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22/01/2008

Antoinette va à la générale de "Bérénice" (avec son amie Carole Bouquet) - Le Figaro 22.01.08

carole-bouquet.jpg 22.01.08

Le Figaro et vous

Trois ministres pour une tragédie

Station de métro La Chapelle, à Paris, dimanche soir : on se bouscule sur le trottoir. Jacques Rigaud, Georges Kiejman, Valérie Lemercier, Guy Bedos, Philippine de Rothschild, Jean-Pierre de Beaumarchais, Antoinette Fouque, Marina Vlady... La soirée la plus people du moment mise au point par Micheline Rozan, la grande admiratrice de Peter Brook aux Bouffes du Nord ! Trois ministres de la Culture sont là. L'actuelle, Christine Albanel, et deux anciens, Jacques Toubon et Renaud Donnedieu de Vabres. A la sortie du spectacle, la photo s'imposait ! Et pour qui cette presse, cette liesse ? Pour un concert de Carla Bruni ? Non, mais pour la plus belle des tragédies de Racine, "Bérénice", avec Carole Bouquet dans le rôle-titre, Lambert Wilson qui met en scène, joue Titus, dirige son père, le grand Georges Wilson, ovationné, et Fabrice Michel, Antiochus.

11/01/2008

Animaux de combat par Christine Clerc (Valeurs actuelles du 11/17.01.08)

LE CARNET DE CHRISTINE CLERC

ANIMAUX DE COMBAT

(...)

Ma génération doit beaucoup, paraît-il, à Simone de Beauvoir dont on célèbre le centenaire : elle fut une femme libre, vivant sans entraves ses liaisons avec Sartre, Lanzmann et Algren ; elle milita pour l'avortement et écrivit : "On ne naît pas femme, on le devient." Je trouvais cela très fort. Aujourd'hui, je crois au contraire avec Antoinette Fouque la fondatrice du MLF, qu'il est "impossible de se libérer en niant la différence des sexes" - et d'abord, la maternité. Pour l'avoir oubliée, nous avons pris beaucoup de retard dans le combat qui devrait être prioritaire : afin que des millions de mères seules aient les moyens matériels et intellectuels d'élever leurs enfants. Simone de Beauvoir s'en souciait-elle seulement ? Je relis "La force des choses" et n'y trouve qu'une bourgeoise intello préoccupée de sa propre personne, confessant dans les années 1940 : "Ce que je n'ai pas découvert, c'est la manière de traduire par des actes mon opposition au nazisme" et partant, en 1945 - année de rationnement en France - , effectuer une tournée de conférences en Espagne et au Portugal. Là-bas, elle trouve des magasins "au luxe d'un autre âge" et s'achète tenues de cocktail et manteaux de fourrure. Dans la rue, cependant, elle voit des enfants nus et "scrofuleux". "La bourgeoisie portugaise, note t-elle, supportait très sereinement la misère des autres." Elle aussi. Sa règle d'or : "Je ne m'appliquais pas au dégoût, ni à la compassion." En sept cents pages, pas une once de générosité ! Beauvoir aura incarné, en somme, la "gauche ragondin".

(...)

Louise Blanquart par Catherine Simon (Le Monde et www.lemonde.fr du 11.10.08)

LOUISE BLANQUART

Elevée dans la tradition chrétienne, elle s'engage dans les années 1940 au PCF et restera fidèle toute sa vie à la cause ouvrière, au combat féministe et à la poésie.

(...)

PASSIONNEE DE PHILOSOPHIE

La découverte du mouvement féministe, l'apprentissage de la "conscience sociale du sexe" l'amènent non seulement à militer (au sein du groupe Ruptures notamment), mais aussi à s'ouvrir à des courants de pensée longtemps stigmatisés par les cadres du PCF. En 1974, elle publie "Femmes, l'âge politique" (Editions sociales) et se passionne pour les débats qui soulèvent et déchirent le mouvement des femmes. Les théories d'Antoinette Fouque l'intéressent ; elle se lie d'amitié avec l'écrivain Nancy Huston.

