03/07/2008
Claire Chazal à Grignan et chez Des femmes-Antoinette Fouque !! 3.07.08
LU PAR CLAIRE CHAZAL EN AVANT-PREMIERE AU FESTIVAL DE LA CORRESPONDANCE DE GRIGNAN LE 3.07.08
Cher Diego, Quiela t’embrasse
Elena Poniatowska
Lu par Claire Chazal
BIBLIOTHEQUE DES VOIX, DES FEMMES-ANTOINETTE FOUQUE, 2008(Actes Sud, 1993)
ISBN : 3328140021097
Extraits - 1 CD - 18 €
Office 25/08/2008
Angelina Berloff est russe, Diego Rivera est mexicain ; tous deux sont peintres. Ils se rencontrent à Bruges puis s’installent à Paris, en 1909. Dix ans plus tard, Diego part au Mexique, laissant sa femme derrière lui.
Elena Poniatowska écrit la correspondance fictive entre deux personnages réels, correspondance qui s’écrit à une voix, tant Diego se fait laconique et distant au fil des envois ; c’est le cri d’abandon d’Angelina, affectueusement surnommée Quiela par le peintre au moment de leur amour, qui est ici porté par la voix de Claire Chazal. Tour à tour sont évoqués la naissance de leur enfant, le travail de création de la peintre, ses doutes d’artiste et ses souffrances de femme. On apprend le décès de l’enfant, l’infidélité de Diego et la jalousie d’Angelina face à cette union d’où est née une fille. De l’espoir à la résignation, reste vivant l’amour qu’Angelina porte à l’artiste, luttant pour subsister, autant que pour continuer à créer malgré la solitude et le silence.
Elena Poniatowska est née en 1932 à Paris d’une mère mexicaine et d’un père appartenant à l’aristocratie princière de Pologne. Journaliste, écrivain, elle est également engagée dans la vie politique mexicaine, en faveur des libertés et contre les dérives du capitalisme international.
Extraits :
« Tu as été mon amant, mon fils, mon inspirateur, mon Dieu, tu es ma patrie; je me sens mexicaine et ma langue est l'espagnol, même si je l'esquinte un peu en la parlant. Si tu ne reviens pas, si tu ne viens pas me rechercher, non seulement je te perds toi, mais je me perds moi-même, je perds tout ce que j'ai pu être. »
« De la façon la plus naturelle qui fût, sans jurements, sans dot, sans contrat sur nos biens, sans écrits, sans formalités, nous nous unîmes.
Aucun de nous deux ne croyait aux institutions bourgeoises. Nous affrontâmes la vie ensemble et dix années passèrent, les meilleures de ma vie. Si l'on m'offrait la possibilité de renaître, je choisirais de nouveau ces dix années-là, Diego, ces années pleines de douleur et de bonheur que je vécus avec toi. Je continue à être ton oiseau bleu, je continue à être tout simplement bleue, comme tu m'appelais parfois, je penche la tête, ma tête définitivement blessée, je la pose sur ton épaule et j'embrasse ton cou, Diego, Diego, Diego, que j'aime tant."
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Charles Juliet, déjà deux livres audio pour la Bibliothèque des Voix (et auteur de "Penser avec Antoinette Fouque")
Charles Juliet
L'Incessant
lu par l'auteur et par Nicole Garcia
Suivi de Poèmes et autres textes lus par l'auteur
Texte intégral
1 CD -18 €
« L’Incessant met en présence un homme et une femme qui s’affrontent avec âpreté. Cet homme et cette femme sont en chacun de nous. A certains moments de crise, ils se déchirent, nous harcèlent. Mais la décision qui clôt le débat n’est jamais définitive. A tout instant elle peut être remise en cause. Alors l’affrontement recommence. Maintes et maintes fois. A moins qu’un jour l’homme cède et qu’une seconde naissance l’introduise à une nouvelle vie. » Charles Juliet.
L’exploration intérieure est au cœur de l’œuvre poétique et fictionnelle de Charles Juliet, commencée en 1959. C’est par le travail d’écriture que le poète va descendre en lui-même pour tenter de retrouver la trace de la mère disparue et la voie de l’origine. Et renaître ainsi à la vie.
Les textes qui composent cet enregistrement, pièce de théâtre, poèmes, et extraits de recueils, choisis par l’auteur, sont autant de jalons dans cette difficile conquête.
Charles Juliet
J'ai cherché...
lu par l'auteur et par Valérie Dréville
Texte inédit - 1 CD -18 € « Quels mots trouver qui dénoueraient tes tensions te videraient de ton angoisse apaiseraient ce qui te ronge quels mots trouver qui te clarifieraient te révèleraient à toi-même transformeraient ton regard. »
C. J.
L’exploration intérieure est au cœur de l’œuvre poétique et fictionnelle de Charles Juliet, commencée en 1959. C’est par le travail d’écriture que le poète va descendre en lui-même pour tenter de retrouver la trace de la mère disparue et la voie de l’origine. Et renaître ainsi à la vie.
