09/11/2009
Causette, le nouveau magazine "plus féminin du cerveau que du capiton" a déjà interviewé Antoinette Fouque sur son nouveau livre ! (novembre 2009) - Bravo ! Longue et heureuse vie à Causette !
07/11/2009
Laurent Fialaix consacre un long papier à Fanny Ardant dans "Questions de femmes" (novembre 2009), saluant la sortie de ses livres audio inclus dans le coffret Marguerite Duras (coédition Des femmes-Antoinette Fouque & Montparnasse)
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Le passionné Georges Bertin livre une profonde étude sur Chantal Chawaf dans l'excellente Revue Esprit Critique (été 2009)
Un article de fond sur l'oeuvre de Chantal Chawaf, écrit par un grand professeur !
Revue Esprit Critique
été 2009 - volume 12 - numéro 2 | |||
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Le corps et le verbe, la langue en sens inverse. Paris, Presses de la Renaissance, coll. « Les essais », 1992, 295 p. Compte rendu de lecture par Georges Bertin Les hasards d’un colloque mélusinien au Centre d’études et de civilisation médiévale de l’université de Poitiers nous ont fait découvrir un auteur qui a écrit un ouvrage important, nous semble-t-il, sur le lien entre l’écriture et la vie, sur la privation de langue vivante dont souffre notre époque. Écrivaine française contemporaine, Chantal Chawaf a produit plus de 25 romans, plusieurs essais, de nombreux articles, dans lesquels elle explore la féminité, les relations mère - fille, l’écriture féminine et les langages du corps. Le corps séparé Dans cet essai très dense, écrit en 1992 et qui n’a pas pris une ride, le propos de l’auteure est défini d’emblée : la séparation du corps et de l’esprit doit être rapportée à la privation de langue vivante dont les humains sont victimes. En effet, « Depuis l’aube du christianisme, l’être humain est abandonné en partie à lui-même, à une partie réprimée de lui-même ». Sa parole, sa voix, son corps sont momifiés, puisque le corps se trouve, en quelque sorte, court-circuité dans sa respiration, sa relation au monde, asservi qu’il est par deux mille ans de division, d’angoisse, de culpabilité, de reniement ; puisque, dans sa haine et sa peur du vivant, l’homme prend la vie pour la mort et la mort pour la vie. D’où encore le fait que nos identifications soient partielles, que notre intimité reste interdite, inconnue, baignant dans un climat de honte et d’inceste. Car « La vie fait peur dès lors que l’on ne s’autorise plus à la connaître ». Et de proposer un rapprochement de la langue de la vie avec son origine vécue, « dans un langage où le verbe et la chair s’unissent au réel de notre corps et non plus seulement de notre croyance ».Ce constat posé, l’auteur va tenter de nous faire changer de direction en prenant soin de la langue au moyen de la force amoureuse de la vie qui peut « traverser le mot jusqu’au foyer de sa lumière intérieure et, tout en l’illuminant, cicatriser la blessure de la séparation ». Les mythes Au service de ce projet de revitalisation collective – lequel a des effets tant sur l’intime que le social – Chantal Chawaf va explorer plusieurs mythes. Celui de la Genèse nous raconte comment la connaissance du corps fut interdite à l’humanité en même temps qu’elle la fondait, car « le besoin de connaître est transmis à l’homme par la femme » et notre destin consiste à sortir du paradis du fantasme et à passer de l’inconscient au conscient en le payant de sa souffrance. La Bible, dés le début du texte sacré, nous apprend notre réalité d’hommes et de femmes terrestres, nos limites humaines. Mais le christianisme « fit du corps un péché et de la femme celle par qui le péché arrive ». Dans l’Évangile de Saint-Jean, on ne trouve plus la Femme (le corps qui précède le corps), mais seulement le Verbe qui précède le corps, « Puisque le corps existe avant de savoir qu’il existe… que la parole est divinisée au prix de la perte de son origine biologique humaine ». C’est là, pour notre auteure, que va naître, encouragé par l’Église médiévale, « un langage désincarné qui exilera du verbe le corps, et donc la femme, la mère organique », privant le verbe de son altérité. Il