10/02/2010
Alain de Mijolla présente "Freud et la France (1885 - 1945)" à l'Espace des Femmes-Antoinette Fouque : jeudi 11 février à 19 h - Venez nombreux !
L'Espace des Femmes-Antoinette Fouque vous invite à une soirée sur "Freud et la France (1885-1945)" avec son auteur, Alain de Mijolla, jeudi 11 février à 19 heures. 35 rue Jacob, 75006 Paris.
"FREUD ET LA FRANCE (1885-1945)" - UN LIVRE DE ALAIN DE MIJOLLA - PARU LE 13 JANVIER 2010
Après de études à la Faculté de médecine de Paris, Alain de Mijolla, médecin Psychiatre des Hôpitaux, psychanalyste, devient membre de la Société psychanalytique de Paris (SPP) en 1968 et membre titulaire en 1975. Son abord psychanalytique de l’alcoolisme a été publié en 1973 et constamment réédité depuis, comme Les visiteurs du moi, paru en 1981, études théorico-cliniques sur les fantasmes d’identification au coeur de la transmission familiale intergénérationnelle. Ce livre a été complété en 2004 par Préhistoires de famille. Il est l’un des plus grands spécialistes français de Sigmund Freud et lui a consacré plusieurs ouvrages : Freud et la France, 1885-1945 (2010) ; Freud, fragments d'une histoire, (2003) ; Les Mots de Freud, (1989). Son travail d'historien de la psychanalyse est fondamental. Il fut notamment responsable du Département d’archives et d’histoire de la SPP (1988-2000), a tenu l'Atelier d'Histoire de la psychanalyse en Europe à l’École des hautes études en sciences sociales (EHESS) et a dirigé le Dictionnaire international de la psychanalyse, paru en 2002, un ouvrage magistral qui a fait date, connu pour sa richesse et son ouverture d’esprit, traduit en anglais, en espagnol et en brésilien (2005). Il fut membre de l’International Society of Political Psychology (1989-2003), de l’American Academy of Psychoanalysis (1990-2001), et du Conceptual and Empirical Research Commitee de l’Association internationale de psychanalyse (IPA) entre 2002 et 2004.
Créateur en 1985 et président honoraire de l’Association Internationale d'Histoire de la Psychanalyse (AIHP), Alain de Mijolla a écrit plus de quatre-vingt dix articles psychanalytiques et dirigé de nombreuses revues ou collections comme la Revue internationale d’histoire de la psychanalyse (1988-93), la collection Histoire de la psychanalyse aux Presses Universitaires de France (1988-99) ou encore la collection Confluents psychanalytiques aux éditions les Belles Lettres (1980-93). Il fut récompensé pour ses travaux par le Prix Maurice Bouvet de psychanalyse en 1976 et aux USA, par The Sigourney Award en 2004.
UNE NOUVELLE FAÇON DE PARLER D'HISTOIRE...
Freud en France, 1885-1945, raconte, année par année présentées comme autant de chapitres, la lente progression du personnage de Freud et de ses idées dans le milieu médical et culturel français. Depuis son séjour chez le professeur J.M. Charcot en 1885, chaque année brosse un tableau des images que l’on se fait de Freud, jusqu’à sa mort en 1939, et des psychanalystes français jusqu’au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, en 1945. Correspondances privées autour de problèmes que posent la pénétration des théories freudiennes comme la naissance du mouvement psychanalytique et la création de la Société Psychanalytique de Paris, puis de la Revue Française de Psychanalyse, articles de critique ou de louanges dans les journaux médicaux et philosophiques ou dans des magazines plus légers, interviews par les journalistes de l’époque, de nombreux documents mal connus ou inédits forment chapitre par chapitre des tableaux vivants, drôles ou émouvants.
