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13/11/2007

Var Matin, Manif à Toulon spécial Aung San Suu Kyi & Antoinette Fouque (12.11.07)

AFE°VAR MATIN°AUBRY°2007
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NOVEMBRE 2007


In Var Matin, 12 novembre 2007

Le combat d’une Raphaëloise pour la Birmane Aung San Suu Kyi
« Les Birmans ont besoin de nous. Si nous ne les soutenons pas aujourd’hui, une répression encore plus féroce risque de s’abattre sur eux dans les prochaines semaines. Les journées qui viennent sont donc cruciales ».
Tel est l’appel lancé par un certain nombre d’associations et de partis politiques, dont « L’alliance des femmes pour la démocratie », présidée par Antoinette Fouque. Cofondatrice du mouvement de libération des femmes (MLF), créatrice des Editions des femmes, ancienne députée européenne, Antoinette Fouque, qui vit à Saint-Raphaël quand elle n’est pas dans ses bureaux parisiens, a pris à bras-le-corps cette bataille aux côtés du peuple birman. Et de Aung San Suu Kyi, Prix Nobel de la paix en 1991 et assignée à résidence dans son pays.Antoinette Fouque a eu l’occasion de rencontrer en 1995 cette écrivain, symbole de la révolte actuelle, fille de celui qui a donné à la Birmanie son indépendance .

« Une conscience vivante »
« Aung San Suu Kyi est une femme de respect, de non-violence et de solidarité. C’est une héroïne à l’élévation absolue » témiogne Antoinette Fouque, de l’admiration dans la voix. « Une femme rayonnante, douce, ferme, qui a toujours refusé de quitter Rangoon pour être avec son peuple, comme une conscience vivante face au pouvoir militaire. Comme son peuple, elle n’a plus rien. On dirait un oiseau. Elle a vendu son piano pour manger ».
Que faire pour aider cette femme d’exception et la Birmanie ? « C’est vrai que parfois, nous nous sentons impuissants » avoue Antoinette Fouque. « ça paraît dérisoire, mais il faut le faire. Faire de l’agit-prop, faire circuler l’information le plus possible. La transmettre aux parlementaires, essayer de communiquer avec la Birmanie… »

« Elle nous appelle »
Pour Antoinette Fouque, « l’Europe a aussi un rôle déterminant à jouer pour faire fléchir la Chine, afin qu’elle lâche la junte birmane. Il peut aussi y avoir des mesures économiques et diplomatiques. Bref, il faut que l’opinion publique française prenne conscience de l’importance de ce qui se passe en Birmanie ».
« Si je pouvais y aller demain, j’irai voir Aung sa Suu Kyi, que je considère comme une héritière directe de Gandhi, Mandela et Vaclav Havel dans une autre mesure. Si ça n'était pas un peu ridicule, je dirais que cette femme est une sainte » conclut Mme Fouque.Laquelle, devant le parlement européen, avait lancé : « Aung San Suu Kyi ne cède pas, ne trahit pas. Elle est vivante, elle lutte, elle nous appelle. Jusqu’à quand, encore, cette femme-courage et son peuple pourront-ils supporter d’être bâillonnés et martyrisés ? Quand nous déciderons-nous à les aider fermement et à faire triompher, réellement, nos idéaux communs ? ».C’était en 1995. Douze ans plus tard, ces propos restent d’actualité.

Catherine Aubry
Alliance des femmes pour la démocratie : www.alliancedesfemmes.fradfemmes@iway.fr. Tel 01.42.60.22.68/01.42.60.93.76.
Var Matin

12/11/2007

Sisyphe.org - Lapidation par Elaine Audet (12.11.07)

http://www.sisyphe.org/article.php3?id_article=2787

Lapidation de Ghofrane en France par Elaine Audet

Élaine Audet a publié, au Québec et en Europe, des recueils de poésie et des essais, et elle a collaboré à plusieurs ouvrages collectifs. De 1990 à 2004, elle a rédigé une chronique littéraire et féministe pour le mensuel d’information politique L’aut’journal. Depuis 2002, elle est éditrice associée de Sisyphe.