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01/07/2008
Marc Alpozzo interviewe Michèle Ramond (Les Carnets de la Philosophie, été 2008)
LES CARNETS DE LA PHILOSOPHIE, trimestriel n°4 juillet-août-septembre 2008
Entretien avec Michèle Ramond
Propos recueillis par Marc Alpozzo
Marc Alpozzo : Vous êtes enseignante et écrivaine. Lise et Lui (des femmes, 2008) est votre dernier roman. Qui est le personnage de Lise ?
Michèle Ramond : C’est une femme avec qui je m’identifierais volontiers, Lise étant un nom qui implique la lecture et l’écriture. C’est une adresse au lecteur de la part de quelqu’un qui a un peu peur de ne pas être lu. Lisez-lui. Lise est un peu folle. Elle se bat pour un monde meilleur, et elle a une relation très ambiguë avec un double masculin qu’elle apostrophe, qu’elle semble à la fois solliciter, redouter, aimer. Elle est d’une grande ambivalence. Ce double masculin, qui est aussi un peu elle-même, est à la fois son amant, son père, son frère, son fils. Peu importe son étiquette généalogique. C’est l’homme avec ce qu’il représente de bon et de mauvais. Nous vivons dans un monde cruel, gouverné par l’argent, la recherche du profit, le goût du pouvoir, sans considération pour les plus faibles. Cette domination est globalement masculine, représentée par la classe des hommes, elle fait le plus grand tort aux femmes, mais elle en fait aussi aux hommes. Les hommes sont, je crois, souvent des tendres, mais ce monde les pousse à la cruauté. Dans le premier chapitre « Lise écrit », Lise s’adresse à ce double qui est le tyran Cyrus, mais j’aurais pu dire Bush ou Sarkozy ou Poutine. J’ai dit Cyrus car c’est un personnage mythologique qui fait rêver, et je n’ai pas envie de contextualiser davantage. Ce nom quand on l’écoute peut faire penser à un nuage, également, à un cirrus cyclonique, et il est exotique, il situe la relation homme/femme dans un temps et un espace légendaires, comme s’il s’agissait d’une fable avec sa morale.
Vous jouez sur la consonance. Lise est un prénom et Lui est impersonnel. En même temps, c’est un jeu de mot avec Louis.
Lui est d’abord Cyrus, le double cruel qui a marginalisé la femme, que ce soit sa sœur, sa mère ou son épouse, le sanguinaire qui aime la guerre, qui aime être avec ses troupes, qui répand la mort et la haine. En même temps, cette figure est complètement réversible. Elle devient subitement, dans le deuxième chapitre, Louis. Et à ce moment-là, lui c’est Louis Langlois, l’ouvrier méritant, le prolétaire qui se bat à son tour, comme Lise, pour un monde meilleur, l’utopiste, le résistant : Louis ce héros. On peut alors entendre « lui » comme l’homme total à qui Lise adresse une épître d’amour et de mise en garde. Lui devenu Louis c’est l’homme dans sa dimension lyrique, tragique, attendrissante, il y parfois un peu d’humour tellement les discours de Louis sont enflammés. Il y a aussi de l’humour dans les emballements de Lise, l’excessive !
Lise est mise en lumière sans que Lui soit mis dans l’ombre, mais vous faites resurgir les ténèbres que les hommes amènent par cet esprit de domination auquel ils ont accédé. Vous dénoncez alors l’injustice, non pas celle des hommes, mais celle qui a été créée par ceux qui ont créé ce monde, un monde patriarcal. Et peut-être aurait-il été autrement s’il avait été créé par les femmes.
En effet, s’il avait été créé par les femmes, il aurait été différent. Je ne sais pas s’il aurait été meilleur. Ce livre a été écrit dans une idée de réconciliation possible entre Lise et Lui. La conjonction de coordination appelle, non pas la fusion, mais une reconnaissance de l’un par l’autre. Il y a également une mise en équilibre. Lise a une vie de jour, par exemple elle écrit ses lettres à Cyrus pour tenter de le faire fléchir. Elle court comme une folle autour des remparts de la ville et voit le fleuve où flottent les cadavres des femmes et des enfants tués par la guerre, alors que Louis a d’autres activités, il est un tribun acclamé par les ouvriers qui luttent avec lui, il se bat contre les « rexistes », les fascistes de tous bords. Et de nuit, Lise devient une déesse caïman, sous cette forme magique elle invoque la mémoire de parents, elle se recueille sur une île du fleuve, elle sert un culte aux ancêtres, un peu comme une Antigone. Elle a été un peu Électre, au début du livre, quand elle pense à un stratagème pour piéger la mère patriarcale à qui elle reproche de donner sa préférence au fils tyran. Mais la nuit, quand le spectre des parents lui apparaît, la mère est une autre mère, elle est une revenante fragile, à qui le père revenant lui aussi accorde beaucoup de soins. Et ce père n’est pas le père patriarcal, mais le père tendre et lunaire, comme fut le mien. Ils sont morts tous les deux et ils réapparaissent au-dessus de l’horizon, tandis que Lise les contemple nuit après nuit, rendant hommage à sa généalogie ; révérencieuse à ceux qui l’ont fait naître.
