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03/12/2009

France Infos interviewe Antoinette Fouque lors de la Journée Internationale de lutte contre les violences faites aux femmes (le 25 novembre 2009 à 15 h 46) - Questions posées par Laurence Jousserandot

afouque.jpgRésumé

L'invitée du jour est Antoinette Fouque, cofondatrice du MLF , présidente de l'Alliance des femmes pour la démocratie et éditrice, elle lutte contre les violences faites aux femmes. Elle réclame un Grenelle sur la condition des femmes. La violence faite aux femmes a été déclarée "Grande cause Nationale" pour 2010. Antoinette Fouque vient de publier "Qui êtes vous, Antoinette Fouque ?" chez Bourin-Editeur (le 13.11.09). 

Interview par Laurence Jousserandot
 
 - Cofondatrice du MLF, Présidente de l'Alliance des Femmes pour la Démocratie, éditrice aussi, la lutte contre la violence faite aux femmes grande cause nationale pour 2010, c'est ce que vous réclamiez, vous depuis longtemps, c'est une victoire ou c'est le constat aussi d'une catastrophe ?
 
 - Les deux, mon colonel. Vous savez, depuis quarante ans la planète se dégrade mais en 2002 Jacques Chirac a dit "La maison brûle, nous ne pourrons pas dire que nous ne savions pas" à Johannesburg et depuis il y a eu un Grenelle de l'environnement et tout, toutes les politiques de droite et de gauche intègrent la dimension écologique.
 
Depuis quarante ans - je réponds à votre question - la situation des femmes s'est mondialement dégradée, comme toutes les situations humaines - il y a la crise - mais nous avons fait plus de progrès en quarante ans qu'en deux mille ans, avec la maîtrise de la fécondité, l'entrée massive des femmes dans le monde du travail, surtout en Occident. Il y a quarante ans, les femmes possédaient 1% des richesses mondiales ; aujourd'hui, c'est 2%. Vous me direz "ce n'est rien", mais elles produisent deux tiers des richesses mondiales. Les femmes produisent deux tiers des richesses mondiales, donc j'appelle depuis des années à quelque chose comme un Grenelle des Femmes, qui serait à la fois une prise de conscience et surtout une volonté politique, une globalisation d'un programme politique sur la condition des femmes, comme ça a été fait en Espagne, je l'ai signalé, depuis près de vingt ans.
 
Donc prendre conscience des violences, de la misère des femmes, de la pauvreté - ce sont les pauvres parmi les pauvres - mais aussi de la formidable richesse qu'elles donnent à l'humanité. Sans planète Terre il y a plus d'humanité, c'est pour ça qu'il faut sauver la planète. Si les femmes deviennent une espèce en voie de disparition comme les ours blancs, plus d'humanité non plus.
 
 - Alors, Antoinette Fouque, vous avez quand même beaucoup parlé du phénomène de "retour de bâton", est-ce que vous pourriez nous expliquer en quelques mots ?
 
 - Non, le retour de bâton, écoutez : une longue évolution, comme celle dans laquelle nous sommes entrées, de condition historique des femmes, qui est très récente puisque le droit de vote pour les femmes est du début ou de la fin du XXème siècle - il y a encore des pays où c'est très problématique - il y a des avancées mais pas de manière linéaire.
 
Il faut compter les avancées, tous les droits acquis et surtout compter avec une contamination par le bien. S'appuyer sur le progrès, prendre conscience de ce qui reste à faire, avoir des politiques globales puisque le monde c'est chez nous. Il y a une jeune femme d'origine indienne qui a été brûlée, comme Sohane a été brûlée vive en 2002, comme Ghofrane a été lapidée - peu importe leurs pays d'origine - c'est chez nous que ça se passe. Là c'est à Meaux, donc il faut globaliser ces politiques, penser non seulement les violences, que les femmes sont des victimes mais surtout que les femmes sont des créatrices de richesses et peut-être la dernière ressource de l'humanité pour sortir de la crise de toutes les crises que nous allons encore traverser.