Octobre 2004, le corps de Ghofrane Haddaoui, vingt-trois ans, est découvert sur un terrain vague de Marseille, recouvert de multiples blessures, le crâne défoncé.

Dans ce livre, chargé d’émotion et de révolte, la mère de la jeune Française d’origine tunisienne, Monia Haddaoui, relate le chemin qu’elle a parcouru afin de découvrir la vérité sur l’assassinat de sa fille. Parallèlement à l’enquête de police, avec une énergie désespérée, une détermination et une force peu communes, elle crée un vaste mouvement de solidarité et commence ses propres recherches, afin d’infirmer la théorie de la défense plaidant, classiquement, un crime passionnel, et afin d’établir que sa fille a été lapidée.

Une lapidation en France ?

La question de la lapidation, que les autorités policières refusent d’admettre, constitue le premier obstacle à franchir. Dans le rapport policier, on parle de "gifle". Les femmes sont-elles devenues si fragiles qu’elles meurent d’une simple gifle, qu’il s’agisse de Marie Trintignant ou de Ghofrane ?! Selon le Larousse, "tuer à coups de pierres", c’est "lapider", et c’est ce que Monia Haddaoui dit au président de la Cour : "Je lui ai dit que je ne critiquais ni l’islam ni aucune religion mais que je tenais à affirmer que ma fille avait été lapidée. Beaucoup m’ont reproché d’utiliser ce mot." En dépit de toutes les pressions, elle contraint la justice à voir qu’il n’y avait pas trois pierres mais plus de trente.

Cette "mère indigne", selon les règles de l’ordre patriarcal dans lequel nous vivons toujours, refuse de se taire et résiste à toutes les formes d’intimidation : "Je maintiens que Ghofrane a été lapidée. Tuer quelqu’un à coups de pierres en réunion, c’est le lapider [...] il s’agit d’une pratique qui relève de la tradition, et non pas de la religion, et qui déshonore ceux qui l’exercent au nom de Dieu [...] il est à craindre que dans l’histoire de l’humanité, de nombreuses personnes aient eu à subir cette mort atroce - juives, chrétiennes et musulmanes confondues (p.100)." Et elle pose cette question que les autorités veulent éviter à tout prix : comment expliquer la lapidation de sa fille à Marseille, en France, pays des droits de l’Homme ?

L’alibi du crime passionnel

Certains auraient voulu démontrer que c’était un crime passionnel, comme ils ont voulu le faire croire pour le meurtre de Sohane, morte brûlée vive à Vitry en 2002 : "Je trouve tout de même incroyable que, à chaque fois qu’une femme souffre de violences, et même en meurt, les médias trouvent des raisons qui minimisent la responsabilité des coupables ! On argue du crime passionnel, de l’enfance difficile... Mais qui donc peut se targuer d’avoir une vie facile ? Qui d’entre nous a toujours tout vu en rose ? La plupart des gens ont souffert, mais ne sont pas devenus délinquants ni criminels pour autant... (p.72). "

L’aveuglement d’une certaine gauche

Monia Haddaoui remet aussi en question les positions d’une partie de la gauche qui ferme les yeux sur les conséquences du fondamentalisme religieux au nom de l’islamophobie et du racisme. Pour cette mère inconsolable : "Une société ne peut marcher que s’il y a des droits mais aussi des devoirs. [...] Il faut empêcher certains imams de propager des discours de haine. Ils endoctrinent toute une jeunesse et n’ont rien à voir avec la vraie religion, celle qui enseigne la paix. Je suis musulmane même si je ne suis pas pratiquante et je dis que l’islam comme les autres religions ne dit pas qu’il faut faire le mal, qu’il faut tuer."