Tout cela, c’est la nuit de Lise, tandis que Louis, la nuit, a d’autres activités. Il se réunit avec ses camarades de lutte, il fait des plans de résistance, il y a d’ailleurs des femmes qui se joignent à eux, il se bat à mains nues contre des traîtres à la liberté. Ces traîtres un peu fantasmatiques pourraient être n’importe laquelle de ces forces impies qui mènent la société actuelle à sa ruine, cette société libérale, capitaliste, militarisée et mercantile, sans considération pour les valeurs démocratiques, qui sacrifie la matière humaine à ses intérêts immédiats. Je n’incrimine pas l’homme, l’autre sexe, le compagnon, mais cette classe à dominante masculine, il faudrait plutôt dire « mâle », que la passion de l’argent et le goût immodéré du pouvoir, de ses bénéfices et de son exercice ont rendu monstrueuse.
Transformer le monde. C’est tout à fait marxiste. Mais chacun le transforme à sa manière.
En effet, parfois Louis est un utopiste. Il est évident qu’il a lu Marx et Engels, il est inspiré par leur style, de façon un peu naïve, avec du romantisme. Il a un idéal humaniste, parfois très inspiré, c’est un mystique matérialiste. Lui et Lise ont une dimension tragi-comique car on les sent assez dépourvus face à un destin mondial presque irréversible, ils donnent l’impression d’accomplir une mission impossible avec le sérieux des enfants qui ne perdent pas la foi, malgré les obstacles. Pour Lise cette part d’enfance est encore plus évidente, elle est très seule, elle ne se rapproche pas suffisamment des autres femmes, elle a l’esprit très occupé par sa révolte et par le frère qu’elle harangue et qu’elle tente de récupérer, d’attirer à sa cause.
N’est-ce pas le symbole même de la condition humaine ? Des héros certes, mais toujours déchus. Vous faites un renvoi à la mythologie grecque, mais à partir de cette mythologie n’êtes-vous pas en train de tenter un décryptage de la vanité des hommes qui pensent pouvoir transformer le monde à leur mesure ? Parce qu’enfin, chez les Grecs, on trouve aussi le fatum. Or, le destin de notre monde à présent, n’est-ce pas la technique et la rationalité qui imaginent pouvoir maîtriser la nature et les hommes alors qu’elles ne font que les ruiner ?
C’est exactement cela. Ils se battent l’un et l’autre, chacun dans son camp, elle par le rêve, le mythe, la fiction, le délire verbal parfois, lui dans l’action, la militance, la griserie philosophique, chacun selon son style essaye d’échapper à ce fatum qui est l’enchaînement irréversible dans lequel la matière humaine, la masculine ET la féminine, les deux sexes confondus, se rencontrent. Ils sont isolés dans leurs combats parallèles et pourtant confondus dans ce cataclysme qui est en train de les broyer. Le texte évoque sans cesse ce cataclysme par des images et des situations que nous pourrions dire poétiques, elles ne sont pas réalistes, elles sont prémonitoires malgré tout. On sent bien qu’à continuer ainsi la matière humaine, dont la littérature ne peut ni ne veut se passer, sera liquidée. Il faut donc que la femme et l’homme (Lise et Louis) se retrouvent, au-delà de leurs ressentiments et de leurs différences ou désaccords pour redessiner une cartographie mondiale plus humaine.
Mais pensez-vous que ce soit encore possible ? Par exemple, pensez-vous que la littérature n’est pas à présent impuissante à changer le monde ?
J’espère qu’elle ne l’est pas. Par exemple, un livre peut agir sur les individus. Un livre peut nous consoler dans la peine, ou calmer notre soif de pouvoir ou de vengeance. Je pense qu’il y a une dimension éthique dans un beau livre. Je pense que la séduction que le livre opère par la beauté du style, par le caractère incongru ou imprévisible des images est alliée à une force morale. La beauté en littérature est une figure éthique, elle agit comme un contre-pouvoir, la littérature peut, je le crois vraiment, combattre les effets néfastes du pouvoir tyrannique de Cyrus, il est important de lui reconnaître cette vertu qui est aussi la force du désespoir. L’ennui c’est que les lecteurs se détournent de ce genre de livres, qu’ils recherchent des livres plus légers, de la distraction, des histoires d’amour et de luxe, ou alors des livres d’Histoire qui nous ramènent au passé, ou des biographies qui font rêver à des vies exceptionnelles. La littérature est discréditée aujourd’hui, peu promotionnée et peu vendue. Mais j’ai espoir que le monde peut s’arranger. Je crois qu’il y aura, à un certain moment, un soubresaut populaire qui rejoindra les rêves de Lise et l’action militante de Louis, un soubresaut qui saura faire la soudure entre féminin et masculin et qui parviendra à vaincre le monstre, comme dans les contes. Mais il y aura beaucoup de dommages avant que nous y parvenions. Alors il convient d’encourager la littérature pour précipiter la prise de conscience des hommes et des femmes, la littérature est une arme chargée d’avenir qui ne tue pas et qui peut provoquer des révolutions salutaires.