Autodidacte (elle a quitté l'école à la fin du primaire), passionnée de philosophie, elle dévore Marx et Althusser, mais aussi Spinoza, plus tard Deleuze et Guattari aussi bien que Foucault, Derrida, Balibar... Son minuscule appartement de Montmartre, à Paris, en témoignera longtemps, tapissé de livres. Quelques semaines avant sa mort, elle avait entamé la lecture de la biographie de Hannah Arendt par Laure Adler.

Humaniste rigoureuse, fidèle à la "classe ouvrière, même si on ne dit plus comme ça", Louise Blanquart s'était rapprochée, dans les années 1990, du mouvement écologiste. Elle avait adhéré au Parti des Verts. Lectrice du Monde, elle regardait beaucoup la télévision, mais retournait sans cesse à ses livres de poésie.

Catherine Simon

100 ans de féminisme dans lefigaro.fr (11.01.08)

www.lefigaro.fr (11.01.08)

100 ANS DE FEMINISME par Laure Daussy

A l'occasion des 100 ans de la naissance de Simone de Beauvoir, retrouvez en photo les principaux événements du féminisme et de l'histoire des femmes en France

07.03.06. Anniversaire du manifeste des 343. Des féministes se réunissent pour les 20 ans du manifeste paru dans le Nouvel Observateur, signé par 343 femmes affirmant avoir pratiqué un avortement. Parmi elles, Antoinette Fouque, une des fondatrices du MLF, au premier plan. Simone de Beauvoir était parmi les signataires. AFP

Simone de Beauvoir, une oeuvre-vie par Josyane Savigneau (Le Monde des Livres du 11.01.08)

SIMONE DE BEAUVOIR, UNE OEUVRE-VIE

Si l'on aime Simone de Beauvoir, on admire son honnêteté, sa lucidité, son souci de vérité, sa volonté de liberté. Voici un livre sur elle, "Castor de guerre", de Danièle Sallenave, qui possède ces qualités. Et le désir de montrer plutôt que de juger.

La haine de Simone de Beauvoir a été constante chez les féministes dites "différentialistes", qui prêtent aux femmes des qualités particulières et une supériorité sur les hommes, la maternité. Au lendemain de sa mort, en avril 1986, Antoinette Fouque, la fondatrice du Mouvement Psychanalyse et Politique, dénonçait, dans Libération, ses idées "égalisatrices, assimilatrices, normalisatrices", son "universalisme intolérant".

A cette opposition, fondée sur le rejet des thèses du "Deuxième Sexe" (1949), se sont ajoutés, depuis, des écrits de supposées féministes - tardives - expliquant à longueur de pages à quel point elles avaient "dépassé" Beauvoir, qu'elles semblaient ne pas avoir lue.

(...)

Elle aurait eu 100 ans le 9 janvier. Depuis sa mort, le 14 avril 1986, plusieurs publications posthumes sont venues éclairer le parcours et l'oeuvre de Simone de Beauvoir. Son centenaire suscite de passionnants livres, notamment les essais de Danièle Sallenave et de Jean-Luc Moreau. C'est aussi l'occasion pour Liliane Kandel de se souvenir des rencontres des féministes des années 1970 avec l'auteur du "Deuxième Sexe", et pour Juliette Rennes d'évoquer sa "présence-absence" dans les études universitaires.

(...)

Josyane Savigneau

08/01/2008

Antoinette Fouque par Amandine Cauchy (Femmes Plus) 08.01.08

http://www.femmesplus.fr/mag-femme-feminisme-antoinette-fouque.18901.fr.html

[Par Amandine Cauchy, 08 janvier 2008]

Nous aimerions qu'il y ait un lieu où,
singulières, cependant-nous aurions dépassé l'état d'urgence,
-l'état de siège –occupation et résistance,
l'état de guerre et de violence,
l'amour de la haine parmi nous. (…)
Gravidanza (2007)*

