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10/02/2010

Alain de Mijolla présente "Freud et la France (1885 - 1945)" à l'Espace des Femmes-Antoinette Fouque : jeudi 11 février à 19 h - Venez nombreux !

L'Espace des Femmes-Antoinette Fouque vous invite à une soirée sur "Freud et la France (1885-1945)" avec son auteur, Alain de Mijolla, jeudi 11 février à 19 heures. 35 rue Jacob, 75006 Paris.

"FREUD ET LA FRANCE (1885-1945)" - UN LIVRE DE ALAIN DE MIJOLLA - PARU LE 13 JANVIER 2010

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Après de études à la Faculté de médecine de Paris, Alain de Mijolla, médecin Psychiatre des Hôpitaux, psychanalyste, devient membre de la Société psychanalytique de Paris (SPP) en 1968 et membre titulaire en 1975. Son abord psychanalytique de l’alcoolisme a été publié en 1973 et constamment réédité depuis, comme Les visiteurs du moi, paru en 1981, études théorico-cliniques sur les fantasmes d’identification au coeur de la transmission familiale intergénérationnelle. Ce livre a été complété en 2004 par Préhistoires de famille. Il est l’un des plus grands spécialistes français de Sigmund Freud et lui a consacré plusieurs ouvrages : Freud et la France, 1885-1945 (2010) ; Freud, fragments d'une histoire, (2003) ; Les Mots de Freud, (1989). Son travail d'historien de la psychanalyse est fondamental. Il fut notamment responsable du Département d’archives et d’histoire de la SPP (1988-2000), a tenu l'Atelier d'Histoire de la psychanalyse en Europe à l’École des hautes études en sciences sociales (EHESS) et a dirigé le Dictionnaire international de la psychanalyse, paru en 2002, un ouvrage magistral qui a fait date, connu pour sa richesse et son ouverture d’esprit, traduit en anglais, en espagnol et en brésilien (2005). Il fut membre de l’International Society of Political Psychology (1989-2003), de l’American Academy of Psychoanalysis (1990-2001), et du Conceptual and Empirical Research Commitee de l’Association internationale de psychanalyse (IPA) entre 2002 et 2004.

Créateur en 1985 et président honoraire de l’Association Internationale d'Histoire de la Psychanalyse (AIHP), Alain de Mijolla a écrit plus de quatre-vingt dix articles psychanalytiques et dirigé de nombreuses revues ou collections comme la Revue internationale d’histoire de la psychanalyse (1988-93), la collection Histoire de la psychanalyse aux Presses Universitaires de France (1988-99) ou encore la collection Confluents psychanalytiques aux éditions les Belles Lettres (1980-93). Il fut récompensé pour ses travaux par le Prix Maurice Bouvet de psychanalyse en 1976 et aux USA, par The Sigourney Award en 2004.

UNE NOUVELLE FAÇON DE PARLER D'HISTOIRE...

livre-983.jpgFreud en France, 1885-1945, raconte, année par année présentées comme autant de chapitres, la lente progression du personnage de Freud et de ses idées dans le milieu médical et culturel français. Depuis son séjour chez le professeur J.M. Charcot en 1885, chaque année brosse un tableau des images que l’on se fait de Freud, jusqu’à sa mort en 1939, et des psychanalystes français jusqu’au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, en 1945. Correspondances privées autour de problèmes que posent la pénétration des théories freudiennes comme la naissance du mouvement psychanalytique et la création de la Société Psychanalytique de Paris, puis de la Revue Française de Psychanalyse, articles de critique ou de louanges dans les journaux médicaux et philosophiques ou dans des magazines plus légers, interviews par les journalistes de l’époque, de nombreux documents mal connus ou inédits forment chapitre par chapitre des tableaux vivants, drôles ou émouvants.

 

Comment ne pas citer les écrivains de la N.R.F qui, sous la bannière des éditions Gallimard, sont avec André Gide parmi les premiers à découvrir l’oeuvre freudienne, ou comme les Surréalistes qui s’enchantent à y trouver un langage qu’ils croient commun, ou Anaïs Nin dont les aventures amoureuses avec son thérapeute donnent une image mi-caricaturale mi-véridique de l'exercice de la psychanalyse par certains, ou les membres du Parti Communiste français qui, semblables aux catholiques, dénoncent les conséquences fâcheuses qu'ont de telles lectures.  

On peut aussi y trouver l’exposé des premiers écrits des psychanalystes venus rejoindre Freud à partir de 1920, date de la publication des Cinq leçons sur la psychanalyse dans une traduction en langue française qui inaugure la parution chaotique, disputée par Gallimard, Payot, Denoël et finalement Alcan, de ce qui ne parvient pas à constituer une édition de ses oeuvres complètes, encore inachevée de nos jours.

Leurs idées montrent que rien n'est nouveau sous le soleil et que la recherche historique redonne à tel ou tel d'entre eux, injustement oubliés, la priorité de telle idée théorique ou pratique. On voit ainsi les débuts d'un Jacques Lacan, déjà original et profond créateur ou de Françoise Dolto qui s'oriente dès son entrée sur le divan du Dr. René Laforgue, vers la psychanalyse des enfants.

Ce livre se parcourt, se lit en trouvant une année au hasard, comme en effectuant une recherche plus précise au fil du temps ou de l'histoire d'un personnage, repérable par les entrées d'un Index complet.