Vous ne croyez pas par exemple à une disparition de l’homme et de la femme ?
Ce serait terrible. Terrible que la femme vive éloignée de l’homme et l’homme de la femme. J’aurais peur de ces sociétés unisexuées, chacune soudée par des revendications spécifiques, des haines, des rancunes et des rivalités. Il me semble que les deux sexes devraient pouvoir se retrouver et se comprendre tout en conservant chacun ses spécificités. Ils se retrouvent déjà dans l’érotisme. Mais je crois qu’ils sont moralement de plus en plus séparés malgré les progrès législatifs pour combattre les inégalités sociales, civiques et politiques.
Lise ET lui ou lise EST lui ? Pensez-vous à une complémentarité ? Ou pensez-vous que la femme doive se trouver par elle-même sans se référer à ce que l’homme est ?
Lise est un objet de dérision bien souvent, un objet de sarcasme. Elle mange des racines, elle écrit inlassablement, elle vit dans une masure, elle court autour de la ville, elle se cache sous ses voiles, la nuit, elle se transforme comme Mélusine. Il y a une sorte de dimension comique dans cet apartheid de la femme. Mais Lise est également dans une sorte de quête. Elle accomplit sur elle une sorte de travail chimique de transsubstantiation. Elle travaille sur sa matière humaine pour se rendre meilleure. Et la nuit, on assiste à sa métamorphose. Elle devient cette déesse caïman. Elle a une forme de militance. Elle n’est pas du tout narcissique. Elle est même un peu christique. Comme le pélican qui fouille dans ses entrailles pour donner à manger à ses enfants. Elle s’auto-sacrifie. Elle macère son corps. Elle s’élève spirituellement. Tout cela se fait dans le secret, n’est vu de personne, sauf bien sûr du narrateur et du lecteur ! C’est un travail accompli sur soi, presque monacal, avec le ciel pour seul témoin. Sorte de mise en scène de l’effort de la femme dans l’écriture, pour que le monde aille mieux. Quant à l’homme, Louis Langlois, il fait un travail dans la foule, il est davantage incarné, il se bat avec les armes du résistant pacifiste et avec le discours politique. Mais les deux combats sont faits pour se rencontrer. La femme se donne un peu en holocauste. Et là, je m’identifie à Lise. L’écriture, je la prends dans ma substance vivante. Je sacrifie peut-être des années ou des mois de vie pour faire de cette écriture une offrande. Et si les deux, homme et femme, Lise et Louis, elle et lui arrivent à se rencontrer et à s’apprécier, il y aura alors une vraie union des sexes. Il faut savoir que les femmes sont aussi de grandes misogynes. Il faudrait que la femme se réconcilie avec la mère que la jeune fille considère, à son adolescence, comme une rivale, et c’est d’ailleurs réciproque. C’est une des grandes épreuves dans la vie d’une femme. Les choses vont mieux pour la femme lorsque cette épreuve peut être dépassé. Les femmes cessent alors d’être victimes de leurs ressentiments à l’égard de la mère et de la femme en général. Lise passe par cette épreuve, pourtant durant sa vie nocturne elle la vainc. Est-ce toujours possible ? L’ordre mondial tire profit de cette difficulté pour la femme, qui la rend souvent complice du tyran ou du moins qui l’empêche d’être solidaire des femmes, qui nuit à la sororité alors que les hommes fraternisent en hordes très soudées.
Chez la femme, on trouve un principe de réalité bien plus fort que chez l’homme, qui, lui, est peut-être plus ouvert à la métaphysique, à la philosophie ?
L’homme est plus rationnel, c’est vrai. Mes héros masculins se grisent parfois avec des idées, des concepts. Il y a une solidarité idéologique entre eux qui frise la drôlerie et qui est attendrissante. Dans ces moments-là, Louis est un peu exalté et en même temps un peu touchant. Ses compagnons de route le sont aussi, Folletière est un métaphysicien et un astrologue, Marodan un républicain espagnol plein de fougue socialiste et de nostalgie. Alors que Lise est plus dans la matière, dans le corps, mais elle l’utilise un peu comme la matière première des anciens alchimistes. C’est un corps que l’on cuit et qui se dépose, qui se modifie et se perfectionne, et petit à petit la lie est évacuée. Cette matière humaine peut alors donner sa sève. C’est un corps qui se spiritualise. Ce travail de Lise sur son corps est celui de l’écriture sur la langue maternelle, cuite et recuite jusqu’à pouvoir au mieux exprimer l’émotion, le tréfonds.
Vous évoquez également dans votre roman, la difficulté d’écrire. Comment vivez-vous l’écriture et le moment de la rédaction d’un roman ?