n’existera plus dès lors qu’un genre le masculin, et si le féminin subsiste, ce sera sous la forme d’une androgynie cachée. Pourtant, il n’y avait rien de tel dans l’antique épopée de Gilgamesh, où, grâce à l’amour d’une femme, l’intelligence d’Enkidou s’éveille et qu’il devient entièrement humain, car « S’il y a quelque chose de biologique, c’est bien ce passage de l’homme par la femme ». C’est ce que détruit, pour Chawaf, la religion chrétienne, et son mythe cruel pour la vie humaine, dont rend bien compte le mythe courtois. Le conte de Perceval va ainsi produire un langage affectif pour exalter la femme. Mais demande l’auteure, quand elle est idéalisée, que reste-t-il de la femme ? Et l’aventure chevaleresque ne peut se vivre que loin d’une femme « dont seule l’image trop idéalisée sera proche du chevalier qui aimera une femme imaginaire ». Pour le christianisme, le corps est fille de l’enfer et l’esprit fils de Dieu. Elle ne peut inviter à l’union du corps et de l’esprit cette religion qui dresse une partie de l’homme contre l’autre partie de lui-même, alors qu’il « est vital de restituer à la vie physiquement et même dangereusement humaine sa spiritualité charnelle ». La parole divine, sacrée, est là opposée à la chaire profane, elle est fermeture à la vie, abstraction. Reich ne disait pas autre chose, quand dans la Révolution sexuelle, il décrivait les mécanismes pathologiques de l’ascétisme et du refoulement sexuels dans les sociétés autoritaires [1]. Il faut tuer le corps pour vivre, c’est le message chrétien, car le passé doit triompher, il est l’ordre, il fait loi, il sacrifie le futur. La thèse de l’auteure est donc un projet de vie « qui voudrait que la chair et l’esprit ne fasse plus qu’un. Soit une union intérieure où le corps et l’esprit en s’unissant en chacun de nous puissent s’ouvrir à l’autre et à l’extérieur en nous rendant pleinement humains avec soi et avec l’autre, dans le respect de l’altérité et de l’intégrité », et de convoquer à son service nombre d’exemples littéraires : - Perceval le gallois où la Parole Mère est oubliée, quand le roman met en scène les limites de l’incommunicable, - l’écriture contemporaine quand, de Sainte-Beuve ou Flaubert et Maupassant (Pierre et Jean) à l’Autoportrait en érection de Guillaume Fabert et à Paul-Loup Sulitzer (la femme pressée), un leitmotiv traverse nombre d’œuvres : rendre compte de l’aliénation du corps, aboutir à la possibilité pour le corps de parler sa propre langue sensorielle, « d’élaborer une symbolisation charnelle qui manque au langage symbolique », faire qu’idées et émotions ne s’annulent plus réciproquement. En d’autres termes, et dans un autre domaine c’est ce que les sociologues Michel Maffesoli ou François Laplantine appellent « Sociologie du sensible », et nous-mêmes avec Jacques Ardoino et René Barbier nommons la posture impliquée… laquelle ne peut faire l’économie d’une pédagogie du symbole ancrée sur le trajet anthropologique entre pulsions subjectives et intimations du milieu (Gilbert Durand). Á l’inverse sont également explorées, dans cet essai, les postures romanesques du corps étranger à la vie ou de la haine de soi, dans un monde où « la parole qui sort du corps ne sait plus y rentrer sauf pour devenir muette ». La spiritualité elle-même est victime de cette vieille guerre des pouvoirs car « au pouvoir de la mère sur l’enfant succède et s’oppose plus tard, dans l’esprit, le pouvoir de la langue sur la mère ». Mais il n’est pas évident de revenir au monde natal pour passer à une langue mère non terrifiante, non menaçante, initiatrice… et la langue y tient une large part, « une langue aussi verbale que muqueuse ! » Les mots, le langage Suit alors un développement très intéressant sur le thème : d’où viennent les mots ? D’où vient la puissance de leurs sons ? Qu’est-ce qui communique dans la fusion de la voix et des mots ? Et Chantal Chawaf nous indique : le roman de la vie pour s’écrire doit être « un afflux de sang, de forces, de chaleur, une régénération verbale ». Ce n’est certes pas la langue des ordinateurs, des spots et des clashes qui y tendra, « dans la chute spirituelle rendue