Pour Aung San Suu Kyi et Taslima Nasreen…
Ah, Antoinette. Toujours là dans sa lutte. Toujours vigilante aux femmes, à leurs détresses, à leurs appels au secours.
Aung San Suu Kyi, Prix Nobel de la Paix, chef du parti démocrate birman, toujours assignée à résidence depuis 1988, soutient les manifestations du peuple birman durement réprimées par la dictature ? Elle se démène, ne décroche pas de son téléphone : actions, pétitions, manifestations !
Taslima Nasreen, l'écrivaine bangladeshi, est de nouveau menacée pour son combat pour l'émancipation des femmes ? Vite, elle agit, toujours guidée par la sécurité physique et la liberté d’expression de son amie de lutte.

Pour la force créatrice des femmes…
Antoinette est une femme impatiente. Elle est une femme de pensée, une femme de rassemblement.
En 1968, après mai, et après avoir écouté les slogans machistes et autoritaires, Le pouvoir est au bout du phallus, Le pouvoir est au bout du fusil, c'est la naissance du Mouvement de Libération des Femmes, avec Monique Wittig et Josiane Chanel. "En pleine époque de décolonisation, nous avons essayé de nous décoloniser, pour que les femmes libèrent leurs paroles ! C'était l'époque du "notre corps nous appartient''", se souvient-elle.

Femmes, pas féministes
"En 68, Avec Monique Wittig, nous étions en désaccord avec "le Deuxième Sexe" de S. de Beauvoir. Pour Wittig, c'était par rapport au lesbianisme, pour moi, par rapport à la maternité, au fait d'être mère et de le vouloir -je venais d'avoir ma fille 4 ans plus tôt".
Mais très vite, pour Antoinette, avec l’instance "Psychanalyse et Politique" il s’agissait de positiver le terme "femme", et de savoir "si cet esclavage maternel des femmes n’était justement pas causé par cette immense richesse ou compétence constituée par la procréation".
Parce que pour elle, "en faisant le MLF, je visais à donner une dimension politique à cette expérience de la grossesse propre aux femmes, à donner une traduction politique à l’expérience psychique et physique qu’est la grossesse". Alors que Wittig rejetait le terme "femme" : "Monique Wittig en était même arrivée à la conclusion que "Le mot femme est un terme d'oppression". Moi pas du tout !"

Une création libérée
Dans la lignée, en 1974, Antoinette fonde sa maison d'édition, les Editions des Femmes où aujourd'hui encore elle rêve de "donner lieu, tracer des voies positives en mettant l’accent sur la force créatrice des femmes".
S'ensuit un passage au Parlement européen de 1994 à 1999. Et surtout, depuis quelques semaines, la création de l'Espace des Femmes, où elle a déménagé sa Maison, l'Alliance des femmes, avec ses amies artistes, écrivaines.

"Phallocentrée"
"Phallocentrées", les sciences humaines maintes et maintes fois décortiquées dans deux essais de féminologie -terme qu’elle a inventé, (Il y a deux sexes, 1995 réédité en 2004) et Gravidanza (2007), mêlant histoire, philosophie, anthropologie….
On l'a compris, Antoinette n'aime pas ces "ismes" qui fixent les choses, ni les "é", qui assoient les généralités.
Antoinette n'aime pas que l'on parle de "la" femme, et préfère parler "des femmes", et de "leur entrée dans l’Histoire".

"L'envie de l'utérus"
Pour Antoinette, il y a "deux sexes", deux corps, deux libidos, l'une ne prenant pas le pas sur l'autre, n'en déplaise à Freud et à son "envie du pénis", dictat d'une libido unique d'essence mâle.
Pour Antoinette, la procréation et la possibilité de donner vie constituent la force des femmes. C'est quelque chose qui échappe aux hommes et qu'ils nous envient. C'est "l'envie de l'utérus", qui se traduit notamment par la tentative de maîtriser et de contrôler cet utérus.
Pour Antoinette enfin, "la perte de cette expérience (celle de la grossesse) appauvrirait l'humanité, démographiquement bien sûr, mais la priverait aussi d'une richesse".