Outre des références bibliographiques générales en fin de volume, des notes de bas de page permettent de retrouver les articles cités au lieu même de leur citation, ce qui simplifie plus nettement leur consultation que d'avoir à les retrouver en petits caractères ramassés en fin de volume.

Tout aussi indispensable pour éclairer sa lecture, ce livre offre une trentaine de pages de notes complémentaires qui donnent des indications brèves, mais précises, sur les principaux personnages évoqués, leur première apparition étant signalée dans le texte par un astérisque qui conduit à trouver en fin de volume le renseignement cherché.

Propre au délassement, comme le fait un livre qui raconte des histoires au ton parfois romanesque, aussi bien qu'instrument de travail pour des recherches ciblées sur les thèmes abordés, cet ouvrage est indispensable à toute personne cultivée désireuse de connaître l’image de la France d’avant la Seconde Guerre mondiale et de ses frottements aux idées dérangeantes de Sigmund Freud.

 

Bibliographie Alain de Mijolla

o Freud et la France, 1885-1945, (PUF, Hors collection, 2010)

o Psychanalyse, codirection avec Sophie de Mijolla-Mellor, (PUF, Coll. Fondamental, 2008, 5e édition)

o Préhistoires de famille (PUF, Coll. Le Fil rouge, 2004)

o Pour une psychanalyse de l'alcoolisme, cosigné avec S. Shentoub (Payot-poche, 2004)

o Freud, fragments d'une histoire, (PUF, Coll. Le Fil rouge, 2003)

o Les Visiteurs du moi : Fantasmes d'identification, (Les Belles lettres, Coll. Confluents psychanalytiques 1981 ; rééd. 2003))

o Dictionnaire international de la psychanalyse, (Calmann-Lévy, 2002 / Hachette Littératures, Coll. Grand Pluriel, format poche en coffret 2 volumes, 2005)

o Évolution de la clinique psychanalytique, (L'Esprit du Temps, 2001)

o Les Mots de Freud, (Hachette, 1982 ; Les Belles lettres, 1982)

05/02/2010

Mardi 9 février à 18h30, Soirée Clarice Lispector à l'Espace des Femmes-Antoinette Fouque (présence de nombreuses personnalités dont le fils de l'auteure)

clacla.jpgAntoinette Fouque et Des femmes

 

vous invitent à une rencontre exceptionnelle

AUTOUR DE CLARICE LISPECTOR

 

mardi 9 février, à 18h30 (35 rue Jacob, 75006 Paris - Métro Saint-Germain des Prés)

 

avec

* Paulo Valente, son fils, de passage à Paris, qui partagera ses souvenirs.

* Benjamin Moser, auteur de Why this World, une biographie de Clarice Lispector (à paraître aux éditions Des femmes fin 2010)

* Marc Weitzmann, écrivain et journaliste, qui traduit actuellement cette biographie.

* Lectures de l'oeuvre de Clarice LISPECTOR par Hélène Fillières, Alice Butaud...

Espace des Femmes-Antoinette Fouque - 35 rue Jacob - 75006 Paris

 

A bientôt, à mardi soir, ma reconnaissance anticipée pour informer massivement votre entourage de cette soirée.

Chiara Mastroianni lit Clarice Lispector pour la Bibliothèque des Voix..

333239_2308530.jpgCHIARA MASTROIANNI LIT LIENS DE FAMILLE DE CLARICE LISPECTOR
 
De sa très jeune voix, Chiara Mastroianni lit trois des treize nouvelles de Liens de famille, dans lesquelles Clarice Lispector allie une écriture d'une précision implacable à un regard cruel, tendre et ironique. Tous les personnages ont en commun de porter le poids d'une faute, d'une honte, d'une trahison, ou de résister à la tentation de la pitié, de l'amour, et d'être en manque de tendresse, d'infini, d'un simple mot qui permettrait de dénouer ces "liens" qui les ligotent au lieu de les unir.
Clarice Lispector
Clarice Lispector (1925-1977) publie son premier roman Près du coeur sauvage alors qu'elle n'a pas vingt ans. La critique salue la naissance d'un grand écrivain. Son oeuvre, publiée presque entièrement en France par les éditions Des femmes-Antoinette Fouque, est composée de fictions, de nouvelles, de chroniques et de contes qui font entendre une voix unique que cerne une écriture d'une précision implacable.

Hélène Fillières lit Clarice Lispector dans la Bibliothèque des Voix..

fillieres.jpgHELENE FILLIERES LIT L'IMITATION DE LA ROSE DE CLARICE LISPECTOR
 
Hélène Fillières lit L'imitation de la rose, C'est là que je vais, Silence et Tant de douceur, quatre textes extraits des recueils Liens de famille et Où étais-tu pendant la nuit ?
 
"Comment passer outre cette paix qui nous épie ? Silence si grand que le désespoir se revêt de pudeur. Montagnes si hautes que le désespoir s'enveloppe de pudeur. L'ouïe s'aiguise, la tête s'incline, le corps tout entier écoute : pas une rumeur. Pas un coq. Comment entrer dans cette profonde méditation du silence. De ce silence sans mémoire de mots. Si tu es la mort, comment t'atteindre ?"
 