Comment ne pas citer les écrivains de la N.R.F qui, sous la bannière des éditions Gallimard, sont avec André Gide parmi les premiers à découvrir l’oeuvre freudienne, ou comme les Surréalistes qui s’enchantent à y trouver un langage qu’ils croient commun, ou Anaïs Nin dont les aventures amoureuses avec son thérapeute donnent une image mi-caricaturale mi-véridique de l'exercice de la psychanalyse par certains, ou les membres du Parti Communiste français qui, semblables aux catholiques, dénoncent les conséquences fâcheuses qu'ont de telles lectures.
On peut aussi y trouver l’exposé des premiers écrits des psychanalystes venus rejoindre Freud à partir de 1920, date de la publication des Cinq leçons sur la psychanalyse dans une traduction en langue française qui inaugure la parution chaotique, disputée par Gallimard, Payot, Denoël et finalement Alcan, de ce qui ne parvient pas à constituer une édition de ses oeuvres complètes, encore inachevée de nos jours.
Leurs idées montrent que rien n'est nouveau sous le soleil et que la recherche historique redonne à tel ou tel d'entre eux, injustement oubliés, la priorité de telle idée théorique ou pratique. On voit ainsi les débuts d'un Jacques Lacan, déjà original et profond créateur ou de Françoise Dolto qui s'oriente dès son entrée sur le divan du Dr. René Laforgue, vers la psychanalyse des enfants.
Ce livre se parcourt, se lit en trouvant une année au hasard, comme en effectuant une recherche plus précise au fil du temps ou de l'histoire d'un personnage, repérable par les entrées d'un Index complet.
Outre des références bibliographiques générales en fin de volume, des notes de bas de page permettent de retrouver les articles cités au lieu même de leur citation, ce qui simplifie plus nettement leur consultation que d'avoir à les retrouver en petits caractères ramassés en fin de volume.
Tout aussi indispensable pour éclairer sa lecture, ce livre offre une trentaine de pages de notes complémentaires qui donnent des indications brèves, mais précises, sur les principaux personnages évoqués, leur première apparition étant signalée dans le texte par un astérisque qui conduit à trouver en fin de volume le renseignement cherché.
Propre au délassement, comme le fait un livre qui raconte des histoires au ton parfois romanesque, aussi bien qu'instrument de travail pour des recherches ciblées sur les thèmes abordés, cet ouvrage est indispensable à toute personne cultivée désireuse de connaître l’image de la France d’avant la Seconde Guerre mondiale et de ses frottements aux idées dérangeantes de Sigmund Freud.
o Freud et la France, 1885-1945, (PUF, Hors collection, 2010)
o Psychanalyse, codirection avec Sophie de Mijolla-Mellor, (PUF, Coll. Fondamental, 2008, 5e édition)
o Préhistoires de famille (PUF, Coll. Le Fil rouge, 2004)
o Pour une psychanalyse de l'alcoolisme, cosigné avec S. Shentoub (Payot-poche, 2004)
o Freud, fragments d'une histoire, (PUF, Coll. Le Fil rouge, 2003)
o Les Visiteurs du moi : Fantasmes d'identification, (Les Belles lettres, Coll. Confluents psychanalytiques 1981 ; rééd. 2003))
o Dictionnaire international de la psychanalyse, (Calmann-Lévy, 2002 / Hachette Littératures, Coll. Grand Pluriel, format poche en coffret 2 volumes, 2005)
o Évolution de la clinique psychanalytique, (L'Esprit du Temps, 2001)
o Les Mots de Freud, (Hachette, 1982 ; Les Belles lettres, 1982)
15:35 Publié dans Alain de Mijolla, Psychanalyse, Soirées à l'Espace des femmes | Lien permanent | Commentaires (0)
05/02/2010
Mardi 9 février à 18h30, Soirée Clarice Lispector à l'Espace des Femmes-Antoinette Fouque (présence de nombreuses personnalités dont le fils de l'auteure)
Antoinette Fouque et Des femmes
vous invitent à une rencontre exceptionnelle
mardi 9 février, à 18h30 (35 rue Jacob, 75006 Paris - Métro Saint-Germain des Prés)
avec
* Paulo Valente, son fils, de passage à Paris, qui partagera ses souvenirs.