inexorable par l’asservissement médiatique ». Elle en appelle, en littérature, au charnel symbolique, à une littérature qui supporte le malheur de l’être humain, pour réconcilier l’humain avec une partie de lui-même. Pour cela, pour se guérir de l’ingratitude, il doit écrire la vie dans sa réalité charnelle et non pas imaginaire, ce qu’elle nomme le charnel symbolique, quand les « origines langagières flottent dans le féminin des rondeurs maternelles du corps de la femme », langage des origines charnelles et affectives qui rappellent à l’homme « qu’il est autant concerné par la féminité que la femme » et ce « malgré la terreur qu’il manifeste de l’intérieur féminin ». Et ce langage charnel symbolique, pour progresser, doit d’abord surmonter les inconscients et faire entendre le féminin. Ce qui est désiré, ce n’est pas la chair, c’est le corps, c’est l’idée qu’on s’en fait, sauf à rendre proche mentalement cette chair par le langage verbal. Ce que n’ont pas voulu ou réussi les troubadours, car, pour Chantal Chawaf : « La langue médiévale emprisonne la femme dans l’amour du mot […] volupté verbale et désincarnée dans de féeriques métamorphoses de la peur et de la haine et de la peur obsédante du corps réel ». Le langage courtois ne caresse pas, ne pénètre pas. C’est l’interdiction donnée au mot d’avoir une chair et une peau. Il faut donc élaborer une langue qui entretienne un rapport avec le corps, ce langage des origines qui fait entendre la voix de la mère, qui s’approche de la maternité comme s’il était un peu une matrice de la langue où se formerait la vie symbolique. Non pas sublimer qui nous rattache plus à l’imaginaire qu’au réel, mais traduire, « Copier la voix dans le souffle, dans l’écrit, ne pas être dupes de nos silences de nos idéalisations, de nos réticences et de nos pudeurs qui restreignent l’expression totale de la vie ».
Médiation Et l’auteur de poursuivre par une apologie de la médiation (ce que nous-mêmes avec quelques autres appelons encore une pédagogie du symbole, une troisième voie), entre le corps et le langage, une langue à mi-chemin entre le langage et la chair, une langue qui n’a plus peur de l’angoisse, qui luttera contre ce qui provoque l’angoisse et que l’on préfère cacher, le caractère traumatisant de la vie. Il faut lutter contre le manque d’un langage symbolique originaire, celui qui a précédé le langage symbolique du père, le langage convenu, social, autorisé, un pré langage puisque la langue culturelle tue notre langue maternelle. On le voit bien, cette médiation est d’abord littéraire. Et l’auteure de citer, dans ces pages très impliquées – et impliquant chaque lecteur – le travail littéraire de Régine Desforges, lequel justement s’appuie sur ce type d’émotions langagières car elle écrit à partir de ce corps intime, secret, inavoué, turbulent qu’elle partage avec le lecteur, et c’est sans doute ce qui le rend insupportable aux tenants de l’autre voie, celle de la parole divinisée au prix de la perte de son origine. Le superbe entretien que produit ici notre auteure avec cet écrivain met bien cela en lumière et nous vaut un témoignage éblouissant de sincérité de Régine Desforges sur sa propre vitalité, sur ses histoires d’amour, « celles dont on peut mourir ». Elle campe avec justesse la souffrance vécue, l’imaginaire obsessionnel, destructeur, de certains moments de crise et sur le fait qu’un amour peut disparaître avec le force du temps, en dépit de la peur panique qu’éprouvent ceux qui mettent un terme à leur histoire d’amour. Car « Aimer, c’est le grand dérangement le dérèglement, la possession, et encore la mystique du plaisir, l’extase, la confiance »… quand les hommes généreux, dit Desforges vous laissent libres, « Quand le don de l’homme, c’est de permettre à la femme de s’exprimer et de faire plaisir et honneur à ce don ». C’est cela l’amour de la vie : « vivre ardemment, brûler la vie par les deux bouts, ne pas être économe, se gaspiller soi-même… ». C’est le pari d’un auteur « complètement physique » à l’encontre d’un monde où l’écart entre l’individu et le social est de plus en plus accentué. Suivent alors de pénétrantes analyses sur