Je vis ce temps comme un travail sur moi-même. Quand j’écris, j’essaye d’aller vers autrui. C’est une écriture dans laquelle j’essaye d’être meilleure que je ne suis. Avec le travail sur la langue, les règles, les contraintes, on dit des choses plus importantes, on dit des choses plus inconscientes, pas forcément prévues, on dit l’impensé. Quand la matière devient lourde, ardue, on ne maîtrise plus ce que l’on dit, et le message est plus fort, plus durable. Il va susciter des exégèses. Et, à partir de là, tout lecteur va entrer en travail sur soi. Dans l’écriture, se formule une pensée que l’on ne maîtrise pas. Et c’est à ce moment-là que l’on risque de dire des choses qui pourront être profitables à l’humanité.
De quelles références littéraires vous nourrissez-vous ?
Le dix-huitième Siècle français, Montaigne, Platon, Proust, Marivaux, Duras, Colette, Woolf, Valéry, la littérature de langue espagnole, mes contemporaines en Espagne, en Amérique espagnole et en France. Je suis hispaniste, donc je me nourris beaucoup de littérature espagnole ou hispano-américaine. Je lis parfois les écrivains très distraitement, avec une attention flottante, surtout quand moi-même j’entreprends d’écrire, et souvent il y a quelque chose qui me met en chantier. Je crois beaucoup à l’intertextualité. On n’écrit rien de vraiment nouveau. On écrit autrement des choses déjà écrites par d’autres. Je crois qu’il y a une grande fraternité de fait entre les écrivains, je pense que l’écriture universelle résonne dans la moindre phrase qu’écrit un nouvel auteur. Il y a là une vraie humanité palpitante, très humaine, très érotique, très sensuelle, très spirituelle aussi, qui se niche dans la littérature. La littérature est un réservoir d’humanité. C’est un autre monde. Le monde imaginaire est en fait beaucoup plus utile que les écrits politiques. La philosophie, je la mets également du côté de la littérature. Les Méditations métaphysiques de Descartes c’est de la littérature. C’est très beau. On n’est pas forcé de comprendre rationnellement, il existe une autre compréhension qui est celle que sollicite ou permet la littérature.
Alors écrivez-vous pour dénoncer le monde ou pour l’embellir ?
Dénoncer, mais pas forcément pour détruire. En essayant de suggérer les voies d’un monde meilleur. Par exemple, au début du roman, Lise s’en prend à la mère de Cyrus, Parysatis, dont elle dit qu’elle est aussi la sienne, tout cela est très fantasmé. Ensuite, elle se réconcilie avec la mère qui devient une fragile apparition et qui soulève en Lise un émoi profond. Lise suit un chemin de perfection. S’améliorant elle-même, elle va davantage séduire ce frère bifront, tantôt Cyrus tantôt Louis, elle se met en situation de l’attendre, l’écriture semble travailler à ce que tous deux puissent se rencontrer, s’aimer et se comprendre. Je ne sais pas si l’homme et la femme vont se réconcilier à temps, mais je crois qu’une vraie compréhension l’un pour l’autre pourrait vraiment arranger les choses. Et ce qu’il y a d’atroce dans la domination masculine qui caractérise ce monde global capitaliste pourrait s’adoucir. Ce n’est pas une guerre des pouvoirs. Lise n’a pas envie de devenir puissante. Elle est pacificatrice et sa puissance est tout intérieure.
Alors que l’homme a besoin de cette puissance extérieure ?
Peut-être. Mais il est fragile, aussi. Et quand Lise le sent fragile, elle l’aime. Le pouvoir trouve toujours un pouvoir plus fort. Il est voué à broyer mais à être broyé également. Et Lise essaie de trouver un chemin de survie qui ne passe pas forcément par la prise de pouvoir.
Plus par la faiblesse. Cette faiblesse taoïste par exemple, qui donne tant de force à la force qu’elle finit par s’effondrer d’elle-même.
Oui. C’est joli ce que vous dîtes. Mais la force va rendre également hommage à la faiblesse. Et la faiblesse va du coup relever la force, lui dire : j’ai besoin de toi, mais elle va également lui demander de reconnaître la force de sa faiblesse. Et à partir de là, il va y avoir un nouveau lien nuptial.
Du coup, il y a une vraie complémentarité. Pas d’égalité, ou plutôt d’égalitarisme, cet égalitarisme dont la démocratie aussi se targue. Mais pas non plus d’interpénétration qui ressemblerait à une sorte d’invasion. La femme ne doit pas envahir la sphère masculine en prétendant être un homme.
Non ! Et en même temps, Lise EST lui. Ils finissent par s’équivaloir, sans pour autant qu’il y ait à passer par le stade de l’égalité et de la non-différenciation.
Ils vont s’équivaloir dans la différence ?