* Benjamin Moser, auteur de Why this World, une biographie de Clarice Lispector (à paraître aux éditions Des femmes fin 2010)
* Marc Weitzmann, écrivain et journaliste, qui traduit actuellement cette biographie.
* Lectures de l'oeuvre de Clarice LISPECTOR par Hélène Fillières, Alice Butaud...
Espace des Femmes-Antoinette Fouque - 35 rue Jacob - 75006 Paris
A bientôt, à mardi soir, ma reconnaissance anticipée pour informer massivement votre entourage de cette soirée.
16:54 Publié dans Alice Butaud, Clarice Lispector, Hélène Fillières | Lien permanent | Commentaires (0)
Chiara Mastroianni lit Clarice Lispector pour la Bibliothèque des Voix..

16:45 | Lien permanent | Commentaires (0)
Hélène Fillières lit Clarice Lispector dans la Bibliothèque des Voix..

16:43 | Lien permanent | Commentaires (0)
Dans nos anciens catalogues, toujours Clarice Lispector..

16:38 | Lien permanent | Commentaires (0)
Clarice Lispector dans le catalogue des trente ans des éditions Des femmes-Antoinette Fouque (p.314-315)

16:09 Publié dans Anouk Aimée, Chiara Mastroianni, Clarice Lispector, Etrangères | Lien permanent | Commentaires (0)
28/01/2010
Gérard Miller interviewe Antoinette Fouque (La Vie du 28.01.10)

12:23 Publié dans Antoinette Fouque | Lien permanent | Commentaires (0)
25/01/2010
Vendredi 29 janvier à 19h, projection du film de Mariane Persine sur Béla Grunberger. Avec Jean-Pierre Sag. La psychanalyse à l'honneur ! Soirée rare !
Vendredi 29 février 2010 - A 19 h à l’Espace des Femmes, 35 rue Jacob, 75006 Paris
Projection du film de Marianne Persine sur Béla Grunberger
Psychanalyste membre de la Société Psychanalytique de Paris, Marianne Persine réalise depuis 20 ans des entretiens vidéos avec des psychanalystes. Consciente de la perte que représenterait par exemple l’absence de documents filmiques sur Freud, Marianne Persine a entrepris d’inscrire pour l’Histoire quelques grandes figures de la psychanalyse contemporaine.
Elle présentera à l’Espace des Femmes son film, inédit, sur Béla Grunberger. Béla Grunberger (1903 – 2005), psychanalyste d’origine hongroise de renommée internationale est l’un des théoriciens les plus originaux du narcissisme. Ayant particulièrement médité sur l’importance de la vie intrautérine dans la vie psychique et dans la cure psychanalytique, il a publié en 1989 aux éditions des Femmes-Antoinette Fouque, Narcisse et Anubis.
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Béla Grunberger - Narcisse et Anubis 1989
Depuis 1956, Béla Grunberger a créé une oeuvre centrée sur le concept du narcissisme. Il le considère comme un élément fondamental du développement humain qui, telle la langue chez Esope, est la meilleure et la pire des choses. Le narcissisme, dont il postule l'origine prénatale (conformément à la pensée de Freud, qui n'en a pas tiré toutes les conséquences), est à l'origine des accomplissements les plus sublimes, comme des tendances à la destruction la plus absolue. L'être humain a connu dans le ventre de sa mère une satisfaction totale et immédiate à laquelle il lui faut renoncer après la naissance. La condition humaine est à jamais marquée par la chute, l'expulsion d'un paradis prénatal à reconquérir par tous les moyens.