26/11/2009

Dans le site de L'Express, Julie Saulnier a pensé à recueillir la pensée d'Antoinette Fouque (formulée notamment dans son nouveau livre chez Bourin Editeur) - le 26 novembre 2009

meres-celibataires-enfants_113.jpgA l'occasion de la journée internationale contre la violence faite aux femmes, regards croisés sur la condition des femmes en 2009 : Julie Saulnier a notamment interviewé Antoinette Fouque pour le site de L'Express
Combiner vie professionnelle et vie personnelle n'est plus mission impossible en 2009
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aflivre.jpgAntoinette Fouque est la présidente de l'Alliance des Femmes pour la Démocratie et l'une des fondatrices du Mouvement de libération des femmes créé en 1968. Elle est l'auteur Des Mots pour agirs contre les violences faites aux femmes.
sazzedine.jpgSaphia Azzeddine est l'auteur de Mon Père est femme de ménage et Confidences à Allah.
Favier-e84ad.jpgCarine Favier est la présidente du Planning familial.
"Etre une femme est à peu près la même chose qu'être un homme en 2009, à quelques détails près: les salaires, les baffes et dans certains pays les droits."

Qu'elle est la condition des femmes en 2009 ? Qu'est-ce qu'être une femme en 2009 ?

Carine Favier, présidente du Planning Familial: "C'est difficile à dire car il y a un grand fossé entre les mères de familles mono-parentales qui vivent souvent dans des situations précaires et les femmes diplômées conscientes de leur droit et qui luttent pour les faire progresser. Mais malgré toutes ces différences, je pense que ce qui rassemble les femmes d'aujourd'hui est la volonté de mener de front leur vie professionnelle, leur vie affective et familiale. Rares sont celles qui sont prêtes à renoncer à un emploi pour avoir des enfants ou vice-versa."

Antoinette Fouque, présidente de l'Alliance des femmes pour la démocratie: "Depuis plus de quarante ans, nous nous sommes battues pour que les femmes deviennent citoyennes à part entière et qu'elles aient le droit de réaliser l'intégralité de leurs compétences. Et nous avons gagné en droits et en libertés plus que jamais dans l'histoire. Les Françaises ont le plus fort taux de fécondité de l'Union européenne et une activité professionnelle tout en élevant leurs enfants. Elles s'affirment pleinement créatrices dans tous les domaines."

Saphia Azzeddine, écrivaine: "D'une part, je ne m'envisage pas uniquement en tant que femme. Et puis je ne milite pas, j'écris des bouquins ou les femmes disent ce qu'elles pensent. Je pense qu'être une femme est à peu près la même chose qu'être un homme en 2009, à quelques détails près: les salaires, les baffes et dans certains pays les droits. Plus sérieusement, une femme en 2009 c'est s'accommoder de nos illusions de femmes libres et toujours relativiser nos désillusions. Sans ça, la femme 2009 serait un kamikaze."

Quelles sont les principales difficultés auxquelles sont confrontées les femmes ?

A.F : "Mais la crise économique et le backlash, ce qu'il faut bien appeler une contre-libération menaçante, mettent en péril celles qui sont en situation fragile, c'est-à-dire une majorité des femmes qui sont 75% des plus pauvres en France comme dans le monde, et la pauvreté ne cesse de se féminiser.
L'Observatoire National de la Délinquance vient d'annoncer pour 2008 une forte augmentation du nombre des
violences contre les femmes.  Une femme meurt tous les deux jours et demi du seul fait des violences conjugales. Au niveau mondial, ce sont 160 millions de femmes qui manquent à l'appel de la population mondiale du fait des violences et des discriminations qu'elles subissent. Oui, la situation des femmes se dégrade comme se dégrade celle de la planète, mais la conscience, elle, se développe. L'écologie fait désormais partie à part entière des programmes politiques. Il faut que l'ensemble des partis et des gouvernants mettent en oeuvre une écologie humaine au coeur de laquelle se trouvent les femmes. Il faut une politique globale pour les femmes, une prise de conscience et une volonté politique."