Clarice Lispector
Clarice Lispector (1925-1977) publie son premier roman Près du coeur sauvage alors qu'elle n'a pas vingt ans. La critique salue la naissance d'un grand écrivain. Son oeuvre, publiée presque entièrement en France par les éditions Des femmes-Antoinette Fouque, est composée de fictions, de nouvelles, de chroniques et de contes qui font entendre une voix unique que cerne une écriture d'une précision implacable.
 
Texte intégral - 1 CD
EAN : 3328140020984
Janvier 2008

Dans nos anciens catalogues, toujours Clarice Lispector..

clarice_lispector.jpgLES LIVRES PARLANTS - CATALOGUE 1980-1991
 
"J'écris parce que profondément je veux parler". C.L.
 
Née en 1925 en Ukraine, dans une famille juive, Clarice Lispector n'avait encore que deux mois lorsque ses parents arrivèrent au Brésil. Dès l'âge de 7 ans, elle écrit. Elle publie son premier roman, Près du coeur sauvage, en 1944, alors qu'elle n'a pas 20 ans. La critique salue la naissance d'un grand écrivain. Mariée à un diplomate, elle voyage en Europe et aux Etats-Unis. Puis, après son divorce, elle s'installe à Rio de Janeiro, où elle meurt en 1977. Son oeuvre, au plus intime de l'âme, fait entendre une voix unique, que cerne une écriture d'une précision implacable. Clarice Lispector est l'un des plus grands, sinon le plus grand écrivain brésilien. Depuis 1978, les éditions Des femmes ont entrepris de publier son oeuvre.
 
CHIARA MASTROIANNI lit LIENS DE FAMILLE
(traduit du brésilien par Jacques et Teresa Thiériot - Des femmes, 1985)
La cassette commence par un extrait d'une interview de Clarice Lispector.
De sa très jeune voix, Chiara Mastroianni lit trois des treize nouvelles qui composent le recueil de Clarice Lispector, Liens de famille.
Rappelant cet espace où circule "une bonté dangereuse", où s'anime "le cruel besoin d'aimer", Clarice Lispector dévoile, sous les apparences du quotidien ordonné, ce combat discret et non moins violent entre la vie et la mort, entre la vie et l'oubli de la vie.
 
***
 
ANOUK AIMEE LIT LA PASSION SELON G.H. (Des femmes, 1985)
Dans son appartement de Rio, une femme commence sa journée, seule face à une tasse de thé. Sa bonne l'a quittée le matin même. Il y a une première rupture du rythme quotidien de cette femme. C'est pourquoi elle entame une interrogation sur le cours habituel de ses jours. Après avoir décidé de faire le ménage dans la chambre de la bonne, elle découvre qu'elle a vécu de longs mois à côté de quelqu'un resté totalement étranger. Commencent à sourdre les indices d'une seconde interrogation, plus large et plus complexe, qui part de ce point précis : son ignorance de l'autre. C'est en cherchant le sens primordial de ce qu'elle ressent et en essayant de comprendre les liens éventuels entre tout cela et Dieu, que G.H. avance, de station en station, dans sa passion, qui est à la fois un cri de douleur et de joie.
 
Clélia Pisa
***
CATALOGUE DES LIVRES PARLANTS 1974-1998
CLARICE LISPECTOR
 
"Un jour viendra où tout mouvement sera création, naissance, je briserai tous les noms qui existent à l'intérieur de moi, je me prouverai qu'il n'y a rien à craindre, que tout ce que je serai sera toujours où il y aura une femme avec mon principe."
 
Toute l'oeuvre de Clarice Lispector, publiée de 1944 à 1977 au Brésil, est mue par un questionnement de l'écriture qui fait l'originalité de son immense talent.
 
* Près du coeur sauvage - Roman, 1982
Traduction : Régina Helena de Oliviera Machado
* Agua viva
Fiction, 1980
Traduction : Régina Helena de Oliveira Machado
* La Passion selon G.H.
Présentation de Clelia Pisa
Fiction, 1978-1998
Traduction : Claude Farny
* Un Souffle de vie
Fiction, 1998
Traduction : Teresa et Jacques Thiériot
* La Découverte du Monde
Chroniques, 1994
Traduction : Teresa et Jacques Thiériot
* Un Apprentissage ou le Livre des Plaisirs
Fiction, 1992
Traduction : Teresa et Jacques Thiériot
* La Ville assiégée
Fiction, 1991
Traduction : Teresa et Jacques Thiériot
* Le Lustre
Fiction, 1990
Traduction : Teresa et Jacques Thiériot
* Liens de famille
Fiction, 1989
Traduction : Teresa et Jacques Thiériot
* L'Heure de l'Etoile
Roman, 1985
Traduction : Marguerite Wünscher
* Où étais-tu pendant la nuit ?
Nouvelles, 1985
Traduction : Geneviève Leibrich
* La Belle et la Bête suivi de La Passion des Corps
Nouvelles, 1984
Traduction : Claude Farny, Sylvie Durastanti
 
***
CATALOGUE DES FICTIONS 1991
LA VILLE ASSIEGEE de CLARICE LISPECTOR
Traduit du brésilien par Jacques et Teresa Thiériot
 