Janine Chasseguet-Smirgel - Les deux arbres du jardin 1988

Vernissage de l'exposition "Le désordre enchanté" de Yolande Papetti-Tisseron (jeudi 14 janvier à partir de 18h30, 35 rue Jacob)
Le désorde enchanté de Yolande Papetti-Tisseron
Antoinette Fouque et Des femmes seront heureuses de vous accueillir jeudi 14 janvier 2010 à partir de 18h30 au vernissage de l'exposition imaginée par Anne Gorouben
Le désordre enchanté de Yolande Papetti-Tisseron
Psychanalyste et formatrice de travailleurs sociaux et peintre, l'artiste a publié deux livres aux Editions Des femmes : Du deuil à la réparation en 1986 et Des étoffes à la peau en 2004
Du 11 janvier au 27 février 2010
de 11h à 19h, du lundi au vendredi et samedi de 13h à 19h.
Espace-Galerie - 35, rue Jacob 75006 Paris - 01.42.22.60.74 ou 01.42.60.93.76 (Librairie) - www.desfemmes.fr
Le désordre enchanté de Yolande Papetti-Tisseron (Yolande Papetti-Tisseron est décédée le 14 octobre 2009.)
J’ai proposé à son fils Antonin de présenter son oeuvre plastique. Etait-ce possible d’imaginer ses peintures en attente dans une cave ? Les Editions des femmes-Antoinette Fouque, qu’elle aimait tant, ont accepté immédiatement de les exposer à l’Espace des Femmes.
Je voulais montrer les oeuvres de Yolande, je voulais aussi faire entendre sa voix, cette voix si poétique et directe, si drôle et incisive. J’ai tout de suite pensé au livre délicieux, Des étoffes à la peau, qu’elle m’avait offert au début de notre rencontre en 1998. J’ai décidé de tisser des fragments de ce livre avec les oeuvres. Car ses peintures, quelques objets, vêtements, sauvés de la dispersion d’un appartement que l’on vide, et les citations des étoffes à la peau, présentés ensemble, montrent la cohérence de Yolande dans toutes ses expressions. Il y a dans ces pastels une ligne continue, avec une joyeuse absence d’inhibition, des directions de pensée développées dans tous ses textes.
Tendre, drôle, séduisante, belle, autoritaire, colérique, aimante, attentive, attentionnée, violente…c’était Yolande. Tous ces qualificatifs se rapportent aussi à son travail. Le papier est une seconde peau… Cajolé ou meurtri, caressé, sensuel et érotisé, violenté par les couleurs, griffé, creusé, troué, frotté, effacé, épuisé par le crayon qui rature, qui sature. Le collage vient alors réparer. Il possède une fonction particulière dans l’art de Yolande, les étoffes, fourrures, galons, papiers peints, objets parfois, viennent comme des points de suture. Des sparadraps, partout. Sous les formes, les couleurs, les plus inattendues. Avec la fantaisie, l’humour, la liberté qu’elle manifeste toujours. Elle fait ça, comme ça ! La tentative de réparation picturale, même si, disait-elle, toujours « ir-réparation », répond aussi à ce qui apparaît comme l’un des questionnements de sa vie.
En 1998, Yolande avait lu le texte de présentation de l'atelier que j'ai fondé à l’hôpital Sainte-Anne, Des passionnés. Yolande travaillait alors à la prison de la Santé et eût le désir, disait-elle, d’aller « tremper mes doigts dans les fusains, les pastels. Bref, les matériaux en "kit" du placard d’Anne Gorouben ». J’écrivais : « ce qui paralyse les gens en général, c’est le "je ne sais pas dessiner", cette phrase revient toujours. Comme si, ceci posé, l’on devait se priver du plaisir à manipuler la couleur, à l’avoir en mains, à en avoir plein les mains (le fusain, le pastel, sont de formidables entrées en « matière »). C’est comme ça, en s’y plongeant, qu’on partage l’atelier, vraiment ».