C.F : "L'égalité est encore loin d'être acquise: le taux de chômage chez les femmes est plus important que chez les hommes, les salaires moins élevés, la précarité est souvent plus importante... Même en ce qui concerne les études, il existe une différence flagrante. D'après un sondage réalisé en 2009, 61% des parents sont prêts à prendre en charge l'intégralité des frais de scolarité de leur fils. Ce chiffre tombe à 48% pour les filles [ndlr: enquête Ipsos/Crédit Agricole]. Les femmes souffrent également de discriminations notamment au moment de leur recherche d'emploi."

S.A : "Les gouttes de pipi sur la cuvette des wc, les blagues de cul pas drôles et ces hommes qui entendent oui alors qu'elles disent non. En effet, se rendre compte que des fondamentaux que l'on croyait acquis soient remis en cause."

Quelles évolutions avez-vous constaté sur cette question depuis le début de votre engagement ?

C.F : "Aujourd'hui, les notions de parité et d'égalité paraissent évidentes. Les femmes savent qu'elles doivent lutter pour leurs droits. La possibilité de travailler a permis d'élargir l'autonomie des femmes même s'il reste encore beaucoup de chemin à parcourir. Nous avons constaté au Planning familial que la situation des femmes a plus changé dans les mentalités que dans la réalité: elles veulent qu'on les traite d'égal à égal avec les hommes; elles ont parfois même l'impression que c'est déjà le cas, mais lorsqu'on regarde les études faites sur le sujet, on se rend compte qu'on est encore loin du compte."

S.A : "Qu'il y ait une journée de la femme au mois de mars et qu'on nous offre des fleurs. Non je plaisante, c'est même une régression. Le numéro vert par contre, ça c'est bien! Sauf quand la mâchoire est cassée et donc là ça ne sert à rien."

Comment lutter contre la violence faites aux femmes ?

C.F : "Il est très important de travailler sur la prévention. Avec le Planning Familial, nous organisons régulièrement des ateliers ou des forums pour améliorer les relations entre les filles et les garçons. Il est indispensable de faire comprendre aux gens, même aux plus jeunes, que les différences biologiques ne doivent pas être un prétexte aux différences sociales. Nous organisons également des groupes de parole, notamment avec les auteurs de violences, pour leur faire prendre conscience de la gravité de leurs actes."

A.F : "J'ai proposé en 2008 un Grenelle des femmes, non seulement sur les violences mais sur l'apport vital des femmes à la société. Il faut un Grenelle des femmes pour connaître et reconnaître ce que l'humanité leur doit, ce qu'elle peut en recevoir. Pour, face à la guerre économique, préparer la venue de l'économie de mise au monde, de création, de créativité, dont elles sont porteuses.

S.A : "D'un point de vue physique, rendre les coups autant que cela est possible et partir après le premier coup, pas le deuxième."

Que pensez-vous de la loi proposée par Michèle Alliot-Marie ?

C.F : "Le Planning Familial n'est pas à l'origine de cette loi mais nous en sommes globalement plutôt satisfait. Nous regrettons simplement qu'elle n'aborde pas du tout l'aspect préventif qui est essentiel à nos yeux. De plus, nous sommes contre la création de tribunaux spéciaux pour juger les auteurs de violences faites aux femmes. Il est important que les coupables soient punis mais nous ne voulons d'une judiciarisation à l'extrême de ces questions."

Et pour vous, c'est quoi être une femme aujourd'hui ?
Comment a évolué le statut des femmes dans notre société ?

Dans Le Figaro, Agnès Leclair interroge Antoinette Fouque sur les violences psychologiques dans le couple (26.11.09)

calb12849violence_couple_jpg.jpgLE FIGARO DU 26 NOVEMBRE 2009 - JUSTICE

Par Laurence de Charette et Agnès Leclair

"C'est une avancée considérable, a expliqué hier François Fillon en annonçant la création d'un délit de "violences psychologiques" au sein du couple. La création de ce délit va permettre de prendre en compte les situations les plus sournoises, ces situations qui ne laissent pas de traces à l'oeil nu mais qui mutilent l'être intérieur des victimes."

