16/04/2009
Vernissage de Jeanne Coppel, jeudi 23 avril, dès 18 h 30 : Bienvenue à l'Espace des Femmes !
UNE SINGULARITE ATTENTIVE
Jeanne Coppel (Galatz, Roumanie 1896- Paris 1971)
C’est en Roumanie en 1914 que Jeanne Coppel réalise ses premiers collages abstraits, inspirés par le rayonnisme et les ballets russes. Ce n’est que pendant l’Occupation, alors qu’elle est réfugiée en Provence, qu’elle renoue avec la création par le collage. Elle travaille des matériaux différents, joue avec les textures, et ce procédé influencera également sa peinture où la matière et le relief procèdent du rythme des architectures, créent les ruptures comme les passages.
Le catalogue de sa première exposition en 1950 sera préfacé par Michel Seuphor. Elle exposera ensuite régulièrement à Paris à la Galerie Arnaud, à la galerie Jacob et à la galerie La Roue. Ses œuvres sont conservées par les Musées suivants : Musée d’Art Moderne de la Ville de Paris ; Centre National d’Art Contemporain de Paris ; Musée de Saint-Etienne ; Musée de Pau ; Musée de Pontoise ; Musée d’Unterlinden de Colmar ; Brittish Museum de Londres ; Museum of Modern Art, Cambridge ; Museum of Modern Art, Jerusalem ; Museum of Modern Art, Sao Paulo.
L'oeuvre de Jeanne Coppel est représenté par la Galerie 53, 53 rue de Seine, 75006 Paris
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Vernissage de l'exposition de Jeanne Coppel jeudi 23 avril 2009, 18 h 30
Jeanne Coppel (Galatz, Roumanie 1896- Paris 1971)
JEANNE COPPEL , UNE SINGULARITE ATTENTIVE
Présentation de l'artiste par sa petite-fille, Judith Coppel :
J’ai jeté cette toute petite chose que l’on appelle « Moi » et je suis devenu le monde immense.
Musô Sôseki
A mes yeux, l’œuvre et la personnalité de Jeanne Coppel ne font qu’un. Le sens des nuances allié à la grande force qui se dégagent tant de ses toiles que de ses collages sont des qualités que j’ai eu le loisir de pouvoir apprécier dans notre relation de grand-mère à petite-fille, et je regarde comme un merveilleux cadeau d’avoir pu bénéficier d’un modèle de femme dont la distinction et la noblesse de caractère s’associaient à une douceur et une simplicité jamais en défaut. Plus que tout peut-être, son attention soutenue à la poésie discrète de la vie dans ses manifestations les plus quotidiennes a marqué ma mémoire.
Aux antipodes du mythe de l’artiste maudit, Jeanne Coppel a toujours su s’adapter avec souplesse aux épreuves qu’il lui a fallu traverser au cours de sa vie. Ainsi, lors de la guerre de 14-18 où il était impossible de se procurer des tubes de couleur et des toiles, faisant contre mauvaise fortune bon cœur, elle utilise un lot de papiers de soie trouvé par hasard pour réaliser ses premiers collages. Plus tard, pendant la deuxième guerre mondiale où ses conditions exiguës de logement lui interdisent l’usage de la peinture à l’huile, elle poursuit le fil de sa création artistique avec les matériaux de récupération qui sont à sa portée (vieux journaux, papiers d’emballage usagés, bouts de ficelle, etc.), découvrant à cette occasion que la relative « dépersonnalisation » de ces rebuts lui ouvre un autre champ d’investigation et correspond peut-être davantage à un désir d’apporter sa touche personnelle dans un concert collectif ; comme elle dit elle-même à propos du collage : « …Protégée par un certain anonymat, la liberté d’investir reste ouverte… » Jeanne Coppel, incontestablement soutenue par une profonde spiritualité, a su avancer sur sa propre voie sans jamais se départir d’une modestie la laissant attentive aux échos des bouleversements de l’histoire comme au travail des artistes de son époque.
C’est probablement pour cette faculté à cultiver son espace personnel et à préserver sa liberté intérieure tout en évitant les pièges de l’égocentrisme qu’il m’a semblé que Jeanne Coppel pouvait trouver sa place dans une manifestation dédiée aux artistes femmes, bien qu’elle ne se soit jamais souciée, à ma connaissance, de se situer « en tant que femme », trop requise sans doute par son parcours singulier pour s’agréger à une catégorie quelconque. Avoir su conserver « une chambre à soi » (tant au sens physique que symbolique) à une époque et dans des contrées où les femmes étaient censées ne vivre que pour les autres relève à mes yeux d’un héroïsme sans tambour ni trompettes dont chacune peut s’inspirer. Et c’est une présence et un soutien constant au long de ma vie que de l’imaginer solitaire dans la petite chambre de bonne de Montparnasse qui lui servait d’atelier, déchirant, froissant et collant ses vieux papiers, ses morceaux d’affiche ou ses cartes à jouer, entièrement absorbée par cette activité méditative et ludique.
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