Freud et la guerre, la haine, la violence, la répression du régressif par le verbal, notamment dans le nazisme. Á l’encontre de ces constats de haine omniprésents, et le nazisme en est l’épiphanie absolue, servis par un idéalisme récupéré, frelaté, l’auteure propose « d’incorporer le langage pour que le corps vécu et la langue de la vie ne fassent plus qu’un ». Car, à ne pas vivre nos corps, la haine peut revenir, sous d’autres formes et en d’autres lieux, hanter d’autres personnalités dénaturées, et corrompre d’autres foules... « La haine exclusive est une maladie tenace pour l’esprit […] quand le fantasme nous tient éloigné des problèmes de la réalité ». Il faut donc, et c’est à la littérature de le faire (nous ajoutons pour notre part les formes de l’expression artistiques, et encore les pédagogies initiatiques), « développer chez les individus, la culture de la vie sensible, la langue affective de l’amour et de la vie... » pour nous détourner du gouffre. Chantal Chawaf prend ensuite plusieurs exemples dans la culture contemporaine, (les hippies, les rockers et leur mégalomanie infantile, certains romans policiers), quand nombre de formes du langage s’obstinent à s’occulter elles-mêmes jusqu’à ne plus être capables de faire face au malheur, à l’angoisse, toute une littérature bientôt remplacée par des pilules ou le bouton de télévision. Chantal Chawaf nous montre ainsi que la parole du corps sacrifié est inefficace si cette rébellion charnelle se sépare du spirituel, « car l’humain est un tout et que quand ce tout est mutilé, un humain n’est plus humain », la médiation doit donc surmonter l’ambivalence humaine, ne plus cliver la langue entre corps et esprit, sauf à satisfaire chez l’être humain une envie de tuer, à couper le vivant… Pour réparer le processus destructeur, conclut-elle, il nous reste maintenant à travailler, à apprendre mot à mot le passé de notre corps. Soit former les noms sensoriels des éléments… porter à la lumière l’inscription primitive humaine et trouver chaleureusement son équivalent, sa trajectoire, spirituelle. Alors un nouveau langage percera nos replis intérieurs « comme le vagissement d’un nouveau né traverse la chair jusqu’au jour ». Nous retrouvons bien ici la question de l’initiation, du trajet anthropologique, du passage du continu au discontinu, étudiée par Georges Bataille (1957) : « Nous sommes des êtres discontinus mais nous avons la nostalgie de la continuité perdue ». Nous supportons mal la situation qui nous rive à l’individualité de hasard, périssable, immergés que nous sommes dans la quête du sacré au début du troisième millénaire, laquelle est à la fois effort communautaire et exigence spirituelle. Avec Chantal Chawaf, nous pouvons ajouter que ceci consiste, sur la base de l’expérience de nos sens, à agglutiner Le sens en le référant à des formes à la fois fixes et mouvantes, spiritualisées et en même temps soumises à l’altération. Elle implique, en même temps qu’elle nous implique, plasticité, pluralité des faits, doit contribuer et à l’ébullition sociale et à la perdurance des schèmes imaginaux dont Gilbert Durand a bien montré ce qu’ils devaient aux expériences corporelles fondamentales, « unis que nous sommes tous dans la vulnérabilité humaine, métaphysique... ». [1] Bertin Georges, Un Imaginaire de la pulsation, lecture de Wilhelm Reich, Québec, Presses universitaires de Laval, 2003. |
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Isabelle Chazot nous éclaire sur le "backlash" dans le Marianne du 7 au 13 novembre 2009
Susan Faludi
Backlash
La revanche contre les femmes
Traduit de l’américain par Lise-Eliane Pommier, Evelyne Chatelain, Thérèse Réveillé
Broché 576 p. - 37 €
Poche 748 p - 8 €
1993
"Etre femme aujourd’hui en Amérique, à l’approche du XXI° siècle, quelle chance extraordinaire !" Les femmes ayant atteint l’égalité, le problème de leur statut ne se pose plus : pourquoi se pencher une fois encore sur cette question que les années 70 ont résolue pour toujours, telle est la mentalité actuelle qui prévaut, dans la rue ou au sein des sphères dirigeantes ou médiatiques, que ce soit outre-Atlantique ou en Europe...