Le combat de cette femme courageuse l’a amenée à créer l’Association Ghofrane en faveur des victimes du machisme, du sexisme et de l’intolérance. Elle écrit sur le site de l’Association des mots qui font réfléchir aux enjeux du débat sur les accommodements religieux au Québec : "Au lieu de chercher à ramener systématiquement la communauté d’origine arabo-musulmane au centre de la religion, afin de la réduire à l’islam comme si c’était une condamnation à vie, nous devons oeuvrer pour sa libération des chaînes de l’emprise religieuse qui ne cesse de nous exploiter au nom de dieu. Face au rassemblement du culte musulman qui promeut le renforcement du communautarisme et piétine nos valeurs républicaines, nous devons dresser un rassemblement de nous, laïques mususulmans, qui prônons l’intégration et la tolérance, la laïcité "sensée", pour être le porte-parole de l’ensemble des variantes d’une société. [...] Il est inadmissible au troisième millénaire que le monopole des décisions soit entre les mains religieuses qui ne cessent de nous terroriser intellectuellement et physiquement à l’échelle planétaire."

Le 13 avril 2007, deux des auteurs de la lapidation de Ghofrane sont condamnés à 23 ans de prison. En France, et ailleurs, des femmes et des jeunes filles comme Ghofrane, Sohrane, Shérazade, Samira, meurent brûlées, torturées, lapidées, victimes de la vision complaisante et complice d’une société qui admet les rapports sexistes de domination, le droit de vie ou de mort des hommes sur les femmes au nom de préceptes religieux ou de coutumes qui devraient être condamnées au même titre que le racisme et l’antisémitisme.

La haine des femmes a la vie longue. À nous d’y mettre fin en suivant l’exemple de Monia Haddaoui et de tant d’autres femmes dans le monde qui bravent l’intolérance et la violence au nom de leur droit inaliénable de vivre libres.

Mona Haddaoui avec Anne Bécart, Ils ont lapidé Ghofrane, Paris, Des femmes, 2007.

Mis en ligne sur Sisyphe, le 12 novembre 2007.

© Sisyphe 2002-2007

11/11/2007

Dédicace de Christine Spengler au Sénat - 77ème après-midi du livre des écrivains combattants (10.11.07)

thumbnailCARSFG0B.jpgDédicace au Sénat ce samedi 10 novembre, de 14 à 19 h, dans le 77ème après-midi du Livre de l'Association des Ecrivains Combattants

Vous avez la possibilité d'être vous aussi frappé par la chaleur et l'élégante profondeur de Christine Spengler en vous rendant au 77ème Après-midi du Livre de l'AEC (Association des Ecrivains Combattants), CE SAMEDI 10 NOVEMBRE, de 14 à 19 h, dans les Salons de Boffrand de la Présidence du Sénat - Paris 6°

*** L'info pratique :

Association des Ecrivains Combattants - 18, rue Vézelay - 75008 Paris. aec@unc.fr Plus de cent écrivains (parmi lesquels Gonzague Saint-Bris, Gérard de Cortanze, Vladimir Fédorovski, Macha Méril etc) y participeront !

Mes remerciements à Françoise Lemaire, pour avoir parfaitement "géré" l'affaire de la venue de Christine Spengler à cette prestigieuse manifestation littéraire...

Message d'Antoinette Fouque au rassemblement "Frapper tue" organisé par Nadine Trintignant le 28.10.07 à 14 h sur le parvis de l'Hotel de Ville

Message d'Antoinette Fouque au rassemblement "Frapper tue" organisé par Nadine Trintignant le 28.10.07 à 14 h sur le parvis de l'Hotel de Ville

Cela fait 40 ans que nous nous battons contre les violences faites aux femmes et nous nous battrons pour 40 ans encore.

Avec l'Alliance des Femmes pour la Démocratie qui a pris le relais du MLF, nous demandons :

1) Que la lutte contre les violences faites aux femmes devienne une grande cause nationale, au même titre que la lutte contre le cancer et contre les violences routières.

2) Que l'intitulé de cette cause soit : tolérance zéro pour les violences contre les femmes.

3) Une qualification rigoureuse et précise des faits qui tienne compte de leur nature spécifique. On le sait, il existe un continuum qui va des coups à la mort. Frapper, c'est vouloir défigurer, effacer, tuer.

4) L'exécution stricte des peines prononcées comme le demande Nadine Trintignant.