Oui ! Ce serait une belle conclusion philosophique. Mais il faut une égalité sociale, une justice, pour que cette équivalence dont rêve Lise et lui advienne. Et l’on se rendra compte, alors, que Lise et Lui sont faits pour se réconcilier et s’épauler contre un ennemi commun. Cet ennemi insoupçonné est un troisième sexe auquel, pour son malheur, le masculin s’est identifié, un sexe virtuel et exterminateur qui a beaucoup de ressemblance avec le capital, un monstre que le patriarcat a nourri, que les fratries ennemies fortifient, que les intégrismes voient grandir et prospérer et qui nous anéantira tous, hommes et femmes, mettant fin à la guerre des sexes qu’il a excitée, mais aussi à toute vie humaine sur terre. Louis Langlois a parfaitement perçu l’existence de ce monstre, c’est contre lui qu’il livre le combat du chapitre « Une nuit de Louis ». Lise confond presque toujours ce monstre avec son double masculin parce que ce dernier, surtout lorsqu’il s’identifie à Cyrus, lui ressemble beaucoup. Vous voyez, c’est dans l’écriture que nous avons découvert ce troisième sexe, pas dans la pensée éveillée ! C’est la découverte de Lise et Lui. Pas la mienne.
21:55 Publié dans Michèle Ramond | Lien permanent | Commentaires (0)
La Clause, par Violaine Lucas dans "Femmes" (Choisir)
Femmes, juillet-août 2008
Propos recueillis par Laure Dumont
L'EUROPE TRAVAILLE POUR NOUS
Que toutes les femmes d'Europe bénéficient des lois nationales solidaires qui leur sont le plus favorables. Est-ce l'idée géniale qui pourrait marquer la présidence française de l'Union ? Eléments de réponse avec Violaine Lucas, co-auteure de "La clause de l'Européenne la plus favorisée". Propos recueillis par Laure Dumont. (...)
18:55 Publié dans Gisèle Halimi | Lien permanent | Commentaires (0)
Dossier dans Muze Hors-Série sur Lou Salomé (juillet-août 2008)
Juillet-août 2008
Dossier par Yves Simon
(...)
L'Extrait
La maison, roman de 1921
(éd. des Femmes). extrait de la postface.
"Être seule, vivre intérieurement, pour soi, était pour moi un besoin aussi impérieux que le contact et la chaleur humaine. Besoins aussi forts et passionnés l'un que l'autre, mais séparés et sujets au changement et à l'alternance, et c'est précisément cela qui paraît infidèle et inconstant."
Une femme a renoncé à une carrière de pianiste pour se marier. Vingt ans plus tard, elle observe ses enfants et s'interroge. Un roman sur l'art et son corollaire, la liberté. Les enfants, Gitta et Balduin, sont inspirés de Lou et Rilke. La narration est classique, le style un peu suranné, mais le charme est là (éd. des Femmes). Lire aussi extrait.
18:55 Publié dans Lou Salomé | Lien permanent | Commentaires (0)
Antoine Wicker remarque "Le temps du tableau" (Dernières Nouvelles d'Alsace, 6 juin 2008)
Les Poétiques de Weinzaepflen
Catherine Weinzaepflen. Photo Guy Vacheret.
Quel rapport aujourd'hui entre la douleur intime et le sort du monde ? La Strasbourgeoise de Paris réédite Am See, et compose en trois séquences le très personnel inventaire poétique de Le temps du tableau : récit, théâtre, et correspondance - un même Journal, en vérité.
« Il faudrait / avaler sans les digérer / les moments de temps / qui frisent l'éternité / et dans le jour blafard du lendemain / se dire que le temps du tableau / est toujours mêlé...» Nouvelle version donc de Am See, publié une première fois il y a plus de vingt ans, et qui sous le cliché de carte postale convoque un imaginaire que Catherine Weinzaepflen de livre en livre sollicita : l'idée et la sensation de la correspondance épistolaire, du rendez-vous amoureux pris à l'autre bout du monde, du voyage donc et de la villégiature, et du paysage, naturel ou urbain, des villes enfin...
« Au-dessus de la porte d'entrée du café d'où je t'écris, l'image d'un immense paquebot dans un cadre en loupe. Tu vois où je veux en venir... » Qu'importe la destination. Seuls importent l'horizon et l'odeur de la haute mer, ou la perspective des villes. La perspective de Paris même, où elle s'installa en 1977, quittant alors Strasbourg, sa ville natale, qui de sa vie ni de son oeuvre ne s'effaça certes pas : « toujours la pensée de Goethe, lâche-t-elle ainsi au détour d'une page de Le temps du tableau, juste paru. La pensée de Goethe et sa «germanitude» à lui, associée aux tilleuls de la rue Froidevaux à Paris. Aux tilleuls en fleur, « unter den Linden ».
Et du vivant théâtre urbain de son 14e arrondissement parisien elle sait aussi ne se priver jamais - voir les formidables croquis humains qu'elle recomposa en libre journal et roman dans La place de mon théâtre (chez Farrago en 2004). Et sa Jeune fille avec entourage, dans Le temps du tableau, en réussit aujourd'hui quelques autres, de ces croquis et portraits - la jeune fille, l'Africain et le Généreux, le muet, l'enfant et la vieille...