C’est une formidable entrée en matière que commence Yolande à l’atelier en 1999. Elle plonge en toute liberté, en toute amitié, échange, partage (elle y est très aimée), elle trouve un plaisir extraordinaire à peindre, elle invente ses techniques, elle invente, en le continuant, son chemin. Elle sait ce qu’elle fait, intuitivement, toujours. Est-il nécessaire de référer le travail de Yolande ? Art naïf ? Certainement pas. Art brut ?…
OEuvre comme elle, belle, inimitable, inclassable.
Anne Gorouben
Décembre 2009
17:45 Publié dans Expositions à l'Espace, Soirées à l'Espace des femmes, Yolande Papetti-Tisseron | Lien permanent | Commentaires (0)
22/01/2010
Laureline Amanieux, superbe lectrice d'Antoinette Fouque (www.agoravox.fr 15.01.10)
"Qui êtes-vous Antoinette Fouque ?" sur Agoravox - Par Laureline Amanieux (15.01.10)
Que la femme soit surtout un mouvement, celui qui est propre à l’enfantement au sens réel ou symbolique. Antoinette Fouque fait cette superbe proposition de parler d’un génie de l’enfantement comme on parle d’un génie masculin pour telle ou telle invention matérielle ou intellectuelle, car « vous revivez sur le mode actif ce que vous avez vécu passivement ». De fait, les femmes sont des héroïnes aussi en tant que portant un enfant, et l’élevant ; la grossesse est un paradigme de l’éthique pour madame Fouque car la femme accueille alors un autre en soi, sans même connaître son visage, ce qu’elle nomme « l’hospitalité charnelle » qui renouvelle l’humanité. Aussi Antoinette Fouque défend-elle autant le droit à l’avortement que la grossesse choisie, que la gestation pour autrui (GAP), comme don qu’une femme peut faire à une autre femme en portant leur enfant dans un encadrement éthique, sans aucune dimension marchande. Et les femmes possèdent aussi un génie dans les autres domaines.
A aucun moment, la pensée d’Antoinette Fouque n’élimine ou ne réduit les fondamentaux des hommes. En permanence, elle cherche un rééquilibrage qui n’annule pas leur différence, un « contrat humain » de respect et confiance entre hommes et femmes. Par rapport aux courants féministes qui prônent l’indifférenciation sexuelle ou rejettent le matriciel, la particularité d’Antoinette Fouque est de marteler « qu’il y a deux sexes », ce qui définit pour chacun un ensemble de capacités et pour les deux, une complémentarité.
Bien sûr c’est sur le rôle féminin qu’elle insiste ; c’est celui qui a été limité au cours de l’Histoire et qui l’est encore dans le monde comme en France. Face au littéraire Barthes qui définissait le féminin comme « passif » au psychanalyste Lacan qui considérait qu’ « elle n’existe pas » dans notre champ symbolique, Antoinette Fouque investit tour à tour la pensée et l’inconscient pour y déterminer l’existence d’une femme active. A côté des trois stades libidinaux déterminés par Freud, elle en ajoute un quatrième : celui de la génitalité, la libido creandi, cette puissance d’engendrer propre à la femme. A l’âge où l’écrivain Balzac considérait la femme vieille, « trente ans », Antoinette Fouque choisit de parler de seconde naissance : à 32 ans, elle co-fonde le MLF (Mouvement de Libération des Femmes).
A une femme représentée par ses seins et ses fesses, sa beauté réelle mais extérieure, des auteurs comme elle pensent plutôt l’intériorité de la femme et valorisent son Vagin et son Utérus. Eve Ensler, dans le texte théâtral et l’engagement politique, a popularisé le mot « vagin » et créé le mouvement des « guerrières du vagin ». « Les Monologues du Vagin » sont toujours à l’affiche au théâtre Michel à Paris. Antoinette Fouque revendique l’Utérus naturel, contre la recherche scientifique pour créer un utérus artificiel, arrachant ainsi aux femmes leur génie premier et privant l’enfant de la transmission d’inconscient à inconscient. Comme les psychanalystes ont parlé d’envie du pénis chez la petite fille, madame Fouque théorise « l’envie de l’utérus » qui « devrait se transformer en admiration de l’utérus et en gratitude envers son oeuvre ».
