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06/03/2009

Jean-Luc Chalumeau, conquis par les pingouins de Catherine Lopes-Curval

Les Manchots (200 x 200 cm)

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Catherine Lopes-Curval,

"Crise de nerf"

par Jean-Luc Chalumeau

Catherine Lopes-Curval, L'air de la montagne, 2008, Acrylique sur toile, diptyque : 120 x 60 cm

Catherine Lopes-Curval, une des meilleures représentantes de la deuxième génération de la Figuration narrative, n'a jamais été aussi en forme. La crise est partout : financière, économique, politique, écologique, morale... mais la peinture va très bien, merci. Mieux : elle se nourrit avec gourmandise des impasses dans lesquelles nous ont plongé nos pseudo élites. Parmi les pingouins dérivant sur des morceaux de la banquise en train de fondre, d'autres pingouins, en costumes trois pièces dérivent aussi, mais ils ne le savent pas. Ils continuent de discourir sur des événements qui leur échappent. Il y a bien d'autres choses dans les images impeccables de Catherine Lopes-Curval, dont l'humour n'est bien sûr que la politesse de la mélancolie, des choses que l'on ne peut dire que par le moyen de la peinture. 

Galerie Patrice Trigano, 4 bis rue des Beaux-Arts 75006 Paris

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05/03/2009

Le 8 mars : La Journée des femmes - Oeuvre d'Antoinette Fouque ! -

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L'hebdo et le 8 mars :

Le 8 mars 1980, sept mille femmes manifestent en rouge à Paris sur le thème "Vive l'indépendance érotique et politique des femmes !"

En mars 1981, c'est la préparation des "Assemblées des femmes contre la misogynie", le début d'une campagne vaste et prolongée, au cours de laquelle des milliers de femmes remplissent des "cahiers de remontrances" sur leur lieu de travail, auprès de leurs amies.

A partir de novembre 1981, l'hebdo répercute et amplifie la "campagne d'initiative populaire" lancée par le MLF pour que le 8 mars, Journée internationale des femmes, devienne en France fête nationale, jour férié, chômé, payé pour toutes, "de même qu'en 1947 un gouvernement de gauche avait honoré la lutte des travailleurs en reconnaissant le 1er mai comme leur journée de manifestations et de fête".

L'hebdo participe au recueil des 50 000 signatures et à la mobilisation pour quatre journées de fêtes et de manifestations à Paris, du 5 au 8 mars 1982. Printemps précoce : le 8 mars est un lundi et les douze mille femmes, venues de toute la France et de nombreux pays, sont en grève. Elles manifestent habillées de vert, cortège tonique, chantant, dansant, survolé par des milliers de ballons, après des "Etats Généraux des femmes" à la Sorbonne et un concert au Cirque d'Hiver...

*****

Historique :

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En 1910, Clara Zetkin, s'inspirant des socialistes américaines qui ont célébré un "Women's day" l'année précédente, propose au deuxième Congrès international des femmes socialistes, à Copenhague, de créer une "Journée internationale des femmes".

On a longtemps dit que la date du 8 mars avait été choisie pour célébrer une manifestation d'ouvrières violemment réprimée à New York, en 1857.

En 1908 et en 1909, des milliers d'entre elles auraient manifesté plus fortement encore en réclamant "du pain et des roses". Une certitude : depuis la seconde moitié du XIXème siècle, des ouvrières, aux Etats-Unis et en Europe, manifestent en grand nombre pour leurs droits sociaux, et les débuts du XXème siècle voient s'intensifier l'action pour le droit de vote des femmes.

En 1911, des femmes manifestent en Europe - un 19 mars, date choisie en commémoration de la Révolution allemande de 1848 et de la Commune de Paris.

En 1914 et en 1915, elles se mobilisent contre la guerre.
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A Pétrograd, le 8 mars 1917 (23 février selon le calendrier julien), les ouvrières sont nombreuses à réclamer "du pain et la paix", c'est le début de la Révolution russe, la ville se soulève et le tsar doit abdiquer. La tradition est créée.