"Et pourtant... " : ces deux petits mots, ces trois points de suspension, contiennent en puissance la somme de travail effectuée par Susan Faludi depuis 1986, l’ampleur de son enquête, cinq cent pages d’analyses exhaustives et d’une honnêteté qui ferait croire que la déontologie journalistique n’est pas un vain mot, quatre années terribles passées à éplucher les statistiques triomphalistes, à décrypter les sous-entendus des discours prononcés ou des paroles " en l’air ", à passer au crible les nouvelles modes vestimentaires, esthétiques, publicitaires ou juridiques, bref à chercher ce qui fonde aujourd’hui la mise au ban du problème majeur du statut de la femme au sein de la société contemporaine.
Qu’a donc découvert Susan Faludi pour que son livre, fondé sur l’analyse de ce problème que l’on proclamait caduque et résolu, touche à ce point l'opinion publique et devienne un best-seller aux États-Unis ?
En 1947, dans un film hollywoodien intitulé Backlash, ( littéralement " le coup de fouet en retour", on dirait en français le " retour de manivelle", un homme faisait accuser sa femme d’un meurtre qu’il avait lui-même commis.
Dès la première page de son livre, Susan Faludi nous livre la clef de l’énigme, qui est aussi le moteur de son ouvrage : "Derrière cette victoire des femmes américaines célébrée à grand bruit, derrière cette reconnaissance unanime et sans cesse réaffirmée du droit des femmes à disposer d’elles-mêmes, un autre message se fait jour. Et il dit ceci aux femmes : vous avez conquis la liberté et l’égalité, mais pour votre plus grand malheur."
L’auteur montre que ce " constat de désespoir " est faux de trois façon. Les femmes tout d’abord n’ont pas acquis l’égalité : une analyse des statistiques et de leur fonctionnement le démontre à tous les niveaux, que ce soit celui du quotidien et de la vie en commun, celui du travail, celui du pouvoir politique, administratif ou médiatique, celui de la culture. Ensuite, la liberté tant vantée n’est qu’un leurre — qu’on pense par exemple à la remise en question de l’avortement aux États-Unis, ou aux représentations traditionnelles de la " féminité " définie selon des critères masculins. Enfin, la femme libérée, active, diplômée, sans mari, sans enfant mais malheureuse n’est qu’un mythe, une façon pour certains hommes et certaines femmes de se venger de cette joyeuse liberté que des femmes, qui sont loin d'être la majorité ont effectivement acquise.
"La vérité, c’est que nous assistons depuis dix ans à une revanche, à une puissante contre-offensive pour annihiler les droits des femmes”, pour faire croire que “le chemin qui conduit les femmes vers les sommets ne fait que les précipiter, en réalité, au fond de l’abîme ".
L’ouvrage de Susan Faludi nous enseigne que l’esprit critique est l’une des valeurs fondatrices de la démocratie.
Susan Faludi est enquêtrice au Wall-Street Journal ; elle a reçu le prix Pulitzer pour Backlash.