Il y a plus de 30 ans, en 1975, j'ai publié aux éditions Des femmes "Crie moins fort, les voisins vont t'entendre" d'Erin Pizzey, qui, la première, a fait des refuges pour les femmes battues. Et bien, nous crions, oui, nous crions, et nous crierons plus fort encore tant qu'il le faudra pour faire cesser les crimes contre les femmes.

Antoinette Fouque

Christine Spengler obtient le Prix Grand Témoin 2007 de la France Mutualiste !!! (07.11.07)

Une femme dans la Guerre" de Christine Spengler récompensé par un prix littéraire

Prix Grand témoin 2007 de la France Mutualiste, le 7 novembre à l'Hôtel de Lassay

Correspondante de guerre dans les agences Associated Press, Sipa et Corbis Sygma, Christine Spengler exerce ce métier depuis 1970. Ses photos sur l'Irlande du Nord, le Viêt-Nam, le Liban, l'Iran, le Salvador, l'Afghanistan, l'Irak... ont été publiées dans Paris-Match, Life, Time, Newsweek, El Pais... Elles font partie de la mémoire collective et figurent dans de nombreux musées. Pour exorciser la douleur des guerres, Christine Spengler réalise à chaque retour de reportage des photos d'art pour Vogue, Christian Lacroix, Yves Saint-Laurent... Elle expose deux facettes indissociables dans le monde entier et a reçu de nombreux prix.

Vous vous rendrez mieux compte de son art et de ses talents multiples (photographie, écriture...) en visitant son blog : http://christinespengler.blogspot.com/

Christine Spengler, qui travaille présentement à l'écriture de son prochain livre, "Une femme dans la vie", à paraître en juin 2008 aux éditions Des femmes (titre provisoire) vient de voir récompensé son opus de 2006, "Une femme dans la guerre" (1970 - 2005) par le Prix Grand Témoin 2007 de la France Mutualiste (plus de 200 0000 adhérents). http://www.la-france-mutualiste.fr/

*** Ce qu'est le Prix Grand Témoin..? (petit topo !)

Soucieuse de promouvoir le Devoir de Mémoire, la France Mutualiste récompense par le "Prix Grand Témoin" ceux qui, par leurs écrits, relatent l'expérience d'hommes et de femmes ayant vécu des conflits de millénaires de notre époque. En effet, depuis le début du XXème siècle, de nombreux conflits armés ont impliqué des Français, que ce soit sur le territoire national ou dans différents pays du monde. Du début des années 1900 à nos jours, des femmes et hommes se sont illustrés dans ces conflits. C’est à eux que La France Mutualiste rend hommage chaque année, en récompensant un auteur contemporain témoignant de ces expériences singulières.

En 2007, le Prix Grand Témoin avait pour thème : Parcours d’hommes et de femmes dans les guerres des XXème et XXIème siècles. http://recette.la-france-mutualiste.fr/spip.php?rubrique317

Parmi les membres de son prestigieux jury, on remarque Yvan Glasel (Président) http://www.la-france-mutualiste.fr/IMG/NominationGlasel.pdf, Irène Frain http://www.irenefrain.com/, Michel Tauriac, Jean-Claude Narcy, Gonzague Saint-Bris...

Et donc, Christine Spengler s'est vu remettre ce très beau prix, qui l'a indiciblement touchée, en raison de son but (la mémoire), dans le très chic Hôtel de Lassay, mercredi 7 novembre à 19 h 30 (au moment même où le Prix de Flore était décerné à Amélie Nothomb). Le lendemain, j'ai eu la fierté d'accompagner à nouveau mon auteur fêtée au déjeuner de La France Mutualiste, Hôtel Concorde-La Fayette. Fabuleusement exubérante et généreuse, la parole intarissable, Christine Spengler est inoubliable pour tous ceux qui la croisent ! Les adhérents de la France Mutualiste s'en souviendront longtemps !

Ma reconnaissance à Françoise Ragasol, pour avoir été mon interlocutrice pendant toute la durée de ce Prix si flatteur, tellement plus snob que les Goncourt et autres Renaudot..!