Avant et après la Seconde Guerre mondiale, dans divers pays du monde, des femmes se rassemblent à cette date pour revendiquer l'égalité et s'insurger contre le colonialisme, le fascisme, le nazisme, l'impérialisme.

Les mouvements de libération réactivent cette journée dans les années 70 et lui donnent une nouvelle portée symbolique.

Désormais, chaque 8 mars, dans le monde, des femmes, indépendantes, se manifestent pour leurs droits sexuels, économiques, politiques, contre les violences et les inégalités. C'est aussi un moment privilégié pour le débat, l'information, l'action politique.
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L'ONU suit et adopte en 1977 une résolution qui invite tous les Etats à l'officialiser, comme c'était déjà le cas dans les pays socialistes. La France le fait en 1982, au terme d'une longue campagne, d'un appel à la grève et de manifestations massives.

Dans l'histoire moderne, la Journée internationale des femmes a été marquée, entre mille événements, par la révolte des Iraniennes contre l'obligation du port du voile en 1979 - 50 000 femmes dans la rue à Téhéran tous les jours pendant une semaine ; l'appel du MLF français à la solidarité avec le mouvement naissant en URSS mobilisé pour la liberté des rédactrices du journal "Femmes et Russie" en 1980 ; les Etats généraux des femmes à la Sorbonne en 1989 ; la manifestation de 10 000 personnes à Paris contre les viols massifs et systématiques en ex-Yougoslavie en 1993 ; des manifestations pour la parité et la laïcité en France, contre la pauvreté et les discriminations au Québec, dans les années 2000 ; le lancement de la Charte des femmes pour l'humanité, au Brésil, en 2004...

Et aussi, par des manifestations au Bangladesh contre les agressions à l'acide, au Pakistan contre les "crimes d'honneur", en Turquie pour le respect des droits des femmes (63 manifestantes arrêtées en 2005), en Iran contre la répression des féministes (un millier de femmes violemment dispersées par la police en 2006), au Cameroun contre les mariages précoces et forcés...

Le 8 mars, un rendez-vous annuel avec l'Histoire.

Les rendez-vous militants (ou pas !) du 8 mars 2009

Quelques rendez-vous autour du 8 mars 2009
Journée internationale des femmes


afblancc.jpgLE SAMEDI 7 MARS, L'ALLIANCE DES FEMMES POUR LA DEMOCRATIE MANIFESTERA POUR LES DROITS DES FEMMES
« Nos droits sont fragiles, ils veulent les remettre en question.
Battons-nous pour les élargir et avancer.
Voilà pourquoi nous manifestons le 8 mars
Venez nous rejoindre dans la rue ! »
dit l’appel signé par le Mouvement Français pour le Planing Familial, le CNDF, Femmes Solidaires, le PS, le PC, les Verts… et auquel se joint l’Alliance des Femmes pour la Démocratie.
Rendez-vous à 14 heures, à l’angle de la rue Vivienne et de la rue du 4 Septembre.

gigi.jpg<LES 13 et 14 MARS, LES EDITIONS DES FEMMES-ANTOINETTE FOUQUE ET L’ALLIANCE DES FEMMES POUR LA DEMOCRATIE SERONT HEUREUSES DE VOUS ACCUEILLIR SUR LEUR STAND AU VILLAGE DES ASSOCIATIONS
Organisé par la Mairie de Paris
Sur le Parvis de l’Hôtel de Ville
vendredi 13 mars, de 10h à 22h, samedi 14 mars, de 10h à 18h

note.jpgPar ailleurs :
L’Association « Femmes et musique » organise une table ronde sur le thème : « Les femmes dans l’histoire de la musique, hier et aujourd’hui »
avec des intermèdes musicaux des élèves du lycée Racine et du Conservatoire du 10ème le samedi 7 mars 2009 à 9h30
Salle des conférences de la mairie du 8ème arrondissement, 3, rue de Lisbonne
Avec Pierrette Germain-David, productrice à Radio-France et musicologue, Odile Bourin, violoncelliste, professeur au Conservatoire du 10e et Présidente de "Femmes et musique", Isabelle Aboulker, Professeur au CNSM de Paris et compositrice de mélodies et d'opéras pour enfants, Edith Canat de Chizy, compositrice, professeur au CRR de Paris et membre de l'Institut de France et Hugues Reiner, Chef d'orchestre.
Réservation : 01 44 90 76 98