Une permanence historique
"Depuis 40 ans, il y a une permanence historique des femmes, un mouvement continu. Aujourd'hui, être une femme n'est ni un privilège, ni une damnation. Et si l'on vit encore dans une phase phallique, on finira par la dépasser, l'humanité va grandir, pour atteindre enfin sa maturité, son stade géni(t)al pour l’un et l’autre sexe."

"Un autre temps viendra"
Bel exemple que celui de Ségolène ! "Qu'on l'aime ou qu'on ne l'aime pas, elle a rempli un vrai contrat humain. Avec ses quatre enfants et sa carrière, elle a donné l'exemple ! Elle s'est heurtée au machisme ; elle a été battue : je savais que le temps n’était pas venu. Mais il viendra, un autre temps viendra…"
Alors ?
Encore se risquer, entre gestes et mots ; à la béance ;
à la relance entre dires et pas ; et dégager la tête, et les mains et les voix ;
les langues et les yeux, les oreilles, le cœur ; énoncer, de plein chant, nos revivances, toutes.
Gravidanza (2007)

Plus d'infos !
* Extrait de "Des femmes en mouvements", décembre 1977

Espace des Femmes, 35, rue Jacob, Paris 6ème
Renseignements : 01 42 22 60 74

L'Espace des Femmes
Gravidanza, Féminologie II, par Antoinette Fouque, aux Editions des Femmes, 2007, 15 euros

Il y a 2 sexes, essai de féminologie, par Antoinette Fouque, chez Gallimard, le Débat, 1995 (édition revue et augmentée en 2004)

Gravidanza

03/01/2008

Dossier Beauvoir du Nouvel Obs (contribution de Aude Lancelin, propos d'Antoinette Fouque, 3 janvier 2008)

Nouvel Observateur du 3 au 9 janvier 2008, dossier Simone de Beauvoir, article de Aude Lancelin

"Queers, libertines, stars du porno, féministes tradi... LA DEUXIEME VIE DU "DEUXIEME SEXE"

La génération MLF discute toujours son héritage. Les pétroleuses d'aujourd'hui découvrent et adorent sa radicalité. Beauvoir revival ?

(...)

"On nous ressort aujourd'hui Beauvoir comme de temps à autre Joe Dassin ou Claude François, observe narquoise Antoinette Fouque qui n'a jamais fait mystère de l'indifférence hostile que lui a toujours inspirée Beauvoir. Les féministes l'ont choisie comme vache sacrée. Un peu comme les amazones de Kadhafi, elles l'entourent de leur vigilance..."

Lorsque la redoutée Antoinette fonde le MLF avec Monique Wittig après Mai 68, Beauvoir leur apparaît déjà inopérante, résolument datée "après-guerre".

"Sa détestation de la maternité et son discours plein de morgue sur les lesbiennes, c'est tout ce que nous rejetions. Si être féministe c'est vouloir être "un homme comme un autre" comme le voulut en fait Beauvoir, alors non, je ne suis décidément pas féministe !" Même la lecture des "Mémoires d'une jeune fille rangée" lui laisse un souvenir burlesque. "Tout ça, cette vision du couple libre notamment, me semblait totalement bidon. Au fond, Beauvoir, c'est une normalienne qui toute sa vie n'aura eu de cesse de repasser l'agrégation. Elle n'a jamais été une vraie militante féministe. Beauvoir, c'est la pensée libérale-libertine. Logique à cet égard qu'elle connaisse un regain d'intérêt."

OCTOBRE 68, création du MLF par Antoinette Fouque, Monique Wittig et Josiane Chanel (Paris Match du 3 au 9 janvier 2008)

BRAVO AUX AUTEURS DE CE DOSSIER D'AVOIR ECRIT LA BONNE DATE DU CREATION DU MLF (OCTOBRE 68), CETTE DATE EST L'UN DES COMBATS TENANT LE PLUS A COEUR D'ANTOINETTE FOUQUE. (mais ils l'ont oubliée................................................................................. comme cofondatrice ! Gageons qu'il s'agit là d'une étourderie et rendons à César etc)

Paris-Match du 3 au 9 janvier 2008

(...)