Paru au Brésil en 1949, La ville assiégée est le troisième ouvrage publié par Clarice Lispector. Elle a, alors, tout juste 24 ans. L'histoire se passe dans les années 20. Une jeune fille, Lucrécia Neves, assiste au développement industriel du faubourg où elle habite et qui est encore plein de chevaux et de charrettes. Apprentissage de la ville et de soi, dans la recherche d'un équilibre qui ne se trouvera d'abord que par la domination des objets. Là où échouait l'héroïne du précédent roman de Clarice Lispector faute de maturité et de méthode, Lucrécia, du regard, affronte la réalité, assiège la ville avec la complicité des chevaux. Elle en épouse la forme pour réduire à merci les hommes dont le pouvoir n'est que professionnel. Devenue veuve, elle n'accepte de se remarier qu'avec celui qui d'abord aura aimé son image. Sans les objets, ville ou bibelot, qui captent nos regards, nous n'existerions pas car la pensée est fallacieuse, et vaine toute psychologie.
 
La ville assiégée est un roman surprenant et maîtrisé, où l'apparente chronologie est constamment brisée dans la confrontation du passé, du présent et de l'avenir et où les tableaux d'époque sont transcendés par des visions mythologiques. Fable réaliste où la parole à la fois lente, obstinée et frémissante, permet de trouver l'épiphanie, l'instant de la litote, et de résoudre l'ambivalence où se débat tout être vivant, humain ou animal.
 
J.T.
 
BIBLIOGRAPHIE :
Gallimard
Le bâtisseur de ruines, traduit du brésilien par bViolante Do Canto, 1970.
 
Des femmes
* La passion selon G.H., traduit du brésilien par Claude Farny, 1978. 
* Agua Viva, traduit du brésilien par Regina Helena de Oliveira Machado, 1980.
* Près du coeur sauvage, traduit du brésilien par Regina Helena de Oliveira Machado, 1981.
* La belle et la bête, suivi de Passion des corps, 1985.
* L'heure de l'étoile, traduit du brésilien par Marguerite Wünscher, 1985.
* Où étais-tu pendant la nuit ? traduit du brésilien par Geneviève Leibrich, 1985.
* Liens de famille, traduit du brésilien par Jacques et Teresa Thiériot, 1989.
* Le lustre, traduit du brésilien par Jacques et Teresa Thiériot, 1990.
 
EN CASSETTE :
* La passion selon G.H., lu par Anouk Aimée, 1983.
* Liens de famille, lu par Chiara Mastroianni, 1989.

Clarice Lispector dans le catalogue des trente ans des éditions Des femmes-Antoinette Fouque (p.314-315)

CLARICE LISPECTOR
Clarice Lispector (1925-1977) publie son premier roman Près du coeur sauvage alors qu'elle n'a pas encore vingt ans. La critique salue la naissance d'un grand écrivain. Son oeuvre fait entendre, au plus intime de l'âme, une voix unique, que cerne une écriture d'une précision implacable. Auteure de fictions, de nouvelles et de chroniques, que les Editions Des femmes ont entrepris de publier intégralement, Clarice Lispector a également écrit des contes où l'on retrouve ses thèmes les plus chers.
181_2555-clarice-lispector.jpg"Je travaille la matière première..." C.L.
 
CLARICE LISPECTOR
 
LA PASSION SELON G.H.
 Traduit par Claude Farny
"Ce livre est un livre comme les autres, mais je serais heureuse qu'il soit lu uniquement par des personnes à l'âme déjà fomée. Celles qui savent que l'approche de toute chose se fait progressivement et péniblement - et doit parfois passer par le contraire de ce que l'on approche. Ces personnes, et elles seules, comprendront tout doucement que ce livre n'enlève rien à personne. A moi par exemple, le personnage de G.H. m'a peu à peu donné une joie difficile : mais son nom est joie." C.L.
 
UN SOUFFLE DE VIE
Traduit par Jacques et Teresa Thiériot
"Imaginant un dialogue entre un dialogue entre un auteur et la femme-personnage à qui il donne "un souffle de vie", Clarice, entre ces deux miroirs se dédouble à l'infini et, une dernière fois et à jamais, nous éblouit par tous les éclats de son écriture et finalement nous propose le mot "vie" comme réponse à nos propres questions." J.T.
 
AGUA VIVA
"Mes phrases balbutiées sont faites à l'heure même où elles sont écrites et crépitent d'être si neuves et encore vertes. Elles le sont déjà. Je veux l'expérience d'un manque de construction. Quoique mon texte soit tout traversé de bout en bout par un fragile fil conducteur - lequel ? celui du plongeon dans la matière du mot ? celui de la passion ? Fil luxurieux, souffle qui réchauffe l'écouler des syllabes. La vie m'échappe à peine quoique me vienne la certitude que la vie est autre et a un style occulte.
Ce texte que je te donne n'est pas fait pour être vu de près : il gagne sa rondeur secrète d'être plutôt invisible, quand il est vu d'un avion volant à haute altitude. Alors on devine le jeu des îles et on voit les canaux et les mers. Entends-moi : je t'écris une onomatopée, convulsion du langage. Je te transmets non une histoire mais seulement des mots qui vivent du son." C.L.
 