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05/11/2009
Antoinette Fouque, "POUR" la Gestation pour autrui (dossier du Nouvel Obs du 05/11/09 par Doan Bui)
00:00 Publié dans Antoinette Fouque, Elisabeth Roudinesco, Gestation pour autrui | Lien permanent | Commentaires (0)
02/11/2009
Dorothée Blancheton dans Psycho Enfants (novembre-décembre) écrit "Je joue donc je suis" - Entretien avec Sophie Marinopoulos
Au-delà des plaisirs qu'ils procurent, les jeux en disent beaucoup sur l'équilibre psychique et psycho-affectif de nos enfants. Dans son nouveau livre
Dites-moi à quoi il joue. Je vous dirai comment ll va, Sophie Marinopoulos, psychologue, léve le voile sur le pouvoir qu'ils possèdent.
Entretien. Par Dorothée Blancheton
PsychoEnfants : Pourquoi avoir écrit un livre sur le jeu ?
Sophie Marinopoulos : Parce que les jeux en disent long sur la santé psychique de nos enfants. Quand un enfant a de la fièvre, nous savons que quelque chose d'anormal se passe et nous allons consulter. La santé psychique, elle, n'a pas de visualisation. Cependant, en analysant la manière dont un enfant joue, il est possible d'établir des repères pour savoir ce qui se passe dans sa tête s'il se sent bien avec lui-même, s il a une estime de lm suffisante, si le rythme du quotidien lui convient.
PE. : De manière générale, qu'apportent les jeux à nos enfants ?
S. M. : Ils les aident à gagner en autonomie.
PE. : Est-ce aussi vrai pour le bebé ?
S. M. : Tout à fait. Dès la naissance, le bebe joue avec sa bouche pour decouvrir le monde et s'autonomiser. Le jeu lui donne la possibilité de sans faire sa curiosité. Le bebe fait ainsi ses premières expériences par lui-même. Cette découverte est possible par l'espace que ses parents lui laissent.
PE. : Dans votre ouvrage, vous créez un ludomètre, De quoi s'agit-il ?
S. M. : II s agit d'un outil qui permet aux parents d'être plus attentifs à l'évolution psychique de leur enfant. A travers le ludometre, j'explique ainsi que pour grandir, un enfant doit passer par des stades de croissance mesurables par le jeu. Ces stades sont un peu nouveaux par rapport a ceux de la psychanalyse qui sont le stade oral de O a I an, le stade anal de I à 3 ans, le stade phallique de 3 a 5 ans Ici, les phases se succèdent et se superposent.
PE. : Qu'est-ce que les enfants découvrent à travers ces stades ?
S. M. : De O a 8 mois l'enfant s'éveille essentiellement par la stimulation sensorielle les sons, les odeurs, le toucher, les paroles le nourrissent. Les tapis d'éveil, hochets, boîtes à musique sont donc à privilégier. II est aussi possible de fabriquer soi-même des jouets en faisant contraster les matières, les couleurs. De 8 a 20 mois, c'est la motricité qui prime L'enfant s'éloigne peu a peu du corps de ses parents pour explorer le monde qui l'entoure. Les cartes a tirer, les livres d'images ont du succès a cet âge. II faut opter pour des jeux avec une qualite de compréhension. L'enfant sera fier de pouvoir tenir son jouet tout seul.
PE. : Et au-delà de 20 mois ?
S. M. : De 20 mois a 3 ans, les enjeux affectifs sont plus compliqués. L'enfant se sent plus fort. II casse, crie, court et devient bruyant. Preuve évidente qu'il grandit. Les parents ont alors un rôle une fonction interdictrice à tenir. Ce qui, bien entendu, est épuisant puisque l'enfant désobéit. Celui-ci est encore trop petit pour intérioriser chaque règle, chaque non, chaque interdit. A cet âge, il a besoin de jouets solides, de pâte a modeler, de jeux d'eau. Les sorties au parc sont également importantes, elles canalisent son energie. Vers 4 5 ans, l'enfant devient plus calme. Il se construit des reperes et intègre davantage les interdits. Il aime ses jouets et veut les garder pour lui. Durant cette période, il découvre qu'il est un enfant sexué et comprend qu'il existe des jouets pour les garçons et des jouets pour les filles. C'est le début du triangle oedipien. Les petits garçons ont besoin de jouer avec leurs petites voitures et leurs circuits et les petites filles avec leurs poupées.