L’annonce du premier ministre s’appuie sur une proposition de loi déposée par Dominique Raimbourg (UMP) et Serge Blisko (PS) issue des travaux menés par la mission parlementaire de lutte contre les violences faites aux femmes, un texte qui a reçu l’approbation de Nadine Morano, ministre délégué à la Famille, et le soutien de la garde des Sceaux.

Michèle Alliot-Marie souhaite en effet s’appuyer sur ce texte, qui devrait être examiné à l’Assemblée au début de l’année prochaine, pour introduire dans le Code pénal la répression des violences psychologiques au sein du couple. Même si la définition exacte de ce nouveau délit est en discussion entre les parlementaires, qui veulent instituer un délit spécifique, et la Chancellerie, qui envisage simplement d’inclure les violences psychologiques au sein de l’ensemble des violences.

L’idée de sanctionner pénalement des violences morales dans la vie intime étend en tout cas considérablement le champ d’intervention de la justice, et suscite le débat. L’USM, principal syndicat de magistrats, se montre sceptique. « La preuve ne sera pas facile à apporter », prévient son secrétaire général, Laurent Bédoué. Dans leurs travaux, les parlementaires se sont inspirés du « harcèlement moral » au travail pour définir la violence psychologique dont pourrait être l’objet un conjoint. Ils visent « des agissements ou des paroles répétés ayant pour effet une dégradation des conditions de vie de la victime susceptible de porter atteinte à ses droits et à sa dignité ou d’entraîner une altération de sa santé physique ou mentale » et suggèrent une sanction maximale de trois ans de prison et de 75000 euros d’amende. « Les dossiers de harcèlement au travail ne donnent pas toujours lieu à des poursuites, faute d’éléments constitutifs suffisants », prévient un procureur. Mais les parlementaires, comme la Chancellerie, estiment que les témoignages de proches ainsi que des expertises psychologiques pourront servir de preuve.

« Grenelle des femmes »

Dans la pratique, les magistrats sont déjà confrontés à la violence morale au sein du couple, dans des dossiers de divorce. « Ils se basent sur ces violences morales pour régler par exemple en urgence la séparation physique des époux », explique l’avocate Hélène Poivey-Leclerq. Ils s’appuient sur la loi de 2004, qui a ajouté le « respect» aux obligations entre époux.

Si les associations de lutte contre ces violences ont salué cette avancée, la féministe Antoinette Fouque a, pour sa part, jugé qu’il ne s’agissait que d’ « un morceau du puzzle » et appelle à l’organisation d’un « Grenelle des femmes » .

Auteur d’une enquête sur les maltraitances invisibles, Jean-Baptiste Drouet dénonce enfin une « dérive judiciaire » . « Bien sûr, la manipulation et les pervers existent. Mais créer une loi spécifique revient à ouvrir la boîte de Pandore de la victimisation, souligne-t-il. Dans le couple, lieu des règlements de comptes affectifs et des rancoeurs, tout le monde peut se déclarer victime. »

21/11/2009

Antoinette Fouque sur France Info, mercredi 25 novembre 2009

aflivre.jpg

Carine Bécard, dans "Femmes d'influence" sur France Info, ayant déjà reçu Antoinette Fouque l'an dernier, a signalé la sortie du nouveau livre de la cofondatrice du MLF chez Bourin-Editeur, lors de son émission du 21 novembre consacrée à Julie Pfeiffer, ingénieure clé du futur A350.

Par ailleurs, Antoinette Fouque a pu s'exprimer deux minutes trente à 15 h 46 mercredi 25 novembre à l'antenne de France Info à l'occasion de la Journée internationale de Lutte contre les Violences faites aux femmes.

Je lance un appel à qui aurait un enregistrement ou un décryptage de ses propos. Merci de l'entendre ! et de me contacter par l'intermédiaire des commentaires ouverts dans ce blog par exemple.