LA VIE INTIME DE LAURA
"Il faut que je te dise une vérité. Cette vérité est que Laura a le cou le plus moche du monde. Tu t'en fiches n'est-ce pas ? Parce que ce qui compte, c'est la beauté intérieure. Toi, es-tu beau intérieurement ? Je parie que oui. Comment est-ce que je le sais ? C'est que je suis en train de te deviner." C.L.
 
LE MYSTERE DU LAPIN PENSANT
"Tu sais, Paulo, tu ne peux pas imaginer ce qui est arrivé à ce lapin. Si tu crois qu'il parlait, tu te trompes. Il n'a jamais prononcé un seul mot de sa vie. Si tu crois qu'il était différent des autres lapins, tu te trompes aussi. La vérité, c'est qu'il n'était qu'un lapin. Tout ce qu'on peut dire de lui c'est qu'il était un lapin très blanc." C.L.
 
DANS LA BIBLIOTHEQUE DES VOIX : 
Liens de famille lu par Chiara Mastroianni
La Passion selon G.H. lu par Anouk Aimée
***
LIVRES PAPIER :
La Passion selon G.H. - Fiction, 1978
Agua viva - Fiction, 1980
Près du coeur sauvage - Roman, 1982
La Belle et la Bête suivi de La Passion des corps - Nouvelles, 1984
Où étais-tu pendant la nuit ? - Nouvelles, 1985
L'Heure de l'étoile - Roman, 1985
Liens de famille - Fiction, 1989
Le Lustre - Fiction, 1990
La Ville assiégée - Fiction, 1991
Un Apprentissage ou Le Livre des plaisirs - Fiction, 1992
Corps séparés - Nouvelles, 1993
La Découverte du monde - Chroniques, 1995
Un souffle de vie - Fiction, 1998

28/01/2010

Gérard Miller interviewe Antoinette Fouque (La Vie du 28.01.10)

INTERVIEW D'ANTOINETTE FOUQUE PAR GERARD MILLER DANS L'HEBDOMADAIRE "LA VIE" DU 28.01.10
Je-ne-suis-pas-feministe.jpgJ'AURAIS DÛ
Par Gérard Miller
Ils sont connus, aimés, souvent puissants, parfois craints. Mais quel regard portent-ils sur eux-mêmes ?
 
Sous le titre "Qui êtes-vous ? Antoinette Fouque", Christophe Bourseiller publie chez Bourin éditeur ses entretiens avec la cofondatrice historique du Mouvement de libération des femmes (MLF), auteure notamment de "Il y a deux sexes" et de "Gravidanza, Féminologie II".
 
ANTOINETTE FOUQUE
"JE NE SUIS PAS FEMINISTE"
 
De votre mère, qui ne savait ni lire ni écrire, vous évoquez le "génie préalphabétique". L'expression est belle.
Ma mère a souffert de n'être pas allée à l'école mais, dans le même temps, elle était souverainement intelligente et cultivée. Il y avait chez elle une aisance, une beauté de vie, un épanouissement, une créativité constante qui lui permettaient de produire à partir de cet analphabétisme de la pensée. Et, malgré la modestie de notre place, elle nous inondait de culture, de théâtre, de cinéma.
 
En devenant vous-même mère, vous semblez avoir tout réappris.
J'avais été éduquée à l'école dans un savoir neutre, c'est-à-dire masculin, et je me croyais l'égale des garçons. Avec la grossesse, il m'est apparu qu'on nous avait raconté des histoires et que l'école républicaine, sous prétexte d'universalisme, fabriquait des discriminations. Et puis j'ai accouché d'une fille, dans une société - en 1964 - où c'était encore le fils qui faisait la mère. Alors, je me suis dit : "Mais qu'est-ce qui se passe donc là de hors jeu, de différent, de "marginal ?", et je suis allée dans "l'autre" direction.
 
Parallèlement à ce bouleversement de la grossesse et de la maternité, que vous ont apporté ces deux événements majeurs de votre vie : le mouvement de Mai 68 et votre analyse avec Lacan ?
Avec Mai 68, et alors même que j'avais déjà 32 ans, j'ai redécouvert l'adolescence. Avec Lacan, j'ai connu la passion, l'admiration sans bornes. Je ne comprenais pas tout mais, quand il parlait, ce n'était jamais hermétique, c'était ouvert, cela permettait une compréhension absolument jubilatoire.
 
Ce qui ne vous a pas empêchée de vous insurger contre la théorie freudienne, notamment la "primauté du phallus" !
Je ne sais pas ce que je serais devenue sans la psychanalyse - cela rend d'autant plus insupportable un tel "défaut" dans un objet de passion !
 
Parce que vous êtes à l'origine du Mouvement de libération des femmes, beaucoup s'imaginent que vous êtes féministe.
Je n'ai jamais employé ce mot et je considère même que le féminisme est une idéologie de désexualisation, ce que la finance est à l'industrie ou à la production : une perte du réel, de la matérialité du sens. Aujourd'hui, le terme de lesbienne remplace souvent celui de femme, tout comme le gender remplace le sexe, renvoyant à une sexualité purement sociale. Les femmes sont une espèce en voie de disparition, y compris chez les féministes. Or, pour moi, il s'agit de libérer une femme... dans chaque mère. Liberté, Egalité, Géni(t)alité !
 