PE. : Et pour les 5-6 ans ?
S. M. : Place au relationnel, aux invitations d'anniversaire, aux amitiés On joue à faire comme si, à faire semblant. On opte pour la dînette, les déguisements, la marchande. Au delà de 6 ans, les sports sont conseillés, ainsi que les soirées pyjama l'enfant peut commencer à dormir à l'extérieur de la maison. Cette période est aussi celle du savoir et des activités qui vont avec maquette, jeux de societe, labo de chimiste. Attention toutefois à ne pas cristalliser d'attente narcissique sur l'enfant, à ne pas trop exiger de lui. Il doit aussi grandir seul, à travers l'ennui et l'échec.
PE. : Vous parlez du jeu du « cache-coucou » à partir de 12 mois. En quoi ce passe-temps est-il important ?
S. M. : Le « cache-coucou » a une fonction symbolique : Papa et maman se cachent derrière leurs mains pour reapparaître ensuite. Ce jeu permet à l'enfant de maîtriser son angoisse de la separation. Il lui donne l'impression de maitriser l'éloignement de ses parents et de mieux supporter leur distance.
PE. : Les enfants jouent-ils toujours autant qu'autrefois ?Sophie Marinopoulos - LLL 1790 €
S. M. : Ils joueraient autant si on leur laissait plus d'espaces et moins d'écrans. Les écrans annulent la créativite et la curiosité. Face aux écrans, on n'est plus dans la rencontre avec un autre.
À lire...
Quand s'inquiéter ? Quand votre bébé ne repond pas aux stimulations sensorielles. Quand votre enfant manifeste une peur
excessive face au monde qui l'entoure. Quand votre enfant n'évolue pas dans ses activites ludiques. Quand votre enfant manifeste de fortes désorganisations d'ordre corporel.
S. M. : Ils joueraient autant si on leur laissait plus d'espaces et moins d'écrans. Les écrans annulent la créativite et la curiosité. Face aux écrans, on n'est plus dans la rencontre avec un autre.
À lire...
20:57 Publié dans Enfance, Psychanalyse, Sophie Marinopoulos | Lien permanent | Commentaires (0)
Le site de Elle publie à nouveau l'article de Catherine Robin (02/11/09)
MLF : 40 ANS ET TANT A FAIRE sur www.elle.fr (02/11/09)
Elles étaient une quinzaine, âgées de 17 à 33 ans, bien décidées à ne plus s’en laisser conter. C’était en octobre 1968. Réunies dans un petit studio de la rue de Vaugirard, à Paris, elles posaient les bases d’un mouvement qui allait faire avancer les droits des femmes à pas de géant. Elles s’appelaient Antoinette Fouque, Monique Wittig... et venaient de fonder le Mouvement de libération des femmes. Quarante ans après, le MLF est toujours là en dépit des attaques et il a accompagné toutes les conquêtes des femmes : de l’IVG à la parité en passant par l’égalité au travail. « Nous avons plus fait en 40 ans qu’en 4 000 ans », déclarait récemment Antoinette Fouque. Aujourd’hui, la relève est-elle assurée ? « Oui, répond Jacqueline Sag, militante de la première heure. Mais c’est plus difficile. Les jeunes femmes qui ont bénéficié de nos acquis sont beaucoup moins politisées. Elles n’utilisent pas forcément les mêmes armes. En tout cas, il y a encore fort à faire. »
Catherine Robin
A lire : « Génération MLF » (Editions des Femmes). Sortie le 16 octobre.
12:29 Publié dans MLF (40ème anniversaire, octobre 1968 - 2008) | Lien permanent | Commentaires (0)
01/11/2009
La Quinzaine Littéraire remarque notre coffret Nathalie Sarraute (1er au 15 novembre 2009)
22:15 Publié dans Bibliothèque des voix, Isabelle Huppert, Madeleine Renaud, Nathalie Sarraute | Lien permanent | Commentaires (0)
Le Dossier familial de novembre 2009 se penche sur Sophie Marinopoulos...
