris une minute trente, pas plus..."
 
Anne Fontaine, cinéaste. Ensemble, elles ont tourné Nathalie, sorti en 2004.
"Elle n'est pas douée pour le réel. Pas du tout pragmatique, elle est dans l'effusion, le romanesque... Ce n'est pas une pose d'actrice, elle est ainsi au quotidien."