22/03/2007
"Le papier peint jaune" de Charlotte Perkins-Gilman
Le papier peint jaune
Charlotte Perkins-Gilman
Traduit de l’anglais par le collectif de traduction des éditions Des femmes.
Office 22/03/2007
Une femme emmenée par son mari dans une maison de campagne pour s’y reposer écrit chaque jour en secret : son mari pense que cela nuit à son état de santé et lui défend de le faire. Dans la chambre qu’il a choisie contre son gré, le papier peint la met dans un état de profond malaise. Il prend d’ailleurs chaque jour plus de place dans ses écrits. Elle cherche à en déchiffrer les motifs, et y découvre peu à peu les preuves de son enfermement. Elle y voit, métamorphosée, la représentation de son esclavage. La femme qu’elle devine dans la mutation du motif n'est autre qu'elle-même, dédoublée, autre, prisonnière derrière le dessin déformé en barreaux monstrueux...
« Pendant longtemps, je n'ai pas compris ce qu'était cette forme dérobée derrière le motif, mais maintenant, je suis certaine que c'est une femme. À la lumière du jour, elle est calme, immobile. J'imagine que c'est le motif qui la bride. C'est si troublant... Et je m'y absorbe des heures... Parfois, je me dis qu'elles sont des multitudes, parfois qu'elle est seule. Elle fait le tour en rampant à une vitesse folle, ébranlant chaque motif. Elle s'immobilise dans les zones de lumière et, dans les zones d'ombre, elle s'agrippe aux barreaux qu'elle secoue avec violence. Sans fin, elle tente de sortir. Impossible d'échapper à ce dessin ? Il serre à la gorge. »
Charlotte Perkins-Gilman (1860-1935) est la plus célèbre intellectuelle féministe au tournant du XIXe et du XXe siècle aux États-Unis. Écrivaine d’une prolixité étonnante, elle a publié un très grand nombre de romans, nouvelles, poèmes, essais et articles, sans jamais cesser de militer à travers les États-Unis et l'Europe, pour le socialisme et les droits des femmes.
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