"Sheh !" dans Le Mag du Val d'Oise (novembre 07)

Sheh ! Bien fait pour toi !

C'est un témoignage émouvant que le livre de Hacina zermane, qui vit à Gonesse, en collaboration avec la journaliste Myriam Mascarello. Celle d'une femme atteinte du sida qui "lutte contre toutes les croyances mortifères, contre tous les discours qui endorment et retardent le combat pour la vie" comme le dit si bien dans sa préface la comédienne Line Renaud. Editions Des femmes - Antoinette Fouque

Souvenirs de Juliette Drouet (Gérard Pouchain) dans Historia de novembre 07 (A.W.)

Souvenirs 1843 - 1854 de Juliette Drouet (collectés par Gérard Pouchain)

Des femmes, 333 p., 13 E

En 1833, à 33 ans, Juliette Drouet abandonne sa carrière théâtrale pour se vouer exclusivement à son amant, Victor Hugo, qu'elle accompagne en Espagne et dans les Pyrénées, puis dans ses exils à Bruxelles, Jersey et Guernesey. C'est l'écrivain lui-même qui lui demande de rédiger le récit de leurs voyages. Elle décrit patiemment les paysages aperçus des fenêtres des diligences. Elle réalise des compte-rendus circonstanciés, monotones, purement descriptifs, y compris lorsqu'elle couche sur le papier ses souvenirs de pensionnat, qui doivent aider Hugo à rédiger l'un des chapitres des Misérables ou lorsqu'elle raconte heure par heure l'insurrection de 1848. Sa plume, asservie à l'amour de sa vie, erre sans fantaisie et sans perspicacité. A.W.

09/11/2007

Maison des Babayagas : l'idée de départ

therese_clerc_200.jpgLa Maison des Babayagas... ou comment monter sa maison de retraite autogérée
Kit militant Ecorev dimanche 11 juillet 2004

http://1libertaire.free.fr/maisonderetraiteautogeree.html

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Un des effets de la canicule meurtrière de l’été 2003 aura été l’heure de gloire qu’ont connue les maisons de retraite dans les médias... Une occasion inespérée de prendre conscience de la misère de ces lieux où se trouvent claquemurées les personnes âgées. L’occasion de voir aussi que ces lieux connaissent des alternatives fleurant les expériences communautaires des années 70.
Animée par l’envie de vivre leur vieillesse tout en prolongeant leurs vies personnelle et militante, et par la volonté de ne pas être une charge pour leur entourage sans être pour autant coupées du monde, une poignée de femmes a décidé de créer une maison de retraite communautaire, solidaire et autogérée à Montreuil (Seine Saint-Denis) : « la Maison des Babayagas », du nom des vieilles grand-mères russes. Un peu sorcières sur les bords, les Babayagas vivaient - selon les légendes russes - dans des maisons faites de pain d’épices et de pâte d’amande, soutenues par des pâtes de poules. Elles y racontaient des histoires aux enfants qui en profitaient pour grignoter leurs maisons. Les Babayagas, fâchées de cette effronterie, dévorèrent tout crus les garnements...

Si elles ne croquent guère les enfants, les trois femmes à l’origine de ce projet - Thérèse Clerc (77 ans), Monique Bragard (72 ans) et Suzanne Goueffic (73 ans) - sont restées engagées et actives : l’une dirige la Maison des femmes de Montreuil, l’autre est peintre, la dernière aide à l’alphabétisation en qualité d’orthophoniste. Voici en quelques étapes le kit de fabrication d’une Maison de Babayagas, à l’exemple de celle de Montreuil.