Et
macha.jpgMacha Méril vous invite à fêter la Journée internationale des femmes
à la mode de George Sand
le dimanche 8 mars au Théâtre de la Porte Saint-Martin à 18h30
A l’issue de sa représentation de Feu sacré , d’après les écrits de George Sand et les musiques de Frédéric Chopin (avec Marc Laforêt au piano), le théâtre invite à une dégustation des produits du Berry.
Location : 01 42 08 00 32 – 0 892 702 803
http://vertige-productions.org/machameril.htm

Catherine Lopes-Curval expose "Crise de nerfs" à la Galerie Patrice Trigano (5 mars au 4 avril 2009)

Catherine Lopes-Curval - Crise de nerfs

5 mars au 4 avril 2009

Lopes-Curval.JPGVernissage le jeudi 5 mars de 18 h à 21 h

Galerie Patrice Trigano

4 bis rue des Beaux-Arts F - 75006 Paris - Tél 01.46.34.15.01

artrigano@aol.com - www.artnet.com/galerietrigano.html

Rayons, 2008, acrylique sur toile, 100 x 100 cm

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 Trash (2009 160 x 160 cm)

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L'âne et le requin (162 x 130 cm)

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04/03/2009

Portrait de Catherine Lopes-Curval, dans l'exercice de son art (par Catherine Panchout)

Portrait de Catherine Lopes-Curval par Catherine Panchout

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Rama Yade voit régulièrement Antoinette Fouque (in VSD 4 au 11 mars)

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VSD (4 au 11 mars 2009) EXTRAIT interview Rama Yade

- Vous définissez vous comme féministe ?

RY - Oui,je suis féministe, et ce n'est pas un gros mot ! je ne comprends pas ceux à qui ce mot fait peur. Le genre ne doit, certes, être ni une excuse ni un prétexte. Le féminisme a ouvert le champ des possibles. Je vois régulièrement A. Fouque (cofondatrice du MLF qui milite pour l'émancipation des femmes) avec qui j'échange sur cette question du genre.Et puis, dans ma mission, je suis confrontée aux droits des femmes les plus bafoués dans le monde.

VSD - Lors de vos déplacements notamment en Afrique, quelles situations vous ont le plus choquée?

RY - Au Darfour, en Afganistan, c'est terrible, mais là où j'ai vu le pire c'est en République Démocratique du Congo : trois cent mille femmes violées depuis 2003 ! sans compter le sida, les fistules et les grossesses non désirées. Il n'y a qu'un seul gynécologue pour toute la région du Kivu. Ces femmes sont une cible privilégiée, puisque les viols détruisent les communautés. Eve Ensler (auteur des monologues du vagin) appelle cela un fémicide. J'ai décidé de projeter à Paris le documentaire
qu'elle a réalisé là-bas lors d'une soirée de mobilisation pour les femmes congolaises. Ce qui s'y passe blesse la conscience humaine, car cela dure depuis quinze ans. Quand j'en pars, j'ai l'impression d'y laisser un peu de mon coeur.

VSD - Et en France quelle serait l'urgence, selon vous ?