DOSSIER DE JEAN-PIERRE BOUYXOU ET PIERRE DELANNOY

OCTOBRE : CREATION DU M.L.F.

Fondé sur le modèle du Women's Lib américain par la romancière et essayiste Monique Wittig, le M.L.F., le Mouvement de libération des femmes, fait couler beaucoup d'encre. Il faudra compter maintenant avec les féministes, qui veulent la fin du machisme. Les plus jusqu'au-boutistes ne lésinent pas : Valérie Solanas, qui prônait la castration des phallocrates dans son "Scum Manifesto", a tiré le 3 juin un coup de revolver sur Andy Warhol, icône, à ses yeux, du pouvoir mâle.

Cette année, tout a changé entre les hommes et les femmes. La pilule contraceptive, objet de mille controverses depuis plusieurs années (Antoine a fait scandale en 1966 en proposant dans ses "Elucubrations" de la mettre "en vente dans les Monoprix"), est enfin autorisée depuis le 28 décembre 1967. "Transmettre la vie doit être un acte lucide", a admis de Gaulle, en promulguant la loi de "prophylaxie anti-conceptionnelle" proposée par le député Lucien Neuwirth.

La réalité est moins rose. En province, même dans les villes importantes, certains médecins rechignent à prescrire ce cachet diabolique qui, assurément, va transformer toute épouse en bacchante. Et les pharmaciens, quand on leur présente une ordonnance, ont beau jeu d'expliquer qu'ils ne servent que les honnêtes femmes. Il faudra attendre 1969 pour que Marie-Madeleine Dienesch, la très catholique secrétaire d'Etat à l'Action sociale, accepte de signer les premiers décrets pour que la loi Neuwirth soit appliquée. Peu à peu, la pilule va pourtant entrer dans les moeurs et devenir un des facteurs les plus importants de l'émancipation féminine. Elle sera prise en 1970 par 5% des Françaises âgées de 20 à 44 ans, et par 37% en 1978. Elles sont aujourd'hui 60% à l'utiliser (plus de 80% entre 20 et 24 ans), d'autres préférant le stérilet (20%) ou le préservatif (11%). Avec la liberté sexuelle, c'est la liberté tout court que découvrent les jeunes filles. Des rapports nouveaux, fondés sur l'égalité et le partage, s'instaurent entre hommes et femmes. Il ne sera plus incongru pour un mari, un amant, de s'occuper de son enfant ou de prêter la main au ménage.

01/01/2008

Le Magazine littéraire spécial Simone de Beauvoir (janvier 2008) - Interview d'Elisabeth Badinter citant Antoinette Fouque

Le Magazine littéraire, janvier 2008 ENTRETIEN AVEC ELISABETH BADINTER Propos recueillis par Perrine Simon-Nahum "Simone de Beauvoir est une héroïne, une conquérante"

(...) En revanche, nous avons notre propre bloc différentialiste avec Luce Irigaray, Antoinette Fouque, les plus radicales, mais aussi Françoise Héritier ou Sylviane Agacinski? Il est extraordinaire de penser qu'à cette époque ce sont Hélène Cixous et Luce Irigaray qui ont incarné le French Feminism en Amérique alors même qu'elles n'étaient pas entendues en France. Libération du 15 avril 1986 publie un article dans lequel Antoinette Fouque, le lendemain de la mort de Simone de Beauvoir, dénonce ses "positions universalistes, égalisatrices, assimilatrices, normalisatrices". Elle ajoutait "cette mort n'est pas un événement. C'est une péripétie qui va peut-être accélérer l'entrée des femmes dans le XXIème siècle". C'est dire la violence de ce discours qui célèbre les différences. (...)