Le sol, les murs : dénicher un lieu et profiter de l’ « effet canicule »

Le projet d’une maison de retraite autogérée émerge dès 1997 dans l’esprit de Thérèse Clerc, à la mort de sa mère. Mais les pouvoirs publics font la sourde oreille et estiment que cela ne saurait entrer dans leur agenda politique. Toutefois, le projet mûrit et l’hécatombe de la canicule rend les oreilles plus attentives : les Babayagas convainquent en 2003 la mairie de Montreuil d’attribuer un terrain en centre ville pour la construction de la maison. Celle-ci sera prise en charge par l’office des HLM et subdivisée en plusieurs studios autonomes loués par les résidentes. Chaque logement privatif sera d’une surface de 35m2 pour un prix n’excédant pas (a priori) 300 euros (avec possibilité de profiter des APL...). Parce qu’une maison solidaire et autogérée se doit d’être un minimum écologique, des panneaux solaires se chargeront de chauffer l’eau et l’utilisation de matériaux écologiques sera privilégiée pour la construction. Pour ce qui est de l’aspect communautaire, des pièces collectives sont également prévues (bassin d’hydrothérapie, salle polyvalente, etc.).

Les résidentes : l’hiver venu, la ruche congédie ses mâles

La maison des Babayagas est une maison de femmes. Les hommes peuvent venir y passer l’après-midi ou une nuit à l’occasion (lits accueillants d’1m40), mais ne peuvent s’y installer. Fatiguées d’une vie passée à subir les oukases des hommes ou au contraire à être à leurs petits soins, ces veuves, célibataires ou divorcées préfèrent rester entre elles et n’ont que faire des reproches de sectarisme qu’elles doivent essuyer de ce fait. Leur démarche s’inspire notamment de l’expérience du béguinage, ces femmes (les béguines) qui réfutèrent dès le XIIe siècle l’idée de toute autorité religieuse ou maritale et vécurent entre elles.

Une maison active et engagée

L’idée de la Maison des Babayagas a circulé dans la presse et les lettres ont afflué : à l’heure actuelle 50 femmes ont postulé pour seulement 16 places... Le caractère engagé du projet a naturellement orienté les candidatures : les postulantes ont un passé associatif, syndical ou politique, à l’image des initiatrices qui ont usé leurs semelles au PSU. Une fois débarrassée la vaisselle des repas collectifs, les pièces collectives laisseront donc la place à des activités culturelles ouvertes aux adhérents de la Maison des Babayagas, mais seront aussi le lieu d’activités citoyennes (alphabétisation, accueil de jeunes femmes en difficulté, échange de savoirs, etc.).

Une médiatrice extérieure pour calmer les vieilles bourriques

« Ne jamais se coucher fâchées » est un principe (qui émanerait de Saint-Augustin) que les Babayagas montreuilloises aiment à citer. La vie en communauté, le partage et la rotation des tâches n’engendrent pas seulement paix et amour... et pour éviter que les Babayagas ne se jettent à la figure leur verveine-menthe, une médiatrice extérieure leur rendra visite tous les quinze jours pour aider à une résolution des conflits non-violente. Une période probatoire de six mois laissera la liberté à celles qui le souhaiteront de quitter la Maison. Quant aux femmes qui seront touchées par une maladie dégénérative ou par la démence, elles seront orientées vers un centre médicalisé.


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Contact babayaga
Thérèse CLERC - 1, rue Hoche - 93100 Montreuil - 01 48 58 80 53 - hypatie93 chez wanadoo.fr

Sexual Politics dans Livres Hebdo du 09.11.07

9782721005625.jpgMillett Kate - Sexual Politics / trad. de l'anglais (Etats-Unis) Elisabeth Gille. Paris : Des femmes - Antoinette Fouque 2007. 350 p.

Cette critique de la société occidentale se concentre sur une dénonciation du pouvoir patriarcal et de la négation du corps féminin aux plans idéologique, anthropologique, politique et littéraire. Dans la 1ère partie, l'auteure défend l'idée que la sexualité a un aspect politique. Dans la 2ème partie, elle retrace la transformation qu'a connue la relation traditionnelle entre les sexes. Public motivé.

Colette Deblé étudiée par les Américains !! (Dalhousie French Studies, Michael Bishop, Spring 2007)

Dalhousie French Studies 78 (Spring 2007) www.dal.ca/french (Vitterio Frigerio)

A quarterly Journal Devoted To French and Francophone Literature

Colette Deblé. L'envol des femmes. Textes de Jean-Joseph Goux. Paris : Des femmes / Antoinette Fouque, 2006. 160 p.