R Y - La lutte contre les violences conjugales. On parle beaucoup,et à juste titre, de l'égalité salariale. Mais la violence la plus primaire reste celle qui surgit dans l'intimité. Il ne suffit pas de séparer les couples mais de trouver un toit aux femmes battues. Il y a la soumission psychologique, cette culpabilité dont on met des années à se sortir. Les droits de l'homme, ce sont d'abord ceux de la femme. Soeur Emmanuelle disait:

"quand on éduque un homme, on éduque un être humain ; quand on éduque une femme, on éduque tout un peuple"

03/03/2009

"Une femme" de Sibilla Aleramo, PREMIER livre des éditions Des femmes, réédité en version audio en 2009

3328140020946.jpg1216855.jpgSibilla Aleramo
Une femme lu par Emmanuelle Riva

Traduit de l'italien par le collectif de traduction des éditions des femmes
256 p. - 10,50 € - 1970
ou
1 CD - 18 € (réédition 2009)
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Une femme est une autobiographie romancée dans laquelle coexistent une analyse toujours actuelle de la situation des femmes, et le récit d'une lutte individuelle. Déchirée entre un amour passion pour son père libéral, brillant, séducteur et une pitié terrifiée pour sa mère trompée, humiliée, qui sombre progressivement dans la folie, elle lutte pied à pied pour conquérir son indépendance intellectuelle, affective, contre un mari tyrannique, brutal et veule, un milieu provincial superstitieux et étriqué. Ce sera au prix du renoncement à son fils, c'est-à-dire du renoncement à être mère qu'elle deviendra une femme libre et active.
Dans un style sobre, d'une réserve classique traversée d'effusions lyriques, précieusement désuètes, une lutte toujours convaincante.

Sibilla Aleramo : Née en 1876 dans le Piémont, Sibilla Aleramo, mariée à 16 ans à un homme du Mezzogiorno, passe sa jeunesse dans les Marches. Elle écrit son premier roman Une femme, en 1906 après avoir quitté son mari et son enfant. Autobiographie qui connaît immédiatement un grand succès et est traduit en plusieurs langues. Le livre, réédité il y a quelques années par Feltrinelli est très favorablement accueilli par les mouvements féministes italiens.

Emmanuelle Riva : immortal52.jpg"Pour moi, il n'y a aucune différence entre ce travail et le travail à la scène ou au cinéma : tout est désir de communion. Mais, ici comme à la radio, il s'agit d'une présence intime, directe à l'autre, familière, fraternelle... Il se produit un réel contact : on ne voit pas la personne, seule est présente la voix, c'est-à-dire l'incarnation même du coeur, des sens d'un être... Une femme est un texte de pulsations, intime. Il fallait repasser le texte par tout l'être, l'intérioriser, pour parvenir à cette spontanéité qui est le résultat d'un long travail - du don aussi. Ce texte, je l'ai trituré, pétri."
E.R.

02/03/2009

Les Marianne de la diversité vous invitent à Féminin PluriELLES, vendredi 6 mars 2009, à 14 h (Maison de l'Amérique Latine)

http://lesmariannedeladiversite.org

http://lesmariannedeladiversite.org/IMG/pdf/Programme_Feminin_Plurielles-2.pdf

Dans le cadre de la journée internationale de la femme, les Marianne de la diversité, en partenariat avec l’association LLLS, vous invitent à partager un moment d’échange et de culture pour célébrer dans l’engagement et la solidarité la journée internationale de la femme.

c.chawaf .jpghalimix.jpg De nombreuses artistes, chanteurs, comédiens, philosophes, sociologues, acteurs économiques et personnes engagées ont répondu à notre invitation et seront présents pour soutenir l’engagement au féminin. Lors de cette manifestation, la jeune artiste saoudienne Cheikha Latifa AL-Sowayel exposera pour nous ses toiles et ouvrira un pont entre l’Orient et l’Occident.