Paris donc, où elle voudrait pouvoir vivre indifférente à la nostalgie mais où l'humeur maussade si souvent la rattrape : « Paris est gris, froid, mort / non / c'est moi / la froide morte grise / d'aujourd'hui ». Où la rattrape le spectacle du monde même : « pluie d'hiver sur Paris / un nouvel avion crashé / dans un monde usé / que l'imbécillité / travaille ». Où ce monde la rattrape et la scandalise, et ressuscite toujours à nouveau en elle la « peur fossile » qui jamais ne l'abandonna : « avril déchiré / par le goût sucré du sang / ils tuent en Palestine (...) / mes dents se cognent / entre mâchoires serrées / de rage ».
Car l'appel de l'autre et l'invitation du large toujours en ses méditations l'emporta, et l'emporte loin, là encore. A Saint-Petersbourg ou à Los Angeles comme au Mexique ou en Afghanistan, en des sites et des villes et des paysages humains où elle se souvient parfois de l'Europe, dit-elle, comme d'une autre planète.
L'avenir il y a longtemps allait de soi, songe-t-elle, et quel rapport aujourd'hui entre les états et douleurs intimes et le sort du monde ? C'est par où s'avance la rêverie de l'écrivain, sa confidence, sa quête - d'amour et d'amitié, et de tendresse. Entre des étincelles d'humanité et les échos des explosifs meurtriers qui ensanglantent la planète. Dans l'intensité humaine et érotique et poétique, incisive autant que bouleversée, qu'entre mémoires et paysages tricote là encore une fois, mariant récit et théâtre et correspondance, le Journal de Catherine Weinzaepflen.
Antoine Wicker
17:45 Publié dans Catherine Weinzaepflen, Poésie | Lien permanent | Commentaires (0)
Lesbia Magazine, avec "Alba, correspondance à une voix" ! (par Jacqueline Pasquier)
LM Lesbia Mag N°281 juillet aout
A celles qui aiment les romans de plus de cinq cents pages, qui apprécient une écriture classique, qui sont sensibles au sens de l'honneur et à l'élégance du comportement humain, qui sont intéressées notamment par la période 1950-1960 et par de fortes histoires d'amours saphiques, je recommande cette excellente saga qui met en scène une multitude de personnages essentiellement féminins, aux personnalités bien dessinées. Des femmes qui s'insurgent pour vivre comme elles l'entendent.
La jeune Roxane, pensionnaire s'éprend à 12 ans d'Alba qui hélas quitte le pensionnat pour suivre, en Espagne, son père ambassadeur. Elle entreprend par conséquent avec cette amie désormais éloignée, une correspondance où elle raconte sa vie au fur et à mesure qu'elle se déroule : le pensionnat, le retour pour les vacances dans la propriété familiale, le père autoritaire qui rend malheureux toute la maisonnée, la mère aimante et malheureuse en couple, la jeune soeur capricieuse, Gipsy, la jument adorée, le personnel dévoué, les vignes, puis la Sorbonne et Paris où elle vit chez sa tante, ancienne résistante, la rencontre avec la pianiste Salomé et sa grande histoire d'amour, enfin le retour définitif à La Révillière, où elle devra affronter la misogynie du monde viticole et faire encore de belles rencontres...
Ce résumé étant présenté vous pouvez imaginer tous les domaines abordés par Anne de Bascher dans cette saga optimiste et tolérante qui n'évite cependant pas les drames inhérents à la condition humaine. Un beau roman, bien construit, qui devrait ensoleiller vos vacances ! JP 576 p. 20 euros
Jacqueline Pasquier
16:50 Publié dans Anne de Bascher | Lien permanent | Commentaires (8)
Toute une page sur Sophie Freud (par Alain Rubens, Lire de juillet-août 2008)
L'EPOUSE HYSTERIQUE
Petite-fille du psychanalyste, Sophie Freud livre ses souvenirs familiaux.
"A mes yeux, Hitler et Freud sont les deux faux prophètes du XXème siècle." D'où surgit l'outrageant, le blasphématoire parallèle ? De la bouche de Sophie Freud, la petite-fille du maître, une dame alerte de 84 ans, professeur émérite de psychosociologie au Simmons College de Boston. "Oui, j'ai dit cela, il y a quelques années." Pourtant son livre, passionnante autobiographie croisée d'elle et de sa mère, est plein de vénération pour son grand-père.