Envol : légèreté, libération, ivresse du féminin, ici et maintenant, et à travers les siècles de notre très relative modernité. Couleur et ruissellement aussi, et délicatesse et transparence. Et, partout, révélation, nudité, surgissement épiphanique du corps, du coeur et de l'esprit de la femme. Et si couleur il y a, elle est à la fois une force, une présence, rose, rouge, jaune et verte et bleue, ocre et dorée parfois comme certaines fleurs qui nous sont offertes également, mais une présence souvent, même la plupart du temps, pailletée, bariolée, multicolore et par conséquent multiple, constellée comme cette Chevelure de Bérénice, cette symphonie galactique, dont s'inspire ce texte de Claude Simon qui, d'abord, s'intitulait Femmes. Toutes les peintures et tous les dessins de Colette Deblé, magnifiquement reproduits ici dans ce livre précieux, témoignent de l'énergie mystérieuse qui dynamise l'existence de la femme et les phénomènes où elle se trouve immergée : la lumière, la matière, l'air et le temps. La sensualité règne, subtile, grâcieuse, innée ; mais quelque chose comme une spiritualité, immanente et transcendante à la fois, flotte et plane partout où les ailes du corps féminin se déploient, élevant le matériel vers son inhérence insubstantielle. Et ceci, curieusement, malgré le désir de Colette Deblé qui la pousse à vouloir nous donner la femme dans sa présence renouvelée face à son contexte historique, temporel, dans le chatoiement de son devenir perpétuel tel que l'art des grands plasticiens l'ont évoquée. Fantin-Latour, Rodin, Chassériau, Watteau, Manet, Picasso, Da Vinci, Memling, Ishikawa, etc, etc : la liste est longue, très longue, et les nombreuses sources anonymes l'amplifient infiniment, permettant de saisir quelque chose de l'immense, sans doute, dirait Marguerite Duras, indicible identité féminine depuis la préhistoire jusqu'à nos jours. Ceci, d'ailleurs, sans mimétisme de la part de Deblé - Jacques Derrida la voyait plutôt comme "une visionnaire des corps" - , sans répétition, et pourtant puisant dans les représentations des autres un point de départ perceptif qu'elle n'efface pas tout en l'allégeant, le détachant de sa stricte et absolue historicité, l'ouvrant à une transhistoricité libératrice - à un espace plastico-ontologique où la femme sait retrouver les beautés de ses brumeuses origines. Comme dans un poème de Jeanne Hyvrard...

Les analyses que nous propose Jean-Joseph Goux sont, à tous les égards, excellents et pénètrent profondément dans la logique de ce qu'il appelle "la mélancolie universelle de la gynégraphie" (116). Le légendaire, le mythique, cela qui est plongé dans le temps humain, oui ; mais aussi "quelque chose d'inaugural" (120) en émergence chez Colette Deblé, une originalité qui est simultanément celle de l'art de Deblé et celle de la femme dans les innombrables qualités intrinsèques de son être-là à la fois vécu et atemporel. L'envol des femmes réussit d'ailleurs à nous montrer les fondements de cette mélogie gynégraphique : nous plongeons ainsi, avant d'aborder cette éclosion des quinze dernières années, dans les images, qu'accompagne également le texte de Goux, des années 1970 - 80. Des acryliques comme Voir ou Fougères ou Pacifique modèle reposent sur une poétique de la lumière rayonnante, striée, éblouissante, et de l'ombre, secrète, masquante, intime, tandis que les acryliques comme Dominicains ou Rieuses ou Thésa ou Pirat, avec leurs lumineux oiseaux de mer et leurs fleurs simples mais intensément sensuelles, se risquent dans d'autres espaces à la fois plastiques et psychiques qui, pourtant, complètent ce qui précède et préparent ce qui, à partir de 1990, suivra et continue aujourd'hui : cette vaste et inachevable aventure de la présence obscurcie et si brillamment dévoilée, peinte et dessinée, de la femme.

Michael Bishop