Découvrez ci-dessous le programme de cet événement :

FADILA MEHAL, Présidente-Fondatrice des MARIANNE DE LA DIVERSITE
En partenariat avec l'association LLLS
vous convie à la manifestation
"FEMININ PLURIELLES"

Lieu de cette manifestation :
Maison de l’Amérique Latine, salon Brasilia
117 boulevard Saint Germain
Paris 75007
Métro Solférino

Vendredi 6 mars 2009, de 14h à 19h (journée animée par Nadia Bey, journaliste à la radio)

PROGRAMME :

14h00 Accueil des participants

14h15 : Ouverture par Fadila Mehal, présidente des Marianne de la diversité

Allocutions :
Valérie Létard, secrétaire d’Etat aux solidarités
Fadéla Amara, secrétaire d’Etat chargée de la politique de la ville
Edgar Morin, sociologue, parrain des Marianne de la diversité

14h30 Regard :

Blandine Kriegel, philosophe, marraine des Marianne de la diversité
« Les femmes et la Méditerranée en partage »

15h00 Table ronde 1 :

L’expression au féminin, entre miroir et mémoire

Régina Avila , écrivain , artiste, Yamina Benguigui, Olivia Cattan , journaliste cinéaste, CHANTAL CHAWAF, écrivain, Faiza Guene, écrivain, GISELE HALIMI, avocate, Simone Veil, membre de l’Académie française, Scholastique Mukasonga, écrivain, et prix Seligmann 2008

Modérateur Alexis Lacroix, rédacteur en chef de la culture à Marianne

Hommage à Aimé Césaire par Gisèle Bourquin, présidente de femmes au-delà des mers

16h Table ronde 2 :

Aux actes citoyennes !

Isabelle Fougère, présidente de l’association des femmes journalistes, Carole Da Silva, DG AFIP, Soumia Malinbaum, présidente de l’AFMD, Véronique Morali, femme d’or 2008 Terra Fémina, Marie-France Picard, Halde, Françoise Seligmann, présidente de la fondation Seligmann, Françoise Vergés, historienne et politologue

Modérateur : Serge Moati/Frédéric Taddéi, journaliste

Echanges avec la salle

17h : Vincent Byrd le Sage, discours de Philadelphie de Barak Obama

17h15 : Témoignages de femmes de Fatima Lancou-Besnaci par Souad Amidou, comédienne

17h30 : Intermède musical, Kerry James, Louisa Belaiche, Sébastien Avispa, Sté Strauss.

18h15 : clôture

Fadila Mehal, présidente des Marianne de la diversité
Christine Albanel, ministre de la culture et de la communication
Rama Yade, secrétaire d’Etat aux Affaires Etrangères et aux Droits de l’homme

Carole Vantroys interviewe Chantal Chawaf pour le Magazine Lire (article de mars 1998)

chawaf1.jpgLa mémoire bombardée

par Carole Vantroys
Lire, mars 1998

 Le 15 septembre 1943, un couple est victime d'un bombardement à Boulogne-Billancourt. Enceinte, la jeune femme met au monde une petite fille avant de mourir. L'exode l'empêchant de retrouver ses grands-parents, Marie-Antoinette est adoptée illégalement et n'apprend la vérité sur son passé qu'à vingt ans. Dans cette «autofiction» douloureuse, Chantal Chawaf décrit l'obsédante recherche d'une femme en quête du secret de sa naissance...

En quoi le recours à la fiction vous a-t-il aidée à écrire ce livre que l'on devine si profondément autobiographique?
Chantal Chawaf. Pour moi, écrire est un acte d'amour. Je ne crois pas que l'on puisse sacrifier ses proches à la volonté de parler de son expérience intime, et leur faire du mal. D'où l'importance du roman qui, tout en s'enracinant dans le plus authentique, m'a offert la liberté de communiquer, simplement, sincèrement et le plus profondément possible, quelque chose de si complexe et de tellement viscéral.

 

Est-ce aussi pour cela que, dans le roman, votre héroïne attend la mort de Dadou, sa mère adoptive, pour rechercher ses origines?
C.C. Lorsqu'elle a vingt ans, Marie-Antoinette apprend la vérité, mais ménage ses parents adoptifs. Ce n'est que trente ans plus tard, lorsque sa mère meurt, qu'elle effectue cette recherche. Elle a été conditionnée pour effacer sa propre vie. Il lui a été interdit de se connaître. Alors elle attend, elle est docile, elle participe à l'effacement de sa personnalité

 

Même si on lui a tout caché pendant vingt ans, Marie-Antoinette pressent très tôt que ses parents biologiques ne sont pas ses parents...
C.C. Oui, on sait que le fœtus ressent de manière amplifiée tout ce que la mère perçoit. Dans le ventre de sa mère, la petite fille a entendu la guerre, les bombardements, les cris. Elle a sa «mémoire de bombardée». Et il lui en restera des séquelles pour la vie, même si ces souvenirs lui sont interdits par sa mère adoptive qui veut à tout prix la sauver, ressusciter cette enfant prisonnière de la mort, cette enfant qui ne veut pas vivre.