Gardez-vous des regrets de cette vie ininterrompue de combats ?
Prise dans l'urgence d'agir, je sais que j'ai parfois fait preuve d'une certaine violence, qui a pu passer pour du sectarisme ou de l'intolérance, et je le regrette. Comme je regrette de n'avoir pu faire la paix avec tous ceux qui se sont un jour déclarés mes ennemis. Moi, des ennemis, je n'en ai pas.

25/01/2010

Vendredi 29 janvier à 19h, projection du film de Mariane Persine sur Béla Grunberger. Avec Jean-Pierre Sag. La psychanalyse à l'honneur ! Soirée rare !

bg.jpgVendredi 29 février 2010 - A 19 h à l’Espace des Femmes, 35 rue Jacob, 75006 Paris

Projection du film de Marianne Persine sur Béla Grunberger

Psychanalyste membre de la Société Psychanalytique de Paris, Marianne Persine réalise depuis 20 ans des entretiens vidéos avec des psychanalystes. Consciente de la perte que représenterait par exemple l’absence de documents filmiques sur Freud, Marianne Persine a entrepris d’inscrire pour l’Histoire quelques grandes figures de la psychanalyse contemporaine.

Elle présentera à l’Espace des Femmes son film, inédit, sur Béla Grunberger. Béla Grunberger (1903 – 2005), psychanalyste d’origine hongroise de renommée internationale est l’un des théoriciens les plus originaux du narcissisme. Ayant particulièrement médité sur l’importance de la vie intrautérine dans la vie psychique et dans la cure psychanalytique, il a publié en 1989 aux éditions des Femmes-Antoinette Fouque, Narcisse et Anubis.

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Béla Grunberger - Narcisse et Anubis 1989

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Depuis 1956, Béla Grunberger a créé une oeuvre centrée sur le concept du narcissisme. Il le considère comme un élément fondamental du développement humain qui, telle la langue chez Esope, est la meilleure et la pire des choses. Le narcissisme, dont il postule l'origine prénatale (conformément à la pensée de Freud, qui n'en a pas tiré toutes les conséquences), est à l'origine des accomplissements les plus sublimes, comme des tendances à la destruction la plus absolue. L'être humain a connu dans le ventre de sa mère une satisfaction totale et immédiate à laquelle il lui faut renoncer après la naissance. La condition humaine est à jamais marquée par la chute, l'expulsion d'un paradis prénatal à reconquérir par tous les moyens.

 
D'origine hongroise, Béla Grunberger, psychanalyste de renommée mondiale, se situe dans la filiation de Ferenczi. Il arrive en France en septembre 1939 où il fait ses études de médecine. Il est membre enseignant de la Société psychanalytique de Paris. "Le Narcissisme" (Payot, 1971) est devenu un ouvrage de référence en France et à l'étranger.
 
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Janine Chasseguet-Smirgel - Les deux arbres du jardin 1988

Chasseguet-Smirgel.jpg
 
L'ouvrage est constitué de huit articles. Le premier porte sur la féminité. Janine Chasseguet-Smirgel montre les contradictions de la théorie freudienne, tout en restant fidèle à la perspective du fondateur de la psychanalyse. Sa critique porte sur ce qu'elle appelle "le monisme sexuel phallique" : contrairement à ce qu'affirme Freud, il y a avant la puberté une connaissance de l'existence du vagin, mais celle-ci est refoulée dans un but défensif. L'auteure montre que la féminité ne doit pas être comprise comme un manque. Tout être humain doit reconnaître sa féminité et sa masculinité, en assumant l'identification aux deux parents.
 
Janine Chasseguet-Smirgel, psychanalyste, vice-présidente de l'Association psychanalytique internationale, s'est intéressée dans ses précédents travaux aux problèmes de l'idéal du moi et de la perversion, ainsi qu'à la question de la sexualité féminine. Elle a occupé la chaire Freud en 1982-1983 à l'Université de Londres.

Vernissage de l'exposition "Le désordre enchanté" de Yolande Papetti-Tisseron (jeudi 14 janvier à partir de 18h30, 35 rue Jacob)

Le désorde enchanté de Yolande Papetti-Tisseron Photo Papetti Tisseron.JPG

Antoinette Fouque et Des femmes seront heureuses de vous accueillir jeudi 14 janvier 2010 à partir de 18h30 au vernissage de l'exposition imaginée par Anne Gorouben

Le désordre enchanté de Yolande Papetti-Tisseron

Psychanalyste et formatrice de travailleurs sociaux et peintre, l'artiste a publié deux livres aux Editions Des femmes : Du deuil à la réparation en 1986 et Des étoffes à la peau en 2004

Du 11 janvier au 27 février 2010

de 11h à 19h, du lundi au vendredi et samedi de 13h à 19h.

Espace-Galerie - 35, rue Jacob 75006 Paris - 01.42.22.60.74 ou 01.42.60.93.76 (Librairie) - www.desfemmes.fr

Le désordre enchanté de Yolande Papetti-Tisseron (Yolande Papetti-Tisseron est décédée le 14 octobre 2009.)

J’ai proposé à son fils Antonin de présenter son oeuvre plastique. Etait-ce possible d’imaginer ses peintures en attente dans une cave ? Les Editions des femmes-Antoinette Fouque, qu’elle aimait tant, ont accepté immédiatement de les exposer à l’Espace des Femmes.