A lire « Dites-moi à quoi il joue, je vous dirai comment il va ».
Pour la premiere fois, un psychanalyste apprend aux parents à mesurer l'équilibre psychologique de leur enfant en le regardant jouer. A cette fin, l'auteur a conçu un « ludomètre », courbe de croissance ludique qui donne des repères par tranche d'âge.
Sophie Marinopoulos, éditions Les Liens qui libèrent, 17,90 €
18:09 Publié dans Enfance, Psychanalyse, Sophie Marinopoulos | Lien permanent | Commentaires (0)
Elisabeth Bing dans Le Journal des Psychologues (par Eva-Marie Golder, novembre 2009)
LE JOURNAL DES PSYCHOLOGUES
NOVEMBRE 2009
DOSSIER INTIME DE L'ECRITURE
RECITS CLINIQUES ET ECRITS DE L'ANALYSTE
Par Eva-Marie Golder
Lorsque les représentations ne s'organisent pas en récit qui ait un sens, la pensée est effractée, l'écriture est suspendue, et c'est bien de sa propre inscription dans la réalité et de son sentiment d'appartenance dont il est question. L'histoire ne peut être écrite. (...)
Bibliographie : Bing E., 1976, Et je nageai vjusqu'à la page. Paris, Editions des femmes, 1993
Elisabeth Bing
... et je nageai jusqu'à la page
320 p. - 22,50 € - 1982 - Réédition 1993, augmentée d'une postface
Le succès des ateliers d’écriture imposait la réedition de cet ouvrage publié une première fois en 1976, et qui a fait école...
Elisabeth Bing a choisi pour titre de son ouvrage l’expression enfantine petit François à qui l’écriture, labyrinthe mortel pour celui qui ne trouve pas sa voie, aura fini par apporter la paix et la confiance : " je nageai jusqu’à la page où je m’endormis ". Car ceci n’est pas à un récit comme les autres...
Vaste poème où il s’agit de dire la différence et l’excès, " texte oralisé ", recueil de créations enfantines, analyse des refoulements imposés dès leur plus jeune âge aux enfants qui ne correspondent pas à une norme d’éducation précise, témoignage, ni euphorique, ni pessimiste d’une femme qui a participé aux premiers ateliers d’écriture, plaidoyer pour une écoute de l’imaginaire, rêve intime d’une écriture de l’expression de soi, du voyage intérieur, d’une écriture-danse, travaillée, créatrice, libérée des tabous de l’âge adulte, telles peuvent être les mille et une façons d’aborder cet ouvrage.
" Tout geste est de torture s’il est condamné de l’intérieur ". Comment renaître à l’expression, quand la norme vous a in/formé depuis votre plus jeune âge ? Rétablir une positivité du geste, offrir aux enfants bloqués la possibilité d’une course libre, d’une marche accordée avec leur être profond, montrer que l’écriture ne se confond pas avec les règles de la grammaire, " créer un état de dérangement (...) pour que renaisse le désir ", tel est l’enjeu de ce livre sensible et émouvant.
Accorder la pulsion d’écrire à la pulsion du sang dans les veines, au rythme personnel des battements du coeur, au cheminement intérieur, "rétablir l’accord profond entre ce sang noir qui coulait de la plume et le rouge sang des veines ", c’est la démarche même d’Elisabeth Bing dans ce livre à la fois concret et poétique.
Au terme d’un parcours qui rappelle à chaque lecteur une relation oubliée entre son corps et sa parole, l’auteur nous aura appris à "oser l’impudence de faire écrire les autres " ; à " décontracter " l’enfant (en nous) qui écrit, à libérer ses gestes, ses mots ; à suggérer que la vie est " voix et corps ".
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12:43 Publié dans Elisabeth Bing | Lien permanent | Commentaires (0)