 

La petite fille est adoptée grâce à la loi d'août 1941...
C.C. Oui, la loi du code de la famille de 1939 a été révisée en 1941 pour faciliter l'adoption d'orphelins de guerre. Marie-Antoinette est orpheline, mais ses grands-parents partis en exode risquent d'entreprendre des recherches lorsque la guerre sera finie. Il suffit donc à ses parents adoptifs de faire de Marie-Antoinette une enfant naturelle, abandonnée, née de père et de mère inconnus, pour qu'il ne reste aucune trace de ses origines.

 

Pour écrire ce livre, vous vous êtes beaucoup documentée sur les victimes de guerre...
C.C. J'ai passé deux ans à temps plein dans le centre annexe des Archives de Paris de Villemoisson-sur-Orge. J'ai lu les rapports de police relatant les récits de bombardements, établissant les listes de victimes...
Je voulais aller voir là où même les historiens ne se sont pas penchés de près. Du côté des bébés, des femmes enceintes, des civils victimes des bombardements.

 

Est-ce un livre contre la violence?
C.C. Ce qui m'intéresse, c'est la problématique de la guerre, son aspect insoluble. Les parents de Marie-Antoinette sont tués par un raid «libérateur». Ils meurent à cause des sauveurs. Peut-on faire l'économie de ces vies inutilement sacrifiées? Passer outre en ne retenant que la victoire? Je n'accuse personne. Je constate simplement que la Seconde Guerre mondiale est la première guerre aérienne où les civils font partie de la guerre.

 

Vous avez publié votre premier livre en 1974. Pourquoi avez-vous attendu si longtemps pour raconter cette histoire?
C.C. Je crois que ces deux décennies n'étaient pas de trop. Avant, l'émotion n'était pas encore suffisamment travaillée. L'angoisse était plus forte. Depuis 1974, j'ai publié une vingtaine de livres. Et c'est comme si chacun de ces textes m'avait aidée à trouver une langue capable de dire ce que je ne pouvais pas dire avec la langue que j'avais apprise.

Femmes catholiques, avec Antoinette Fouque (Générations Femme mars avril 2009)

11.jpgGénérations Femme Mars-avril 2009, n°38
Le Magazine de l'action catholique des femmes (www.actioncatholiquedesfemmes.org)

Livres
Femmes en mouvement
"En solidarité de lutte..." est la dédicace qu'Antoinette Fouque fit à l'Action catholique des femmes, en nous offrant son ouvrage Génération MLF, 1968-2008. La plupart des femmes qui s'engagèrent en 68 dans le Mouvement de libération des femmes avait 16 ans, 20 ans ou 33 ans ! Venues de tous horizons, divers pays, elles ont créé ou rejoint le MLF. Ce mouvement a profondément transformé leur vie, et celle de millions de femmes et d'hommes, et engendré une profonde mutation de notre civilisation. Aujourd'hui, une cinquantaine d'entre elles se souviennent, témoignent, et comme elles restent des "femmes en mouvement", elles imaginent aujourd'hui les libérations à venir. Elles affirment aussi que, désormais présentes au monde, les femmes sont la force émergente de ce siècle. Des témoignages, des documents d'époque (textes et photos), une chronologie originale et inédite d'octobre 1968 à 40 ans plus tard, font de ces 652 pages, une référence.

Génération MLF, 1968-2008 d'Antoinette Fouque, Editions Des femmes