Je voulais montrer les oeuvres de Yolande, je voulais aussi faire entendre sa voix, cette voix si poétique et directe, si drôle et incisive. J’ai tout de suite pensé au livre délicieux, Des étoffes à la peau, qu’elle m’avait offert au début de notre rencontre en 1998. J’ai décidé de tisser des fragments de ce livre avec les oeuvres. Car ses peintures, quelques objets, vêtements, sauvés de la dispersion d’un appartement que l’on vide, et les citations des étoffes à la peau, présentés ensemble, montrent la cohérence de Yolande dans toutes ses expressions. Il y a dans ces pastels une ligne continue, avec une joyeuse absence d’inhibition, des directions de pensée développées dans tous ses textes.

Tendre, drôle, séduisante, belle, autoritaire, colérique, aimante, attentive, attentionnée, violente…c’était Yolande. Tous ces qualificatifs se rapportent aussi à son travail. Le papier est une seconde peau… Cajolé ou meurtri, caressé, sensuel et érotisé, violenté par les couleurs, griffé, creusé, troué, frotté, effacé, épuisé par le crayon qui rature, qui sature. Le collage vient alors réparer. Il possède une fonction particulière dans l’art de Yolande, les étoffes, fourrures, galons, papiers peints, objets parfois, viennent comme des points de suture. Des sparadraps, partout. Sous les formes, les couleurs, les plus inattendues. Avec la fantaisie, l’humour, la liberté qu’elle manifeste toujours. Elle fait ça, comme ça ! La tentative de réparation picturale, même si, disait-elle, toujours « ir-réparation », répond aussi à ce qui apparaît comme l’un des questionnements de sa vie.

En 1998, Yolande avait lu le texte de présentation de l'atelier que j'ai fondé à l’hôpital Sainte-Anne, Des passionnés. Yolande travaillait alors à la prison de la Santé et eût le désir, disait-elle, d’aller « tremper mes doigts dans les fusains, les pastels. Bref, les matériaux en "kit" du placard d’Anne Gorouben ». J’écrivais : « ce qui paralyse les gens en général, c’est le "je ne sais pas dessiner", cette phrase revient toujours. Comme si, ceci posé, l’on devait se priver du plaisir à manipuler la couleur, à l’avoir en mains, à en avoir plein les mains (le fusain, le pastel, sont de formidables entrées en « matière »). C’est comme ça, en s’y plongeant, qu’on partage l’atelier, vraiment ».

C’est une formidable entrée en matière que commence Yolande à l’atelier en 1999. Elle plonge en toute liberté, en toute amitié, échange, partage (elle y est très aimée), elle trouve un plaisir extraordinaire à peindre, elle invente ses techniques, elle invente, en le continuant, son chemin. Elle sait ce qu’elle fait, intuitivement, toujours. Est-il nécessaire de référer le travail de Yolande ? Art naïf ? Certainement pas. Art brut ?…

OEuvre comme elle, belle, inimitable, inclassable.

Anne Gorouben

Décembre 2009

22/01/2010

Laureline Amanieux, superbe lectrice d'Antoinette Fouque (www.agoravox.fr 15.01.10)

"Qui êtes-vous Antoinette Fouque ?" sur Agoravox - Par Laureline Amanieux (15.01.10)

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Antoinette Fouque, voilà une femme qui a consacré sa vie à penser la femme, dans toutes ses dimensions, à additionner ses capacités et non à les soustraire. Qu’une femme puisse réaliser sa vie amoureuse et professionnelle, qu’elle puisse aimer un homme et une femme (Fouque parle même d’homosexualité native pour la femme), qu’elle puisse être mère et continuer à travailler, décider du moment où elle aura un enfant si elle le souhaite, qu’elle prenne la pleine maîtrise de sa force pro-créatrice : c’est tout l’enjeu de son combat depuis plus de quarante ans. 

Que la femme soit surtout un mouvement, celui qui est propre à l’enfantement au sens réel ou symbolique. Antoinette Fouque fait cette superbe proposition de parler d’un génie de l’enfantement comme on parle d’un génie masculin pour telle ou telle invention matérielle ou intellectuelle, car « vous revivez sur le mode actif ce que vous avez vécu passivement ». De fait, les femmes sont des héroïnes aussi en tant que portant un enfant, et l’élevant ; la grossesse est un paradigme de l’éthique pour madame Fouque car la femme accueille alors un autre en soi, sans même connaître son visage, ce qu’elle nomme « l’hospitalité charnelle » qui renouvelle l’humanité. Aussi Antoinette Fouque défend-elle autant le droit à l’avortement que la grossesse choisie, que la gestation pour autrui (GAP), comme don qu’une femme peut faire à une autre femme en portant leur enfant dans un encadrement éthique, sans aucune dimension marchande. Et les femmes possèdent aussi un génie dans les autres domaines.

A aucun moment, la pensée d’Antoinette Fouque n’élimine ou ne réduit les fondamentaux des hommes. En permanence, elle cherche un rééquilibrage qui n’annule pas leur différence, un « contrat humain » de respect et confiance entre hommes et femmes. Par rapport aux courants féministes qui prônent l’indifférenciation sexuelle ou rejettent le matriciel, la particularité d’Antoinette Fouque est de marteler « qu’il y a deux sexes », ce qui définit pour chacun un ensemble de capacités et pour les deux, une complémentarité. 