Elle appelle à « chercher une transmission symbolique équivalente, paritaire à la symbolisation monothéiste, dieu, père et fils ». Elle la lit à son tour dans les mythes grecs : Zeus qui avale Métis enceinte pour accoucher d’Athéna jusqu’aux religions monothéistes qui éliminent la Terre-mère etc... pour favoriser une création ex-nihilo qui a évacué la femme ou inverser les rôles (Eve naissant de la côte d’Adam...).
Je sors ici du livre d’entretiens « Qui êtes-vous ? Antoinette Fouque », avec Christophe Bourseiller, pour rappeler ceci. Notre Histoire l’avait oublié mais l’archéologie le redécouvre : abondances de statuettes de femmes qui mettent en valeur le ventre de la grossesse datant de 9000 ans avant J.C., ou de sigles sur les pierres exprimant le V de la vulve, ou d’autres signes associés à la femme comme le serpent symbole d’éternité et de renouvellement, lié à la Terre dont il émerge et dans laquelle il revient, autant d’images symboliquement détournées dans les siècles suivant en imaginaire du mal (cf « Le Langage de la Déesse » de Marija Gimbutas, éditions Des femmes, 2005, que je recommande tout particulièrement)
A chaque époque, les grands mythes de l’humanité sont réécrits : Fouque nous incite à déplacer notre regard aujourd’hui vers la femme. Les courants écologistes en valorisant de nouveau la figure grecque de Gaïa, déesse de la Terre-mère créatrice de vie avant la formation du panthéon dirigé par Zeus, remettent à l’ordre du jour l’image symbolique d’un féminin originel pour nous inciter à modifier nos comportements.
Revenons aux entretiens d’Antoinette Fouque. Faire un détour symbolique par des référents mythologiques, ce n’est pas chercher à développer une croyance nouvelle autour d’une déesse par opposition au dieu masculin des trois religions monothéistes. Antoinette Fouque pense la femme dans la laïcité, en dehors de toute réappropriation par un pouvoir religieux ou politique. La femme peut être la plus grande ennemie d’elle-même, quand elle défend des valeurs qui l’emprisonnent et un pouvoir qui la domestique : la renvoyant à une infériorité de salaire, un manque d’utilité, et à des craintes d’infidélité par exemple. A l’inverse, des hommes appellent à sa pleine libération, et Antoinette Fouque de citer un magistral extrait du poète Rimbaud. La femme est en mouvement vers son accomplissement, et doit rester dans ce mouvement.
Dans ces entretiens, on découvre donc une pensée vaste, audacieuse qui se décline en actions concrètes. Car où symbolise-t-on ? Dans les récits, nos histoires à lire tous les jours comme les grandes histoires que sont les mythes de l’humanité. Alors Antoinette Fouque a créé les éditions des Femmes pour encourager les récits sur les femmes par des femmes, et rendre visible leur art littéraire ; elle a fondé l’espace des Femmes, rue Jacob à Paris, pour accueillir leur voix, et la première bibliothèque orale de livres-audios rendant la culture dite, accessible à tous (il y aurait plus d’un article à écrire à ce sujet, ne serait-ce que sur la voix de Fanny Ardant lisant Duras...).
Sa force est de lancer surtout toute femme en quête de ses propres pouvoirs intérieurs car être une femme, c’est se battre contre des inégalités, et aussi se rendre plus loin que la lutte : exister pour créer.
Laureline Amanieux
19:08 Publié dans Antoinette Fouque, Bourin éditeur, Christophe Bourseiller, Marijas Gimbutas | Lien permanent | Commentaires (0)