Vienne, mai 1938. Freud, sommité de 82 ans, est contraint à l'exil. Sur le chemin de Londres, il passe à Paris une unique soirée dans l'hôtel particulier de la princesse Marie Bonaparte. Sophie Freud se souvient : "Quand il est passé par Paris, on est allées à la gare Saint-Lazare. Il y avait Anna sa fille, sa femme et d'autres personnes. J'étais venue lui dire adieu et j'étais triste à pleurer à la pensée de lui dire, définitivement, adieu. C'est vrai, ils ont passé cette fameuse nuit chez la princesse Marie Bonaparte. Ma mère et moi, n'avons pas été invitées." A Vienne, la collégienne mena une existence paisible au rituel immuable : "Je venais le voir chaque dimanche. Un brin de conversation et il me donnait de l'argent, huit schillings exactement, que je dépensais pour aller au Burgtheater. J'avais des sentiments mélangés. Il n'avait pas à me payer pour que j'aille le voir. C'était un honneur pour moi. Il était considéré par toute la famille comme un être supérieur. Formel, un peu distant, peu de mots. Il souffrait de son cancer du palais, si bien qu'il parlait peu. Il m'accordait, dans son cabinet, un petit quart d'heure hebdomadaire, ça faisait de moi une princesse !" Une princesse qui ne sera jamais invitée à un seul repas familial. Car la hantise des Freud, c'est sa mère Esti Drucker (1896-1980), l'épouse de Martin Freud, le fils aîné, juriste et banquier, qui finira buraliste près du British Museum. Un mariage qui vire au désastre. Esti, l'hystérique patentée, est prompte à l'éclat, au coup de colère, à la meurtrissure permanente. Volontariste et dépressive, intelligente et violemment affective, cherchant noise et querelle à la terre entière, Esti, dotée d'une inflexible indépendance, deviendra une orthophoniste reconnue aux Etats-Unis. D'emblée, le professeur avait flairé la faille. Dans une lettre du 14 mai 1938, Freud écrit à son autre fils Ernst : "Elle n'est pas seulement meschugge, mais aussi folle au sens pathologique." Une folie à couper au couteau, et Sophie de préciser : "Il en faisait l'unique responsable du mauvais mariage de son fils Martin. C'était bien dans l'air de ces temps viennois. Mais un mariage est toujours une partie qui se joue à deux."
Esti Drucker, épouse de Martin Freud : sa fille Sophie en brosse l'autoportrait.
CETTE HERITIERE NE S'EST JAMAIS EMBARRASSEE DU LEGS FREUDIEN
En mai 1938, Sophie et sa mère se réfugient en France. "A Paris, nous dit-elle, j'étais élève au lycée La Fontaine. J'ai commencé à lire les Cinq psychanalyses. Je les lisais comme des histoires faciles, des nouvelles. D'ailleurs si mon grand-père a reçu le Prix Goethe, c'était plus pour ses magnifiques qualités littéraires que scientifiques."
1940, la débâcle. Esti et sa fille traversent la France en bicyclette. Une fois en Afrique du Nord, elles embarquent de Casablanca, au prix d'une odyssée hallucinante, pour New-York.
Sophie Freud n'a pas entrepris d'analyse. D'ailleurs, cette héritière ne s'est jamais embarrassée du legs freudien. "Je suis très sceptique sur la psychanalyse, explique t-elle. Freud n'a jamais été un pionnier avec les femmes. Il était un enfant de son temps et ne savait rien de la sexualité féminine. Il n'était pas misogyne mais la femme était pour lui une espèce à part, comme les singes. C'est ce fameux "continent noir" dont il parle, une moitié d'humanité au service de l'homme. Même son épouse Martha lui préparait, la veille, ses vêtements et son mouchoir."
Et le transfert dans tout ça ? "Il est normal qu'une femme tombe amoureuse de son thérapeute. Mais c'est très grave, car des femmes souffrent de cet amour sans réciprocité. J'ai vu des femmes entamer une analyse pour les soulager de la dernière. FRinalement, il a donné un nom scientifique à un sentiment normal, l'amour. L'envie du pénis ? Absurde ! Pourquoi Freud pensait-il que chaque femme ou jeune fille désirait un pénis ? C'est l'idée d'un enfant de trois ans. Le sexe n'est pas essentiel. Beaucoup de femmes ont une vie satisfaisante sans sexualité. Aux Etats-Unis, la psychanalyse est en chute libre."
Aujourd'hui, elle vante la Reading Cure, la thérapie par la lecture : "Sans la lecture, je perdrais tout plaisir de vivre. A ma mort, mon épitaphe devrait indiquer mes quelques trois mille livres préférés. Je voudrais lire tout Proust dans le texte. Mon prochain cours sera consacré aux fils qui écrivent sur leurs pères. Je commencerai par la Lettre au père de Kafka. Puis, ce livre de haine rédigé par Niklas Frank, le bourreau nazi de la Pologne occupée. Enfin, un livre d'amour, Patrimoine. Une histoire vraie, l'autobiographie de Philip Roth."Cette Freud n'est décidément pas très freudienne.
Alain Rubens
Toronto Star du 16.11.2003
Ce mot yiddish, plutôt affectueux, signifie "fantaisiste, exubérant"
A l'ombre de la famille Freud par Sophie freud, traduction de l'allemand et préface de Nicole Casanova, 538 p., Des femmes-Antoinette Fouque, 27 E
14:55 Publié dans Psychanalyse, Sophie Freud | Lien permanent | Commentaires (0)
Clara Magazine (juillet 2008) n'oublie pas la Birmanie
Des femmes agissent contre l'isolement organisé par la junte militaire
(...)
Propos recueillis par Carine Delahaie
Bibliographie
*Se libérer de la peur", Aung San Suu Kyi, éd. Des femmes, 1991
13:00 Publié dans Aung San Suu Kyi | Lien permanent | Commentaires (0)