Bien sûr c’est sur le rôle féminin qu’elle insiste ; c’est celui qui a été limité au cours de l’Histoire et qui l’est encore dans le monde comme en France. Face au littéraire Barthes qui définissait le féminin comme « passif » au psychanalyste Lacan qui considérait qu’ « elle n’existe pas » dans notre champ symbolique, Antoinette Fouque investit tour à tour la pensée et l’inconscient pour y déterminer l’existence d’une femme active. A côté des trois stades libidinaux déterminés par Freud, elle en ajoute un quatrième : celui de la génitalité, la libido creandi, cette puissance d’engendrer propre à la femme. A l’âge où l’écrivain Balzac considérait la femme vieille, « trente ans », Antoinette Fouque choisit de parler de seconde naissance : à 32 ans, elle co-fonde le MLF (Mouvement de Libération des Femmes). 

A une femme représentée par ses seins et ses fesses, sa beauté réelle mais extérieure, des auteurs comme elle pensent plutôt l’intériorité de la femme et valorisent son Vagin et son Utérus.
Eve Ensler, dans le texte théâtral et l’engagement politique, a popularisé le mot « vagin » et créé le mouvement des « guerrières du vagin ». « Les Monologues du Vagin » sont toujours à l’affiche au théâtre Michel à Paris. Antoinette Fouque revendique l’Utérus naturel, contre la recherche scientifique pour créer un utérus artificiel, arrachant ainsi aux femmes leur génie premier et privant l’enfant de la transmission d’inconscient à inconscient. Comme les psychanalystes ont parlé d’envie du pénis chez la petite fille, madame Fouque théorise « l’envie de l’utérus » qui « devrait se transformer en admiration de l’utérus et en gratitude envers son oeuvre ». 

Elle appelle à « chercher une transmission symbolique équivalente, paritaire à la symbolisation monothéiste, dieu, père et fils ». Elle la lit à son tour dans les mythes grecs : Zeus qui avale Métis enceinte pour accoucher d’Athéna jusqu’aux religions monothéistes qui éliminent la Terre-mère etc... pour favoriser une création ex-nihilo qui a évacué la femme ou inverser les rôles (Eve naissant de la côte d’Adam...). 

gimbutas.jpgJe sors ici du livre d’entretiens « Qui êtes-vous ? Antoinette Fouque », avec Christophe Bourseiller, pour rappeler ceci. Notre Histoire l’avait oublié mais l’archéologie le redécouvre : abondances de statuettes de femmes qui mettent en valeur le ventre de la grossesse datant de 9000 ans avant J.C., ou de sigles sur les pierres exprimant le V de la vulve, ou d’autres signes associés à la femme comme le serpent symbole d’éternité et de renouvellement, lié à la Terre dont il émerge et dans laquelle il revient, autant d’images symboliquement détournées dans les siècles suivant en imaginaire du mal (cf « Le Langage de la Déesse » de Marija Gimbutas, éditions Des femmes, 2005, que je recommande tout particulièrement)

A chaque époque, les grands mythes de l’humanité sont réécrits : Fouque nous incite à déplacer notre regard aujourd’hui vers la femme. Les courants écologistes en valorisant de nouveau la figure grecque de Gaïa, déesse de la Terre-mère créatrice de vie avant la formation du panthéon dirigé par Zeus, remettent à l’ordre du jour l’image symbolique d’un féminin originel pour nous inciter à modifier nos comportements.

Revenons aux entretiens d’Antoinette Fouque. Faire un détour symbolique par des référents mythologiques, ce n’est pas chercher à développer une croyance nouvelle autour d’une déesse par opposition au dieu masculin des trois religions monothéistes. Antoinette Fouque pense la femme dans la laïcité, en dehors de toute réappropriation par un pouvoir religieux ou politique. La femme peut être la plus grande ennemie d’elle-même, quand elle défend des valeurs qui l’emprisonnent et un pouvoir qui la domestique : la renvoyant à une infériorité de salaire, un manque d’utilité, et à des craintes d’infidélité par exemple. A l’inverse, des hommes appellent à sa pleine libération, et Antoinette Fouque de citer un magistral extrait du poète Rimbaud. La femme est en mouvement vers son accomplissement, et doit rester dans ce mouvement.

Dans ces entretiens, on découvre donc une pensée vaste, audacieuse qui se décline en actions concrètes. Car où symbolise-t-on ? Dans les récits, nos histoires à lire tous les jours comme les grandes histoires que sont les mythes de l’humanité. Alors Antoinette Fouque a créé les éditions des Femmes pour encourager les récits sur les femmes par des femmes, et rendre visible leur art littéraire ; elle a fondé l’espace des Femmes, rue Jacob à Paris, pour accueillir leur voix, et la première bibliothèque orale de livres-audios rendant la culture dite, accessible à tous (il y aurait plus d’un article à écrire à ce sujet, ne serait-ce que sur la voix de Fanny Ardant lisant Duras...).

Sa force est de lancer surtout toute femme en quête de ses propres pouvoirs intérieurs car être une femme, c’est se battre contre des inégalités, et aussi se rendre plus loin que la lutte : exister pour créer.

Laureline Amanieux