+ l'édito

(...) C'est aujourd'hui au tour de Simone de Beauvoir de faire son come-back. Cent ans après sa naissance - le 9 janvier 1908 - un come-back d'outre-tombe ! A travers divers colloques, numéros spéciaux, rééditions, et essais biographiques - dont celui de Danièle Sallenave - cette commémoration sera abondamment célébrée. Beauvoir est sortie de son purgatoire pour devenir une figure prodigieusement présente et vivante. L'Histoire a donné tort à celles qui décrièrent le combat qu'elle mena pour les femmes, lui reprochant de les aliéner au modèle masculin. L'une des grandes prêtresses du MLF, Antoinette Fouque, eut ces mots terribles au lendemain de sa mort : "Cette mort n'est pas un événement. C'est une péripétie qui va peut-être accélérer l'entrée des femmes dans le XXIème siècle." Jugement fort hâtif dont la virulence est à l'image des attaques subies par Beauvoir tout au long de sa vie. (...)

13/12/2007

Magistrale Antoinette ! (sur Parenthèse Radio le 12 décembre 2007)

MAGISTRALE Antoinette ! et bien surprenante émission sur Parenthèse Radio de 13 à 15 h, ce mercredi 12 décembre..!

On nous avait annoncé, à nous, que Madame Fouque, invitée à débattre sur le thème "Que reste t-il du MLF ?", serait questionnée par des "auditeurs" dans le cadre d'un "talk show 100% famille"... Il est même inscrit que Alain Cazenave, Président de S.O.S. Papa serait son contradicteur - l'unique. cf http://www.parentheseradio.fr/-Sujet-du-jour-?id_article=379

Quel ne fût pas dès lors notre ébahissement à l'écoute de ce direct, où sont intervenus dans l'ordre une jeune Amélie, un évêque de l'Opus Dei et Marine Le Pen..! Nul n'étant capable d'impressionner Antoinette Fouque, grande force qui va, intelligence superbe et rapide, exemplaire courtoisie, la fondatrice des éditions Des femmes ressort grandie de ce flagrant piège évité.

Et nous, et moi, plus fières que jamais de travailler aux côtés d'une personne tellement belle, d'une dame aussi exceptionnelle.

C'est pourquoi je me réjouis de cette émission, "Féminin singulier", de Denis Florent, qui a permis à Antoinette Fouque de révéler son courage, d'éblouir par l'éclat de sa pensée, de subjuguer par sa vivacité d'esprit et de répartie, et de faire battre des records d'audience (et d'appels téléphoniques ! - du jamais vu !!!) à Parenthèse Radio.

Un bémol sur la fin, lamentable, où on a volé le mot de la fin à l'invitée (oui, oui, c'est inouï....), qui avait fait l'honneur d'accepter la proposition de cette jeune radio. Dommage qu'une émission, par ailleurs passionnante, et que vous pouvez entendre ici http://www.parentheseradio.fr/-Sujet-du-jour-?id_article=379, se soit terminée dans la haine. ("haïssable" est carrément le terme employé par l'ultime voix intervenante, je n'exagère rien)

En territoire hostile, il est beaucoup plus difficile de s'affirmer (car Antoinette Fouque incarne le contraire exact de la guerre) que face à ses ami(e)s. Elle a déjoué avec panache, équilibre, générosité et lumière tous les traquenards dans lesquels on a voulu l'entraîner pour la réduire. Non, le mouvement de libération des femmes n'est pas enterré ! Grâce à son incroyable co-fondatrice, il est même tout ce qu'il reste, ce qui perdure, de mai 68. "Davantage de progrès accomplis en 40 ans sur les droits des femmes qu'en 4000 ans d'histoire de l'humanité", a remarqué la bienfaitrice - élevée à la dignité de Commandeur dans l'Ordre de la Légion d'Honneur depuis le 14 juillet 2006. Grâce à elle. Merci. La marche vers la civilisation ne s'arrêtera pas. Derrière Antoinette Fouque, des femmes continuent d'espérer, de penser, d'agir et de se battre pacifiquement.

Je tire mon chapeau à cette femme d'honneur, qui a quelque chose d'une Sainte. Et qui est capable de TOUT.